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Gestion des eaux usées domestiques dans le district de Bamako. Cas de la commune V

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par Sidiki KONATE
Institut universitaire du développement territorial Mali - Master 2 2012
  

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7.2- Comportement des populations

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Les habitants de notre capitale produisent quotidiennement des milliers de mètres cubes d'eau usées. Malgré de nombreuses initiatives, la situation est loin d'être reluisante.

Nous sommes en Commune V du district de Bamako. Il faut être un virtuose de la randonnée pédestre pour sortir de chez soi et atteindre le bord du goudron sans encombre.

Partout, des flaques d'eau, des fosses septiques à ciel ouvert, de véritables torrents d'eau souillée des ménages se déversent directement dans les rues. A l'instar de nombreuses grandes villes dans le monde, Bamako connait avec acuité le problème de la gestion de ses eaux usées. Au manque de moyens suffisants pour faire face aux besoins, s'ajoute un véritable « je-m'en-foutisme » des populations.

Répartitions des chefs de ménages selon qu'ils aient eu des problèmes ou non avec leurs voisins

OUI 26%

NON
74%

Graphique 9 : répartitions des chefs de ménages selon qu'ils aient eu des problèmes ou non avec leurs voisins

Ce graphique nous aide à nous rendre compte de la responsabilité des populations dans la détérioration de leur environnement.

Les 26% de la population enquêtée ont accepté de nous faire part des litiges de voisinage qu'ils ont subit.

C'est en effet, l'inconscience et l'incivisme des populations qui sont les premières causes des énormes difficultés d'assainissement de notre capitale. Le peu d'efforts faits par les autorités gagnerait en efficacité si chacun y mettait du sien.

Or, sous prétexte de la pauvreté, des familles entières s'installent dans des logis inadaptés avec des habitudes d'hygiène fortes sujette à caution.

Le manque de moyens justifie-t-il de jeter les restes d'aliments avec l'eau de la vaisselle directement dans le caniveau ou pire à même le sol dans la rue ? L'argent est-il la seule justification quand on voit des maisons construites sans fosses septiques et dont les propriétaires se branchent directement au caniveau ?

Evidemment non, puisque dans des quartiers dits huppés de Bamako comme l'ACI Golf, des maisons cossues déversent au vu et au su de tous leurs eaux usées dans les fossés.

Certains hôtels de la place sont aussi adeptes de cette pratique. Que dire des sociétés et autres usines qui font de même, alors qu'elles ont largement de quoi s'offrir les services de prestataires du secteur ? Prestataires qui eux-mêmes se rendent coupables de véritables crimes contre les populations et l'environnement en allant déverser leur chargement dans des zones proches d'habitation ou des champs en lisière de Bamako, par exemple à Kati ou pire directement dans le fleuve.

Récemment, les populations de Kati Sirakorodoufing, ont réussi à mettre en déroute des « vidangeurs » qui venaient de jour comme de nuit pour vider leur citerne sur un terrain vague. Victimes des odeurs mais aussi de toutes sortes de maladies qui sont survenues dès le début de ce douteux manège, elles ont mis en demeure les autorités communales pour arriver à les arrêter. Les eaux usées ainsi déversées tout près du lit d'une ancienne rivière, se frayaient un chemin pour rejoindre tout naturellement la direction le fleuve. Entre temps sur son passage, elles ont servi pour la baignade, la lessive, et l'arrosage de produits maraichers...

Si pendant longtemps, le principal problème était la gestion des eaux très polluées des usines, aujourd'hui ce problème est en passe d'être résolu. Même s'il existe encore quelques contrevenants, la plupart des unités industrielles de Bamako prétraitent leurs eaux avant de les rejeter dans le système d'évacuation général.

Avec la construction de la station d'épuration de Sotuba, les autorités manifestent leur volonté de mieux gérer cet aspect de la situation. Reste maintenant à faire face aux eaux usées domestiques qui sont aujourd'hui le gros du problème, explosion démographique et expansion de la ville aidant. Leur évacuation et leur traitement est du ressort de la Direction Nationale de l'Assainissement, du Contrôle des Pollutions et des Nuisances.

Ce service du Ministère de l'Environnement et de l'Assainissement, peine aujourd'hui à faire
face à l'immensité de la tâche. Selon la DNACPN, la production des eaux usées domestiques

70

de Bamako a été estimée à 40.000 m3/jour et celle des boues de vidange à 600.000 m3/an. Seulement 33% des ménages disposent de toilettes adéquates ; 65% de ménages disposent de latrines rudimentaires et 2% des ménages ne possèdent pas de toilettes.

Les initiatives fleurissent, à l'exemple des mini-égouts réalisés dans les communes du district, mais restent encore insuffisantes. Bamako bénéficie ainsi d'un réseau de mini-égouts long de 37,5 km (chiffres de 2006).

Il dessert les quartiers de Banconi-flabougou sur 12 km, Baco-Djicoroni sur 25 km et l'Hippodrome sur 0,5 km. Bamako est en outre équipée en ouvrage collectif d'une longueur totale est de 27 km et réparti en 9 tronçons mais qui ne desservent que 1,5% de la population. Des mini-stations de traitements des boues de vidanges ont également été expérimentées avec plus ou moins de succès.

Selon les agents de la DNACPN qui compte des démembrements dans les différentes communes de Bamako, chapeautés par une Direction régionale, on revient toujours à la notion d'incivisme et de mauvais comportements des populations.

Les ouvrages réalisés peinent à remplir leurs fonctions parce que les populations riveraines ne se sentent pas concernées par leur entretien et leur pérennisation.

Au contraire, ce sont elles-mêmes les principaux responsables des dégradations. Selon un agent de l'assainissement de la commune 5 qui a requis l'anonymat, il faut surtout « qu'on nous laisse travailler ». Il existe des textes et des règles qui régissent la gestion des eaux usées. Et des sanctions sont prévues pour dissuader. Mais force est de constater que « ce sont les chefs eux-mémes qui interviennent quand tu veux sévir contre quelqu'un de leur entourage ».

Répartition des ménages enquêtée selon les litiges avec
les services d'hygiènes

92%

non

Oui
8%

Ce qui explique pourquoi c'est seulement les 8% de la population enquêtée qui ont affirmé avoir eu des problèmes avec les services d'hygiène.

L'autre enjeu, c'est la question du social. « Il nous est difficile d'aller infliger une amende à un chef de famille que l'on voit dans des difficultés évidentes, méme s'il est en infraction ». La véritable solution au problème reste donc la sensibilisation et l'information des populations. Il est important de faire comprendre aux gens quels sont les dangers qu'ils courent et ce qu'ils gagnent à respecter les règles les plus élémentaires règles d'hygiène. « Une fois qu'ils ont compris, on voit quand méme du changement dans leurs habitudes » nous confie l'agent. Le changement de mentalité prend des années pour s'installer. Il est donc plus que nécessaire de s'investir dans l'apprentissage des bonnes pratiques à l'école et comme le dirait l'autre, user à bon escient de « la carotte et du baton ».

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