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L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux

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par Alain Christian ESSIMI BILOA
Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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II- LES CONSÉQUENCES DE L'INSÉCURITE ALIMENTAIRE

Toute cause a nécessairement des effets qui peuvent être positifs ou négatifs. Pour ce qui est de l'insécurité alimentaire, elle a des conséquences néfastes sur ceux qui en sont victimes, et sur la région en général.

II-1 La fluctuation et l'inaccessibilité des prix des céréales sur le marché

Le constat fait en 1983 par les diocèses du Grand-Nord est sans équivoque : « Certaines années, l'autosuffisance alimentaire du Nord-Cameroun est difficilement réalisée. Les prix des céréales atteignent des prix inaccessibles à des couches importantes de la population. »81

Dans la région du Nord, on assiste à une variation considérable des prix le long de l'année, avec des pics observés autour des mois d'août et de septembre. Le prix du mil en août par exemple augmente de près de 300 % par rapport au prix de janvier. Plus précisément, le prix en janvier est de 8.400 francs CFA en moyenne tandis qu'en août, il est d'environ 24.500 francs CFA en moyenne le sac.

81 Diocèses de Garoua, Maroua, Mokolo, Ngaoundéré et Yagoua, op.cit.

Pour le PAM,

« Etant donné que les ménages pauvres consacrent une proportion importante de leur revenu à l'alimentation, une hausse des prix, même légère, peut entraîner une réduction importante de leur consommation alimentaire. Les ménages qui pratiquent l'agriculture de subsistance sont moins vulnérables que ceux qui doivent acheter toute la nourriture. »82

Concrètement, pendant les périodes d'insécurité alimentaire, le nombre de repas

quotidien est parfois réduit à 1 au lieu de 3 en période « normale ». Il arrive même parfois que certaines familles prennent un repas tous les deux jours. Cette situation a sûrement des implications sur la nutrition et l'intégrité physique des individus, surtout sur les couches vulnérables telles les enfants et les personnes âgées.

Les prix jouent un rôle important au niveau de la consommation alimentaire, en raison à la fois de leur incidence sur les revenus et des effets de remplacement qu'ils exercent. Pour un foyer pauvre, l'augmentation des prix d'un produit alimentaire et en particulier d'une céréale comme le riz, le mil ou le maïs, peut avoir une incidence importante sur le pouvoir d'achat familial. Par exemple en diminuant la ration alimentaire, il y a risque de sous ou de malnutrition qui est souvent le prémisse ou un indicateur de l'insécurité alimentaire.

La forte variabilité de l'offre se traduit par une fluctuation importante des prix des céréales sur l'année et entre les années. Le prix des céréales est ainsi resté pratiquement stable et bas (entre 6.000 et 10.000 francs CFA le sac) de novembre 1999 à septembre 2000 alors qu'il avait beaucoup varié pendant la même période de l'année précédente marquée par une sécheresse (7.000 à 25.000 francs CFA)83.

Egalement, Les années 1998 et 2001, déficitaires, se sont révélées particulièrement opportunes. Les cours ont atteint des niveaux élevés, jusqu'à 50 000 F CFA le sac de 100 kilos dans certains marchés en 1998. Les agriculteurs ont ainsi réalisé des économies ou des bénéfices - selon leur stratégie de mise sur le marché - de 120 % en 1998 et de 60 % en 2001. En revanche, fin 1998, les prix au moment de l'achat des céréales étaient encore élevés. Durant la campagne 1999, les crues exceptionnelles ont permis une excellente production autour du lac Tchad, alors que des pluies abondantes favorisaient les productions pluviales sur l'ensemble du Nord-Cameroun. Les commerçants de N'Djamena, qui tirent habituellement les prix vers le haut, ne se sont donc pas rendus sur les marchés nord-camerounais et les prix en période de soudure étaient de 40 % inférieurs à ceux de la période de récolte, ce qui a lourdement grevé la trésorerie des groupements engagés dans l'opération.

82 PAM, Les caractéristiques de la sécurité alimentaire au Cameroun, PAM, Yaoundé, 2002, p.54.

83 Données recueillies auprès de la délégation régionale du commerce du Nord.

Pour HAVARD et ABAKAR,

« Ces fluctuations se répercutent immédiatement sur l'offre, car si le prix sont bas, les paysans réduisent la part des céréales dans leur assolement, et si les prix sont élevés, ils l'augmentent. Dans les terroirs suivis par le PRASAC, les prix peu élevés des céréales entre novembre 1999 et septembre 2000 ont eu pour effet une réduction de 20% des superficies en céréales dans les exploitations entre les campagnes 1999-2000 et 2000-2001, au profit du coton et de l'arachide. En conséquence, la proportion des exploitations agricoles de ces villages incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires à partir de leur propre production est passée de 47% en 1999-2000 à 60% la campagne suivante. »84

En réduisant les surfaces céréalières, les agriculteurs s'exposent et exposent le reste de la population à des pénuries alimentaires qui dérivent inéluctablement vers l'insécurité alimentaire.

Bien qu'il soit difficile de séparer les effets sur la santé de l'insécurité alimentaire des effets plus généraux de la pauvreté, on peut constater que les personnes des ménages aux prises avec l'insécurité alimentaire sont sujet à une mauvaise santé fonctionnelle, une activité réduite, de multiples états chroniques et la dépression majeure. En outre, ces personnes ont une prévalence élevée de régimes alimentaires insuffisants au niveau de nombreux nutriments, dans les protéines, l'acide folique et le fer. Ces personnes vivant l'insécurité alimentaire peuvent aussi trouver plus difficile de gérer les troubles médicaux qui exigent des interventions diététiques.

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