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L'identité cosmopolitique. Etude de cas: citoyens du monde

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par Sebastian Peà±a Marin
Université de Poitiers - Master I Conception de projets en coopération pour le développement 2010
  

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3. Cosmopolitisme et expérience multiculturelle : la constitution de l'identité cosmopolitique

« Nous réussissons mieux à nous connaitre en sortant de nous-mêmes, et les circonstances nous permettent souvent de déceler dans des sociétés différentes des nôtres le jeu de forces qui agissent également dans les nôtres mais à notre insu65 »

a) Le cosmopolitisme

De Kant à Marx ou d'une façon différente Adam Smith, en passant par Nietzche ou Goethe, de nombreux auteurs ont pensé la modernité comme un processus qui mène les sociétés et les petites communautés territoriales à une dissolution dans une interdépendance universelle croissante. Ils avaient minutieusement étudié l'évolution de l'Histoire humaine dans ses plus longues lignes, et jugeaient peu probable que l'état et la société sous forme d'une homogénéité nationale puissent incarner pour longtemps la suite de l'histoire mondiale.

Le terme de cosmopolitisme dessine une façon de penser le monde comme un système d'interdépendances croissantes dans les champs politiques, économiques, scientifiques et culturels et qui ne peut pas faire de mal. Il s'agit de porter un regard plus,

65 Fauconnet. La responsabilité.

disons, « optimiste » sur l'évolution du monde. Cela peut paraître difficile voire paradoxal, étant donné l'envergure des défis auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui, les problèmes actuels, et ceux de demain. Peut-être le problème est-il justement là: on continue à aborder les conséquences indésirables de l'accroissement des interdépendances à l'échelle mondiale sous l'optique nationale, alors que l'on peut déjà faire le constat que l'expérience quotidienne elle-même est devenue dénationalisée. Nous sommes témoins aujourd'hui de l'apparition d'une possibilité : celle d'un horizon d'expérience, d'un monde unique, simultané et indivisible dans sa propre diversité. La guerre d'Irak, par exemple : pour la première fois dans l'histoire une guerre a été traitée comme un « événement relevant de la politique intérieure mondiale66 », et l'humanité entière s'y est intéressée en temps réel par l'intermédiaire des medias. De même, pour les attentats du 11 septembre 2001 et la menace terroriste. Nous sommes dans un espace d'expériences simultanées, une civilisation globale caractérisée par la quotidienneté des événements globaux et par la naissance d'une empathie globale. Partout dans le monde, des hommes constatent et réfléchissent à un présent et à un avenir collectivement partagé et en même temps menacé. Il s'agit d'une perspective qui nécessite d'être libéré des contradictions des schémas nationaux de l'histoire, de la mémoire et du collectif.

Le cosmopolitisme, est quelque chose d'actif, une mission qui consiste à ordonner le monde, à accepter d'abord que l'histoire ne recule pas et que les modèles anciens ne peuvent pas se prolonger infiniment. Heureusement d'ailleurs car, après tout, ils n'étaient pas parfaits non plus. Nous pouvons être d'accord sur le fait qu'avant, il y avait peut-être plus des forêts que de personnes, et plus de baleines que de voitures, mais aussi plus de mortalité infantile que des médicaments. En tous cas, c'est déjà fait et c'est maintenant à chacun de participer à l'évolution des consciences et de contribuer à la culture mondiale avec sa langue, sa culture, ses compétences et par des actes de résistance, militants ou participatifs. La cosmopolitisation du monde permet d'alimenter le sentiment d'être soimême partie intégrante d'une grande « expérience civilisationelle » car, comme nous l'avons dit, l'humanité est aujourd'hui, plus que jamais, consciente d'elle-même.

Par ailleurs, ce serait une erreur de supposer que l'empathie cosmopolitique viendrait remplacer l'empathie nationale : chacune imprègne, modifie et enrichit l'autre. De ce

66 Ulrich Beck, Qu'est-ce que le cosmopolitisme ?, Paris, Ed Flammarion, 2004

fait, pour l'optique cosmopolitique, les interdépendances, par exemple, sont une garantie pour le maintien de la paix (c'est le cas pour l'Europe), en rendant impossible un accroissement débridé des hostilités entre les états-nations qui risquerait de déboucher sur de nouvelles guerres dévastatrices.

La mondialisation est un fait, et le cosmopolitisme une façon de la saisir, de l'aborder et de la comprendre. De ce fait, elle peut être vue, non comme une homogénéisation infligée, mais comme une chance historique d'harmonisation politique et sociale entre les peuples. Pour le cosmopolitisme, les différences entre les cultures continuent à exister même si les interdépendances augmentent car le principe d'inclusion additive n'exclut pas la cohabitation possible entre deux cultures dans le même espace d'expérience sociale.

Il ne faut pas construire une fausse opposition entre le national et le cosmopolitique car il s'agit plutôt d'une redéfinition du national et du local. Par exemple, la notion juridique de « crime contre l'humanité », ainsi que le Tribunal pénal international dépassent largement le nationalisme méthodologique sans pour autant signifier l'anéantissement du national. Le principe juridique cosmopolitique protège la population civile des violences arbitraires commises par un état souverain devenu fou et criminel. Les principes du droit cosmopolitique priment sur le droit national. Les crimes contre l'humanité ne peuvent plus être légitimés, ni négociés par le droit des états nationaux. Il s'agit d'une création inédite dans l'histoire de l'humanité : cette typologie de crimes abolit les principes des lois et la jurisprudence des états-nations.

En conclusion, la cosmopolitisation du monde doit être analysée comme une modification des fonctions des états, sans nier l'existence des particularités nationales : l'apparition de modes de vie transnationaux variés, l'importance croissante des institutions non étatiques, la lutte pour la reconnaissance mondiale des Droits de l'Homme, les mouvement migratoires et les expériences multiculturelles qui en découlent, le flux de capitaux et de symboles culturels, l'apparition des mouvement globaux de contestation, la justice sociale, le droits du travail, la protection de l'environnement et la gestion de ressources, la recherche scientifique, la lutte contre la pauvreté, les mouvement antimondialistes, les crises économiques etc... La conséquence de tous ces phénomènes est la reconfiguration et l'irruption de nouvelles

formes de l'appartenance et de l'identité car celles-ci côtoient, une quantité innombrable de fois et de façon simultanée, le caractère mondialisé de nos vies.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo