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Les figures de Joseph Rey (1779-1855): conspirateur libéral, "philosophe" et socialiste "utopique"

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par Nicolas Boisson
Université de Grenoble 2 - IEP 2001
  

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I-2.2 La vive réaction aux débuts de la seconde Restauration en France : la conspiration militaire de « Didier » à Grenoble (1816) et l'insurrection de Lyon (1817)

Cependant, si les dispositions de la Charte semblent plus favoriser un régime de centralisation du pouvoir dans les mains du roi que constituer une réelle garantie de respect des institutions révolutionnaires comme l'existence d'un corps législatif autonome, ce « bout de papier »131(*) que méprise en réalité le roi est de plus en plus critiqué par les ultras, ne lui reconnaissant aucune légitimité... Dés lors, la Charte devint étrangement le cri de ralliement des libéraux, seul compromis certes insatisfaisant mais en danger, assurant légalement le maintien d'un régime constitutionnel. C'est dans ce climat d'incertitude et de défiance du pouvoir royal que les premières réactions à ce retour larvé à l'Ancien régime vont apparaître.

Retour sur l'échec des Cents-jours de Napoléon et sur l'avènement d'une seconde Restauration

La première réaction à observer fut peut-être déjà constituée par l'accueil que réservèrent les Français au retour de l'Empereur au pouvoir le 20 mars 1815 lors de l'épisode des Cents-Jours. Celui qui fut salué comme « le soldat de la Révolution » par une bonne partie du pays n'affirmait t'il pas aux premiers jours de son second règne, peut-être certes pour séduire les libéraux, son « goût des constitutions, des débats, des élections libres, des ministres responsables, de la liberté de la presse... »132(*) ? Il n'en demeure pas moins, que installé aux Tuileries le 20 mars 1815, après un périlleux périple de vingt-jours à travers le pays, déjà évoqué précédemment, Napoléon affirma par ses Actes additionnels, (que Rey critiqua), à la Constitution, l'interdiction de retour : aux Bourbons, au culte « privilégié et dominant », à « l'ancienne noblesse féodale... »133(*). En effet, souvenons-nous que le premier retour des Bourbons après la chute de l'Empire se solda par une épuration des éléments bonapartistes de certaines administrations. Cette épuration qui toucha surtout en profondeur les préfectures de police134(*), le ministère totalement réorganisé par Louis XVIII, ne pouvait que relancer avec le retour de Napoléon les luttes entre bonapartistes accusés de « régicides » et ultras, les libéraux s'adaptant plutôt à l'époque au grès des régimes... Bref, les Cents-jours apparurent déjà comme une première période d'expression du rejet de nombre de Français de ce retour illégitime d'un pouvoir royal. Des pamphlets royalistes répondaient aux attaques de Napoléon, qui fut contraint comme son prédécesseur de se plier à la Charte.

Cependant, l'empereur qui dés son retour attira à nouveau sur la France les foudres des Alliés, ne faisait pas l'unanimité. La Chambre du 1er juin 1815, nouvellement réélue ne se composait étrangement que d'assez peu de bonapartistes ; l'abstention avait d'ailleurs atteint un taux record135(*). En effet, le 09 juin 1815, est signé l'acte final du congrès de Vienne et se forme alors une septième coalition contre la France. Napoléon reparti en campagne militaire se retrouve à nouveau dénoncé par l'ensemble de l'Europe des rois. Le 18 juin marque la défaite militaire et politique finale de Napoléon à Waterloo. Le dernier « vol de l'Aigle » semble bien prendre sa fin. Les libéraux pourtant hostiles à un second retour de Monsieur (Louis XVIII), ne peuvent plus soutenir l'empereur. Le 21 juin, à l'arrivée de Napoléon vaincu, loin de se rallier autour de lui pour sauver le pays vaincu136(*), ils décidèrent de soutenir la demande d'abdication de l'empereur, seule voie possible vers un traité de paix. Citons parmi ces libéraux le général Lafayette et Benjamin Constant, plus attachés à la paix qu'à l'empereur. Désormais, la France est en pleine confusion, ne pouvant plus conserver l'Empereur et déçu par Louis XVIII. Comme le note Louis Girard, les Chambres désirent à l'époque un roi « vraiment constitutionnel »137(*).

Napoléon abdique donc une seconde fois et c'est la dernière, le 22 juin 1815, confiant sa succession à son fils Napoléon II, acceptée comme compromis par les Chambres qui bloquent toute régence. Eclate alors dans toute la France un triste épisode de réaction « contre-révolutionnaire » : la Terreur blanche. Durant tout le mois de juin 1815, des royalistes organisés en bande partent massacrer des populations civiles réputées jacobines ou bonapartistes. Les militaires de l'ancienne garde sont souvent les premières victimes de ces bandes qui sévissent dans l'Ouest, notamment les « verdets » du comte d'Artois (future Charles X...) et surtout dans le Sud de la France, dans la vallée du Rhône, dans le Gard ,en Provence, où les assassinats contre les Jacobins et les bonapartistes se multiplient et ce malgré l'attention du nouveau gouvernement provisoire mené par Fouché138(*).

Pendant ce temps, on se hâte à la Chambre de discuter depuis le 23 juin les articles d'une nouvelle constitution plus libérale. Cependant, alors que le projet était presque entièrement voté, le 08 juillet, Louis XVIII entre dans Paris et avec l'appui de la garde nationale fait bloquer l'accès des parlementaires à la Chambre législative. Ce bref épisode peu connu de la tentative d'une refonte constitutionnelle des libéraux de gauche prit donc vite fin avec le retour en force de Louis XVIII. Selon Girard139(*), le texte « oublié » et « sans suite » de juillet 1815, marqué par un réel souci social de l'instruction, de l'assistance et de la laïcité, évoquait bien une oeuvre d'Idéologue (primauté de la Chambre législative élue, responsabilité politique des ministres...). Mais passons sur cette épisode libéral à nouveau avorté.

Louis XVIII, de retour au pouvoir le 8 juillet 1815, constitue un étrange gouvernement (juillet-septembre 1815) regroupant le trop fidèle Talleyrand et le traître Fouché, gouvernement composé de fonctionnaires de l'empire, encore présent dans les esprits. Louis XVIII tente de tempérer le climat politique agité entre d'une part, une fraction de la population encore acquise au prestige de l'empire défunt, notamment au sein de l'armée et de la fonction publique, une élite libéral encore modérée mais tenant au strict respect de la Charte, et d'autre part une population assez peu confiante suite aux événements de la Terreur blanche et à l'agitation des ultras. Qui plus est un grave problème institutionnel commence à se poser sérieusement, l'absence de loi électorale...Dés lors, une « pagaille » se diffusa lors des élections législatives du mois d'août 1815. On du en effet utilisé les collèges électoraux de l'empire qui ne répondait pas aux conditions d'âge et de cens prescrites par la Charte... Le résultat fut des plus étonnants ; les mêmes collèges à quelques mois de distance envoyèrent une majorité de sens opposée140(*). En mai, les libéraux disposaient d'une petite majorité et en août ce furent les ultras qui exploitant l'échec de Napoléon et lui attribuant tous les maux de la nation, remportèrent une victoire écrasante (350 députés ultra sur 398 !). L'impotent et bavard Louis XVIII, agréablement surpris d'un tel succès de son camp, l'aurait cyniquement qualifié de « chambre introuvable ». Cette élection marque donc une crise dans la continuité des acquis de la Révolution et l'on craint même un retour de 1793, d'une nouvelle terreur ultra face à une lutte « républicaine ». La contestation se fait cependant de manière plus ombrageuse tant le régime joue hypocritement de son adhésion renouvelée à la Constitution, par le maintien de la Charte... Nous en arrivons ainsi au constat d'une réapparition des conspirations, mode secret et amateur de protestation au sein d'un régime doucement verrouillé...

* 131 J-C Caron, op.cit, p.9.

* 132 Louis Girard, op.cit, p.20.

* 133 Louis Girard, ibid, p.20.

* 134 Notons au passage selon Tulard, op.cit, p.54, que cette épuration laissa des traces, « la police parut se démotiver et perdit de l'efficacité qui avait été la sienne sous l'empire ».

* 135 Cf, Louis Girard, ibid, p.20.

* 136 Louis Girard, op.cit, p.21

* 137 Louis Girard, ibid, p.21

* 138 C.f, J-C Caron, op.cit, p10,11.

* 139 Louis Girard, ibid, p.22.

* 140 Cf, Louis Girard, op.cit, p.22.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci