WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Essai de synthèse des nouveaux modes de légitimation du recours à la force et de leurs relations avec le cadre juridique de la Charte des Nations Unies

( Télécharger le fichier original )
par Anis Ben Flah
Université du Quebéc à Montréal - LLM 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.1.1. Définition et conditions de la légitime défense

La légitime défense n'a pu acquérir un véritable sens juridique et technique qu'à partir du moment où le recours à la force a été interdit.

47Jean Combacau et Serge Sur, Droit International Public, Montchrestien, 6e édition, 2004, à la page 619.

48Ibid.
49Ibid.

La CIJ, à travers trois décisions, a précisé la signification pour les Nations Unies des paramètres de l'article 5150. Selon l'acception doctrinale classique, le coeur du principe est le « droit de réaction armée dont dispose, à titre individuel ou collectif, tout État qui a été victime d'une agression armée »51.

Pour ce qui est de « l'agression », lors de la Conférence de San Francisco, les États ont renoncé « à établir une telle définition parce qu'une liste des actes devant être considérés comme des actes d'agression aurait risqué de ne pas être exhaustive et qu'une définition abstraite aurait risqué de se révéler inadaptée devant la complexité des situations internationales »52. La définition donnée dans la doctrine est celle d'« [a]ttaque armée déclenchée par un État agissant le premier contre un autre État en violation des règles du droit international »53. Par ailleurs, la résolution 3314 (XXIX) du 14 décembre 1974 sur la définition de l'agression a opté pour le fait de faire coïncider les articles 2 § 4 et 51 de la Charte, ceci en définissant l'agression dans les termes suivants : « L'agression est l'emploi de la force armée par un État contre la souveraineté, l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un autre État, ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies »54.

À travers ces définitions, de même qu'à la lumière des dispositions de l'article 51, on constate qu'au départ la qualification d'un état de légitime défense se fait par l'État agressé mais que cette qualification sera vérifiée, par la suite, par le Conseil de sécurité. Il faut, par ailleurs, qu'il y ait une agression armée pour se situer dans le cadre d'une légitime défense,

50Il s'agit des affaires Nicaragua c. États-Unis, supra note 27, à la page103, par.194, Licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires, supra note 29, à la page 245, par.41, et de L'affaire des plates formes pétrolières, infra note 313, pp. 35-37, par. 73-77.

51Jean Salmon, Dictionnaire de droit international public, Bruxelles : Bruylant, 2001, à la page 642. 52Marc Perrin de Brichambaut, Jean François Dobelle et Marie Reine d'Haussy, Leçons de droit international public, Paris : Presses de sciences PO et Dalloz, 2002, à la page 284.

53Ibid., à la page 52.

54Supra note 23.

On peut aussi compléter l'article 51 avec la Résolution 2625 de l'Assemblée Générale, qui est considérée comme une interprétation quasi authentique de la Charte. Supra note 18.

cette dernière ne devant être entamée ni avant le début ni après la fin de l'agression armée55. Enfin, la légitime défense disparaît si le Conseil de sécurité agit en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Par conséquent, « [L]e droit de légitime défense individuelle présente un caractère subsidiaire, dans la mesure où il ne peut être invoqué qu'aussi longtemps que le Conseil de sécurité n'a pas pris les dispositions nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité internationales »56. Pour Linos-Alexandre Sicilianos, la légitime défense a un caractère inaliénable affirmé, entre autres, par l'article 51 lui-même quand il la qualifie de « droit naturel » mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit illimitée, dans la mesure où son exercice est soumis au contrôle du Conseil de sécurité57. La liberté d'action dont les États jouissent au moment où ils sont victimes d'une agression armée n'est, du point de vue de la Charte, que temporaire. En effet, lorsque le Conseil de sécurité se saisit d'une affaire, il peut adopter toute décision en vertu des pouvoirs qu'il tient de la Charte. Cela vise essentiellement à « préserver le rôle du [Conseil de sécurité] en tant qu'organe ayant la responsabilité principale pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales »58.

Concernant le contrôle exercé par le Conseil de sécurité, tout État est obligé de porter à sa connaissance les mesures prises au titre de la légitime défense, même si, en pratique, il est relativement rare qu'un État le fasse. Pour certains auteurs, cela constitue un indice de mauvaise foi de l'État prétendant avoir agi en légitime défense59. Par exemple, dans l'affaire des Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, la CIJ a mentionné le non-respect des États-Unis de l'obligation d'informer le Conseil de sécurité de leurs opérations au Nicaragua pour corroborer son jugement sur l'illicéité de leurs activités60.

La légitime défense peut par ailleurs être individuelle ou collective. Dans le deuxième cas, elle constitue une création de la Charte et obéit fondamentalement aux mêmes conditions

55Nicaragua c. États-Unis, supra note 27, à la page 103, par. 194.

56Salmon, supra note 51, à la page 642.

57Linos Alexandre Sicilianos, Les réactions décentralisées à l'illicite. Des contres mesures à la légitime défense, Paris : L.G.D.J, 1990, pp. 304-306.

58Ibid., à la page 306.

59Don Greig, « Self-Defense and the Security Council : what does Article 51 Require ? », I.C.L.Q, 1991, pp.366-402.

60Nicaragua c. États-Unis, supra note 27, à la page 121, par.235.

22 que l'invocation de la légitime défense individuelle. Elle vise le cas où un État non directement agressé intervient pour assister l'État agressé, soit à la suite d'une demande ponctuelle soit en vertu des accords de défense qui le lient au pays agressé. À titre d'exemple, l'article 5 du traité de l'Atlantique du Nord du 9 avril 1949 énonce que :

Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique du nord.

Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales61.

Le Traité de l'Atlantique du Nord se place clairement dans le cadre de la Charte et reconnaît de façon expresse sa subordination à cette dernière62.

De plus, la légitime défense, qu'elle soit individuelle ou collective, doit obéir aux conditions de proportionnalité et de nécessité. Dans l'affaire des Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, la CIJ a énoncé que la règle spécifique selon laquelle « la légitime défense ne justifierait que des mesures proportionnées à l'agression armée subie [est] bien établie en droit international coutumier »63. Il est à noter que l'examen

61Le texte intégral du Traité de l'Atlantique du Nord est disponible [en ligne] : [http ://www.nato.int/docu/fonda/traite.htm] (page visitée le 21 novembre 2006).

62L'article 7 du traité stipule que : « le présent Traité n'affecte pas et ne sera pas interprété comme affectant en aucune façon les droits et obligations découlant de la Charte pour les parties qui sont membres des Nations Unies ou la responsabilité primordiale du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

63Nicaragua c. États-Unis, supra note 27, à la page 94.

23 de la proportionnalité ne peut être déterminant pour apprécier la licéité d'une action de légitime défense que si les autres conditions susmentionnées sont remplies. Le principe de proportionnalité ne peut, en aucun cas, transformer une réaction illicite en soi en réaction licite. C'est dans ce sens que la CIJ a déclaré que :

Même si les activités des États-Unis avaient respecté strictement les exigences de proportionnalité, elles n'en seraient pas devenues licites pour autant. Si, par contre, tel n'était pas le cas, il pourrait y avoir là [c'est-à-dire dans le non-respect du principe de proportionnalité] un motif supplémentaire d'illicéité64.

Pour revenir aux termes de la Charte, toute utilisation de la force qui obéit aux paramètres susmentionnés n'est pas illégale, dans la mesure où la légitime défense est une circonstance excluant l'illicéité du recours à la force65. En effet, « une réaction au titre de légitime défense n'est pas licite en soi. Elle ne le devient que par rapport à l'illicéité de l'acte qui l'a motivée»66.

En fait, l'article 51 a constitué un progrès incontestable en matière d'exercice du droit de légitime défense. Ses dispositions constituent une soupape de sûreté du système général de maintien de la paix et de la sécurité instauré par la Charte des Nations Unies. Toutefois, dans la pratique étatique, on a assisté à une utilisation abusive ou à des tentatives d'élargissement de ce concept visant l'extension de sa portée.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984