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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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2.3 La densité sous l'angle de la durabilité

Tendre à des formes urbaines plus compactes, mono- ou polycentriques, implique une densification des zones bâties existantes ainsi que des standards de densité plus élevés que ce qui s'est fait jusqu'à présent pour les nouveaux développements urbains. Voyons si cet objectif - la densification - répond, et sous quelles conditions, aux critères environnementaux, sociaux et économiques de durabilité.

2.3.1 Durabilité environnementale

L'argument clé en faveur d'une ville plus compacte est la réduction de la consommation énergétique et du rejet de CO2, issu de la prise de conscience des causes anthropiques du réchauffement climatique. Newman et Kenworthy sont les auteurs d'une recherche pionnière sur la relation entre densité et consommation d'essence (Newman and Kenworthy, 1989). Dix ans plus tard, leurs recherches les mènent aux mêmes conclusions: la densité de population est la variable explicatrice dominante dans la consommation énergétique liée aux transports (Newman et Kenworthy, 2000) (Figure 2).

2 Les terrains non construits étant entendus comme des terrains affectés à la construction mais non utilisés pour diverses raisons; il ne pas s'agit pas des terrains classés en zone de verdure ou de détente.

Figure 2. Consommation de carburant par rapport à la densité de population, 1980

(Newmann and Kenworthy, 1989)

Un certain consensus existe en effet sur le fait que a degree of compactness, in any of several forms, reduces demand for car travel (Jenks et al. 2000: 351). Mais ces résultats restent contestés par certains auteurs, qui relèvent notamment qu'une plus forte densité renforce les problèmes de congestion qui pourraient alors anéantir les gains obtenus en matière de consommation d'essence (Thomas et Cousins, 1996). Cependant, la cause du trafic et donc de la congestion en ville n'est pas tant la densité d'habitants, qui peuvent aisément se déplacer à pied ou en bus, que l'urbanisation diffuse de la périphérie et les mouvements pendulaires automobiles qu'elle engendre. S'il existe un décalage entre le dimensionnement historique des centres et les flux qui s'y écoulent (Bussière et Bonnafous, 1993) et que cela crée une congestion, ce n'est pas à la densité du centre qu'il faut s'en prendre, ni au calibrage des rues, mais bien aux flux de trafic. A cet égard, une ville plus compacte nécessitant moins de déplacements et dont la densité permet l'usage des transports publics ne peut être que bénéfique. La remarque de Thomas et Cousins rend cependant attentif aux risques d'une densification d'espaces inopportuns qui, non desservis de manière suffisante par les transports publics ou mono-fonctionnels, contribueraient à augmenter la congestion. La nécessité d'une densification différenciée

des espaces en fonction de leur accessibilité en transport public et de leurs caractéristiques propres s'impose donc.

D'autres auteurs invoquent une relation biaisée entre les deux facteurs de densité et de motorisation, et relativisent l'effet de la densité sur l'usage de la voiture, et donc sur la consommation d'essence (Gordon and Richardson, 1989). Il ne s'agit en effet probablement pas d'une relation causale directe: si une certaine densité peut agir sur les besoins en mobilité, la demande dépend également d'autres politiques (foncières, du logement, des transports). Comme le relèvent Simmonds and Coombe (2000), il y a une différence entre besoin et désir de se déplacer: l'aménagement du territoire ne peut agir que sur le premier. Nous préférons donc dire que la densité est un préalable indispensable à une réduction de la mobilité individuelle motorisée, plutôt qu'un moyen en soi.

La densification du tissu urbain devrait également être accompagnée d'une certaine mixité fonctionnelle dans une perspective de réduction de la mobilité. Il est vrai que ses effets positifs sur la réduction du temps et de la distance des déplacements semblent mitigés: si Buxton (2000) constate des réductions majeures en temps et en distance des déplacements, Van et Senior (2000) montrent que la mixité, dans un rayon de 400m, ne semble guère influencer l'utilisation de la voiture, sauf pour les achats alimentaires légers (light food ) et que d'autres facteurs comme la distance au lieu de travail sont plus déterminants. La proximité des services semble ne pas être déterminante dans les choix de mobilité (Simmonds and Coombe, 2000) et d'autres facteurs socio-économiques influencent le choix du mode de transport en premier lieu. Il est en effet avéré que c'est l'emploi, dans une conjoncture économique difficile, et plus encore les loisirs (engendrant plus de la moitié des déplacements aujourd'hui) qui déterminent le mode utilisé - c'est-àdire la voiture, qui le sera alors pour le reste des activités quotidiennes. S'il est certain que la relation entre proximité des activités et mode de transport mérite encore de plus amples recherches, nous pensons cependant que malgré les réticences mentionnées face à l'utilité des politiques de mixité de l'usage du sol, celles-ci n'en sont pas moins nécessaires. Elles ne sont par contre clairement pas suffisantes. L'accessibilité locale (densité et mixité) ne modifiera pas les comportements en matière de mobilité si parallèlement on n'agit pas sur les transports via le coût de l'essence notamment (Owens, 1992). De manière plus générale, changes in form alone will not achieve sustainable cities. Supportive transport, environmental, economic and social policies are also required alongside shifts in attitudes and lifestyles (Williams et al., 2000: 355). Ce à quoi l'aménagement du territoire peut contribuer cependant, c'est à offrir aux individus la possibilité de se déplacer à pied ou en transport public pour un plus grand nombre d'activités.

Ce que l'on conclut à la lecture de ces différentes contributions, c'est que la densité, en termes environnementaux, peut être bénéfique à deux niveaux: premièrement, en réduisant la consommation de sol voué à l'urbanisation, et deuxièmement, en favorisant des déplacement à pied pour les trajets cours, en transports publics pour les trajets plus longs. Un certain nombre de conditions doivent cependant être respectées pour qu'une plus grande densité soit écologiquement durable:

1. la densification doit se faire de manière différenciée en fonction de la desserte en transports publics

2. elle doit être accompagnée par une mixité des fonctions pertinente tant au niveau de l'échelle considérée (parcourable à pied) qu'au niveau des fonctions (complémentaires)

3. elle doit être accompagnée de politiques visant un report modal de la voiture individuelle sur les transports en commun (agir sur la demande)

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway