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Méagui, une zone de production et de commercialisation des produits vivriers

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par Dagou Hermann Dagou
Université de Cocody/Abidjan - Institut de Géographie Tropicale - Maitrise de Géographie 2009
  

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Conclusion du chapitre 2

Obtenir une production vivrière dépend des possibilités qu'offre la nature mais aussi et surtout de la vigueur des hommes qui transforment ce lieu. La région de Méagui est un espace cosmopolite avec pour les Ivoiriens, une importante de la population de Baoulé dans tous les villages et pour les étrangers, une domination des Burkinabés. Les facteurs naturels sont tous propices aux cultures vivrières. A l'exception du commerce où les femmes sont majoritaires, les hommes sont les plus représentatifs. De cette conjonction d'éléments naturels et humains, nait une diversité de production qu'il faut mettre en exergue.

Chapitre 3 : PRODUCTION VIVRIERE DANS LA REGION

La récolte - parce qu'elle dépend d'une multitude de paramètres qui n'évoluent pas nécessairement selon les mêmes modalités (intensité, durée ou fréquence) - est difficile à mesurer et anticiper. Et si les exploitants eux-mêmes ont parfaitement conscience du climat d'incertitude dans lequel ils évoluent, la sécurité des récoltes et des approvisionnements reste souvent un objectif difficile à atteindre.

3.1. Historique des potentialités

Jadis, affirment les vieux, << l'homme Bakwé ne consacrait guère plus de 15 jours de l'année à l'agriculture : la chasse et la cueillette constituaient les fondements de son univers économique ». Aujourd'hui, l'activité agricole occupe à << plein temps >> l'ensemble de la population en âge de travailler. Une activité articulée à la fois sur les cultures vivrières, à finalité de satisfaction des besoins alimentaires quotidiens et sur les cultures de rentes à finalité d'accès à un revenu monétaire. L'économie de chasse et de cueillette ancienne sera présentée avant d'évoquer les grands traits de l'économie agricole nouvelle.

3.1.1. Une économie traditionnelle de chasses et de cueillettes

La chasse était autrefois l'activité la plus importante de l'homme Bakwé. Une activité dont les finalités étaient multiples et difficilement dissociables, tant sa pratique s'identifiait à un phénomène social total par la diversité des significations qu'elle impliquait. Aller à la chasse, la terminologie est explicite, c'était, en premier lieu, «aller dans la forét» c'est-à-dire affilier une présence dans un espace, marquer une emprise sur un milieu, contrôler un environnement à défaut de le maîtriser (Schwartz 1979b, p 67). Aller à la chasse, c'était, en second lieu, lancer un défi à une nature hostile, aller sciemment au-devant de quelque chose de dangereux; Aller à la chasse, c'était enfin également remplir une fonction économique : les défenses d'ivoire entraient dans la composition de la dot et était un signe sublime de richesse (Schwartz 1993, p 86).

La cueillette - collecte de produits à la fois végétaux et animaux sans intervention de techniques spécialement élaborées, a laquelle nous ajoutons la pêche - était par contre une activité féminine. Tubercules et agrumes sauvages, feuilles, graines, fruits, escargots, larves de chenilles... étaient ramassés par les femmes de manière quotidienne et constituaient la base de l'alimentation. La péche était pratiquée quand la viande de << brousse >> faisait défaut. Les activités de chasse et de cueillette étaient complétées par une très subsidiaire activité de produc-

tion agricole, axée sur la culture du riz. C'est à l'abattage des arbres de la parcelle destinée à recevoir cette culture que l'homme consacrait les 15 jours annuels de travail. Le reste des autres opérations, y compris la récolte, incombaient à la femme. Une telle économie, pour se reproduire, avait de toute évidence besoin de beaucoup d'espace. Par le biais de la chasse, l'univers de vie quotidien du Bakwé s'étendait à des dizaines de kilomètres de son village de base. Ce mode de vie n'était reproductible que dans un contexte à la fois d'espace abondant et de mobilité des hommes permanente.

3.1.2. Une économie moderne d'agriculteurs-planteurs

La mise en place de l'appareil colonial va mettre fin à l'économie Bakwé traditionnelle. L'une des conditions indispensables à la reproduction de celle-ci, la mobilité spatiale, était totalement incompatible avec la politique de stabilisation, voire de regroupement, des populations que l'autorité nouvelle entreprit de promouvoir avec vigueur dans cette région. La généralisation de la crise actuelle et la durée de plus en plus prolongée entre la période d'inactivité avant un éventuel recrutement poussent les acteurs sociaux (les jeunes surtout) à développer de nouvelles stratégies. La capacité des acteurs des secteurs libéraux à résister ont convaincu les jeunes de la précarité de l'emploi salarié. Dans cette logique, ce qu'il est convenu d'appeler la débrouille permet aux compressés, aux diplômés sans emplois et notamment à la population féminine « de gagner un peu d'argent ». Ceux-ci par leur arrivée accentuent le caractère marchand des activités agricoles et y apportent une certaine modernisation issue de leur éducation scolaire.

De plus, les petits producteurs de vivriers doivent composer avec deux aléas : une diminution progressive du volume annuel des précipitations comme l'atteste les Figures 2.12 et 2.13 des stations de Gagnoa et de Tabou, et la grande variabilité de leur répartition inter et intraannuelle. On y observe ainsi, d'une année à l'autre, d'importants écarts par rapport à la nor-male et des fluctuations temporelles non négligeables dans le démarrage de la saison des pluies. Il est, par conséquent, très difficile, pour le producteur vivrier de prévoir la date optimale des premiers semis. De même, la répétition et la durée du creux pluviométrique entre les deux saisons pluvieuses constituent une autre source d'incertitude puisque ce phénomène intervient en pleine maturation des deux principales cultures locales, l'igname et le manioc.

3.2. Nature et niveau de production vivrière

3.2.1. Nature des produits vivriers

Les cultures vivrières sont nombreuses en Côte d'Ivoire. On les classe souvent en cinq groupes. Ainsi, à partir des données de l'A.N.A.D.E.R. et ceux de l'O.C.P.V..9, nous classons ces produits de la façon suivante :

-Les céréales sont des plantes cultivées pour leurs graines comestibles. Leurs grains sont très riches en « sucres lents » (glucides complexes) : ils en renferment entre 60 et 85 %. On les mange soit cuits directement, soit broyés en farine (farine de blé, d'orge, de riz, etc.) avant d'être transformés en pains, en galettes ou en pâtes. Les céréales les plus cultivées sont le blé, le riz, le maïs.

-Par féculents, il faut voir les aliments qui contiennent de la fécule10 qui est une substance blanche et farineuse composée d'amidon. C'est pourquoi nous considérons comme féculents : les racines (patates), les tubercules (igname, taro) et la banane plantain ;

-Les oléagineux, plantes dont les graines ou les fruits sont riches en corps gras. Les oléagineux se rencontrent dans les régions tropicales, c'est le cas de l'arachide, du palmier à huile, du cocotier, la pistache, le akpis et dans les pays tempérés, soja, tournesol.

- Les cultures maraîchères : la tomate, l'aubergine, le gombo, le piment, le concombre... et certains condiments enfin qui entrent, à des titres divers, dans la préparation des sauces accompagnant les aliments de base.

Il convient de souligner combien cette liste est relative et est propre aux vivriers rencontrés dans la région de Méagui. Le tableau qui suit donne un aperçu de spéculations vivrières selon l'A.N.A.D.E.R. les exploitants pratiques la polyculture et donc sont dans le decompte des paysans qui ont des feculents et ceux qui ont des fruits par exemple. Il est donc difficle de vouloir mesure une quelconque productivité.

En termes de proportion, les fruits (25%) et les céréales (21%) ont presque les mêmes proportions dans l'intensité de cultures. Les féculents dominent (41%) avec deux fois plus de portions que les fruits ou les céréales. On est dans une région qui est favorable à leurs cultures. Les légumes (3%) sont en proportions très faibles certainement à cause de ce que les plaines et les bas-fonds propices à leurs cultures ont été utilisés à des fins rizicoles.

9 Les résultats de ces observations ont été confirmés par la consultation des certificats de provenance établis par l'O.C.P.V.

10 Dictionnaire Petit Robert 2009

Tableau 3.1 : Superficies des spéculations par nombres d'exploitants et par production

SPECULATIONS Superficie (Ha) Nombre d'exploitants Production(T)

FECULENTS

Banane plantain

1212,00

134,00

79

Igname

3729,20

415,00

299

Patate

153,00

223,00

27

Manioc

291,30

576,00

256

Total féculents

5385,50

1348,00

661,00

CEREALES

Riz de bas-fond

324,00

69,00

67,32

Riz de plateau

103,40

12,00

12,00

Riz irrigué

381,00

45,00

41,12

Maïs

1937,50

497,00

198,30

Total céréales

2745,90

623,00

318,74

LEGUMES

Aubergine longue violette

78,00

231,00

Non Défini

Aubergine

90,00

113,00

34,00

Piment

321,30

26,00

13,00

Courgette

121,10

33,00

Non Défini

Chou

99,20

42,00

55,80

Tomate

259,20

94,00

13,00

Concombre

189,70

56,00

11,00

Gombo

176,34

69,00

9,00

Total légumes

1334,84

664,00

135,80

OLEAGINEUX

Graine

87,70

15,00

Non Défini

Coco

23,40

12,00

Non Défini

Arachide

294,20

88,00

112,40

Total oléagineux

405,30

115,00

112,40

FRUITS

Papaye solo

67,20

21,00

22,70

Mangue

679,70

34,00

32,10

Orange

2370,00

127,00

Non Défini

Citron

189,00

45,00

6,00

Gingembre

29,70

11,00

3,00

Total fruits

3335,60

238,00

63,80

(Source : A.N.A.D.E.R., Septembre 2009)

3.2.2. Production vivrière à Méagui

La mise en valeur de l'exploitation est relativement et uniformément dominée par les vergers de cacaoyers et de caféiers. Mais les planteurs doivent aussi assurer leurs autonomies alimentaire pour cela, ils associent productions vivrières et plantations arbustives. La première année sur défriches forestières, ils plantent d'abord les espèces vivrières comme les féculents qui serviront d'ombrage aux jeunes arbustes mis en terre par la suite. Chez le Baoulé d'Oupoyo et Gnititouagui 2, l'igname vient presque toujours en tête d'assolement : 77,4 % des surfaces semées ou plantées l'année du défrichement le sont en igname, contre 21 % en d'autres vivriers et 1,6 % en arbustifs. D'après nos enquêtes portant sur les exploitations, quatre types de

production sont particulièrement vendues : la banane plantain, l'igname « tardive », le manioc et les fruits (oranges et avocats). Viennent ensuite le riz et le maïs.

En fonction des groupes ethniques en place, on peut distinguer une spécialisation. Les Baoulé sont les principaux vendeurs d'igname dont ils sont également gros consommateurs et qu'ils plantent systématiquement en première année sur défriche avant les cacaoyers. Les allochtones (les Baoulé en grande partie, 67%) mettent en semence des quantités non négligeables de manioc et de maïs plantés en général après le riz, sur la même parcelle. Les Dioula et les Burkinabé commercialisent le riz et le maïs dont ils sont consommateurs. Ils font des champs séparés des plantations arbustives. Un fait remarquable surtout à Méagui est la sous utilisation des bas-fonds pour la culture du riz. Les dépenses à effectuer dans le riz jusqu'à sa récolte est plus élevée que l'achat du riz importé est la principale raison évoquée par les Bakwé et Baoulé propriétaire de bas-fonds. Selon un agent de l'A.N.A.D.E.R., « cette pratique n'est pas dans leurs habitudes culturales et alimentaires ». Il poursuit pour dire que ce sont les Bété de Soubré qui s'intéressent à ces bas-fonds. Des propriétaires de champs leur loués des parcelles. Il explique que la location se fait tout de même dans une proportion encore très faible. A cela, il faut dire qu'en ce qui concerne le vivrier, les ressortissants de la C.E.D.E.A.O ont de terres qu'ils louent ou échangent, ce qui leur permet de développer le riz (pluvial, irrigué et de plateau). De plus comme la majorité de leurs progénitures fréquente l'école coranique, ils servent pour la plupart comme main d'oeuvre dans les bas fonds à proximité et à l'intérieur des localités. Outre tous ces aspects, ils détiennent 89% des unités de décorticages visités dans l'ensemble des cinq (5) localités d'étude. On comprend donc qu'ils contrôlent la filière des céréales.

Figure 3.2 : Volume de production des spéculations par superficies et par exploitants (Source : C.N.R.A., Mars 2010)

La principale plante utilisée sur les défriches forestières est le bananier. Toutefois, si la banane plantain est la production la plus répandue, l'agriculture vivrière est d'abord une poly-culture. A côté de la banane, beaucoup d'autres espèces sont cultivées, par les agriculteurs euxmêmes et surtout par les femmes qui plantent de denrées comme le gombo, le piment, la to-mate qu'elles commercialisent ensuite. En outre, dans de nombreuses parties de la région (Gnititouagui 2), les sols paraissent peu favorables à la banane qui ne produit correctement que la première année. Sur les parcelles sont presque toujours associées ignames précoces et tar-dives, ignames de savane et de forêt. L'association la plus fréquente est le << lokpa >> et le << bete-bete >>. La présence de l'igname précoce « lokpa » s'explique par la préférence alimentaire que lui porte les Baoulé, mais aussi parce qu'elle offre l'avantage de donner deux récoltes, l'une en septembre pour la consommation, l'autre en décembre, utilisée le plus souvent comme plant pour l'année suivante et pour les fetes. De plus, elle est immédiatement consommable, alors que le << bete-bete >>, par exemple, doit sécher plusieurs mois sur claie pour acquérir la fermeté souhaitée. La culture de plusieurs variétés montre la prudence des paysans face à un milieu qu'ils ont conscience de mal maîtriser : les ignames réussissent inégalement selon les sols, et les variétés permettent d'étaler la récolte et de limiter les risques d'échec. Enfin, l'igname permet d'accueillir des arbustifs (cacao ou hévéa) dès le mois d'avril, alors qu'il faut attendre la récolte (septembre) pour disposer librement d'un terrain semé de riz par exemple. L'association banane-patate est fondamentale. Elle est le plus souvent plantée dès la première année, en association avec l'igname sur 86,6 % des surfaces selon un agent de l'A.N.A.D.E.R. Avec 61,5 % des surfaces vivrières des plantations, elle permet en association avec la patate d'assurer une aide alimentaire aux élèves11 pendant les périodes des petits congés. L'igname pénètre la forét, avec des rendements équivalents (buttes plus espacées mais plus productives), partout où il y a des paysans baoulé, qu'ils constituent le fond autochtone du peuplement, comme dans la région de (...) de Soubré (Haeringer 1972, p 204)

Le manioc, en plantation spécifique et unique est modeste (33 ha) et ne couvre que 34,2 % de la superficie vivrière annuelle. Deux grands types existent dont << le manioc de Bonoua >> pour la consommation directe et << le manioc Blanc >> qui est transformé en attiéké12,

11 Cela concerne surtout les élèves qui louent des maisons et qui font la navette entre le village et leurs lieux de fréquentation.

12 Sorte de couscous de manioc. Le manioc est épluché, lave à plusieurs eaux, réduit en farine, presse (après ajout d'une petite quantité d'huile et de manioc fermenté, le magnan), séché, vanné et cuit à la vapeur dans un canari ou un couscoussier.

placali13 avant utilisation. Il est toujours en association avec une autre culture à cause de son utilisation comme culture de soudure sur le plan nutritionnel et financier. Il est présent toute l'année et indifféremment planté par tous les agriculteurs. Le manioc a pris de l'importance dans l'alimentation et est consommé sous différentes formes nourriture et médecine.

Dans toutes les zones, le riz (surtout le riz pluvial) occupe une place importante au niveau des cultures vivrières, car c'est souvent l'aliment de base de ces différentes populations. Le choix du riz comme culture principale d'appoint dépend aussi de la présence de nombreux bas-fonds, des possibilités d'extension de la plantation (alternative aux blocages fonciers) et des disponibilités en main-d'oeuvre pour la confection des buttes. Le maïs (3,9 % de la superficie vivrière annuelle) est présent en culture pure, mais on le trouve fréquemment en association avec l'igname dans 63% des cas. Les ventes sont faibles à Méagui car la majeure partie de la production est autoconsommée. Le riz importé étant plus cher, les planteurs préfèrent garder leurs productions en les conservant dans des greniers aménagés initialement pour l'igname et le maïs, mais aussi pour le riz. Mais actuellement les planteurs commencent à multiplier les champs de riz dans les bas-fonds. En dépit de cela, cette riziculture de bas-fonds n'a pas la même importance partout. Le problème est de savoir comment développer cette forme de riziculture dans les différents villages.

Légumes et cultures maraîchères, très variés, sont, comme en pays baoulé, présents dans toutes les associations culturales. Servant à confectionner les sauces, ils peuvent être aussi vendus. Les superficies qui y sont consacrées sont très modestes sauf pour la tomate. A en juger par le Figure 3.2, ils sont tous dans des proportions semblables et la culture de l'un n'est pas privilégier par rapport à celui de l'autre. Une lecture des données du C.N.R.A. fait constater que l'aubergine malgré la non-utilisation des produits phytosanitaires a une productivité plus élevée. Le maïs est aussi la seule culture alimentaire importante à couvrir l'ensemble du territoire ivoirien, sans qu'il soit besoin, pour l'affirmer, de prendre en compte l'apport des mouvements migratoires actuels (Haeringer 1972, p 206). Toute ethnie la pratique.

Les fruits sont en quantité et en qualité diverses en témoignent les agents du C.N.R.A.. C'est surtout dans la zone entre Soubré et Méagui dans les campements des localités d'Oupoyo et de Robert porte qu'on peut observer des champs de 3 à 5 ha associant orangers et

13 Pate molle de manioc, obtenue après grillage des racines, épluchage, fermentation et enfin pilage.

avocatiers14. D'autres combinaisons comme légumes (tomates, aubergines, gombos...) et fruits (mandarine, orange avocat ...), les premiers étant à l'ombre des seconds existent. De plus en ce qui concerne les éléments nutritifs, il y a une certaine compensation ou complémentarité comme les avocatiers qui puisent le trop d'eau nuisible aux tomates.

Par rapport à l'espace utilisé de l'exploitation, les superficies vivrières diminuent avec les années. Si, pendant les trois premières années de mise en valeur la plantation est vivrière à 100 %, une plantation de 7 ans a, en moyenne, 38,5 % de sa surface en vivriers et une plantation de 12 ans, 21,9 % selon des parcelles témoins de l'A.N.A.D.E.R.

3.3. Evolution et nouvelles tendances

Pendant la phase pionnière d'économie de plantation, les cultures vivrières et les caféiers et cacaoyers sont co-plantés après le défrichement de la forêt ; deux ou trois années plus tard, les cultures vivrières laissent la place aux seuls caféiers ou cacaoyers. La production vivrière est alors gênée par l'extension progressive des plantations. Lorsque la forêt a disparu (blocage de l'extension des plantations), les planteurs commencent à pratiquer un système vivrier à jachère, soit sur une parcelle de forêt noire préservé à cette fin, soit après l'abattage de plantations de-venues improductives. La reconversion de l'économie agricole villageoise conduit à une diversification des formes d'insertion des cultures vivrières dans les systèmes de culture, du fait soit d'une association (temporaire) ou d'une succession cultures vivrières - nouvelles plantations, soit d'un maintien du système à jachère. L'évolution n'a pas concerne uniquement les modalités de l'insertion des cultures vivrières dans le terroir villageois ; les cultures pratiquées ont également varié dans le temps. A l'époque pionnière, le bananier plantain, l'igname et le taro étaient les principales cultures d'autoconsommation, donnant également lieu à des ventes ; le manioc - variété amère - plante à faible densité dans la parcelle d'igname était destiné uniquement à la consommation familiale.

14 Selon les agents du C.N.R.A., cette zone couvre 27% des superficies cultivables, proportion qui est la plus importante parmi les surfaces en cultures.

Photo 3.1 et 3.2 : Associations Igname-Maïs (dans un champ) et Riz-Banane Plantain (dans un bas fonds) (Source : DAGOU, 2009)

Comme on peut le voir sur la photo 3.1, les associations de cultures sont courantes pour palier les mauvais rendements mais aussi pour juguler le contraste entre augmentation des individus à nourrir et saturation foncière. Ici on voit sur un même espace mais manioc (en arrière plan), ignames en buttes manioc récolté et attente d'être planté. Cette prise de vue date du 11 juin 2009 à 6h47 où le paysan rencontré nous confie qu'étant polygame et n'ayant plus de terres, chacune de ses femmes veut avoir une culture qui lui est propre. Pour lui, c'est donc la polygamie et le manque de terres qui sont les raisons de la compétition spatiale entre les cultures. La fin des défrichements sur forêt a conduit à une forte réduction du bananier et du taro, cultures devenues marginales. La culture de l'igname continue à être pratiquée mais avec des résultats qui, selon les planteurs, sont moins bons qu'à l'origine. La photo 3.2 montre aussi une association de maïs-banane plantain et du riz dans un bas-fond. En faite on peut donc associer et c'est d'ailleurs ce qui est courant, le maïs avec tous types de cultures. On comprend pourquoi l'utilisation d'engrais s'intensifie chez ceux qui la pratique en culture pure.

L'introduction d'une variété de manioc doux (le Bonoua rouge) a présenté dans ce contexte un double avantage. D'une part, cette variété plus productive et plus appréciée que la variété amère a permis de pallier la réduction des productions vivrières traditionnelles d'autoconsommation. D'autre part, il s'agit d'une production pour laquelle existe une demande des centres urbains proches (Soubré, San Pedro) et présentant de nombreux avantages culturaux, ce qui a favorise son développement comme culture commercialisée. Quatre cultures vivrières dominent actuellement, spatialement et économiquement : le manioc, l'igname, le maïs et la patate douce. On distingue deux principaux systèmes vivriers culturaux : un système maïsmanioc-jachère et un système igname-manioc-jachère, la culture de la patate douce pouvant

venir se greffer sur ces systèmes. 72 % des producteurs-propriétaires fonciers pratiquent le système igname-manioc-jachère, contre 28 % seulement des producteurs sans terre. Que l'igname soit peu cultivée par les producteurs sans terre, s'explique par la conjugaison de plusieurs facteurs.... La durée minimale de jachère de trois années que requiert, selon les producteurs, la culture de l'igname, représente une contrainte certaine dans contexte de pénurie de terre. Les producteurs-propriétaires fonciers non «bloqués» peuvent assurer une durée de jachère suffisante pour une production d'igname, même médiocre, alors que lorsque la parcelle est louée, la jachère peut avoir été d'une duré bien inferieure. Par contre le manioc, la patate douce et le maïs peuvent être plantés sur une jachère de courte durée.

Tableau 3.2 : Comparaison des productions vivrières par localités

PRODUITS VIVRIERS

MEAGUI

OUPOYO

GNITITOUAGUI 2

ROBERT-PORTE

TOUAGUI 2

TOTAUX PAR PRODUITS

TONNAGES

TONNAGES

TONNAGES

TONNAGES

TONNAGES

IGNAME

10070

31,13%

5070

15,67%

9070

28,04%

2070

6,40%

6070

18,76%

32350

11,36%

BANANE PLANTAIN

9620

29,88%

6620

20,56%

6720

20,87%

3620

11,24%

5620

17,45%

32200

11,31%

MANIOC

7970

28,62%

2970

10,66%

8970

32,21%

2970

10,66%

4970

17,85%

27850

9,78%

RIZ

12270 52,55%

3270

14,00%

3270

14,00%

3270

14,00%

1270

5,44%

23350

8,20%

MAIS

6140 38,86%

1140

7,22%

5190

32,85%

2190

13,86%

1140

7,22%

15800

5,55%

ARACHIDE

2500

21,74%

1500

13,04%

3500

30,43%

3500

30,43%

500

4,35%

11500

4,04%

GRAINE

1820

17,06%

2220

20,81%

2820

26,43%

2990

28,02%

820

7,69%

10670

3,75%

AVOCAT

1800

8,45%

5800

27,23%

5100

23,94%

7800

36,62%

800

3,76%

21300

7,48%

MANDARINE

1300

6,63%

4900

25,00%

4200

21,43%

8700

44,39%

500

2,55%

19600

6,88%

ORANGE

4200

17,50%

7200

30,00%

2200

9,17%

9200

38,33%

1200

5,00%

24000

8,43%

GOMBO

1200

5,72%

4120

19,63%

1200

5,72%

6200

29,54%

8270

39,40%

20990

7,37%

OIGNON

2230

21,97%

230

2,27%

230

2,27%

5230

51,53%

2230

21,97%

10150

3,56%

PIMENT

1200

6,93%

1770

10,23%

1570

9,07%

8570

49,51%

4200

24,26%

17310

6,08%

TOMATE

2222

12,55%

2120

11,98%

2120

11,98%

5120

28,92%

6120

34,57%

17702

6,22%

64542 48930

56160 71430 43710 284772 100,00%

Source : O.C.P.V, Mars 2010

SOn peut voir une specialisation des localités : Pour les féculents, Méagui (Igname : 31,13%)

Gnitouagui 2 (Banane plantain : 28,04%) et Touagui 2 (Manioc : 18,76%) ; Pour les céréales, 8% 0 20 36 1 %

Méagui (Riz : 52,55% et Mais : 38,86%) ; Pour les oléagineux, Gnititouagui 2 (Arachide : 30,43%), Robert-Porte (Arachide : 30,43% et Graine : 28,02%) ; Pour les fruits, Robert-Porte 722% 15800 555%

(Avocat : 36,62%, Mandarine 44,39% et Orange : 38,33%) ; Pour les cultures maraichères 0 8 %

Touagui 2 (Gombo : 39,40% et Tomate : 34,57%), Robert-Porte (Oignon : 51,53%, Piment : , ,% , %

49,51% et Tomate : 28,92%). Il est vrai que dans ce tableau, nous avons mis en exergue les 900 3833% 1200 500% 2000 8e3%
cultures les plus importantes dans les villages d'études. Le riz est une culture jeune, qui pro-

gresse rapidement dans le cadre de l'autoconsommation paysanne mais aussi dans celui de 1% 20 1 2% 2 ,5% 0 %l'approvisionnement urbain. Pour l'igname aussi, de gros débouchés urbains, mais ces besoins

64542 48930 5610 1430 43710 284772 10000%

sont trop aisément couverts pour bouleverser les cadres de production. Le seul accident dans la

géographie de l'igname n'est pas l'expression d'un dynamisme propre à l'igname, mais celle d'un phénomène démographique : les migrations Baoulé (Haeringer 1972, p 207). Le maïs est un appoint partout apprécié et s'associe sans problème à toute culture de même que le manioc. Toutefois, il est à remarquer un nivellement de l'intensité de ces cultures. Cela est dû à la compétition spatiale et aux habitudes alimentaires qui tendent à se porter vers les tubercules et les céréales, en particulier le manioc et le riz.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld