Section 1.1 : DEFINITION DE CONCEPTS
Le pouvoir est la faculté et la possibilité dont
un ou plusieurs individus ou groupes d'individus disposent pour appliquer,
faire accepter, faire exécuter ou imposer  fût-ce par la force des
décisions d'ordre physique, moral, intellectuel ou psychologique,
à un ou plusieurs individus ou groupes d'individus.  
Dans des domaines variés tels que la culture,
l'économie (finances, industrie, sociotechnique) ou la politique, soit
dans un secteur spécifique, soit dans un ensemble de secteurs, soit dans
tous les secteurs subissant leur autorité physique, morale,
intellectuelle, économique, politique ou psychologique. 
Les termes  autorité  et  pouvoir  éveillent une
foule d'images associées aux  personnes comme parents, enseignants, 
gendarmes, chefs   de   bureau  et  aux manifestations  qu'ils évoquent 
telles que abus, dictature, force, violence,..Une confusion  entoure  la 
signification  de  ces  termes  que  plusieurs  auteurs  utilisent d'ailleurs
indistinctement.   
Les définitions qu'en donnent les dictionnaires sont
très générales et ne permettent pas toujours  de  les 
différencier  ainsi  qu'en  témoignent  les  extraits  suivants
du dictionnaire Le Petit Robert :  
Autorité   
Droit de commander, pouvoir (reconnu ou non) d'imposer
l'obéissance.  Organe du Pouvoir : gouvernement, conseil
d'administration,...   Attitude autoritaire.  
Supériorité de mérite ou de
séduction (ascendant). 
Pouvoir   
Possibilité d'agir sur quelqu'un, sur quelque chose.
 
Fonction : le Pouvoir législatif, le Pouvoir
exécutif, le Pouvoir judiciaire.  Manifestation : le pouvoir
disciplinaire. Un troisième terme est apparu depuis une trentaine
d'années :  leadership  qui,  dans  son  acception 
courante,  est  l'influence  bénéfique  exercée  par  un 
individu  sur d'autres.   
En  fait,  selon  les  circonstances  et  les  applications, 
chacun de ces termes peut  avoir une connotation positive ou négative.
 
-  Le  pouvoir  peut  être  considéré 
comme  une  relation  d'échanges  entre  deux individus, entre deux
groupes (conception positive) ou comme une contrainte par  celui  sur  lequel 
il  s'exerce,  comme un droit incontestable par celui qui l'exerce  (conception
négative).  
 L'autorité ou la manière dont elle est
exercée (il abuse de son autorité ) sont  souvent 
contestées  mais,  lorsqu'on  est  confronté  à  une 
situation  anarchique, qu'on  s'estime  lésé  dans  ses 
intérêts,  qu'on  se  sent  en  insécurité,  on 
déplore  l'absence ou l'insuffisance de l'autorité, on la
réclame.  
Dans les expressions, il  fait   autorité   ou    il  
a   de   l'autorité, le   terme   se   réfère   à  
une   qualité personnelle.  
-  Le  leadership  porte en  lui-même  le  ferment  de 
la  réussite  comme  celui  de l'échec. On trouve des
illustrations de ce propos dans l'histoire politique,  mais aussi dans le
domaine économique où des entrepreneurs arrivés au sommet 
des affaires n'ont pas pu s'y maintenir.    
Pour comprendre les sources et la nature du pouvoir au sein
d'une organisation,   
il est nécessaire d'approfondir, dans une perspective
managériale, les définitions  succinctes  relevées  dans 
les  dictionnaires,  de  mieux  identifier  et  de  différencier  les
trois termes précités :pouvoir, autorité et leadership.
 
Les  définitions  que  nous  proposons  ci-dessous 
sont  largement  inspirées  des  travaux de nombreux chercheurs en
management qui ont développé ces thèmes. 
Pouvoir : Capacité qu'a un individu
(ou un groupe) d'influencer le  comportement ou la pensée d'un autre
individu (ou d'un autre groupe).  
Autorité : droit  qu'a  un  individu, 
au  sein  d'une  organisation,  de 
Diriger le comportement et les activités d'autres
individus qui sont subordonnés,  en vertu d'un mandat qui lui
été confié et en ayant la possibilité de recourir
à des  sanctions.  
Leadership : comme nous l'avons
prédéfini c'est une capacité qu'a un individu d'obtenir
l'adhésion active et  enthousiaste d'autres individus à ses
convictions 
Le  pouvoir recouvre partiellement l'autorité et le
leadership. Il peut découler du  statut  du directeur, 
contremaître,  infirmière  en  chef  mais  aussi  de  la 
personnalité,  d'une fonction non hiérarchique. L'influence ou la
pression qui en résulte peut  se  situer  dans  le  sens  descendant, du
 supérieur  vers  le  subordonné,  dans  le  sens  ascendant  la 
secrétaire  de  direction indispensable  et  performante  mais
surchargée de travail qui menace son chef de prendre un congé de
maladie,  
L'autorité  correspond  à  l'aspect  formel  du 
pouvoir.  Son  détenteur  bénéficie d'un statut qui
l'habilite à commander, à être obéi par les
subordonnés. 
Celui  qui  est  investi  de  cette  autorité  peut,
dans  le  cas  échéant,  s'appuyer  sur  des  sanctions qui sont
proportionnelles au poste occupé. Il s'agit de mesures coercitives :
contravention, blâme, mutation, licenciement; ou  d'avantages 
matériels,  symboliques,  psychologiques : félicitations, 
augmentation de salaire, distinction honorifique, promotion.  
Si  le  détenteur  du  pouvoir  outrepasse  ses 
droits,  verse  dans  l'arbitraire,  son autorité  devient 
illégitime  ce  qui  ne  signifie  pas  qu'on  ne  lui  obéira 
pas.  
   
Cette  autorité  de  coercition  qui  peut  aussi  se 
manifester  par  le  regard,  le  langage,  l'attitude  est  celle  qui 
suscite  généralement  le  plus  de  résistances  personne
n'aime travailler sous la menace de la répression ou de la
réprobation. Elle peut  aussi entraîner des effets pervers. Il ne
faut cependant pas se voiler la face.  
La  coercition  est  parfois  nécessaire, surtout 
lorsque  les  écarts  sont  dus  à  une  mauvaise  volonté
 évidente  davantage  qu'à  un  manque  d'habileté.  Une 
autorité  mal  perçue,  contestée  par  ceux  qui  y  sont
 soumis est souvent inopérante au contraire de l'autorité
reconnue, acceptée  tacitement ou ouvertement.  
Le  leadership  s'apparente  à  une  influence 
informelle  exercée  délibérément  ou
inconsciemment. Il peut être le fait du détenteur de
l'autorité qui conforte ainsi sa  position  ou  d'autres  individus  de 
l'organisation  qui  s'appuie  sur  leur  prestige,  leurs   compétences
  spécifiques,   leurs   qualités   personnelles   :   un  
employé chevronné,   d'humeur   toujours   égale   dont  
la   sagesse   permet   d'atténuer   les tensions, un collègue
doué en informatique qui peut résoudre les petits
problèmes  dans ce domaine au sein du service. 
Le leadership  n'explique  cependant  pas  à  lui  seul
 l'influence  informelle.  Celle-ci  peut être liée à la
position qu'occupe un individu au sein d'une organisation. Il en  est ainsi du
pouvoir de celui qui sait.   
Un agent peut être seul à détenir de
l'information. Il peut décider de l'accaparer,  de la diffuser
parcimonieusement ou sélectivement et devient souvent le point de 
passage obligé de démarches, sans pour autant être investi
de l'autorité formelle. 
  
D'autres situations sont génératrices de pouvoir
informel : la secrétaire qui peut  faire  progresser ou retarder
l'acheminement d'un dossier,  l'huissier  qui  facilite une entrevue avec un
mandataire politique , l'occupation d'un poste -clé comme  la
détention de l'information ne valent cependant que par l'usage qui en
est fait. Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  toutes  ces  situations 
peuvent  être  génératrices  de  pouvoir. 
Section 2 : LEGITIMITE DU POUVOIR DANS
L'ORGANISATION
Le pouvoir est considéré comme légitime
lorsque les personnes reconnaissent à celui qui l'exerce le droit de
commander et lui obéissent. Cela signifie que sa volonté
rencontre l'obéissance chez autrui et a des chances d'être
exécutée. Mais dans le cas contraire, le pouvoir est un attribut
sans efficacité dans la mesure ou son titulaire s'expose à la
contestation plutôt qu'à l'acceptation et l'obéissance. 
WEBER distingue trois types de domination fondés sur
des sources différentes de légitimation. La validité de
cette légitimité peut principalement revêtir : 
· Un caractère
rationnel :reposant sur la croyance en la légalité
des règlements arrêtés et du droit de donner des directives
qu'ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces
moyens c'est la domination légale. 
· Un caractère
traditionnel : reposant sur la croyance quotidienne en la
sainteté des traditions valables de tout temps et en la
légitimité de ceux qui sont appelés à exercer
l'autorité par ces moyens c'est la domination traditionnelle. 
· Un caractère
charismatique : reposant sur la soumission extraordinaire au
caractère sacré, à la vertu héroïque ou
à la valeur exemplaire d'une personne ou encore émanant d'ordres
révèles ou émis par celle-ci c'est la domination
charismatique.  
DIFFERENTES FORMES DU POUVOIR 
Le pouvoir de gratification  
Le   pouvoir   de   gratification   est   la   capacité
  du   leader   d'influencer   le   comportement   de   ses subordonnés 
  en    récompensant    leurs    comportements    satisfaisants. Dans   
la    mesure    ou    les  félicitations, promotions, primes ou
augmentations de salaire, congés etc. Ils peuvent se soumettre  aux
demandes et aux ordres qui leurs sont adressés. Par exemple, un manager
dont dépendent les  augmentations  de  salaire  attribuées  au 
mérite,  au  sein  d'un  département,  détient  un 
pouvoir  de  gratification  sur  les  employés  de  ce 
département.  Les  employés  peuvent  se  soumettre  à 
certaines  tentatives d'influence de la part du manager parce qu'il
espèrent   en être récompensés.  Les
subordonnés    accordent    de    l'importance    aux    gratifications 
que le    leader    peut    octroyer. 
Le pouvoir de coercition  
Le    pouvoir   de   coercition   est   la   capacité  
du   leader   d'influencer   le   comportement   de   ses subordonnés  
en   punissant   leurs   comportements   indésirables.   Les  
subordonnés   peuvent   s'y soumettre parce qu'ils savent qu'ils seront
sanctionnés pour avoir omis de répondre favorablement  aux 
tentatives  d'influence   du   directeur.  La punition   peut   se   traduire  
par   une   réprimande,l'attribution  d'un  travail  indésirable,
 un  renforcement  de  la  surveillance,  une  application  plus 
sévère des règlements de travail, une mise à pied
sans salaire, ou toutes autres mesures du même ordre. 
La  punition  ultime,  du  point  de  vue  de  l'organisation,
 est  le  licenciement  de  l'employé.  Il  faut cependant noter que
l'employé qui reçoit une réprimande officielle pour un
travail mal fait, par  exemple,  peut  trouver  le  moyen  d'éviter  la 
sanction  sans  du  tout  réagir  comme  le  souhaiterait 
l'organisation en refusant    d'accomplir sa  tâche, en falsifiant  les
comptes-rendus    de    sa performance, ou en s'absentant fréquemment.
 
Le pouvoir légitime   
Le  pouvoir  légitime  est  la  capacité  du 
leader  d'influencer  le  comportement  de  ses  subordonnés  de  par 
la  position  qu'il  occupe  dans  la  hiérarchie  de  l'organisation. 
Les  subordonnés  peuvent  réagir  positivement aux tentatives
d'influence  du  leader  parce  qu'ils  admettent  le  droit  légitime 
de  celui  - ci de prescrire certains comportements.  
Le  concept  de  pouvoir  légitime  est  important  en 
matière  de  management.  Chaque  manager  a le pouvoir légitime
de prendre des décisions dans un dom aine précis de
responsabilité. Ce champ de  responsabilité, en effet,
définit les activités sur lesquelles le manager peut s'attendre
à exercer un  pouvoir légitime pour influencer le comportement de
ses subordonnés. Plus un manager s'éloigne  de ce domaine
précis de responsabilité, plus son pouvoir légitime
devient faible. Il existe chez les  employés une  zone
d'indifférence  en ce qui concerne l'exercice du pouvoir du
leader. A l'intérieur  de    cette    zone    d'indifférence,   
les    employés    acceptent certaines    instructions    sans    mettre
 consciemment  en  question  le  pouvoir  du  leader ;  par  conséquent,
 le  manager  peut  bénéficier  d'un  pouvoir  légitime 
considérable  pour  influencer  le  comportement  de  ses 
subordonnés.   
Pourtant  à  l'extérieur  de  cette  zone  son 
pouvoir  légitime  s'évanouit rapidement. Par exemple, une
secrétaire  saisira des lettres, répondra au
téléphone, ouvrir le courrier et accomplira d'autres tâches
similaires  sans se poser des questions. 
  Cependant, si le manager lui demande d'aller prendre un
verre après le  travail,  la  secrétaire  peut  refuser.  La 
demande  du  manager  tombe  manifestement  en  dehors  de  la  zone  
d'indifférence   de   la   secrétaire.  
Le pouvoir de compétence   
Le pouvoir de compétence concerne  la capacité
du manager d'influencer le comportement de ses  subordonnés en raison de
ses compétences, qualités ou connaissances particulières.
 
Dans la mesure  où  les  managers  pourront  prouver 
leur  compétence  en  exécutant,  analysant,  évaluant  et
 dirigeant  les  tâches  de  leurs  subordonnés,  ils  acquerront 
le  pouvoir  de  la  compétence.  Le  pouvoir  de  la  compétence
 s'exerce  dans  un  domaine  très  étroit.  Par  exemple,  on 
admet  la  compétence  des  dentistes  en  ce  qui  concerne  la 
santé  des  dents  et  par  conséquent  on  accepte  qu'ils
influencent le  comportement de leurs patients quant à l'hygiène
dentaire. Ils auront moins d'influence quand ils  donnent  des  conseils  sur 
des  questions  fiscales,  domaine  où  leurs  connaissances  sont  en 
principe  moins complètes.   
Le pouvoir de l'exemple  
  
Le   pouvoir   de   l'exemple   est   la   capacité  
du   manager   d'influencer   le   comportement   de   ses subordonnés 
grâce  à  l'estime  ou  à  l'admiration  que  ces  derniers
 lui  portent  ou  encore  à  son magnétisme  personnel 
(charisme).  La  manière  dont  les  subordonnés  s'identifient 
au  manager  constitue souvent la base du pouvoir de l'exemple. Dans cette
identification, il peut y avoir le désir  du  subordonné 
d'imiter  le  manager.  Par  exemple,  un  jeune  manager  peut  copier  le 
style  de direction d'un cadre plus âgé qu'il admire et   qui
possède une plus grande expérience. Le manager  le plus
âgé possède donc une certaine influence, un certain pouvoir
d'exemple sur la conduite du  manager  plus  jeune.  Le  pouvoir  de  l'exemple
 émane  généralement  d'individus  qui  possèdent 
des traits de caractère et une personnalité admirée, un
certain magnétisme ou une bonne réputation.     
Relations entre les diverses sources interpersonnelles
du pouvoir  
Les  managers  utilisent  à  des  degrés  divers
 ces  sources  interpersonnelles  de  pouvoir.  La  manière  dont  les
managers utilisent un certain type de pouvoir peut soit accroître soit
limiter l'efficacité du  pouvoir  provenant  d'une  autre  source.  
 Par  exemple,  le  manager  qui  distribue  des 
gratifications  à  ses  subordonnés  est  également 
capable  d'éveiller  en  eux  des sentiment   favorables  et  semble 
posséder  un  plus  grand  pouvoir  d'exemple.  Néanmoins,  le 
recours  au  pouvoir  de  coercition  peut  réduire  le  pouvoir 
d'exemple.  
  Aux  yeux  des  employés,  les  managers 
dotés  d'un  savoir  tenu  pour  précieux semblent souvent
détenir un surcroît de pouvoir légitime, en plus du pouvoir
que leur vaut  leur compétence.   
Ces  cinq  sources  du  pouvoir  d'un  individu  sur  l'autre 
peuvent  être  réparties  en  deux  grandes  catégories  :
organisationnelle et personnelle. Le pouvoir de gratification, le pouvoir de
coercition et  le  pouvoir  légitime  ont  des  bases 
organisationnelles ;  en  d'autres  termes,  la  direction  supérieure 
peut   donner   ou   enlever   aux   managers   d'un   niveau   moins  
élevé   le   droit   d'administrer   des récompenses   et 
 des   sanctions.   L'organisation   peut    modifier   le   pouvoir  
légitime   de   certains managers  en  déplaçant  ceux -ci
 sur  l'échelle  hiérarchique  officielle  ou  en 
altérant  la  définition  de  leur poste de travail, voire
certaines règles ou procédures. 
  Quant aux pouvoirs de l'exemple et le  pouvoir de
compétence,  ils  dépendent  bien  plus  des 
caractéristiques  personnelles  des  managers, leur 
personnalité,  leur  style  de  direction  et  la  connaissance  qu'ils 
ont  du  travail.  A  long  terme,  l'organisation  peut  influencer  le 
pouvoir  de  compétence  des  managers,  par  exemple, en les faisant 
bénéficier d'une formation complémentaire.     
  
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