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Problématique du transfert de compétences aux communes : stratégies des acteurs et perspectives, cas des communes du ZOU

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par marc KPATCHA
Université d'Abomey-Calavi, INJEPS - Master en administration de développement communautaire 2006
  

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PRESENTATION ET

ANALYSE DES

RESULTATS

4 -1 Présentation des résultats

Les données recueillies auprès des différentes composantes de notre échantillon après dépouillement et transcription sont présentées dans un tableau (voir annexe) construit selon notre modèle de traitement des données. Ce tableau met en relation les thèmes et les sous- thèmes avec les hypothèses et la problématique de notre recherche. Il présente en trois colonnes les thèmes, les sous-thèmes et les unités de signification que sont les données recueillies et présentant un intérêt particulier pour le thème de recherche. Nous présentons ici une synthèse de ce tableau.

Au sujet de la mission des différentes structures enquêtées on peut retenir que la Direction Générale de l'Administration Territoriale (DGAT) est chargée de coordonner, de suivre et d'encadrer les activités des circonscriptions administratives, de suivre la tutelle administrative des collectivités locales, d'élaborer les textes relatifs au fonctionnement des circonscriptions administratives et des collectivités locales etc. La Mission de Décentralisation (MD) s'occupe entre autre de l'élaboration du cadre législatif et réglementaire de la décentralisation afin d'aboutir à un code administratif des collectivités locales, de proposer au gouvernement les mesures d'accompagnement de la décentralisation administrative et de réaliser toutes études sectorielles nécessaires à la gestion efficiente des affaires locales etc.

La mission de la Maison des Collectivités Locales (MCL) est relative à l'accompagnement des communes dans tous les domaines de compétences en matière de maîtrise d'ouvrage public. Elle concerne également le développement des outils d'aide à la décision, le renforcement des communes dans toutes leurs compétences etc.

S'agissant du préfet il est, en vertu de la loi, le représentant de l'Etat central qui à côté des collectivités locales assure la régularité de l'exercice du pouvoir. Il contrôle dans certains cas à priori et pour une grande partie à posteriori ce qui est transféré. C'est le préfet qui veille à ce que ce soit utilisé dans le sens des textes de la République.

En ce qui concerne les communes, les enquêtes ont révélé que les compétences existent. Mais, elles ne sont pas accompagnées de ressources financières suffisantes.

Quant à L'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB), elle a pour mission de contribuer au renforcer de la décentralisation, d'accompagner les communes dans l'animation de la vie locale et de favoriser la participation de tous les acteurs au développement des communes. Aussi, cette association sert d'interface entre les communes et l'Etat et entre les communes et les partenaires au développement etc.

Au niveau des stratégies, les personnes interviewées dans les structures étatiques nous ont confié que l'Etat a fait l'option de transfert par bloc aménagé de compétences. Les stratégies concernent les transferts immédiats et les transferts différés. Selon ces personnes, le transfert ne peut être effectif que si les problèmes des ressources financières sont réglés et la richesse créée au niveau local.

Dans les communes, les Maires, adjoints au Maire et Secrétaires Généraux interrogés nous ont fait savoir que les Collectivités Locales sont entrain de faire de l'ANCB une forme de lobbying pour amener l'Etat à faire face à ces responsabilités et apporter aux communes les ressources nécessaires. Ces autorités ont fait remarquer que cette association ne peut pas entrer en guerre contre le pouvoir central. Il faut qu'il y ait des négociations. Elles ont reconnu que les stratégies n'ont pas permis le transfert de compétences car elles n'ont rien reçu dans la réalité.

Dans le même cadre, l'ANCB a opté pour un partenariat fait de discussions avec l'Etat. Depuis 2004, elle a rédigé un mémorandum qu'elle a soumis au gouvernement. Ce qui a abouti à la mise en place du comité paritaire Etat-Communes. Pour ces personnes ciblées, les stratégies n'ont pas permis de transférer les compétences parce que jusque là rien n'a encore abouti concrètement en dehors de quelques domaines. Le gros lot des compétences à transférer demeure exercé par les ministères sectoriels.

S'agissant des obstacles majeurs au transfert de compétences, nous avons identifié au niveau des structures étatiques que l'environnement communal n'est pas bien préparé pour gérer certaines compétences. Quand on prend par exemple le problème de l'énergie, l'eau, les forêts communales. Les ressources humaines, matérielles et financières ne suffisent pas. De plus, les projets et programmes qui font l'objet de convention avec les partenaires au

développement ne sont pas transférés parce qu'ils sont en cours d'exécution. En outre, le retard de la déconcentration sur la décentralisation est perçu comme un obstacle au transfert de compétences. En dehors de cela, il y a le fait que les ministères sectoriels ne sont pas préparés à la décentralisation. D'après eux, les obstacles ne sont pas d'ordre juridique puisque les textes de lois sont clairs. Au niveau du transfert des compétences il n'y a pas de problème. C'est au niveau des ressources que se situe la question. Ainsi par exemple, Il y a la taxe de développement local dont l'assiette n'est pas déterminée. De plus, il est à retenir également les pesanteurs politiques. Sur le plan administratif, on note la lenteur des cadres de l'administration centrale.

Au niveau des communes, les obstacles identifiés ont pour noms la préparation insuffisante à la décentralisation, le manque de sensibilisation des populations. Par ailleurs, il y a les questions d'intérêt et la non prise des décrets d'application. Sur le plan politique, certaines communes sont marginalisées à cause de leur appartenance politique. Les autorités locales nous ont enfin confié que les ministères ont du mal à se préparer au transfert parce qu'ils savent que si le transfert des compétences est fait comme c'est exigé par la loi ils n'auront plus les mêmes pouvoirs.

En ce qui concerne l'ANCB, les obstacles ne sont pas au niveau du cadre juridique. C'est Peut être financier si on estime que l'Etat n'a pas suffisamment de moyens à la hauteur des compétences à transférer. Mais le grand problème selon les personnes interrogées est le manque de volonté politique.

Au niveau des solutions préconisées nous avons identifié au niveau des structures étatiques qu'il faut compléter le corpus juridique de la décentralisation, prendre les décrets d'application ainsi que de la loi sur l'intercommunalité, dynamiser le Comité National des Finances Locales (CONAFIL), former les cadres des ministères sectoriels à la décentralisation, accélérer les ressources financières vers les communes, combattre la corruption, et renforcer la déconcentration.

Dans les communes parcourues, les personnes interviewées préconisent comme solutions : le dialogue avec l'Etat, une augmentation de la part du budget national réservée aux communes, la volonté politique et surtout une bonne négociation entre l'ANCB et le pouvoir central.

A l'ANCB, les solutions sont entre autres de continuer les discussions avec l'Etat dans le cadre de ces transferts, rester en collaboration avec le ministère de la décentralisation pour des négociations annuelles sur l'élaboration du budget de l'Etat avec son collègue des finances pour qu'il y ait l'inscription au budget général de l'Etat des différents transferts de

ressources à opérer. Aussi, il faut que les communes soient écoutées par l'Assemblée Nationale afin que leurs observations sur le budget général de l'Etat soient prises en compte. Ces personnes interrogées formulent aussi le voeu que la constitution soit révisée car disent- elles au niveau de la constitution du Ghana par exemple le pourcentage du budget qui va vers les communes est déterminé : C'est entre 10 et 15%.

4-2 Analyse et interprétation des résultats

L'objectif de cette recherche comme cela a été défini, c'est de comprendre dans un premier temps les stratégies que les acteurs locaux et étatiques ont développées en vue de la résolution du problème de transfert de compétences, ensuite d'identifier les obstacles majeurs au transfert et d'esquisser quelques approches de solutions.

Les données recueillies sur le terrain amènent à remarquer en amont que c'est l'actuel ministère en charge de la décentralisation qui coordonne pour le compte de l'Etat béninois la réforme de l'administration territoriale. Pour réussir cette mission le ministère s'appuie sur d'autres organes comme la Direction Générale de l'Administration Territoriale (DGAT), la Maison des Collectivités locales (MCL), la Mission de Décentralisation (MD) et les Préfectures situées à l'intérieur du pays. En aval, il y a les communes qui pour faire mieux entendre leurs préoccupations se sont organisées à travers l'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB). Il nous faut donc partir premièrement de leurs missions précises pour situer les responsabilités et remonter à la source du problème. Ainsi, cette partie se présente en trois axes prioritaires à savoir :

· missions des structures impliquées dans la décentralisation (compétences reçues pour le cas des communes pris individuellement)

· les différentes stratégies développées par chacun des acteurs ;

· les obstacles majeurs rencontrés et quelques approches de solutions préconisées.

 

Mission des structures impliquées dans la décentralisation

- Structures étatiques

D'après les données recueillies, il ressort que la Direction Générale de l'Administration Territoriale outre ces autres missions se charge, de l'élaboration des textes relatifs au fonctionnement des circonscriptions administratives et des collectivités locales. La Maison des Collectivités Locales s'occupe entre autre de l'accompagnement des communes

dans leurs domaines de compétences. La Mission de Décentralisation pour ce qui nous concerne, a en charge l'élaboration du cadre juridique et réglementaire de la décentralisation. Quant au Préfet, il est l'autorité de tutelle dont la mission se résume à un contrôle de légalité des actes pris par les élus locaux (Maires) et à l'appui-conseil aux communes. Selon ces résultats les structures étatiques que nous venons de citer ne sont pas responsables du non transfert des compétences des ministères sectoriels. Leur responsabilité peut se situer dans l'insuffisance des principaux outils pouvant favoriser ce transfert. Elles sont des structures dont les tâches principales se résument à l'appui technique à la décentralisation dans tous les domaines. Il ne dispose pas de pouvoir capable d'obliger les ministères sectoriels à amorcer le transfert de compétences.

Cependant, posons-nous la question de savoir si ces structures ont eu les ressources suffisantes pour mieux accomplir leurs missions. Demandons-nous si l'approche de la coopération interministérielle a été un succès. Selon nos investigations elles souffrent d'un manque de ressources. Aussi les ministères sectoriels ne sont pas le plus souvent présents lors des prises de décisions comme prévu dans les textes régissant certaines de ces structures (cas de la Mission de Décentralisation). Ce qui n'est pas de nature à permettre le transfert des compétences des ministères sectoriels car de la réussite de leur mission sortiront les outils qui serviront au transfert de ce second volet des compétences de l'Etat aux communes.

- Les communes

En ce qui concerne les communes, les compétences existent mais l'absence de ressources pour l'exercer est remarquable à en croire les sujets enquêtés. Toutes les compétences sont donc transférées par les textes de la décentralisation dans la théorie. Dans les faits, seulement une partie de ces compétences est transférée. Il s'agit des compétences transférées lors des cérémonies de passation de pouvoir entre les sous- préfectures ou les chefs de circonscriptions urbaines et les maires. Mais, les communes exercent la plénitude de leur pouvoir le plus souvent avec l'aide des partenaires au développement dans le cadre de l'appui financier à la décentralisation et la coopération décentralisée.

- L'Association Nationale des Communes du Bénin

Outre ces missions générales, L'ANCB sert d'interface entre les communes et l'Etat. De ce fait, il est à retenir alors que dans la résolution du problème de transfert de compétences, les communes ont pris l'option d'aller en rang serré et non individuellement. L'ANCB est donc l'intermédiaire privilégié de l'Etat.

Les différentes stratégies développées par les acteurs

- L'Etat

Les structures étatiques enquêtées n'ont pas pour responsabilité le transfert des compétences. Elles ne jouent qu'un rôle d'accompagnateur du processus de décentralisation. Les informations recueillies présentent la stratégie utilisée par l'Etat suivant une double approche : Les transferts immédiats et les transferts différés dont l'effectivité pose problème depuis 2003. Selon les personnes interrogées, les communes n'ont pas encore la capacité suffisante pour gérer certaines compétences.

Mais, nous nous posons la question de savoir si l'insuffisance des ressources peut expliquer par exemple le non transfert de la construction et de l'équipement des écoles maternelles et primaires pour les communes ordinaires, secondaires et professionnelles en plus pour les communes à statut particulier.

A travers cette stratégie, l'on peut comprendre que l'Etat cherche à gagner du temps. Il exploite à son compte les règles existantes. Sa stratégie sert plus ses intérêts que ceux des communes parce qu'il dispose de plus de marge de manoeuvre. Son jeu semble satisfaire aussi ses intérêts, confirmant ainsi la théorie de Crozier et Friedberg selon laquelle l'utilisation qui est faite des règles fait partie de l'ensemble des stratégies que les différents acteurs développent pour atteindre leurs finalités. Nous sommes dans un système de pouvoir où l'acteur principal (l'Etat) essaye de structurer les processus d'échanges plus ou moins durables en sa faveur en exploitant les contraintes et opportunités de la situation pour imposer les termes de l'échange favorable à ses intérêts. Comment comprendre la non réalisation des préalables au niveau des ministères sectoriels à savoir leur restructuration et la révision des stratégies sectorielles pour une nouvelle répartition des tâches entre les communes et l'Etat pour ne citer que ceux-là. Le manque des ressources des collectivités locales justifie t-il l'ajournement des compétences sectorielles ? A cette question que l'on se pose, il est possible de répondre que même si le manque de capacité est évident, la stratégie actuelle de l'Etat ne pourra permettre le transfert que si un accent particulier est mis sur les préalables.

- Communes

Les données recueillies auprès des communes du Zou énoncent que les communes font de l'ANCB une sorte de lobbying pour négocier et amener l'Etat à faire face à ses responsabilités. Même si les autorités locales nous ont confié que les stratégies développées

n'ont pas permis le transfert des compétences des ministères sectoriels conformément à la loi, nos investigations ont révélé que leurs stratégies ont plutôt trait à la mobilisation des ressources extérieures par le biais du partenariat avec la DANIDA ou avec des communes étrangères. Cela se justifie amplement, car les communes par rapport à l'Etat représentent des entités particulières. Elles disposent de marge de manoeuvre très réduite. Elles ne peuvent pas faire des grèves pour obliger l'Etat puisque l'Etat n'est que l'ensemble des collectivités locales réunies. La stratégie des communes est visiblement divergente de celle de l'Etat. Pour mieux la comprendre, il faut faire recours à celle développée par l'ANCB.

- L'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB)

Nos investigations au niveau de l'ANCB révèlent qu'elle a fait l'option d'un partenariat fait de discussions avec l'Etat. Elle a soumis un mémorandum au gouvernement. Ce qui a abouti à la mise en place du comité paritaire Etat-Communes. Ce partenariat n'a pas encore porté ses fruits puisqu'on nous a confié au siège de l'association que le gros lot des domaines à transférer demeure exercé par les ministères sectoriels. L'ANCB a-t-elle fait vraiment sont travail ? Existe-t-il des obstacles au niveau des stratégies de l'ANCB ?

D'après les informations tirées d'une communication au premier congrès ordinaire de cette association faite par M. Issa Démolé MOKO sur le thème : « La problématique du transfert des compétences et des ressources aux communes », la stratégie de l'ANCB n'a pas bien payé pour plusieurs raisons. Les causes de cette situation réside dans la faible capacité de l'ANCB à analyser la problématique du transfert des compétences et des ressources, évaluer par elle-même les besoins essentiels des communes en la matière et à soutenir le débat y relatif avec l'Etat. En outre, l'ANCB a fait montre d'une faible capacité de lobbying, voire d'un certain attentisme inopérant.

Les obstacles rencontrés par le transfert de compétences

Les obstacles majeurs au transfert de compétences ont été identifiés acteur par acteur et de façon générale. Au niveau des acteurs étatiques on peut retenir que l'environnement communal n'est pas propice pour l'exercice de certaines compétences sectorielles telles que la fourniture et la distribution de l'eau potable aux populations, la réalisation et la gestion de réseaux d'éclairage public, la construction de lignes de télécommunications locales etc.

En outre, il y a l'insuffisance de ressources humaines, matérielles et financières, le non transfert des projets et programmes au niveau des ministères, le retard de la déconcentration sur la décentralisation, la non préparation des ministères sectoriels, la non détermination de l'assiette de la taxe de développement locale, les pesanteurs politiques, la réticence des cadres de l'administration centrale.

Ainsi, à travers ces obstacles identifiés il est à comprendre que la capacité locale est inexistante pour certaines compétences. A ce sujet, l'Etat doit faire confiance aux élus locaux et appliquer la loi. Il peut également créer des conditions qui renforcent la capacité locale comme le développement de l'intercommunalité, la mise en place des pôles de développement au niveau régional, l'encouragement du partenariat commune-secteur privé etc.

L'insuffisance de ressources peut être compréhensible, mais on peut le contourner à travers le transfert des ressources des ministères au niveau des circonscriptions administratives (les départements). Cela passe par le renforcement de la déconcentration car l'un des principes de la décentralisation béninoise c'est bien le couplage de la décentralisation avec la déconcentration. Ce qui n'est pas impossible à l'heure actuelle. Le non transfert des projets et programmes des ministères est bien la preuve de la non préparation de ces derniers à la décentralisation. La décentralisation béninoise doit impérativement atteindre les ministères sectoriels.

De même, les pesanteurs politiques dénotent bien de la situation politique du pays marquée par l'absence d'idéaux devant orienter la gestion de la cité. Ce qui a pour conséquence le manque de visibilité des jeux politiques puisqu' ils se déroulent très souvent sur la base des ressources financières plutôt que sur un rapprochement du point de vue de la vision de développement du pays. On a du mal à classer les partis politiques par rapport à l'idéal qu'ils proposent aux populations. Cela occasionne le manque de solidarité politique. Or, la décentralisation fait aussi ressortir des relations de pouvoirs. L'Etat central qui transfère les compétences est incarné par des hommes qui ont leurs sensibilités politiques peut-être différentes de celles des autorités locales. Ces hommes ont aussi des intérêts à défendre au niveau local. Dans ces conditions, « qui va aider qui » au risque de perdre son pouvoir, voire son influence. Cette situation exige alors une clarification des positions. L'Etat est garant des intérêts nationaux tandis que les communes veillent sur les intérêts locaux. Ces intérêts ne sont pas antagonistes mais complémentaires. Donc, il faut bien préciser les choses c'est- à- dire savoir qui est qui, qui fait quoi et comment.

En outre, les cadres sont réticents au niveau des administrations centrales pour leur intérêt justifié parce qu'on a décentralisé, selon notre constat, sans clairement définir leur devenir dans le nouveau système de développement national mis en place. Toutefois, faisons remarquer que les fonctionnaires ne sont pas responsables de ce qui se passe. Ils ne sont pas les chefs des ministères. De même, ce ne sont pas les ministres mais il s'agit de l'Etat.

Au niveau des acteurs locaux (communes, ANCB), les obstacles rencontrés sont l'insuffisance de la préparation des communes à la décentralisation, l'insuffisance de la

sensibilisation des populations, les questions d'intérêt, la non prise de tous les décrets d'application, la réticence des ministères sectoriels, le manque de volonté politique. Hormis les obstacles qui sont déjà identifiés par les structures étatiques, l'insuffisance de la préparation des communes, la sensibilisation des populations insuffisante et le manque de volonté politique nous semblent être des obstacles primordiaux qu'il faille contourner très rapidement. Analysons-les point par point.

ü Préparation insuffisante des communes et sensibilisation insuffisante des populations à la décentralisation : comment est-on venu à ce point ?

Le Bénin a mis plus de dix années à préparer la réforme de l'Administration Territoriale. Selon nous, la responsabilité est bien partagée par les deux acteurs principaux de la réforme. Les élus locaux devraient mobiliser leurs administrés par rapport à l'alternative de développement qu'ils leur proposent, susciter et encourager leur participation aux défis qui attendent la commune. Ce qui n'est pas encore le cas.

Selon notre constat, l'intérêt de leur formation politique prend le pas sur celui de leurs administrés. La remarque que nous avons faite est que certaines autorités locales des communes enquêtées n'ont pas l'adhésion importante de leur communauté dans les projets de développement d'envergure locale. On a tendance à croire que les vieilles habitudes de l'époque des circonscriptions urbaines ou des sous-préfectures suivent toujours leurs cours. On attend que tout descende du niveau central. Les citoyens n'aiment pas se libérer de l'impôt comme cela se doit pour soutenir la Mairie dans sa mission de développement local. Or, la réforme décentralisatrice sonne le glas de l'Etat providence. Avec la décentralisation, c'est un nouvel ordre politique qui gouverne l'Etat.

Ainsi, l'Etat central partage donc les responsabilités et les ressources avec les entités décentralisées. De plus, il y a la gouvernance locale qui n'est pas en bon état. Ce sont là autant de facteurs qui peuvent expliquer la situation des communes depuis plus de quatre ans. Pour passer ces obstacles, l'engagement manifeste des autorités locales est d'autant plus important qu'un grand accompagnement des communes par l'Etat est nécessaire.

ü Le manque de volonté politique

Lorsqu'on identifie le manque de volonté politique de la part de l'Etat comme un obstacle au transfert des compétences sectorielles on est tenté de se demander si l'Etat voulait de la décentralisation ou il a été contraint. Ce qui est certain c'est que l'option de la réforme

de l'Administration Territoriale est une exigence constitutionnelle vieille de plus de dix ans (Cf article 150 à 153 de la constitution du 11 décembre 1990).

C'est l'Etat lui-même qui a organisé les Etats généraux de l'Administration Territoriale en janvier 1993 et en décembre 2002 les premières élections communales et municipales de l'ère du renouveau démocratique. Et depuis l'installation des communes en février- mars 2003, il ne cesse de les accompagner à travers les subventions voire d'autres sources de financement comme par exemple le Projet National de Développement Conduit par les Communautés (PNDCC) et le Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD II) tous gérés aujourd'hui par de nombreuses communes du Bénin. De plus avec l'accord de l'Etat (à travers le Ministère des Affaires Etrangères) les partenaires au développement appuient directement les communes. Avec toutes ces preuves peut-on continuer à parler de manque de volonté politique.

Selon nous, il serait difficile de répondre à cette question par l'affirmative eu égard à plusieurs considérations. Premièrement, la rédaction des avants projets de loi s'était achevée en août 1993 au séminaire de Lokossa alors que le vote des lois sur la décentralisation n'était intervenu qu'en 1997 soit quatre ans après. La promulgation de ces lois n'avait eu lieu qu'en 1999 deux ans après leur vote par l'assemblée Nationale. Quand on observe tout ces faits on remarque que l'Etat béninois n'a pas fait la décentralisation de gaieté de coeur. Il serait contraint par certains partenaires au développement. Selon les lois de décentralisation, l'Etat transfère aux communes les compétences et les ressources. La volonté politique signifie que l'Etat n'a pas le choix dans le respect des dispositions des lois. Il doit simplement appliquer la loi. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Dans les pays africains, les conceptions de l'Etat sont trop centrales. Cela influe sur les relations entre l'Etat et les collectivités locales. La création d'un ministère entièrement dédié à la décentralisation peut être perçue comme un signal fort de la volonté politique de la part de l'Etat Béninois. Mais, La création du ministère de la décentralisation en elle seule n'est pas suffisante pour amorcer le transfert de compétences et des ressources aux communes. L'Etat à l'heure actuelle doit tirer toutes les conclusions qu'impose la situation des communes pour une bonne résolution du problème de transfert des compétences des ministères sectoriels.

Face à ses obstacles les acteurs proposent comme solutions :

- compléter le corpus juridique de la décentralisation ;

- dynamiser le Comité National des Finances Locales (CONAFIL) ;

- former les cadres des ministères sectoriels à la décentralisation ;

- accélérer les ressources financières vers les communes ;

- combattre la corruption ;

- renforcer la déconcentration ;

- dialoguer avec l'Etat ;

- revoir la part du Budget National réservé aux communes (au moins 10 à 15%) ; - etc.

La mise en oeuvre de ces solutions proposées nécessite l'engagement concerté de tous les acteurs de la décentralisation au Bénin. Les solutions préconisées par les acteurs sont réalistes pour notre part.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus