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Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun

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par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue
Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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II.1.2. Des méthodes de conception contradictoires aux habitudes traditionnelles de la sexualité et de reproduction en Afrique

En Afrique noire, la procréation passe par des rapports sexuels naturels. Lorsqu'un individu entretient des rapports sexuels avec sa partenaire (surtout pour les couples mariés) il sait qu'il le fait dans le but de faire l'enfant. Le fait d'entretenir des rapports sexuels naturels est une preuve que sa partenaire lui appartient. Le fait de recourir aux méthodes recommandées par la PTME apparait un peu contraignant chez certaines personnes. L'Africain étant très lié à sa culture, recourir à tout moment aux nouvelles technologies de procréation s'appréhende chez certaines personnes comme de l'artificiel. Or, certains Africains n'aiment pas des pratiques artificielles surtout en matière de sexualité, car cela fait de la femme, un objet de plaisir.

« De façon générale, ces normes sont sous tendues par l'idéologie de la planification familiale et de la parenté responsable253(*)» c'est-à-dire que la fécondabilité de la femme dans ce contexte est orientée vers le malthusianisme. Or en Afrique, il existe encore dans certaines sociétés des représentations sociales selon lesquelles c'est Dieu qui donne l'enfant. Le fait de vouloir espacer les naissances peut apparaitre aux yeux de la société comme un signe d'abandon du seigneur. En Afrique, certaines personnes pensent que c'est lui qui donne les enfants et c'est lui qui arrête la procréation. Il n'est donc pas nécessaire de vouloir le faire par le canon des personnels de santé. Le fait même de vouloir respecter ces logiques médico-sanitaires peut participer à la paupérisation de certaines personnes qui sont financièrement démunies.

II.1.3.Une procédure économiquement contraignante

La procréation chez les PVVIH telle que recommandée par la PTME est un peu contraignante notamment sur le plan financier. Pour prétendre à une grossesse, il y a des examens préalables à faire.

Dans les couples concordants, les deux partenaires doivent faire ces tests. Pour l'homme, il doit faire le PU qui coute environ 9750 francs CFA254(*), la charge virale (16 000 francs CFA), le test des IST et MST ( syphilis qui coute environ 7500 francs CFA, chlamydiae qui lui coute entre 5000 et 8000 francs CFA), le lavage de sperme ou le spermogramme qui est estimé à environ 9060 francs CFA et chez la femme infectée, elle doit aussi elle-même faire le PCV et l'antibiogramme (9750 francs CFA), le contrôle CD4 (environ 2500 francs CFA lors qu'il est subventionné par le CNLS).

Quant aux couples discordants, seul le partenaire infecté est tenu de faire ces examens.

De ces montants liés aux examens, il ressort que le non respect des techniques de la PTME est très souvent lié au manque de moyens financiers car, l'enfant devient l'apanage des PVVIH qui ont des moyens financiers. Ceci pourrait même aussi justifier le fait que certaines femmes camouflent leurs statuts sérologiques. Car, certains hommes conscients des dépenses qui sont liées à la procréation chez les femmes séropositives préfèrent les fuir. Or, la plupart des pays africains tout comme le Cameroun traverse depuis les années 1980, une période de crise économique. Nombreuses sont des personnes qui vivent dans la précarité, pire encore si ces formes de dépenses s'ajoutent dans leur vie.

Quant à certains couples concordants, conscients des dépenses qui, sont liées à la procréation (pire encore s'il y recourt à la césarienne), préfèrent utiliser des méthodes classiques. Ceci parce qu'ils sont confrontés à des contraintes sociales et leurs moyens ne leurs permettent pas d'attendre ou de ne pas en faire. Pour eux, ne pas faire des enfants c'est une manière de faire naitre la suspicion au sein de la société qui attend ceux-ci pour attester leur santé.

* 253 H. MIMCHE et al, op. cit. p.8.

* 254 Ces prix sont ceux du Centre Pasteur du Cameroun, qui est considéré comme un centre de référence du pays en ce qui concerne les examens. Dans d'autres structures hospitalières, ces prix peuvent être de moindre ou de plus. Mais l'écart n'est pas très considérable.

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