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Communication et contrôle de la trypanosomose animale africaine : étude de cas des interrelations entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires dans la province du Kénédougou (Burkina Faso).

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par Der DABIRE
Université de Ouagadougou, Département de Sociologie - Maîtrise en Sociologie 2005
  

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III/ Consommation des trypanocides et biais de communication.

De nos jours, les trypanocides demeurent les médicaments utilisés pour lutter contre la TAA dans la province du Kénédougou. Utilisés en grande quantité par les agro-éleveurs et leurs prestataires, ce sont des substances chimiques qui tuent les trypanosomes ou les empêchent de se multiplier. Il en circule une gamme variée, appartenant à deux groupes de médicaments : le Diminazène (DIM) et l'Isométhamidium (ISMM). Identifiés sur le plan social par leurs noms commerciaux et par leurs couleurs ils sont présentés en détail dans le tableau ci-dessous.

Tableau 14: Trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou.

Trypanocides

Noms commerciaux

couleur

Posologie d'emploi

Durée de protection

Délai d'attente

Prix moyen (F CFA)

Diminazène

Berenil®, Veriben®, Lobazène®, Sangavet®, Trypadim®, Diamyl®, Nozomyl®, etc.

Jaune

Curatif pour 3,5/7 mg/kg

7 à 14 jours

21jours

320/1,05g

2500/10,5g

Isométhamidium

Trypamidium® Securidium®, Samorin®, Veridium®, etc.

Rouge

Curatif à 0,5 mg/kg

Préventif à 1 mg/kg

3 mois

30 jours

420/1g 3500/1,25g

Source : Résultat d'enquête.

Ils sont vendus en petit et grand sachet. Soit respectivement 1,05g et 10,5g pour le Diminazène ; 1g et 1,25g pour l'Isométhamidium. Ils sont également commercialisés sous forme de poudre ou granulée à dissoudre dans de l'eau bouillie et refroidie à défaut de l'eau stérilisée et à des proportions indiquées par le fabricant (souvent inscrites sur les paquets). La solution obtenue est destinée à être injectée dans l'organisme de l'animal. A ce stade, il est recommandé d'injecter une solution mesurée en fonction du poids de l'animal par voie intramusculaire pour obtenir un résultat efficace. Dans le tableau ci-dessous on retrouve leurs modes de dilution respectifs.

Tableau 15: modes de dilution, dosages et sites d'injection.

Typanocides

Petit sachet

Grand sachet

Dosages (mélange)

Concentration (en %)

Sites d'injection

DIM (Berenil®)

1,05g/12,5ml d'eau

10,5g/125ml

15ml

150ml

7

Cou, épaules et les fesses

ISMM (Trypamidium®

1g/100ml

1g/50ml

1,25g/12,5ml

1,25g/6,5ml

 

1

2

Cou, épaules et les fesses

Source : résultat d'enquête.

Leur distribution est assurée par une pluralité d'acteurs sociaux ayant des rapports diverses à la médecine vétérinaire. En effet, il ressort de nos entretiens deux catégories de perceptions : « activité principale » pour les vétérinaires privés et une majorité des vendeurs de médicaments de la rue et « activité secondaire » pour les agents publics d'élevage, les vaccinateurs locaux, les éleveurs et une minorité des vendeurs ambulants.

Du reste, affirme un docteur vétérinaire, importateur/distributeur en gros de médicaments vétérinaires, installé en clientèle privée dans la ville de Bobo-Dioulasso et principale source de médicaments trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou : « c'est ma profession. Depuis que je suis rentré de mes études en 1994, j'ai commencé à l'exercer ». De son point de vue, il s'agit d'une appropriation individuelle et une défense de la profession vétérinaire, mais les vendeurs ambulants revendiquent leur place. Ainsi, lorsqu'un vendeur ambulant résidant au secteur n°4 de Orodara et importante source de trypanocides provenant de la rue affirme: « j'ai abandonné l'agriculture pour faire de cette activité mon occupation principale », il en fait sa profession aussi. De même quand l'unique agent public d'élevage en poste à Koloko affirme ceci : « cette activité est une composante de ma fonction d'agent public d'élevage installé à la frontière ici », il situe sa place et son rôle. Dans le même ordre d'idées, un vaccinateur local, initialement formé à l'aviculture et réalisant de nombreux traitements annuels dans le village de M'bié et environnants situe sa place en ces termes: « c'est ma seconde occupation ici après l'agriculture ».

Des perceptions qui riment avec leurs motivations d'entrée dans cette activité. Le « chômage » est la principale motivation chez les vétérinaires privés. Certes pour la majorité, c'est le « non accès à la fonction publique » qui les a conduit à s'installer à titre privé. Mais, cela est à nuancer, car certains ont démissionné de la fonction publique pour s'installer en clientèle privée. Ce qui a un impact sur leur motivation dans la mesure où ils n'ont pas choisi la profession par vocation mais par nécessité d'emploi. Pendant que les vaccinateurs et éleveurs évoquent «la rareté des vétérinaires », les vendeurs de la rue avancent « le manque de pharmacies vétérinaires » pour justifier leur pratique. C'est pourquoi, ils sont prêts à tout faire sur le terrain et à n'importe prix malgré leur manque de formation.

En outre, cette activité est exercée au sein d'institutions publiques et privées vétérinaires localisées à Bobo-Dioulasso, Orodara, Koloko et Hèrèmakono d'une part et d'autre part dans la rue selon le tableau ci-dessous. Ainsi, pour accéder aux animaux dans les villages, les prestataires de services privés installés à Bobo-Dioulasso doivent parcourir une distance maximale de 120 Km et une distance minimale de 60 Km. De même, le vétérinaire privé situé à Hèrèmakono (Mali) parcourt une distance maximale de 60 Km et une distance minimale de 5 Km pour atteindre les éleveurs. Et le seul pharmacien privé basé à Orodara doit parcourir une distance maximale de 50 Km et une distance minimale de 3 Km pour atteindre ses clients. Quant aux agents publics d'élevage situés à Koloko et Orodara, ils doivent parcourir une distance maximale de 50 Km et une distance minimale de 3 à 10 Km pour atteindre les éleveurs. A l'analyse, les professionnels privés et publics sont éloignés des agro-éleveurs au profit des non professionnels présents dans les villages. En matière de communication, cela entraîne la réduction des contacts entre agro-éleveurs et prestataires de services professionnels dans la mesure où les agro-éleveurs justifient leur recours aux non professionnels par l'absence des vétérinaires privés et l'insuffisance des agents publics sur le terrain. Mais, c'est un biais pour échapper à la contrainte de distances et les frais y afférentes qu'ils doivent supporter en allant consulter un professionnel situé à 60 Km minimum. Ainsi, ressenti comme une contrainte par les agro-éleveurs et leurs prestataires professionnels, le facteur distance exerce une influence négative sur leur motivation et réduit le nombre des contacts entre eux.

Tableau 16 : localisation des prestataires de services par rapport à leurs clients.

Localisation des structures de santé animale

Villages les plus éloignés (distance maximale en Km)

Villages les plus proches (distance minimale en Km)

Pharmacies privées à Bobo

120 Km

60 Km

Dépôt de Orodara

50 Km

3 Km

Agent public de Orodara

50 Km

7 Km

Agent public frontalier de Koloko

50 Km

10Km

Pharmacie à Hèrèmakono

60 Km

5 Km

Vaccinateurs locaux

Dans les villages

Dans les villages

Vendeurs de médicaments de la rue

Dans les villages

Dans les villages

Agents communautaires de santé animale.

Dans les villages

Dans les villages

Source : résultat d'enquête.

D'histoire récente, la majorité des structures vétérinaires a été créée au cours des années 1990 correspondant au début du processus de libéralisation de la médecine vétérinaire au Burkina Faso. De façon chronologique, les agents publics sont en tête, suivis des importateurs/grossistes, des cabinets privés, des vaccinateurs, des vendeurs de la rue et des agents communautaires de santé animale. Cette mise en place est le reflet de l'histoire évolutive du domaine de la santé animale au niveau national. En effet, pendant longtemps l'offre des services vétérinaires était assurée par l'Etat à travers les agents publics. Ensuite sous la pression du programme d'ajustement structurel (PAS), on assiste à la libéralisation de la profession vétérinaire. Ce processus a conduit à l'émergence d'acteurs privés chargés désormais d'offrir les services et les médicaments vétérinaires aux éleveurs. L'Etat devant assurer un cadre réglementaire adéquat. Mais, le manque de régulation a entraîné l'apparition des non professionnels pour combler le vide laissé par les acteurs publics et privés dans les campagnes. Cette installation récente a eu pour impact le sous équipement médico-technique et logistique des structures vétérinaires privés.

Néanmoins la majorité dispose d'un équipement de base à savoir l'eau courante, l'électricité, le téléphone, l'ordinateur et le fax dans les proportions ci-dessous. Ainsi, en matière de communication, toutes les structures vétérinaires disposent de téléphone pour assurer leurs besoins de communications avec l'extérieur.

Tableau 17: équipement de base.

 

Eau courante (%)

Electricité (%)

Téléphone (%)

Ordinateur (%)

Fax (%)

Représentant

50

50

50

0

0

Importateur

0

100

100

100

50

Cabinets privés

44

67

56

44

22

Agents publics

67

67

33

0

0

Source : résultat d'enquête.

En outre la majorité ne dispose pas de matériels techniques vétérinaires comme l'indique le tableau suivant. Mais, il convient de savoir que les structures publiques sont en général plus équipées que les structures privées. Et parmi ces dernières, les cabinets de soins sont plus équipés que les pharmacies grossistes. Ce manque de matériels techniques vétérinaires affecte la qualité de leurs prestations et par ricochet leur pouvoir de persuasion en matière de communication. En effet, comment un professionnel de la santé animale peut-il convaincre un agro éleveur de le fréquenter pendant qu'il est lui-même en manque de matériels de soins ? En communication si la parole permet de faire entendre et comprendre certains faits et certaines idées, un support matériel technique conséquent permet de faire voire et croire à ces faits et idées.

Tableau 18: Proportion des équipements techniques dans les structures sanitaires vétérinaires.

 

Représentants (%)

Détaillants (%)

Grossistes (%)

Cabinets de soins (%)

Services publics (%)

Salle de consultation

0

60

0

33

33

Table d'hospitalisation

0

20

0

11

33

Salle d'opération

0

0

0

0

33

Réfrigérateur

50

60

50

56

100

Congélateur

0

20

50

22

67

Microscope

0

0

0

0

33

Centrifugeuse

0

0

0

0

0

Source : résultat d'enquête.

De même, le tableau ci-dessous indique que les agents publics et les grossistes sont bien équipés en moyens de transport. En revanche, certains cabinets de soins sont confrontés à un manque de moyens de déplacement. Or, ils sont censés effectuer de nombreux déplacement afin de couvrir leur zone d'intervention. Par conséquent, leurs possibilités de contacts avec les agro-éleveurs se trouvent considérablement réduites. Du reste, « le manque d'équipement logistique » est ressenti par l'ensemble des prestataires comme une contrainte majeure dans leurs pratiques trypanocides.

Tableau 19: situation de l'équipement des structures sanitaires vétérinaires en moyens de transport.

 

Motocycle (%)

Car (%)

Représentant

0

0

Indépendants

80

20

Grossistes

100

100

Cabinets privés

67

33

Agents publics

100

33

Source : résultat d'enquête.

Enfin, les non professionnels disposent d'un équipement limité à la possession d'un vélo, d'une moto, d'un thermomètre et d'une seringue selon le tableau ci-dessous. La possession d'un vélo ou d'une moto par les non professionnels montre à quel niveau ils sont susceptibles d'entrer en contact avec les agro-éleveurs dans les campagnes les plus reculées de la province du Kénédougou.

De plus, par la faveur des formations données par le Projet ILRI/ BMZ, ils détiennent un matériel technique vétérinaire composé de thermomètre, de ruban doseur et de seringue capable de convaincre les agro-éleveurs de la qualité de leurs prestations. De ce fait, ils apparaissent plus crédibles aux yeux des éleveurs. Mais, leur manque de qualification, leurs insuffisances de formation et d'expérience constituent des risques d'acquisition de mauvaises informations sur la TAA. Certes, ils ont le temps, les moyens médico-techniques et logistiques leur permettant de nouer de nombreux contacts avec les agro-éleveurs, mais ils ont peu de culture vétérinaire à les transmettre.

Tableau 20: état d'équipement des prestataires non professionnel.

 

Vélo

Moto

Thermomètre

Seringue

Vendeurs de la rue

50%

50%

0%

10%

Vaccinateurs locaux

50%

70%

40%

90%

Agents communautaires

100%

22%

100%

95%

Source : résultat d'enquête.

De ce qui précède, la province du Kénédougou connaît une faible couverture vétérinaire de son territoire à raison de la rareté des vétérinaires privés et de l'insuffisance des agents publics d'élevage. Ce qui est une difficulté structurelle qui contribue à réduire le nombre et la fréquence des contacts entre agro-éleveurs et leurs prestataires de services. A cela s'ajoutent les difficultés rencontrées dans l'application des trypanocides à savoir la mentalité et l'état d'esprit des prestataires, le temps, la qualité du personnel, la nature, le coût et la rentabilité des prestations offertes.

En effet, la majorité des structures vétérinaires sont des « entreprises individuelles » dont la recherche du profit et la rentabilité caractérisent la mentalité et déterminent l'état d'esprit de leurs responsables. Ce qui entraîne une rareté des déplacements pour traiter deux ou trois animaux. En contrepartie, ils ont un personnel employé pour prendre en compte les plus petits besoins des consommateurs dont les spécificités liées à chaque catégorie de prestataires se présentent de la manière suivante. En moyenne, les cabinets de soins emploient 2 à 3 personnes. Leur personnel est composé de femmes et d'hommes adultes, jeunes, scolarisés, ayant acquis des connaissances sur le tas dans leurs domaines respectifs. Ils travaillent sur la base de l'expérience acquise au fil des années. Le personnel qualifié se retrouve du côté des importateurs /grossistes, qui, emploient des diplômés du secondaire ou du supérieur. Employés comme vendeurs ou vendeuses de médicaments, vaccinateur, agent commercial, magasinier, secrétaire, comptable, assistant vétérinaire, chauffeur et gardien, ils sont plus en contacts avec les agro-éleveurs. Mais, ils sont sans qualification requise. Par conséquent, ils ont des possibilités de communication limitée. A l'opposé, les non professionnels n'offrent pas d'emploie salarié. Mais, ils sont accompagnés dans leurs tâches quotidiennes par des personnes apparentées.

Les prestataires de services ont des emploies de temps variables. Mais, les non professionnels disposent d'un temps de travail plus long que les professionnels. Ils consacrent en moyenne, 13,23 heures par jour sur le terrain contre 8,3 heures pour les professionnels. De ce fait, ils s'occupent plus dans la semaine, car 70% des non professionnels travaillent sept jours sur sept dans la semaine contre 33% de professionnels. Cette situation s'explique par le fait que les non professionnels ne disposent pas de calendrier de travail conséquent et n'obéissent pas à aucune législation en matière de travail contrairement aux professionnels qui sont soumis à la codification socio juridique du travail au Burkina Faso. Ainsi, pendant que les agents publics sont soumis au calendrier de huit (8) heures par jours et cinq (5) jours dans la semaine, les non professionnels affirment dans leur majorité qu'ils n'ont « pas d'heure de travail ». Aussi, pendant que la majorité des privés sont obligés de respecter la règle de dix (10) heures maximum par jours et des temps de culte, la majorité des non professionnels affirment qu'ils « travaillent à n'importe quel moment » pourvu que la demande se manifeste. Partant de là, les professionnels sont soumis à une contrainte de calendrier de travail qui les oblige à une gestion rationnelle du temps. Ainsi, ils procèdent à une planification de leurs activités d'intervention dans laquelle la priorité est accordée à la vente et au traitement au détriment de l'information. Du reste, une analyse comparée de la quantité de vente des trypanocides, du volume des traitements réalisés et de celui des conseils donnés au cours d'une année écoulée montre que les différents prestataires accordent une faible place à l'information dans leurs prestations. En effet, contre un total de 297 fois de conseils donnés en douze mois, l'ensemble des prestataires professionnels ont vendu 6775 fois de trypanocides et réalisé 1038 fois de traitements comme l'indique le tableau ci-dessous.

Tableau 21: quantité de traitements réalisés en douze mois selon les prestataires.

Nombre de fois de prestation / prestataire

Vente de DIM

Vente d'ISMM

Administrer DIM

Administrer ISMM

Conseils donnés

Représentants

225

60

0

0

130

Cabinets privés du BF

300

100

60

40

80

Cabinets privés du Mali

3000

300

12

1

30

Importateurs/grossistes

3000

800

0

0

0

Agents publics d'élevage

 
 

83

41

57

Total

6525

250

765

273

297

Source : résultat d'enquête.

Les trypanocides sont vendus sous plusieurs noms commerciaux à des prix variables. Selon les tableaux suivants, les prix varient d'un prestataire à un autre, d'un pays à un autre et en fonction du volume du paquet.

Tableau 22: Prix du DIM en fonction du prestataire et du volume du paquet.

 

Gamme de DIM

Prix moyen du petit sachet (CFA)

Fluctuation du prix (CFA)

Prix moyen du grand sachet (CFA)

Fluctuation (CFA)

Représentants

2

675

550-800

3525

3300-3700

Vétérinaires privés

3

672

600-750

3525

3300-3700

Grossistes

4

533

500-550

3500

3500

Agents communautaires

8

633

375-1000

5050

3500-6500

Vaccinateurs locaux

6

430

300-550

3536

2500-5000

Vendeurs de la rue

8

425

350-500

3515

2500-5000

Source : résultat d'enquête.

Au regard de ce tableau, les non professionnels offrent une large gamme de trypanocides à dose unique et à des prix nettement moins chers que les professionnels. Par contre les trypanocides à dose multiple coûtent plus chers chez les non professionnels que chez les professionnels. Le tableau ci-dessous met en relief cette différence de prix entre les professionnels et les non professionnels.

Tableau 23: variation du prix du DIM entre les professionnels et les non professionnels.

 

Gamme de DIM

Prix moyen /petit sachet (CFA)

Intervalle des prix (CFA)

Prix moyen/grand sachet (CFA)

Intervalle des prix (CFA)

Professionnels privés

4

647

500-800

3520

3300-3700

Non professionnels

11

554

100-300

4590

2500-6000

Source : résultat d'enquête.

De même, il existe une gamme variée de trypanocides au Mali qu'au Burkina. Et les trypanocides du Mali coûtent moins chers que ceux du Burkina. Par exemple, la seule pharmacie d'Hèrèmakono, au Mali dispose plus de variétés de trypanocides à coût moins élevé que l'ensemble des onze (11) pharmacies investiguées au Burkina Faso.

Tableau 24: comparaison des prix du DIM au Burkina Faso et au Mali.

 

Gamme de DIM

Prix moyen/petit sachet (CFA)

Intervalle des prix

(F CFA)

Prix moyen/grand sachet (CFA)

Intervalle des prix (CFA)

Pharmacies privées-Burkina Faso

4

647

500-800

3520

3300-3700

Pharmacie privée- Mali

5

325

300-400

2550

2250-3000

Source : résultat d'enquête.

Sous ce premier rapport, les prix de vente des trypanocides sont déterminés par quatre facteurs à savoir : le niveau de qualification du prestataire, la gamme existante, le lieu de provenance et le prix d'achat. De ces facteurs, le prix d'achat est le plus déterminant dans la mesure où les prestataires, offrant plus de variété de trypanocides à prix moins chers s'approvisionnent au Mali tandis que ceux qui offrent une gamme limitée à prix élevé s'approvisionnent au Burkina Faso. Or, au Mali, il existe une large gamme de trypanocides à des prix abordables. Les facteurs explicatifs de ce constat sont liés à l'existence d'une centrale de conditionnement des médicaments vétérinaires basée à Sikasso et à la flexibilité de la réglementation et des taxes fiscales et douanières en matière de vente des trypanocides.

Dans cette logique, la disponibilité et l'accessibilité des trypanocides semblent déterminer leur prix chez les prestataires de services vétérinaires au Kénédougou. Toutefois les prix sont influencés par le volume du sachet contenant les trypanocides. En effet, il existe de petits sachets contenant une dose de trypanocides et de grands sachets contenant de multiple dose. Or, les trypanocides à dose unique (petit sachet) coûtent plus chers au Burkina Faso que ceux à dose multiple tandis que le contraire se vérifie au Mali. Il en découle que les trypanocides à dose unique coûtent plus chers au Burkina qu'au Mali tandis que ceux à dose multiple présentent des prix sensiblement égaux. Cette variation des prix des trypanocides en fonction du volume du sachet est perceptible à travers les tableaux suivants. Il se dégage l'idée que le coût des trypanocides est plus élevé dans les pharmacies vétérinaires au Burkina Faso qu'au Mali. Du reste : « le coût élevé des trypanocides » est évoqué dans le discours des agro-éleveurs comme une contrainte dans l'utilisation des trypanocides. Ce qui explique le recours vers les vendeurs ambulants et les pharmacies du Mali avec qui, ils réalisent de nombreux contacts au détriment des professionnels du Burkina. Par conséquent, le coût élevé des prestations apparaît comme un facteur défavorable à la fréquentation des professionnels du Burkina.

Tableau 25: prix des trypanocides selon le volume du sachet au Burkina.

 

Trypanocides

Prix moyen (CFA)

Prix moyen/grand sachet (CFA)

Prix moyen/petit sachet (CFA)

Veriben®

DIM

325

361

650

Trypamdim®

DIM

320

350

650

Trypamidium®

ISMM

425

461

679

Veridium®

ISMM

412,5

431

700

Source : résultat d'enquête.

Tableau 26: variation de prix entre grands et petits sachets de trypanocides au Mali.

Gamme

Trypanocides

Prix/grand sachet (CFA)

Prix/petit sachet (CFA)

Diamyl®

DIM

300

225

Sangavet®

DIM

400

250

Diminaveto®

DIM

300

250

Trypamidium®

ISMM

412,5

600

Source : résultat d'enquête.

Pour terminer, il ressort des données que la marge bénéficiaire de la vente des trypanocides est plus élevée au Mali qu'au Burkina Faso. Mais, en fonction des prestataires, elle est plus élevée chez les non professionnels que chez les professionnels et plus élevée chez les importateurs/ grossistes que chez les détaillants des cabinets privés. Ce qui s'explique par la concurrence déloyale des grossistes, des agents publics et des vendeurs de la rue dont subissent les cabinets privés. Le tableau ci-dessous présente cette marge bénéficiaire en fonction des fournisseurs et du pays d'origine des trypanocides. Enfin, en fonction de la catégorie de trypanocides et du volume du contenant, la marge bénéficiaire est plus élevée pour la vente des curatifs (DIM) que la vente des préventifs (ISMM) et plus élevée pour la vente des petits sachets que la vente des grands sachets. Toutefois, la vente des trypanocides génériques rapporte plus de bénéfice que celle des trypanocides authentiques (originaux). En conséquence, cette marge bénéficiaire apparaît comme un important facteur qui favorise la chimiorésistance et son développement dans la province du Kénédougou dans la mesure où la vente des variétés rapportent plus de bénéfice que celle des trypanocides originaux (ou de qualité). Ce qui peut entraîner des échecs de traitement à raison du sous-dosage de leur principe actif depuis le lieu de fabrication. Or de l'avis de la majorité des spécialistes interrogés, « le sous-dosage » est présenté comme principale cause de la chimiorésistance.

Mieux, en situation de résistance, les trypanocides préventifs sont plus recommandés que les curatifs. Or, on remarque que la vente des curatifs rapporte plus de bénéfice que les préventifs. Il en découle que la vente élevée des trypanocides curatifs peut favoriser le développement de la résistance. Mais en terme d'incidence sur la communication, la recherche de la rentabilité est une source de motivation des sorties de terrain qui explique le refus des professionnels de se déplacer pour le traitement d'un ou de deux animaux malades et le peu de temps accordé à un éleveur qui vient acheter un ou deux sachets de trypanocides. C'est pourquoi, on constate qu'une faible place est accordée à l'information parmi les activités des professionnels.

Tableau 27 : marge bénéficiaire de la vente des trypanocides par type de fournisseur et par pays.

Prestataires

Marge bénéficiaire moyenne

Prestataires

Marge bénéficiaire moyenne

Cabinets de soins

9,9

Agents publics

10,6

Pharmacies/détaillants

8

Importateurs/grossistes

10,6

Professionnels

9,9

Non professionnels

23,6

Mali

14

Burkina Faso

9

DIM

10,9

ISMM

8

DIM original

9

DIM Générique

11,6

ISMM original

8,0

ISMM générique

8,1

Grand sachet

6,3

Petit sachet

13,8

Source : résultat d'enquête.

Les trypanocides vendus dans la province du Kénédougou proviennent de deux sources principales : la source Burkinabé et la source malienne. Au Burkina Faso, la majorité des prestataires s'approvisionnent chez quatre (4) importateurs/grossistes, basés à Bobo-Dioulasso. Ce sont FASOVET, SODIVET, SAGRICHEM et SOPELA. En retour, les grossistes s'approvisionnent auprès des firmes pharmaceutiques occidentales suivantes : Laprovet, Merial, Ceva, Intervet et Keprovet. Au Mali, les non professionnels s'approvisionnent chez Pharmavet Koné, Pharmavet Mali et Medivet. Ce sont des importateurs/grossistes dont le premier est basé à Sikasso et les deux autres à Bamako avec représentation à Sikasso. Très spécifiquement, tous les prestataires de services professionnels enquêtés au Kénédougou sud (Burkina Faso) s'approvisionnent dans les trois pharmacies basées à Bobo-Dioulasso. Par contre, les sources d'approvisionnement des non professionnels sont diversifiées avec une prédominance de la source malienne.

Pour cette catégorie de prestataires, les tableaux suivants indiquent les sources et les origines géographiques des trypanocides qu'ils vendent. Mais, d'ores et déjà, le secteur informel reste leur principale source d'approvisionnement. En effet, la majorité des non professionnels, soit 44% de notre échantillon achète leurs trypanocides dans la rue et sur les marchés locaux chez les vendeurs ambulants. Cependant, ils proviennent en majorité, soit 47% de notre échantillon, du Burkina Faso.

Tableau 28: sources des trypanocides vendus par les non professionnels.

 

Pharmacies

Secteur informel

Agents publics

Non spécifier

Vendeurs de la rue

9

6

0

3

Vaccinateurs locaux

6

11

1

3

Agents communautaires

23

27

1

3

Total

38%

44%

2%

9%

Source : résultat d'enquête.

Tableau 29: origine des trypanocides vendus par les non professionnels.

 

Mali

Burkina

Côte d'Ivoire

Non spécifier

Vendeurs de la rue

10

5

0

3

Vaccinateurs locaux

6

13

1

0

Agents communautaires

19

29

1

0

Total

35%

47%

2%

3%

Source : résultat d'enquête.

De ce qui précède, nous retenons que les trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou proviennent en grande majorité des firmes pharmaceutiques occidentales en transitant par les importateurs/grossistes, les cabinets de soins privés, les agents publics d'élevage, les vaccinateurs et les agents communautaires pour parvenir aux agro-éleveurs. Leur provenance géographique est la France et la Hollande en Europe ; Ouagadougou et Bobo au niveau du Burkina Faso. Cependant, force est de constater que face à ce circuit dit officiel, une part importante des trypanocides provient des centrales de conditionnement des médicaments vétérinaires du Mali. Basées à Bamako et Sikasso, elles sont en relation avec des firmes pharmaceutiques sud américaines et asiatiques. Fabriqués ou mis en conditionnement dans ces différentes localités, les trypanocides parviennent aux agro-éleveurs de la province du Kénédougou en transitant par les pharmacies grossistes, les détaillants, les cabinets de soins du Mali et les vendeurs de la rue.

Très spécifiquement, les vendeurs ambulants sont les principaux vecteurs des trypanocides en provenance du Mali dans le Kénédougou. Il se dégage alors un circuit de communication intimement lié à la circulation des trypanocides dont les images et les écritures figurant sur les emballages des médicaments constituent les sources d'information. Dans cette logique, les actes d'achat et de vente sont synonymes d'échange d'information en ce sens que l'agro éleveur qui va acheter un paquet de trypanocide pose un acte symbolique d'achat d'information. De même, en vendant ce paquet de trypanocides, le prestataire pose un acte symbolique de vente d'information. D'où, il est indéniable que la circulation des trypanocides s'accompagne d'une circulation des informations sur la TAA. Il reste à savoir comment elles sont véhiculées par les prestataires de services dans leurs comportements quotidiens?

Dans les pharmacies et officines vétérinaires, les trypanocides sont exposés sur des étagères dans des emballages en paquets et séparés des clients par un comptoir. Ils sont vendus sous forme de transaction dont la durée varie d'un vendeur à un autre et en fonction du besoin du client. En la matière, les débutants cherchant à attirer la sympathie et la confiance des clients passent plus de temps en compagnie de leurs clients que les anciens ayant une clientèle déjà constituée et fidélisée. A cet titre, nous avons enregistré un temps moyen de transaction égale à 2 mn pour les débutants contre 1mn pour les anciens. De même, nous avons observé que les importateurs/ grossistes passent moins de temps en compagnie des clients que les cliniques-pharmacies. La transaction à ce niveau dure en moyenne 3 mn pour ces derniers contre 1 mn pour les premiers. Enfin, nous avons observé que plus les besoins du client sont nombreux plus la transaction s'avère longue.

Ensuite, cette transaction est initiée dans la majorité des cas par le vendeur. Nous avons observé que lorsqu' un client pénètre dans une pharmacie, il est accueilli avec sympathie et courtoisie par un souhait de bienvenue par un personnel employé composé en majorité de jeunes femmes, scolarisées, jouant le rôle de vendeur et une minorité de jeunes hommes scolarisés jouant le rôle de vendeur/vaccinateur. Ces personnes reçoivent régulièrement un public composé en majorité d'adultes à prédominance masculine et analphabète. Leurs motifs de consultation concernent en majorité des demandes « d'avis » ; « de renseignements » ; « d'achat de médicaments » et en minorité des « demandes de consultation ou de soins ». Mais, nous avons observé que dans les pharmacies grossistes, ils concernent plus les « achats de médicaments » tandis que les demandes de « consultations ou de soins » s'observent dans les cliniques-pharmacies. Ce public cosmopolite entre et ressort des pharmacies sans aucun papier médical, seul ou en compagnie de leur (s) animal (aux) malade (s).

Ainsi, nous avons constaté qu'il y a l'affluence dans la majorité des pharmacies ; que les petits ruminants et les animaux de compagnie constituent la majorité accueillie en clinique ; que la majorité des déplacements concernent les boeufs de labour et les troupeaux sédentaires et que la majorité des besoins exprimés par les clients sont satisfaits. En effet, les différentes sollicitations des clients trouvent réponse à travers les stratégies suivantes:

1. les demandes « d'avis » et de « renseignements » sont satisfaites en majorité par des réponses accompagnées d'explications aux différentes questions du demandeur.

2. les demandes « d'achat » de médicaments sont satisfaites par la livraison des médicaments désirés. Cette livraison se fait sans ordonnance et au comptant dans la majorité des cas. Les crédits sont rares. Les médicaments sont ensuite emballés dans des sachets et remis au demandeur suivi de conseils sur sa posologie d'emploi dans la majorité des cas.

3. les demandes de « consultations » sont satisfaites par l'examen clinique de l'animal. Il est réalisé dans la majorité des cas par les responsables. Il se limite au diagnostic clinique. Quant aux demandes de « soins médicaux », ils sont satisfaits par les traitements. Ils sont réalisés en majorité par les vaccinateurs. Et, dans la majorité des cas observés, les injections sont bien faites, mais suivies de peu de conseils.

Sommes toutes, il convient de retenir qu'il y a communication et circulation des informations sur la TAA par le biais des contacts pendant les occasions d'achat et de vente des trypanocides. Ainsi, de nombreux besoin d'avis, de renseignement et d'informations sont satisfaits à travers les stratégies de question-réponse et de conseil après vente. Mais, les objectifs visés dans ce processus de communication concerne plus le marketing social que la sensibilisation, l'éducation et la communication pour une meilleure gestion de la TAA. De plus, vendre ou acheter les trypanocides sans ordonnance médicale est entré dans les habitudes de tous les acteurs. Cette pratique est d'ailleurs en quête de légalité, au regard de la légitimité sociale dont elle bénéficie auprès des praticiens. Enfin, au regard de l'étroitesse des locaux et des difficiles conditions de température, d'aération et de propreté dans lesquelles les médicaments sont conservés, il convient de s'interroger sur la qualité des médicaments vendus dans les pharmacies. Néanmoins, cette interrogation devient cruciale et plein de sens lorsque ces médicaments sont vendus dans la rue et sur les places du marché.

De nos jours, la vente des médicaments dans la rue est une réalité dans la province du Kénédougou. Phénomène préoccupant pour la santé animale et la sécurité de la profession vétérinaire, les trypanocides de la rue sont exposés à l'air libre et à la merci de la poussière sur des tables ou étalés à terre sur des plastiques.

Si, sur les places du marché, les tables ou étalages sont installés sous un hangar ou à l'ombre d'un arbre, à domicile, on retrouve les médicaments rangés dans des cartons au coin de la chambre. Mélangés à bien d'autres médicaments vétérinaires ou humains, les trypanocides sont transportés dans des cartons par vélo, par moto ou par car du domicile vers le marché. Ils proviennent en majorité des pharmacies maliennes. A ce sujet, les propos des acteurs sont sans équivoques : « j'achète mes médicaments en pharmacie, chez Pharmavet Koné ou Medivet, à Sikasso » affirme un jeune vendeur ambulant résidant à Orodara et fréquentant tous les principaux marchés du Kénédougou sud et celui de Banfora. « Moi, j'achète mes médicaments dans les pharmacies à Sikasso (Mali), en particulier chez Pharmavet Koné» ajoute un jeune vendeur ambulant, illettré, résidant au secteur n°4 d'Orodara de grande renommée régionale. Ainsi donc, ce sont des médicaments homologués. Toutefois, ils sont fraudés vis-à-vis de la loi burkinabé dans la mesure où ils entrent sur le territoire sans passer par la douane, ni être soumis au contrôle de qualité.

La vente se fait en gros, en demi-gros ou en détail. La livraison se fait le plus souvent après un long marchandage. Une fois parvenu à un accord sur le prix, le vendeur les emballe dans un sachet noir et les remet au client. Le paiement au comptant ou à crédit est accepté par tous les vendeurs. Toutefois, les prix sont fixés suivant la quantité de sachets de trypanocides demandés. De conditions de conservation inappropriées, les médicaments de la rue, bien qu'illégalement vendus, sont néanmoins consommés par la majorité des agro-éleveurs. En effet, nous avons observé qu'un public large et à dominance masculine ; composé d'enfants et d'adultes ; de jeunes et de vieux ; d'analphabètes et de scolarisés et même de spécialistes de la santé animale vient acheter les médicaments de la rue. Toujours en conversation, excité, envahi par les clients, le vendeur est le premier à interpeller son client. En effet, nous avons observé que dans la majorité des cas, le vendeur est l'initiateur de la transaction. Du reste, cela fait partie intégrante de leurs stratégies de vente à savoir la criée, l'interpellation, le porte à porte etc. Mais, force est de constater que ces vendeurs manquent le plus souvent de temps pour échanger les salutations d'usage avec leurs clients. Alors, la transaction commence par le questionnement du client pour s'enquérir de ses problèmes. Ainsi, la majorité des problèmes exposés par ces derniers sont « l'achat de médicaments » et les « demandes de renseignements ». Lesquels trouvent solution à tous les coups, même mauvaise. C'est pourquoi, nous avons constaté que les vendeurs livrent une quantité importante de conseils à leurs clients. Mais, il reste à savoir quelle est leur qualité afin de saisir leur possibilité d'information des agro-éleveurs ? Car, la majorité de ces vendeurs de la rue sont analphabètes, jeunes et désoeuvrés qui ont choisi ce travail par nécessité d'occupation. Ne sachant ni lire ni écrire, ils se réfèrent à l'expérience et aux images figurant sur les emballages des médicaments pour se constituer en vétérinaire.

Ce manque de qualification et de connaissances est exprimé par l'ensemble des acteurs rencontrés en ces termes : « nous ne savons pas lire ni écrire, nous ne sommes pas non plus allés à l'école, apprendre ce que nous faisons comme travail actuellement. Nous regardons ce que nous montre les images figurant sur les emballages des médicaments pour travailler ». Dans ce sens quelle culture vétérinaire ont-ils à transmettre aux agro-éleveurs avec qui les contacts sont nombreux et fréquents ?

Enfin, à travers les pratiques et attitudes suivantes issues de l'observation directe de quatorze (14) cas de traitements effectués par deux (2) vaccinateurs locaux, un vétérinaire privé, un agent d'élevage et un gérant de dépôt pharmaceutique, une certaine culture vétérinaire tend à se formaliser.

- un traitement dure en moyenne 4 mn ;

- il s'effectue sans véritable diagnostic ;

- les acteurs ont une bonne maîtrise des techniques d'injection, car la profondeur d'injection et le retrait de la seringue se passent sans écoulement de sang ni de produits ;

- une bonne connaissance des produits indiqués ;

- une bonne connaissance des sites d'injection et des voies d'administration, car les sites révélés sont les fesses, les épaules et le cou. La voie d'administration intramusculaire est utilisée par tous les prestataires ;

- un surdosage des produits, car 65% des prestataires font recours à la double dose ;

- une injection des produits sans estimation du poids de l'animal ;

- un manque de propreté dans les injections, car les conditions d'hygiène et de propreté telles que le lavage des mains, la stérilisation du matériel technique (seringue et aiguille), le nettoyage du site d'injection ne sont pas respectées ;

- un manque de suivi des traitements ;

- une rareté de conseils, car au-delà des conseils sur la posologie d'emploi des médicaments et sur la prévention, rien ne se dit sur les soins d'un animal malade,les causes de la maladie, le délai d'attente, la protection des produits et l'attitude à adopter en cas d'échec du traitement ;

- les prestataires ne sont pas sensibilisés sur les échecs de traitements, ils ont estimé en majorité un taux d'échec de traitement inférieur à dix pourcent (10%). Or, les études épidémiologiques et parasitologiques ont révélé un taux moyen de quarante pourcent (40%) dans les villages du Kénédougou.

En résumé, une pluralité d'acteurs sociaux intervient dans l'offre des services vétérinaires dans la province du Kénédougou. Ayant des caractéristiques et des logiques d'action différentes, ils développent un ensemble de stratégies de marketing social qui leur permettent de communiquer avec les agro-éleveurs.

Mais, la période de vente ou de traitements trypanocides demeure la principale occasion de contact avec les agro-éleveurs. Au cours de ces contacts, il y a non seulement échange de trypanocides contre de l'argent mais aussi échange d'informations, de conseils et de connaissances sur la TAA provenant essentiellement des images et écritures figurant sur les emballages. Toutefois, la qualité de l'échange se trouve affecter par un certain nombre de difficultés rencontrées par les prestataires dans l'application des trypanocides. De nature structurelle, professionnelle, économique, socioculturelle et contextuelle, elles ont produit deux effets sur la communication à savoir la réduction des contacts et l'apparition de sources de blocage, de rétention, de distorsion, d'intoxication, de déformation des informations et de sous information. Mais, l'action conjuguée d'un ensemble d'éléments imbriqués les uns dans les autres dont l'insuffisance des professionnels de la santé animale sur le terrain expliquent l'apparition des deux effets. D'où, les agro-éleveurs manifestent de nos jours un grand besoin d'information de qualité sur la TAA en dépit des connaissances dont ils disposent et de la présence massive des vendeurs ambulants et vaccinateurs locaux dans leurs villages.

Chapitre IV : besoin et stratégies d'information chez les agro-éleveurs.

Ce chapitre vise à analyser le besoin d'information des agro-éleveurs et à décrire leurs stratégies de communication en vigueur. Pour ce faire, nous partons des analyses statistiques des données d'enquête et de l'analyse du contenu des entretiens réalisés sur les sources d'information des agro-éleveurs dans la province du Kénédougou.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams