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Musique Numérique

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par Pierre-Louis Gatineau
ISCOM-Paris - Master 1 Communication 2009
  

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II. Les noeuds d'une économie musicale sous tension

La consommation numérique comme nous venons de le voir, secoue l'économie musicale. Aussi, le moment est-il venu de repérer les noeuds qui expliquent comment cette situation s'est cristallisée, ce qui va nous conduire dans un premier temps à distinguer trois types de facteurs explicatifs et dans un deuxième temps, à approfondir le rôle joué par la communication dans une crise qui ne pourrait être qu'une crise de transition.

2.1 Les trois facteurs explicatifs de la mise sous tension

Le premier, d'ordre économique, s'intéresse au business model à bout de souffle de l'industrie musicale.

Le second retient l'intervention classique du législateur source de division.

Le troisième d'ordre culturel portera sur l'affrontement de deux visions sociétales : d'un côté une définition traditionnelle des échanges culturels impliquant un coût pour le consommateur final, de l'autre les partisans d'un monde où l'accès à la culture serait libre pour tous (gratuit pour le consommateur final).

2.1 .1 Un business model dominant à bout de souffle

Le business model de l'industrie au service des 4 grandes majors, (se partageant 75% du marché musical mondial), se présente, nous l'avons vu, comme un système d'une grande complexité. A cela s'ajoute qu'aujourd'hui il paraît à bout de souffle, aussi le voit-on chercher à gagner du temps pour poser les fondements d'un système concurrentiel actualisé et plus performant. La situation de crise qu'il connaît s'explique par un double mouvement :

- Le premier selon lequel une poignée de genres musicaux dit « facile à vendre » assure le gros des revenus nécessaires à la production des genres plus difficiles. Grâce à une mécanique « bien huilée » de promotion marketing et distribution industrialisée à forte économie d'échelle, ces « vaches à lait musicale », constituent la pierre angulaire du business model. Pour exemple concret, les 2/3 de la programmation musicale des radios FM « jeunes » (Fun Radio, NRJ, Skyrock, ...) sont construit autour d'une quarantaine de titres ! C'est d'ailleurs et sans aucun doute le plus grand reproche que l'internaute peut faire à l'industrie du disque : industrialiser une création de plus en plus déconnectée des attentes de son public. L'arrivée d'Internet court-circuite cette vision à sens unique de l'industrie musicale. Dégagé de l'influence des médias traditionnels (radio TV), l'internaute peut désormais occulter les effets du « star system ».

- Le second est lié à la notion de support défini en première partie. Le process économique de l'industrie est encore principalement tributaire de l'aspect physique du support. Concrètement, si un ami vous emprunte un CD acheté dans les bacs, vous ne pourrez plus vous en servir, idem si vous le perdez ou s'il s'abîme. La numérisation du support a été la première épine de l'industrie. Duplicable à l'infini, le « produit culturel » une fois numérisé est fatalement dépourvu de toutes ses variantes mercatiques : Packaging, coffret collector, bonus... Ce qui, jadis, faisait toute la valeur du support physique s'est « dématérialisé ».

Une crise oui, mais pas celle que l'on pense

« La crise ? Quelle crise ? » Pour l'association de consommateur « UFC Que Choisir », si l'industrie du disque traverse effectivement quelques turbulences, elle est loin d'être condamnée. C'est en tout cas ce qu'attestent les résultats d'une des majors Universal Music France. Pour l'instant le secteur musical affirme que les revenus de l'offre légale sur Internet ne parviennent pas à équilibrer les pertes sur les ventes du CD. Mais elle oublie de préciser que les

coûts de production et de distribution des oeuvres numériques sont nettement moins importants.

(en millions d'euros)

Finalement, la situation serait même relativement simple. Le CD devient obsolète, l'industrie élargit - tardivement - son offre vers des modèles économiques alternatifs (offre légale sur Internet). Le temps de leur mise en marche, ces nouveaux modèles ne constituent pas encore une rente de situation aussi forte que celle du CD mais l'avenir de ce modèle alternatif est inéluctable.

Tera Consultants Equancy & Co tente de démontrer l'impact négatif du téléchargement illégal via P2P sur la vente de CD. Dans son rapport18 ce cabinet d'étude comptabilise la somme totale des « pertes » liées au téléchargement illégal qu'il considère comme un manque à gagner pour l'industrie. Pourtant des sondages reflètent une tendance évidente : L'internaute n'aurait jamais pu acheter tout ce qu'il télécharge illégalement.

Les artistes sont-ils en danger ?

Qu'en est-il de l'artiste ? Si l'industrie des majors et des labels indépendants traverse les turbulences d'une réorganisation, celle-ci a un impact différé sur les artistes. Ne touchant pratiquement rien (5 à 1 0%) sur les ventes de CD, l'artiste perçoit l'essentiel de ses revenus par l'intermédiaire des organismes de rémunération (SPRD) où il est référencé.

18 Tera Consultants Equancy & Co « Rapport Hadopi - Impact économique de la copie illégale des biens
numérisés en France », novembre 2008, http://www.guim.fr/blog/files/Equancy-Tera-Rapport_Hadopi.pdf

Malgré les discours alarmistes de ces organismes, leurs revenus ne semblent pas menacés par ce contexte perturbé. C'est du moins la conclusion que l'on peut tirer au vu des sommes perçues par la SACEM, revenus qui, somme toute, demeurent le meilleur indicateur de santé financière des auteurs compositeurs.

Source : SACEM

A la vue de cette analyse d'UFC Que Choisir, le SNEP réagit vigoureusement en rappelant que la SACEM ne rémunère qu'une partie des acteurs de la création (auteurs compositeurs). En effet, ce sont surtout les artistes interprètes qui sont le plus touchés. Rémunérés par l'ADAMI, leur source principale de revenus provient des ventes de CD. L'artiste interprète est donc touché de plein fouet par la crise du support. Pire, l'artiste interprète ne touche rien des ventes en ligne. Le SNEP semble donc apporter les précisions nécessaires à une plus juste information. Quand on sait que les maisons d'édition perçoivent 40 à 50 % sur la vente d'un CD, près de 60% sur les ventes en ligne et rédigent les contrats des artistes, beaucoup se demandent alors pourquoi l'artiste interprète ne touche rien des ventes en ligne ?

Bien que certains déplorent le manque d'honnêteté des labels et majors, il faut admettre que ces acteurs sont difficilement contournables. Ainsi, bien que l'artiste plus ou moins célèbre déjà produit semble à l'abri, on ne peut pas en dire de même pour tous ceux qui souhaiteraient le devenir. Dans ce contexte de déstabilisation, l'industrie prendra moins de risque à produire des nouveaux talents surtout si ceux-ci sont dits de genre difficile. Il en est de même pour la conservation de leurs contrats. Plutôt que de parler d'une baisse des revenus des artistes, il vaudrait mieux évoquer ce qui apparaît en réalité être une baisse « à l'embauche ».

Source : SNEP

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