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Le developpement local face a la politique de decentralisation

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par Yelba Patrice ILBOUDO
Ecole doctorale en dynamique des espaces et sociétés / Université de Ouagadougou - Master II R 2009
  

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III.2.1.1- Les enjeux politiques

Avant la politique de décentralisation, le développement était géré par le gouvernement central qui décidait des besoins des populations ; tous les auteurs reconnaissent cela. Ainsi selon Marcel Coffi h. Djihoun (2007), la conséquence d'une telle gestion a été :

- une mauvaise planification des actions de développement ;

- la non-implication des populations dans la prise de décisions et la gestion ;

- des investissements ne répondant pas aux besoins des populations.

L'un des objectifs premiers de la décentralisation est de favoriser la participation de toute la population locale. Elle offre ainsi plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective ; par exemple en votant les conseillers municipaux pour le représenter, en se faisant élire et en militant dans un parti politique(Idem). La conviction est de plus en plus partagée qu'il ne peut y avoir donc de développement sans une adhésion des populations et sans une référence à leurs assises culturelles. La participation est reconnue comme indispensable pour engager et soutenir le processus de développement. L'action au niveau du quartier, du village, du terroir est plus prometteuse de résultats que la réalisation d'infrastructures ou le soutien de sociétés régionales de développement (D. Gentil et B. Husson, 1996, p2). L'instauration d'un échelon local de représentation constitue de ce point de vue une possibilité pour mieux prendre en compte les aspirations des habitants. Mais pour Karim Dahou (2003), la décentralisation ne saurait se réduire à un transfert de prérogatives du pouvoir centrale aux autorités locales. Pour qu'elle

atteigne son véritable objectif, qui est de tirer le meilleur parti possible des ressources locales, il pense tout comme les autres qu'elle doit encore permettre aux populations de participer pleinement à la valorisation de leur environnement. Au-delà de sa dimension institutionnelle, la décentralisation devrait ainsi viser les sphères privées et s'appuyer sur tous les acteurs qui font preuve d'un réel dynamisme.

La décentralisation politique de l'avis de Pamphile S(2000), c'est la mise en place d'organes délibérants au niveau communal. Les conseillers élus constituent le conseil municipal qui dispose sous la direction d'un maire élu par ses pairs, d'une autonomie politique et juridique dans la gestion des affaires locales. Toutefois le haut-commissaire de la province assure la tutelle de l'État sur le conseil communal. Ceci par conséquent, apparait en Afrique comme une avancée significative ; car elle est perçue comme un choix favorable au processus de démocratisation et comme un encouragement aux dynamiques de développement local. La réforme de décentralisation et plus particulièrement la création des communes sur l'ensemble du territoire, permet à la commune d'être le fruit d'une démocratisation de l'administration qui confère à chaque citoyen dans sa localité une part de responsabilité et de liberté dans la gestion des affaires de sa localité (PAVD/Mali, 2004). La création des communes renforce ainsi le processus de démocratisation en créant les conditions et les modalités d'une participation directe des citoyens au processus de prise de décisions locales. Ils redeviennent les acteurs de leur destin et les vrais partenaires d'un Etat qui ne peut plus exister en dehors d'eux. La décentralisation entraîne ainsi un mouvement de renaissance des hommes et des femmes là où ils vivent et la revalorisation de leur savoir-faire et de leur culture. Elle permet également à la commune d'être un espace de développement : Les citoyens de la commune partagent dorénavant avec l'Etat des responsabilités du développement de leur commune. Ils en deviennent le principal moteur en participant au processus de prise de décision en matière de programmation du développement, de gestion des ressources et de l'environnement. Les politiques de développement ne partiront plus exclusivement d'en haut pour redescendre vers le bas. Elles seront d'abord et avant tout conçues à la base. C'est ainsi que les communes bénéficieront d'un patrimoine et des ressources propres et seront en charge de la gestion de ce patrimoine et de ces ressources aux fins de générer un développement économique et social de la collectivité (PAVD/Mali, 2004). La conduite du processus de

décentralisation demeure donc éminemment politique car il s'agit de «partager le pouvoir«. Ce partage du pouvoir de décision ne doit pas être perçu comme un danger potentiel qui affaiblirait ou remettrait en cause le pouvoir d'Etat. Il y a à ce niveau d'énormes progrès à faire, nécessitant moins de suspicion et beaucoup d'information- formation. (Marc Totte, et al, 2003).

La décentralisation est également un puissant facteur d'intégration entre les multiples régions et ethnies. En accordant aux futures collectivités une autonomie de gestion et en leur transférant un certain nombre de compétences précises, l'Etat reconnait l'égalité du droit pour chaque collectivité au développement et le maintien des originalités locales. (Idem).

En effet, un enjeu politique majeur de la décentralisation est la restauration de la crédibilité de l'Etat ; le rejet de l'institution étatique par le corps social est largement imputable à l'incapacité de l'Etat à satisfaire les besoins essentiels des citoyens au niveau local. Il s'agit donc de concevoir un nouveau type d'Etat qui reconnaisse un rôle et une place aux initiatives individuelles et de groupes à travers l'émergence d'un système administratif et de représentation locale transparent, consensuel mais autonome dans ses décisions, et sachant négocier avec l'Etat d'une part, et les organisations communautaires d'autre part (PAVD/Mali, 2004). Cette vision permet de recentrer les interventions directes de l'Etat sur les missions de souveraineté à l'issue d'un transfert équilibré de compétences qui responsabilise les collectivités territoriales.

Par ailleurs, la décentralisation est soutenue par l'ensemble des acteurs de coopération. Les institutions multi ou bilatérales lui portent une attention soutenue en terme de recomposition des différents niveaux de pouvoir et de spécification de leur compétences respectives ; les agences privées qui se sont données pour mandat l'action au niveau local, l'appuient également en ce qu'elle concoure à une meilleure prise en compte des aspirations des populations. Deux raisons essentielles expliquent cet intérêt : - Tout d'abord les résultats des politiques menées par les Etats depuis trente ans sont globalement décevants ; elle a conduit à l'hypertrophie des secteurs contrôlés par la puissance publique et non à une amélioration généralisée des conditions de vie de la majorité de la population. - Ensuite, Il ne s'agit plus d'organiser l'Etat pour qu'il assure un rôle de pilote du développement mais rechercher des voies qui permettent de libérer les forces initiatives que portent

toutes les sociétés qui se pensent dans l'avenir (D. Gentil et B. Husson, 1996). La décentralisation devient ainsi un thème majeur du discours sur le développement par contrainte en raison de la défaillance des Etats, mais aussi par nécessité parce qu'elle est un moyen de l'expression des groupes de population et de pérennisation des actions engagées.

Au final, trois grandes familles de motivation ont permis aux Etats africains de mettre en oeuvre des politiques de décentralisation. Il s'agit de :

- la décentralisation comme modalité pour favoriser la mobilisation des

populations en vue d'un développement à la base durable ;

- la décentralisation comme moyen d'approfondissement et d'enracinement de

la démocratie au niveau local ;

- la décentralisation comme entreprise de restructuration de l'Etat et de

légitimation des institutions.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille