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Demande du riz importé, demande et offre du riz produit localement au Togo: une étude économétrique

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par Tchabletienne KOMBATE
Université de Lomé (Ecole Supérieure d'Agronomie) - Ingénieur Agroéconomiste 2008
  

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CHAPITRE I :

CADRE GÉNÉRAL DE L'ETUDE

1.1. Problématique

La production vivrière en Afrique de l'Ouest est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire. Or l'offre locale des pays africains ne permet pas toujours de couvrir en totalité les besoins des populations. En effet, les systèmes de production existants sont de faibles performances et ne répondent pas toujours aux besoins de la croissance alimentaire. Cette croissance est due essentiellement à la forte augmentation de la population africaine.

Le continent qui représente 14 % de la population mondiale connaît actuellement les plus fortes croissances démographiques mondiales ; par exemple, la population ouest-africaine (29 % de la population du continent) enregistre un taux de croissance proche de 3 % par an, passant d'un effectif total de 40 millions d'habitants en 1930 à 290 millions en 2005. Cette dynamique devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies : la population de l'Afrique de l'Ouest pourrait atteindre 430 millions d'habitants à l'horizon 2020 et dépasser le demi-milliard autour de 2040 (FAO et CSAO, 2007). Cependant, le fait le plus marquant est celui de la croissance très rapide de la population urbaine en raison de l'exode rural. Cet effet de l'urbanisation croissante combiné à celui de la hausse des revenus dans les villes africaines (David-Benz et al 2004); a eu pour conséquence majeure le changement des modes de vie et de comportements alimentaires, lesquels changements ont porté la demande alimentaire principalement sur les produits d'importation1(*), et notamment sur le riz.

Le riz longtemps considéré comme l'aliment de base des pays asiatiques est devenu l'une des denrées les plus demandées par les ménages africains. Plus que la production, la demande en riz des pays africains connaît une augmentation très importante. Cette demande croît en Afrique de l'Ouest au taux de 6 % par an, plus que la croissance démographique et plus vite nulle part ailleurs au monde (David-Benz et al, 2004) ; alors que la production intérieure ne couvre qu'environ 60 % de la demande des populations (RESIMAO, 2007).

Cette forte demande faiblement comblée par l'offre intérieure s'est immédiatement traduite par un accroissement très rapide des importations. Plus de 40 % de la consommation de riz en Afrique de l'Ouest est importée, ce qui représente environ 2,75 millions de tonnes/an (Barris et al, 2005) et constitue d'importantes pertes de devises pour la sous région ouest-africaine. Selon les estimations de la FAO, si rien n'est fait les projections pour 2020 font état d'importation de l'ordre de 6,4 à 10,1 millions de tonnes (Barris et al, 2005 ; ROPPA, 2005)2(*).

Cette forte dépendance de l'Afrique pour le riz importé est une menace réelle pour son économie, sa souveraineté alimentaire et pour la paix sociale au regard du contexte actuel de l'environnement rizicole. En effet, l'environnement mondial du riz connaît aujourd'hui de grandes mutations : les stocks mondiaux diminuent, les importantes superficies rizicoles en Asie se transforment en parc industriel et zones de résidences à cause du développement industriel et de l'urbanisation très rapide dans les grandes régions productrices du riz, les tendances actuelles des prix sont à la hausse.

Ces changements structurels en cours en Asie et sur le marché mondial du riz vont compromettre à court et long terme l'approvisionnement du riz des pays africains sur le marché mondial. Il y a donc de graves risques de pénuries de riz dans les villes africaines. Aussi, l'étroitesse du marché international3(*) et l'augmentation structurelle de la consommation en riz dans les principaux pays producteurs asiatiques laissent-elles prévoir une tension croissante dans le domaine de l'approvisionnement des pays ouest-africains dont la demande va continuer de croître. Par ailleurs, la faible capacité de ces pays à générer des ressources par les exportations pour financer leurs importations laisse penser qu'à terme une grande crise de sécurité alimentaire menace toute l'Afrique.

Face à cette situation, l'Afrique doit se donner les moyens de son indépendance rizicole, indépendance qui doit passer nécessairement par une relance soutenue de la production. Aujourd'hui, bien que le riz soit la céréale qui connaît une croissante de production annuelle plus forte (4,4 % entre 1985 et 2003 (Kormawa et al ,2004)) ; celle-ci est faible et ne permet pas de répondre à la demande de plus en plus croissante. Ainsi, il devient plus urgent de définir une politique rizicole pouvant permettre une relance soutenue de la production afin d'obtenir une croissance qui puisse permettre de répondre à cette demande en rizvde plus en plus croissante.

Il existe bien sûr de réelles marges de manoeuvre pour un accroissement plus quantitatif et qualitatif de l'offre de riz ouest-africain. En effet, l'Afrique de l'Ouest présente une diversité de situations agro écologiques favorable pour la riziculture, avec sa pluviométrie et ses nombreux cours d'eau. L'Afrique dispose de 10 millions d'ha de terre irrigables, dont seuls 10 % sont mis en valeur (Faivre et al, 2007).

Le Togo présente presque la même image rizicole que les autres pays africains, outre que durant ces dernières années la filière riz se trouve être difficulté au regard de l'évolution de la production. La production rizicole a fortement diminué ces neuf dernières années. Elle est passée de 56355 tonnes de riz usiné en 1998 à 52273 tonnes en 2007, soit un recul de près de 8% alors que les besoins alimentaires en riz ne cessent de connaître d'importantes augmentations. Ils sont passés de 60511 tonnes en 2001 à 70283 tonnes en 2006, soit une augmentation de 14 % (DSID, 2007). Les déficits enregistrés entraînent des importations massives, ces importations se sont évaluées à plus de 4 milliards de FCFA en 2005 (DSID, 2007).

Cependant, le Togo à l'instar de la plupart des pays de la sous région ouest-africaine dispose d'importantes ressources en eau et en terres irrigables pour permettre une relance de sa production rizicole, mais toutes ces potentialités sont sous-utilisées et celles utilisées actuellement ne sont pas aménagées.

Dans le contexte actuel de crise alimentaire et surtout du fait que le riz est devenu une denrée stratégique, des actions doivent être menées pour permettre une relance de la production au Togo. Il importe alors de définir une politique rizicole qui réponde à un développement effectif de la filière rizicole tout en tenant compte des besoins réels des consommateurs et des producteurs. La définition d'une telle politique doit passer par l'identification des facteurs qui expliquent d'une part la demande du riz et d'autre part l'offre de riz au Togo. La présente étude s'inscrit dans ce contexte et veut aider à la définition d'une telle politique.

* 1 La production locale n'arrivant plus à répondre à la demande alimentaire dans les villes africaines

* 2 Ces estimations concernent les pays de la CEDEAO.

* 3 Le riz n'intervient qu'entre 4 et 5 % des échanges sur le marché international (Barris et al, 2005)

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