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L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux

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par Alain Christian ESSIMI BILOA
Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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I-2-3 L'outillage agricole et les techniques culturales archaïques

Les principales activités auxquelles se livrent les populations de la région du Nord est l'agriculture, l'élevage, et le commerce. La pêche reste artisanale et concentrée dans la zone de Lagdo et sur les cours d'eau à écoulement permanent. La population agricole est estimée à 1.113.555 habitants avec 633.335 actifs agricoles61. Cependant, malgré la fertilité des sols, on observe une faible productivité. Cette faible productivité est due, pour la plupart au taux peu élevé de la productivité du travail, qui ne repose que sur le travail humain. Alain DUBRESSON

59 Samuel NDEMBOU, op.cit., p.46.

60 FAO, op.cit.

61 Source : Délégation régionale de l'Agriculture du Nord.

et al, faisant une autopsie de la situation des agricultures africaines, remarquent que : « le travail humain repose largement encore sur l'énergie humaine, transmise par la houe »62.

Un agriculteur au travail à Houmbal avec comme outil la daba
Photo Alain Christian ESSIMI BILOA

Les instruments modernes tels que le tracteur, la roue ou la charrette y restent coûteux et rares. Il existe, dans les villages, des cas de mise en valeur des sols, notamment par la SODECOTON et quelques grands agriculteurs au rang desquels se trouvent les chefs traditionnels. Ceux-là utilisent des techniques culturales intensives : ce sont des techniques qui permettent une concentration des cultures, afin que le volume par hectare soit élévé. Elles augmenteraient ainsi le volume de production. Mais, dans l'ensemble, l'exploitation des terres se fait de façon extensive. Ce type d'exploitation est caractérisé par une faible densité de ressources (travail, capital) à l'hectare ; et la productivité n'y est pas très élevée, proportionnellement à l'hectare.

D'après le délégué régional de l'agriculture du Nord, les paysans les plus dynamiques sont les allogènes. Cette situation peut s'expliquer par le fait que l'agriculture a toujours été pour eux une activité de base, et s'inscrit dans leur habitus, au sens bourdieusien du terme. C'est dire

62 Alain DUBRESSON, Jean-Pierre RAISON, L'Afrique subsaharienne, une géographie du changement, Paris, Armand Colin, 1998, p.69.

que l'agriculture est pratiquée en famille, et très tôt les enfants y sont initiés, contrairement aux peulhs ou aux faly qui ne sont pas agriculteurs de nature. (( Ce monde paysan n'est pas lui non plus homogène »63, remarque BOUTRAIS. Il distingue à ce propos quatre types de paysans :

- les paysans authentiques ; ceux possédant des techniques agricoles plus savantes et plus

élaborées, en même temps que les traditions les plus solides : ce sont les Mafa, les

Toupouri, les Podokwo &

- les paysans sans tradition agricole solide : les Guiziga, les Moudang, les Mousgoum, les Massa &

- les pasteurs sédentarisés, grands propriétaires terriens, parfois entrepreneurs agricoles : les Foulbés, les Mandara &

- les paysans encadrés : partiellement les Massa, les Mousgoum

A propos des peulhs, BOUTRAIS précise que :

(( La majorité des Foulbés est maintenant sédentarisée. Sans tradition agricole, le monde peulh a dû s'adapter à cette situation nouvelle, la disparition du travail servile l'a obligé à une reconversion ... Beaucoup de Foulbés travaillent eux-mêmes la terre. Quand ses moyens financiers sont suffisants, il utilise la culture attelée, cultive des superficies importantes en faisant appel à une main-d'euvre salariée, parfois permanente, le plus souvent saisonnière. »64

La mécanisation de l'agriculture a souvent été présentée comme l'une des solutions pour augmenter la production et la productivité agricoles. Mais, dans une bonne partie du territoire national, la mécanisation dont il est question reste et demeure une pure vue de l'esprit. C'est ainsi que dans la région du Nord, à quelques exceptions près, les agriculteurs continuent d'utiliser un outillage rudimentaire, pour ne pas dire préhistorique, constitué de petites houes, de dabas, de coupe-coupe etc.

Issiakou YAYA nous apprend à ce propos que :

(( Depuis peu de temps, j'ai un tracteur et j'utilise des pesticides. Mais avant, j'avais une houe traditionnelle que beaucoup d'autres utilisent toujours et je faisais l'engrais naturel. Certains de mes voisins ont des charrues. »

Comme il transparaît dans ce témoignage, certains agriculteurs, à la limite, possèdent des charrues tirées par des baufs. Issiakou constitue l'exception qui confirme la règle car à peine 1

63 Jean BOUTRAIS et J. BOULET, op.cit., P.106.

64 Jean BOUTRAIS et J. BOULET, op.cit., P.106.

agriculteur sur 10 est en mesure de se doter d'un engin agricole, de l'utiliser et de l'entretenir au vu de leurs moyens financiers ou de leur formation. Avec les conditions climatiques qui sont et qiu continuent à se dégrader, l~agriculture est devenue de plus en plus pénible. C'est ainsi que dans un premier temps, la production vivrière a commencé par stagner avant de plonger, provoquant des pénuries de vivres préjudiciables à la population.

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