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La Formation agricole et rurale dans la vallée du fleuve Sénégal : appui à la mise en place d'un cadre de pilotage régional

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par Xavier MALON
Université de Toulouse 1 Sciences sociales - Master 2 Pro Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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II. 1.4- CONCERTATION

Quelques définitions trouvées sur la Toile :

· Actions visant à harmoniser les interventions de plusieurs intervenants en intégrant celles-ci dans une stratégie globale pour la réalisation d'objectifs communs, par exemple, le développement économique et social d'une communauté.
www.habitation.gouv.qc.ca/bibliotheque/references/lexique.html

· La concertation est une politique de consultation des personnes concernées par une décision avant que celle-ci ne soit prise. La concertation consiste à confronter les propositions du maître d'ouvrage à la critique des acteurs intéressés (riverains, habitants, associations...). www.planetecologie.org/JOBOURG/Francais/dictionnaire.html

Pour finir, le Nouveau Petit Larousse (édition de 1970) propose une définition courte, mais qui nous convient bien :

Se concerter : se mettre d'accord pour agir ensemble.

Ce que confirme le Littré édition 2007, pour qui c'est « l'action de s'enquérir du point de vue des autres en vue d'agir en bonne entente ».

Ces deux dernières nous précisent les deux sens que peut revêtir toute concertation :

· La consultation d'une population donnée, susceptible d'être affectée par une décision imminente, d'origine « exogène ».

· La construction collective d'un processus qui sera in fine couronné par une action déjà entérinée par les personnes concernées.

Bien rares sont de nos jours les nouvelles dynamiques organisationnelles, ou les nouvelles politiques qui ne revendiquent pas une « large » concertation ; celle-ci est devenue un grand « classique », un incontournable même quand ceux qui en font la promotion n'y croient parfois qu'à moitié, tant les vertus du dialogue semblent à l'opposé des règles mécaniques du marché.

Car tout le problème est là : comment faire en sorte que des acteurs économiques en situation de concurrence (pour le partage de la valeur ajoutée produite au sein d'une filière par exemple) acceptent d'oeuvrer à la construction d'un consensus, qui débouchera sur des décisions acceptables par tous car bénéfiques pour tous.

Ainsi que le rappelle une récente note thématique de l'institut de Recherches et d'Applications
des méthodes de développement41 (IRAM), « la notion de concertation renvoie à une base théorique
développée au sein de la Nouvelle Economie Institutionnelle42 considérant qu'en modifiant la structure des

41 « La concertation dans les filières agricoles en Afrique : leurre méthodologique ou prémices d'une dynamique interprofessionnelle ? » par Célia Coronel & Laurent Liagre, Note thématique n°4 de juin 2007 - IRAM

institutions existantes et en faisant émerger de nouvelles institutions, il est possible de rendre compatibles les stratégies propres des agents économiques et la recherche d'un intérêt mutuel supérieur ».

Au Sénégal, la loi d'orientation agro sylvo pastorale a fait l'objet d'une large concertation, revendiquée à la fois par les services de l'Etat et par la profession agricole, sans que l'on sache toujours s'il s'est bien agi de la même concertation... A l'arrivée, des ambigüités importantes subsistent, de telle sorte qu'on ne sait plus bien ce qui est prioritaire et ce qui l'est moins : entre la promotion de l'agrobusiness soutenue par le gouvernement, et la défense de l'exploitation agricole familiale, cheval de bataille de la profession agricole, les antagonismes se révèlent à l'occasion de la rédaction des décrets d'application, qui tardent encore à sortir trois ans après la promulgation de la loi d'orientation.

A l'inverse, toute décision de l'Etat, en l'absence de concertation préalable, est désormais dénoncée par les acteurs concernés ; nous en voulons pour exemple le plan Retour vers l'Agriculture (REVA) imaginé et proposé par l'actuel président de la République, mais dénoncé sans aménité par la première plateforme d'organisations professionnelles rurales nationales, le CNCR, en ces termes : « Le plan Reva (Retour vers l'agriculture), sur lequel le président Wade compte pour créer 300.000 emplois dans l'agriculture, ne rencontre pas l'agrément du CNCR. Pour le CNCR, tant et aussi longtemps que l'État gérera l'agriculture à la manière de l'ancienne puissance soviétique avec, notamment ses `Sovkhozes' (fermes d'État), le monde rural continuera de pâtir. D'autre part le plan Reva ne correspond en rien aux orientations de la Loi d'orientation agro-sylvo-pastorale et a été proposé sans associer les acteurs du secteur agricole ».

http://www.cncr.org/article.php3 ?id article=146

La concertation s'effectue assez souvent, dans le secteur agricole, sous la forme d'interprofessions, créées pour réguler des filières de produits agricoles.

Le Sénégal, qui a connu une longue période d'économie agricole fortement administrée, a vu le commerce des produits agricoles progressivement libéralisé à partir du début des années 1990, avec le désengagement de l'Etat de toutes les activités marchandes au profit du secteur privé : il s'agit bien d'un transfert de compétences de l'Etat vers les organisations privées pour la régulation des marchés agricoles.

Pour conduire cette concertation, préalable à tout cycle de négociation avec l'Etat, tous les acteurs d'une filière peuvent s'organiser en interprofession pour s'accorder autour de la gestion de cette filière ; le consensus obtenu entre toutes les professions représentées permettra de faire valoir un point de vue unique lorsqu'il s'agira soit d'inciter l'Etat à légiférer dans le sens souhaité, soit au contraire de convaincre celui-ci de laisser jouer le marché.

Plusieurs interprofessions existent au Sénégal, dans les filières rizicole, avicole, et bien sûr arachidière et, même s'il n'est pas certain que ce schéma soit un modèle idéal et universel, qui puisse être plaqué tel quel, la loi d'orientation agricole a prévu de renforcer le rôle des interprofessions agricoles en étendant leurs prérogatives aux fonctions suivantes43 :

- La qualité des produits ;

- La connaissance de l'offre et de la demande ;

- L'adaptation et la régularisation de l'offre ;

- La mise en oeuvre, sous le contrôle de l'Etat, de règles de mise en marché, de prix et de conditions de paiement ;

- La promotion des produits agricoles sur les marchés intérieur et extérieur.

- Les relations interprofessionnelles dans le secteur intéressé, notamment par l'établissement de normes techniques et de programmes de recherche appliquée et de développement ;

42 Voir Annexes

43 Article 26 de la LOASP.

Bien entendu, la concertation dépasse largement le cadre restreint de la gestion de seules filières agricoles et, pour ce qui nous concerne, elle peut évidemment s'appliquer à la régulation du sous- secteur des formations agricoles et rurales (F.A.R.).

Nous relevons la mise en place progressive, dans le cadre du programme des services agricoles et d'appui aux organisations de producteurs (PSAOP), de cadres locaux de concertation des OP (CLCOP) dans chacune des 320 communautés rurales du Sénégal : c'est en principe à travers ces cadres de concertation que devrait se construire la demande d'appui des organisations professionnelles agricoles.

Dans le sous-secteur de la F.A.R., des initiatives visant à mettre en place des « cadres interprofessionnels » pour favoriser la concertation entre offreurs et demandeurs de formation, publics et privés, ont vu le jour depuis 2000 ; celles-ci sont à mettre au compte de la coopération suisse principalement, dans le prolongement logique de la dynamique qui a conduit à la proposition d'une stratégie nationale de F.A.R.

L'Etat a ainsi mis en place en 2000 un comité national de planification stratégique de la formation agricole et rurale44, dont les principales missions ont trait aux orientations, à la coordination et à la régulation, tandis que le conseil régional de Ziguinchor créait à la même période un comité régional de planification stratégique de la F.A.R. ; si le second connaît des difficultés à fonctionner et à se faire reconnaître dans sa région, le premier ne s'est quant à lui jamais réuni depuis sa création : ainsi, décréter concertation et légitimité ne semble pas une condition suffisante pour que les acteurs veuillent et puissent coopérer...

Ces nouveaux espaces de concertation constituent de nouveaux modes de coordination entre opérateurs, de l'amont à l'aval, ou de nouveaux outils pour l'élaboration et le « portage » de plaidoyers ; cependant, comme le souligne la note de l'IRAM déjà citée, trois ingrédients importants sont à la base de la réussite :

· La représentativité, et donc la légitimité de ceux qui vont siéger ;

· La parité entre les différents collèges de professionnels ;

· L'unanimité pour la prise de décision.

Le scénario « idéal-typique » est malheureusement souvent battu en brèche car, dans un pays en développement, qui plus est faiblement alphabétisé tel que le Sénégal, les contraintes, les imperfections et les dysfonctionnements ne manquent pas.

La structuration des organisations professionnelles, la représentation professionnelle souffrent de faiblesses indéniables ; outre certaines tares connues, celles-ci doivent composer avec une faible capacité de mobilisation de leurs membres.

Parfois aussi, le processus est mal engagé dès le lancement en raison d'une identification perfectible des acteurs qui comptent vraiment, ou à cause d'une démarche initiée par des acteurs externes, conduisant à un manque d'appropriation par les acteurs locaux et /ou directement concernés.

En matière de prise de décision, le déséquilibre des pouvoirs est parfois flagrant, à telle enseigne que toute référence au processus interne de décision est souvent gommée des textes fondateurs, ou renvoyée à d'autres cadres, que ceux ci existent déjà ou pas.

Nonobstant, à l'instar de la démocratie qui, comme chacun le sait, est le pire des systèmes à
l'exception de tous les autres, les interprofessions demeurent une voie privilégiée (et d'actualité)

44 Par arrêté primatorial n°3344/MEN/DC/DAJLD du 15 /03/2000

de la concertation, ainsi que le démontre cette annonce de l'agence française pour le développement international des entreprises sur le site UBIFRANCE :

Les interprofessions face à la libéralisation et à la mondialisation des marchés - Petit-déjeuner débat (Cycle agroalimentaire : stratégie, développement, lobbying) 10 octobre 2007 - De 8h30 à 10h00.
Autour de Jean-Paul JAMET, Président du CLIA -Comité de Liaison des Interprofessions

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius