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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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CHAPÎTRE III- L'ÉVANGÉLISATION DES BWA AUJOURD'HUI

Toute personne humaine est une histoire sacrée du fait même de son origine divine. Mais en plus de cette origine divine qui assigne a tout être humain une dignité inaliénable, il y a aussi la valeur culturelle qui le fait exister dans son milieu. Un être humain sans culture apparaît donc comme un être sans repères sociale, morale et même religieuse. Il lui manque de la cohérence éthique, car la culture constitue la première éducation intégrale de l'être humain, antérieure à toute autre connaissance.

L'enracinement culturel du message évangélique apparaît donc comme une preuve de maturité de notre foi chrétienne et la condition sine qua nom d'une foi réellement accueillie et vécue par un peuple. C'est donc à juste titre que J. GRITTI affirme que celui« qui veut faire le croyant à l'état pur se retrouve prisonnier de lui-même »72(*). La culture façonne l'être humain indépendamment de sa propre volonté, Puisque « le culturel dans ces puissances mentales comme dans ses dynamiques instinctifs, l'homme l'est par ses enracinements historiques et ses appartenances sociales. Il lui est impossible d'échapper à cette seconde nature, à ce qui précisément le fait homme, lui confère sa spécificité : la culture»73(*).

Les socio-anthropologues modernes relèvent plusieurs aspects de la culture parmi lesquels nous retenons deux : l'aspect pratique et l'aspect symbolique.

L'aspect pratique de la culture concerne les réalités tangibles ; il s'agit là des activités et des conduites de la vie sociale tels les outils et les techniques, les coutumes, les formes d'apprentissage, d'instruction et d'éducation. Et par aspect symbolique nous désignons tout ce qui transmet des significations, des valeurs éthiques comportementales entre les membres d'une même société ou d'une même communauté clanique : rites, traditions, mythes et langage.

La foi chrétienne est bien culturelle, inévitablement culturelle, dès lors qu'elle se vit, se pratique, s'exprime dans les moeurs et mentalités, dans les formes de culture et de société, dans les langages et symboles, dans les aspirations et interrogations des époques et des pays ou elle s'implante et se transmet74(*).

La culture apparaît comme l'outil de fabrication, la moule de toute personne humaine. Dès lors aucun enseignement ne peut se comprendre sans qu'on ne fasse recours à la culture, car la culture constitue les assises de références d'une société. C'est pourquoi, il importe donc de partir de la culture bo pour transmettre l'Evangile du Christ pour que celui-ci se sente vraiment concerné et touché.

Il est donc important et même primordial comme l'exprime J. ELA de « courir le risque de comprendre le mystère de Dieu en assumant les questions posées aux Eglises d'Afrique par des hommes qui se demandent en quoi Dieu les concerne dans les conditions dramatiques ou ils vivent aujourd'hui. Essayer de montrer que la Révélation de Dieu en Jésus Christ trouve sa pleine signification en Afrique lorsque l'Eglise fait mémoire d'un Evangile de libération»75(*). Sur cette lancée culturelle, l'Eglise découvre la tâche de rencontrer, dans la diversité des cultures humaines, les symboles qui parlent davantage aux Bwa, en faisant sans cesse référence à leur culture et aux valeurs culturelles qui ne sont pas en contradiction avec la Parole de Dieu.

Pour cela, il importe aujourd'hui d'accorder à la culture bo toute sa valeur, toute sa signification en descendant des hauteurs intellectuelles pour rencontrer des modes de sagesse, des pratiques et des parlers quotidiens des Bwa, pour leur rendre la Parole de Dieu accessible dans les expressions sont les leurs. Car la Bonne nouvelle en retentissant dans le milieu bo rencontre un langage, des pratiques, des formes d'expressions religieuses qui constituent la culture de ce peuple. Cette culture bo, façonnée par des valeurs éthiques, sociales, religieuses et aussi d'une sagesse quotidienne, ne peut que favoriser la rencontre de l'homme bo avec le Dieu de la vie, maître de l'histoire humaine, mais à condition qu'elle se laisse transcender par la vérité de l'Evangile. La Parole de Dieu vient l'épurer de ce qu'elle peut avoir d'inhumain et contraire à la loi naturelle et à l'Evangile.

III-1 LA TRADUCTION DE LA PAROLE DE DIEU DANS LA LANGUE LOCALE, PREMIERE ETAPE DE L'ÉVANGÉLISATION D'UN PEUPLE

Les premiers chrétiens se demandaient si les mots, le style et les images prêtées par les quatre évangélistes au Christ lui furent réellement propres, c'est-à-dire, propre à son milieu et à sa culture araméenne ? Même si quelques rares expressions sont retenues dans les évangiles comme propres au Christ dans le langage local araméen comme talitha koum (Mt 5,41) ; Ephata (Mt 7,44) ; Eloi Eloi lama sabachtani (Mt 15, 34), les textes de la Bible utilisent des expressions et un langage propre à la culture des rédacteurs.

Aujourd'hui les sciences sociolinguistiques et ethnolinguistiques nous démontrent toute l'importance du langage local et quotidien dans la compréhension de tout savoir extérieur à la culture et surtout le rôle social et culturel de la syntaxe et du lexique.

Pour une culture, la langue représente la base de tout savoir scientifique. Puisque en dehors des règles de base et des structures d'une langue, les usages ou la manière locale de la parler, supportent et manifestent une culture et traduit une mentalité. La langue d'un peuple est une sorte de synthèse de sa culture et de ses coutumes.

Les différentes traductions de la Bible en intégralité dans nos langues locales n'ont commencé que très récemment.

Le fait de rendre la parole de Dieu accessible à un peuple dans sa langue constitue les préliminaires incontournables à toute inculturation, à toute évangélisation. Que le croyant bo entende Dieu dans les mots et les expressions qui lui sont propres, est indispensable à la compréhension de ce message et à son acceptation.

Lorsque nous parlons de l'enracinement culturel de la foi chrétienne, beaucoup pensent d'abord, à l'introduction du folklore dans la liturgie ; ceci n'est qu'une minime partie de l'inculturation. Comment l'homme bo peut-il se sentir réellement concerné par une Parole qui lui est étrange, transmise dans un style linguistique qui est bien différent du sien ? En effet, la préoccupation de l'Eglise en Afrique de faire entendre la Parole de Dieu dans la langue locale des fidèles chrétiens correspond à un besoin profond chez tout croyant qui s'efforce d'accorder sa foi et sa culture dont il est imprégné, pour mieux vivre cette foi. En plus, chaque croyant, pour le développement de sa vie chrétienne, est travaillé par le besoin de cohérence entre ce qu'il croit et son vécu et par là même, devra effectuer la synthèse personnelle entre sa foi et sa culture. Car la foi qui implique une décision et un attachement au Christ, n'est ni aveugle ni isolée. Elle construit le croyant et change sa manière de vivre, de parler et d'agir. Loin de designer une opération purement intellectuelle, la foi « n'est pas un choix résigné et défaitiste pour se consoler de la dureté de l'existence »76(*) comme l'exprime Y. P DIARRA. Elle se vit et s'exprime dans un témoignage de vie et de relation avec Dieu et le prochain.

* 72 J. GRITTI, L'expression de la foi dans les cultures humaines, Paris, le Centurion, 1975 p.19

* 73 Idem, p. 20

* 74 Cf. commentaire du cours

* 75 J. ElA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003, page de garde.

* 76 D Y P. DIARRA, la Mission Catholique auprès des bwa avant et après l'Indépendance du Mali, Paris, Université de Paris-Sorbonne, Juin, 1992, Tome II p.542

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe