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Le secteur informel à  l'épreuve du droit des affaires OHADA

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par Thierry Noël KANCHOP
Université de Dschang - DEA en droit communautaire 2009
  

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CONCLUSION DE LA IIEME PARTIE

En guise de conclusion de cette partie, il faut rappeler que la commercialité de fait du commerçant informel incite l'application du droit des affaires qui se déploie pour affirmer sa rigueur et non pour partager ses faveurs. C'est ce que beaucoup d'auteurs ont qualifié d'application discriminatoire du droit des affaires à l'égard de ceux qui sont coupables de non immatriculation. Ces derniers ne pourront pas bénéficier, au regard de l'Art 39 AU.DCG, des avantages de la qualité de commerçant, mais ne pourront également se rétracter derrière leur informalité pour se défaire des obligations du commerçant. Il s'agit là d'une situation d'extrême rigueur car ces dispositions sacrifient une partie considérable des personnes qui se battent pour la survie, ce qui peut créer une double marginalisation à l'égard de ces derniers qui ne demandent qu'à être protégés et pris en compte.

Le changement d'attitude à l'égard du secteur informel conduit aujourd'hui à reconnaître sa présence inéluctable et incontournable, son expansion incessante et impressionnante, et surtout son importance en terme macro-économique et sociale. Il est donc de plus en plus question de repenser des techniques de prise en compte de ce secteur dans les stratégies de développement, d'où l'appel fait au législateur OHADA d'aménager un régime particulier pour ces opérateurs de la survie afin de tenir réellement compte des spécificités africaines dans l'oeuvre de l'harmonisation. Il rejoindrait de ce fait la tendance actuelle qui milite en faveur de la normalisation du secteur informel pour un grand réalisme et une plus grande cohérence de la société et du droit.

CONCLUSION GENERALE

Il serait difficile et même prétentieux d'envisager une conclusion au sens littéral du terme en ce qui concerne le secteur informel en général, et surtout le commerçant informel dans l'orbite du droit des affaires en particulier. En effet, le secteur informel, antérieurement considéré comme un « accident », transitoire du processus de construction d'une économie moderne dans les pays en voie de développement, a révélé par la suite un dynamisme d'expansion et de renforcement de son rayon d'action, qui fournit des raisons objectives de penser qu'il continuera durablement à occuper une place importante de la population active187. Nonobstant quelques particularismes nationaux, il existe des spécificités communes qui traversent les pays membres de l'OHADA aux plans géopolitique, économique, sociologique, et qui se présentent comme autant de facteurs d'extension et de consolidation de l'économie informelle.

Le lourd passif du legs de la colonisation, amplifié par les contre performances économiques du modèle étatique post colonial en vigueur un peu partout, et les résultats mitigés des politiques d'ajustement structurel qui leur sont consécutives, ont conjugué leurs effets pour consacrer la marginalisation et la paupérisation croissantes de la population qui initient tous azimuts des stratégies de survie faites d'activités précaires multiformes. C'est dans ce contexte et dans cette logique que se déploient des commerçants informels, moins soucieux de la régularité juridique que de la volonté d'assurer leur survie.

Le législateur OHADA a bien l'ambition de régir avec évidence toute la vie des affaires dans son espace de compétence. La problématique de l'application de ses dispositions aux commerçants du secteur informel, bien que

187 Cette tendance se vérifie particulièrement en Afrique subsaharienne où le secteur informel absorbe 61% de la main d'oeuvre active. V SOULEYE KANTE, Le secteur informel en Afrique Subsaharienne Francophone: Vers la promotion d'un travail décent, B.I.T, Genève, 2002, p. 17.

parfois emprunte de difficultés, présente un constat qui révèle une affirmation du droit des affaires dans sa rigueur à de tels commerçants. Le Droit OHADA se manifeste au secteur informel plus pour affirmer sa rigueur que pour partager ses faveurs. Si cette situation est justifiable pour les commerçants de l'économie souterraine, elle est tout de même critiquable pour ceux de l'économie de la débrouille et de la survie.

En effet, l'ampleur du secteur informel et la diversité qui le caractérise dans la plupart des pays, obligent l'Etat à faire un effort dans la définition des stratégies d'intervention qui tiennent compte à la fois du souci de promouvoir les acteurs de l'informel, de la nécessité de contenir la croissance du secteur informel et de l'impératif du respect des lois et règlements. L'attitude des gouvernements et des acteurs institutionnels à l'égard du secteur informel a évolué. La volonté primaire de freiner son expansion a fait place à une tolérance, voire à une envie de l'appuyer. Globalement, il existe un très large consensus sur la nécessité de prévenir l'arbitraire de la part des pouvoirs exécutifs africains et de créer les conditions de participation véritable des couches diminuées de la population à l'oeuvre de la construction nationale.

Le législateur OHADA ne doit pas rester étranger à toute cette dynamique qui se développe autour de lui, il ne se doit non plus de garder davantage de silence sur cette question de l'informel. Il est important qu'il s'affirme sur le sujet dans une logique semblable à celle initiée au plan politique, social et économique, à l'effet de rechercher le juste milieu entre rigueur, protection et normalisation du secteur informel. Une telle intervention ferait gagner le droit OHADA d'un peu de réalisme, mais aussi d'humanisme, pour la matérialisation du caractère adapté de ce droit harmonisé aux réalités africaines.

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I - OUVRAGES

1- ANOUKAHA (F.), CISSE (A.), DIOUF (N.), NGUEBOU TOUKAM (J.), POUGOUE (P.G.) et SAMB (M.), OHADA, Sociétés commerciales et GIE, coll. Droit uniforme africain, Bruylant, Bruxelles, 2002, 589 p.

2- COING (H.), LAMICQ (H.), MALDONADO (C.), MEUNIER (C.), Approches du secteur informel dans l'économie des villes du tiers monde, I.U.P, Paris, 1979, 157 p.

3- GIRI (J.), L'Afrique en panne. Vingt-cinq ans de « développement », éd Karthala, Paris, 1986, 201 p.

4- GATSI (J.), Droit des affaires- Droit commercial général- Droit des sociétés commerciales, 1ère éd, P.U.L., 2006, 208 P.

5- GILLIS (M.), PERKINS (D.H.), ROEMER (M.), SNODGRASS (D.R.), Economie du développement, éd Nouveaux Horizons, Bruxelles, 1995, 784 p.

6- GOMEZ (J.R.) , OHADA, Entreprises en difficultés, Lecture de l'Acte Uniforme de l'OHADA portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif à la lumière du Droit français, 8e éd, Bajag Meri, St Estève, 2003, 431 p.

7- GUYON (Y.), Droit des affaires, Droit commercial général et sociétés, T.2, Coll. Thémis, Paris, 1994, 1012 p.

8- GUYON (Y.), Droit des affaires, Entreprises en difficultés, Redressement judiciaire- faillite, Tome 2, 6e éd, Economica, Paris, 1997, 478 p.

9- HOUIN (R.) et PEDAMON (M.), Droit Commercial, Commerçants et entreprises commerciales, concurrence et contrats du commerce, 9eme éd, Dalloz, Paris, 1990, 944 p.

10- HUGON (P.) et DEBLE (I.), Vivre et survivre dans les villes africaines, P.U.F., Paris, 1982, 310 p.

11- JAUFFRET (A.) par MESTRE (J.), Droit commercial, 23eme éd, L.G.D.J, Paris, 1997, 813 P.

12- KENGNE FODOUP et METTON (A.) [dir.], Economie informelle et développement dans les pays du Sud à l'ère de la mondialisation, P.U.Y, 2000, 391 p.

14- KENGNE FODOUOP, Les petits métiers de la rue et l'emploi. Le cas de Yaoundé, Coll. Idées, SOPECAM, Yaoundé, 1999, 169 p.

15- LAUTIER (B.), L'économie informelle dans le tiers monde, coll. repères, éd la découverte, Paris, 1994, 197 p.

16- LESPES (J.C.), Les pratiques juridiques, économiques et sociales

informelles- Actes du colloques international de Nouackott, Universitéd'Orléans, P.U.F, 1991, 559 p.
MESTRE (J.), PUTMAN (E.), VIDAL (D.), Grands arrêts du droit des affaires, Dalloz, Paris, 1995, 790 p.

18-NGUEBOU TOUKAM (J.), Droit commercial général dans l'Acte Uniforme OHADA, coll. Droit uniforme africain, PUA, 1998, 249 p.

19-PEDAMON (M.), Droit Commercial, Commerçants et fonds de commerce, concurrence et contrats du commerce, Dalloz, Paris, 1994, 706 p.

20-POUGOUE (P.G.), ANOUKAHA (F.), NGUEBOU (J.), Le droit des sociétés commerciales et du Groupement d'Intérêt Economique OHADA, coll. Droit uniforme africain, P.U.A, 1998, 630 p.

21-POUGOUE (P.G.) et KALIEU (Y.), L'organisation des procédures collectives d'apurement du passif OHADA, PUA, Yaoundé, 1999, 232 p.

22- RIPERT (G) et ROBLOT (R), Traité de Droit commercial, T1, 5e éd, LGDJ, Paris, 1997, 957 p.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon