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Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)

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par Florence Mazzocchetti
Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005
  

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Héli botchengu Kanga (bis)

Satchi wa mwana wa ngoye

Mina bina boutchengu bwa Kanga

Ibobo, ho ngoye abwélé bato

(Pour la circoncision de l'enfant de la Panthère, nous dansons avec la malice de la Pintade, attention Galago49(*), la Panthère est en train de guetter sa proie)

Cette chanson fait partie d'un conte où la Panthère organise une fête de circoncision au village et veut inviter tous les animaux de la forêt. Mais, en réalité, il s'agit d'un piège de la Panthère qui a faim et qui a l'intention de tous les tuer. Seule la Gazelle (Céphalophe bleu) comprend le stratagème et elle essaye de prévenir les autres, en particulier la Pintade kanga.

Chant de la Genette et de la Panthère50(*) : Cérémonie de circoncision

Hindji ma tono ma n'da Ngoye

(La Genette a les taches comme la Panthère)

Chant du Bongo Ezona : chanté pour la naissance des jumeaux

Bézona bidjanga bia ya bié

(Le troupeau de Bongo arrive)

Ce qui ressort de ce chapitre c'est que les utilisations de la faune sauvage chez les Bakota tendent à disparaître petit à petit, en particulier pour les ustensiles de tous les jours qui ont été remplacé par des matériaux modernes. Par contre, ils sont toujours très présents dans tous les domaines qui nécessitent des pratiques magico-religieuses.

De façon un peu grossière, les espèces animales les plus chassées pour la consommation sont peu ou pas utilisées dans les pratiques socioculturelles (à l'exception de la fabrication des chaises et des tam-tams), de plus, elles sont en majorités classées dans les espèces dites « ordinaires » sans aucune restriction de chasse. A l'inverse, les espèces communément utilisées dans les pratiques magico-religieuses sont, pour beaucoup d'entres elles, classées dans les listes des animaux intégralement et partiellement protégées. Après ce constat, il serait judicieux de revoir les priorités de conservation et les listes des animaux protégés.

Chapitre 2 : Les Interdits Alimentaires

Les aliments interdits concernent le plus souvent les gibiers, mais on note aussi des chenilles, poissons, escargots, fruits, tubercules et feuilles sauvages, champignons. Nous ne considérerons ici que la faune des mammifères (à l'exception de la Tortue et du Mamba noir).

I Liste des interdits
I.1 Les interdits selon le sexe 

I.1.1 Les femmes 

Les animaux faisant partie de la famille de la Panthère, c'est à dire les carnivores au pelage tacheté, sont strictement interdits à toutes les femmes. Le risque est toujours le même pour l'ensemble de ces animaux, avoir la gale ou la lèpre. Les autres animaux le plus souvent cités sont : le Céphalophe à front noir Zombé (règles abondantes) 51(*); le Céphalophe à dos jaune Zibo (rend invisible aux yeux des hommes) et tous les carnivores en général.

Lorsqu'une femme se marie et qu'elle s'installe chez son mari, elle adopte les interdits de ce dernier tout en gardant les siens. Elle ne les perd que lorsqu'elle divorce.

La plupart de ces interdits prennent fin lorsque la femme est ménopausée (mis à part pour les carnivores).

I.1.2 Les Hommes 

Il n'y a pas d'interdit spécifique lié à tous les hommes Kota. Même si la Panthère n'est généralement pas consommée, elle n'est pas formellement interdite à la consommation mise à part pour ceux qui ont la Panthère dans le ventre ou ceux appartenant à une famille de jumeaux.

Le Céphalophe à dos jaune étant considéré comme porteur de malchance pour les mêmes raisons que chez les femmes (moins désirable pour l'autre sexe), se sont surtout les personnes âgées qui vont en manger, alors que les jeunes évitent de le faire.

I.2 Les interdits claniques 

Chaque clan (Ikaka) a un ou plusieurs animaux qui sont interdits de consommation et parfois (mais plus rarement) de chasser. Ces animaux sont nombreux et variés avec une prédominance pour la Panthère et aussi le Mamba noir zokugnon, qui reste dans la maison sans faire de mal aux membres de la famille.

Mais lorsque j'ai eut des interlocuteurs faisant partis du même clan, les animaux qu'ils me citaient n'étaient pas toujours identiques. Il m'a fallu quelques temps pour me rendre compte que souvent d'autres interdits venaient s'ajouter et parfois se substituer aux interdits claniques originels. Il s'agit surtout des interdits liés aux Hommes-Panthères, à la naissance de jumeaux dans la famille ou d'autres événements marquant survenus à un membre connu de la famille (en opposition à l'Ancêtre, utilisé souvent comme un terme générique). C'est pourquoi, la Panthère et les autres membres de sa famille sont souvent cités. Les interdits familiaux prévalent et sont mieux connus que les interdits claniques.

Toutefois, il semblerait que lors des circoncisions certains chants sont particuliers à chaque clan et certains évoquent des animaux. Je pense qu'on peut sans doute y retrouver les « totems » claniques originaux. En 1965, Louis Perrois note par exemple un chant du clan Bongoza : « Nous sommes redoutables comme la panthère, féroces comme l'aigle de la forêt ! Voyez notre candidat, le candidat du clan Bongoza ! » (Perrois, 1968 : 61). J'ai également eut des interlocuteurs du même clan qui m'ont cité comme interdits alimentaires ces deux animaux et puis d'autres, peut-être plus liés à la vie de chacun et à son lignage. Evidement, là encore, un étude plus approfondie est nécessaire pour pouvoir répondre avec certitude à ce questionnement.

Les principales causes invoquées pour l'origine de ces interdits sont :

- La famille, après la mort, est supposée se transformer en cet animal.

- L'animal a aidé un ancêtre perdu en forêt pour retrouver son village.

- L'animal était resté près du corps d'un Ancêtre mort pour le protéger.

- L'animal ne fait pas de mal aux membres de la famille quand ceux-ci se déplacent en forêt.

- L'animal protège le clan.

Mais je dois avouer que la plupart du temps, les gens ne savaient pas les raisons originelles de ces interdits. Ils continuaient la pratique de ces interdits par atavisme, refaisant ce que leurs parents et grands-parents faisaient et leurs disaient de faire, sans autre explication.

« Si je mange cet animal, je vais tomber malade et peut-être même mourir. Mais je ne connais pas les raisons, ça toujours été comme ça ; ça vient de nos ancêtres. »

Vieux de Ntsiété

* 49 Galago d'Allen.

* 50 Ce petit psaume est très intéressant pour essayer de comprendre le mystère de la genette. Nous verrons cela dans la prochaine partie.

* 51 On retrouve cet interdit dans d'autres ethnies au Gabon et au Congo (Vanwijnsberghe, 1996 : 134)

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand