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Immigration volontaire ou forcée des allemands et des alsaciens-lorrains dans les Vosges (1911-1920)

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par Clément Thiriau
Université Nancy II - Master 2 d'histoire contemporaine 2007
  

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III - Réfugiés.

Les autorités militaires et civiles se concertent pour que soit progressivement résolue la question des évacués non-suspects. L'économie régionale et la défense nationale ne peuvent se passer plus longtemps du réservoir de main-d'oeuvre qu'ils représentent. Les vallées des Vosges sont des lieux d'implantation d'importantes filatures, tissages, usines métallurgiques, chimiques, etc., qui sont demandeuses de « bras »423.

Ainsi, à partir de 1915, l'engagement des Alsaciens-Lorrains peut prendre une autre forme que le service armé classique : le décret du 27 juillet instaure en effet un service spécial. « Tout homme dégagé de ses obligations militaires soit par son âge, soit par réforme ou exemption peut être admis à contracter un engagement spécial pour la durée de la guerre pour remplir un emploi déterminé »424. Ainsi le volontaire alsacien-lorrain refusé comme « poilu » devient-il fréquemment infirmier. Les deux types de service sont conditionnés par une visite médicale. Seuls ceux qui ont été refusés pour le service armé sont présentés pour le service spécial. L'exigence physique requise est en effet moindre. Les ministères de la Justice et de la Guerre sont d'accord pour admettre que cette forme d'engagement confère la nationalité française au contractant alsacien-lorrain qui en formule la demande dans le cadre de la loi du 5 août 1914425. L'élargissement progressif des catégories éligibles au rapatriement ne suffira pourtant pas à résorber totalement la population retenue dans les dépôts libres et surveillés426.

L' « Association pour l'Aide Fraternelle des Alsaciens-Lorrains » concentre ses efforts sur les « Alsaciens-Lorrains évacués par l'ordre des autorités civiles ou militaires et groupés, au moins à titre provisoire, dans certaines localités du territoire »427. La première préoccupation de la commission du Placement a été de trouver du travail pour les réfugiés, soit dans l'industrie, soit dans la culture. Certaines sociétés et entrepreneurs ont ainsi apporté une aide précieuse dans les Vosges : Société Lorraine Dietrich, Compagnie française des métaux, Kahn, Lang et Cie, Ancel Seitz & Cie, Fritz Koechlin et Blanchisserie de Thaon.

Mais la commission de placement rencontre des activités de plusieurs ordres : elle « a reconnu bientôt qu'il fallait renoncer à placer des Alsaciens-Lorrains dans certaines régions trop voisines de la zone des armées, ainsi que dans certaines localités où la population voyait d'un mauvais oeil des étrangers apporter une concurrence à la main-d'oeuvre indigène. » Ce sentiment

423 H. Mauran, op. cit., p. 454.

424 Ibid.

425 H. Mauran, op. cit., p. 416.

426 Ibid.

427 H. Mauran, op. cit. Preuve de l'influence des responsables de l'Aide fraternelle, le ministre de l'Intérieur adresse, dès le 23 février, à tous les préfets une circulaire pour « accréditer l'association auprès d'eux » et la

« recommander à leur bienveillance. »

s'explique d'autant plus facilement que parmi les réfugiés se trouvent des jeunes gens en âge de porter les armes, qui viennent ainsi prendre des places occupées auparavant par des fils ou des maris partis au front. La commission s'est heurtée aussi aux rigidités administratives en matière de déplacements : ceux-ci ne sont possibles qu'après entente entre le préfet du département de départ et le préfet du département d'arrivée428. Les garanties exigées par l'administration de la part des employeurs freinent aussi parfois les bonnes volontés.

Enfin, une circulaire du ministre de la guerre du 16 avril 1917 signale qu' « en raison de l'insuffisance de la main-d'oeuvre, le ministère de l'Intérieur a fait appel à l'Association Nationale d'Expansion Economique pour qu'elle lui apporte son concours en vue de l'utilisation méthodique des internés civils austro-allemands qui exerçaient une spécialité avant la déclaration de guerre »429. Dans cette perspective sont sollicitées les listes de recensement pour permettre aux industriels de choisir en connaissance de cause ceux qu'ils croiraient susceptibles de pouvoir leur être utiles.

Les réfugiés sont pendant le conflit sommairement hébergés dans des logements individuels ou collectifs, surtout des hôtels, réquisitionnés à cet effet430. Ceux qui se trouvent en état de travailler se voient proposer des emplois, notamment dans les usines de guerre où , par mesure de sécurité, on évite d'utiliser les prisonniers. Mais les personnes déplacées, traumatisées par l'exode et la fréquente séparation d'avec leur famille, souvent inadaptés aux tâches offertes, ne rendent pas toujours les services qu'on attend d'elles. Les réfugiés, pour leur part, se plaignent des défaillances de l'accueil et de la faible rétribution de leur travail. Leurs hôtes fustigent alors la paresse, l'ingratitude, voire la malhonnêteté de ces résidents forcés. Ainsi, en octobre 1914, le maire de Cannes dénonce « les réfugiés franco-belges (...), tous animés du plus mauvais esprit... exigeants, indisciplinés, irrités parce que vous leur refusez l'autorisation de retourner chez eux. »

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