WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'incidence des importations et aides alimentaires sur l'agriculture congolaise

( Télécharger le fichier original )
par jean louis ndonda
Université de Kinshasa - Licence 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GENERALE

La présente introduction générale de notre étude s'articule autour de six points à savoir : problématique, hypothèse, choix et intérêt du sujet, délimitation du sujet, méthodologie et canevas du travail.

I. Problématique de l'étude

Depuis le déclenchement de la crise économique et financière au milieu des années 1990, les conditions de vie des populations congolaises ne cessent de se dégrader. En effet, les programmes d'ajustement structurel mis en oeuvre pour faire face à cette crise ont été caractérisés entre autres par l'arrêt des recrutements, la réduction des effectifs de la fonction publique et la réduction des salaires de plus ou moins 30%1. Cette situation a conduit à l'effritement du pouvoir d'achat et surtout à la paupérisation des ménages dans la mesure où la fonction publique occupe une grande partie de la population active et chaque fonctionnaire a en moyenne huit personnes à charge2.

Après les multiples dévaluations de la monnaie nationale et les événements sociopolitiques que le pays a connus et continue à connaître ont aggravé cette situation occasionnant ainsi de nombreuses pertes en vies humaines, la destruction des logements et des unités de production. Le rapport national du Programme des Nations Unies pour le Développement publié en 2002 estime à 71,1% le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Sur le plan alimentaire, il ressort du rapport conjoint de FAO et PAM sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, qu'en 2000 à 2002 il y avait 36,6 millions de nombre de personnes sous-alimentées et de 2004 à 2006 une proportion de 75% de personnes sous-alimentées dans la population totale. Cette situation dont l'une des conséquences est la mortalité

1 SHEPHERD A. et FAROLFI S, Libéralisation du secteur des cultures d'exportation en Afrique, Rome, 1999, p.7

2 PNUD : Rapport de développement humain 2008

infantile estimée à 92%o est surtout préoccupante dans les zones rurales3. La malnutrition protéine énergétique avec une Disponibilité Energétique Alimentaire (DEA) estimée à 1.701 kcal/jour par habitat, l'anémie nutritionnelle, l'avitaminose A et les maladies par carence en iode sont les problèmes les plus graves en matière de nutrition dans le pays.

Dans le secteur agricole, l'insistance des réformes à caractère libéral dans le contexte actuel de mondialisation a amené l'Etat à se désengager sans même que les conditions ait en été réunies à cet effet. Plus dramatique, le retrait de l'Etat ne s'est pas accompagné d'une relève pour le secteur privé qui est encore embryonnaire et qui a du mal à jouer le rôle de premier plan qui lui est dévolu. Cette situation a aggravé la dégradation de la situation dans le secteur agricole qui faisait déjà face à la faillite des offices de commercialisation des produits vivriers et des cultures de rente.

En effet, malgré une population active agricole estimée à 74,4%, des superficies cultivables environ 97% et des conditions naturelles favorables, les activités agricoles ne couvrent que 10% d'hectares de terres cultivables4. Les techniques utilisées restent rudimentaires et les exportations agricoles (café, l'huile de palme, le coton, le cacao...) sont quasiment nulles. La production vivrière est inférieure à la demande intérieure et le déficit est comblé par l'importation massive des produits alimentaires estimée à 675,0 milliers de tonnes soit 25,5 millions de dollars US et une aide alimentaire environ de 72,4 milliers de tonnes entre 2004 à 20085.

A propos de ces importations massives, Jean-Pierre Bertrand et Guillermo Hillcoat affirment que les importations alimentaires sont soumises aux mêmes risques d'instabilité que les recettes d'exportation6. Si les céréales

3 Action Contre la Faim(ACF), Rapport d'enquête nutritionnelle 2004

4 YUNG J.M et BOSC P.M, Le développement agricole au sahel, tome IV, Paris, 1992, p.44

5 Banque Mondiale, Indicateurs de développement de l'Afrique 2004

6 BERTRAND (J.P) et HILLCOAT (Guillermo), Brésil et Argentine : la compétitivité agricole et agro-

alimentaire en question, INRA et l'harmattan, Paris, 1996, p.34

importées constituent une ressource bon marché, rien n'assure que ce phénomène sera durable. Le prix du blé a doublé entre 1987 et 1988 à la suite du gel des terres aux Etats-Unis et de la sécheresse. Le marché mondial du riz est étroit (4% de la production mondiale), ce qui rend son prix très volatile : une simple baisse de 1% de la production chinoise entraînerait une baisse de 10% des exportations et stimulerait les prix à la hausse. Pourtant les importations alimentaires comme relèvent Jean-Gilbert Theissen et Roland Pierrot jouent un rôle sécuritaire devant le déficit de la production nationale et surtout permettent de nourrir la population à faible coût dans le contexte de baisse des revenus et de bas prix relatifs des céréales sur le marché international7.

Les importations alimentaires massives n'ont pas seulement pour origine la défaillance du secteur agricole mais aussi de deux causes supplémentaires qui méritent d'être relevées ; Il s'agit de préférence implicite pour la ville dans les politiques de développement et la référence à une situation où la découverte et l'exploitation d'une ressource naturelle entraîne une éviction des autres secteurs de l'économie (l'agriculture par exemple). La préférence se manifeste de nombreuses façons (politiques des prix, politique d'investissement...). Ainsi pour des raisons sociales et politiques, dans le but de protéger le niveau de vie des consommateurs urbains, les biens alimentaires importés ne sont généralement pas taxés ou ne le sont que faiblement.

Les offices de commercialisation ont malgré tout eu une influence sur le marché, cette influence a joué dans le sens du maintien de prix bas, au détriment des paysans et au bénéfice des consommateurs habitants les villes. Avec la mondialisation des échanges sous la férule de l'OMC8, s'organise ainsi à marche forcée et extrêmement violente, une spécialisation de la

7 THEISSEN (Jean) et PIERROT (Roland), Protection des cultures alimentaires en Afrique de L'Ouest et Centrale, Paris, 1994, p.30

8 OMC signifie Organisation Mondiale de Commerce

production à l'échelle de la planète au bénéfique des régions qui peuvent exporter le moins cher, le plus souvent à coup de subventions directes ou indirectes pour assurer le revenu de leurs producteurs soi-disant compétitifs. Cette logique permet en pièces les volontés de souveraineté alimentaire des autres régions de la planète, détruit l'équilibre ville-campagne en poussant à l'exode vers des bidonvilles sans emploi de larges portions de la paysannerie.

Jacques Berthelot dans son analyse sur les effets de la mondialisation sur l'agriculture pose la question de savoir ; « comment parler sérieusement d'économie au service de l'homme quand le prix payé pour le travail paysan se fait par la référence à des pratiques de dumping sur des marchés mondiaux complètement déconnectés de toute réalité sociale et environnementale?»9.

C'est pourquoi aujourd'hui, du niveau local jusqu'à celui des échanges internationaux, le peuple congolais doit lutter pour la souveraineté alimentaire, pour le droit de choisir son alimentation en quantité, qualité et contenu culturel, c'est-à-dire selon ses traditions alimentaires.

Cette revendication fondamentale n'a rien d'abstrait. Elle passe pour la définition de priorités comme le maintien et le développement des produits vivrières culturellement inscrites dans le marché intérieur, par l'adoption de prix rémunérateurs pour que les paysans puissent vivre dignement de leur travail, par des pratiques agricoles durables et, si nécessaire, pour la maitrise des volumes intérieurs de production.

Dans cette optique, Jean Coussy constate que l'explosion urbaine en Afrique modifie les consommations, elle crée des ruptures dans les modes anciens de satisfaction des besoins et elle oblige les autorités à répondre à la demande croissante par un recours aux importations10. Il y a mimétisme des modèles ou des styles alimentaires et diffusion des modèles occidentaux par

9 BERTHELOT (Jacques), L'agriculture talon d'Achille de la mondialisation, l'harmattan, Paris, 2004, p.7

10 NDINGA Mathias, Evaluation des importations et des aides alimentaires par rapport à l'appui au développement de l'agriculture : cas du Congo-Brazzaville, Brazzaville, 2004, p.4

les canaux de la publicité, de l'aide ou des effets de démonstration des groupes occidentalisés.

Fort de ce constat, il nous a semblé avantageux d'étudier dans ce travail ; l'incidence des importations et aides alimentaires sur l'agriculture congolaise de manière à protéger l'agriculture locale contre la concurrence étrangère.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon