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L'histoire universelle, conscience de la liberté. Une lecture de la raison dans l'histoire de G. W. F. Hegel

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par Vincent Ferrier KISHALI Masumbuko
Faculté de philosophie St Pierre Canisius de Kimwenza Kinshasa - Bachelier en philosophie 2008
  

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II. 2. 2. Penser les Nations Unies dans la perspective du Weltgeist

Il n'y a de vraie liberté que dans l'Etat, pense Hegel, car celui-ci est « la forme historique spécifique dans laquelle la liberté acquiert une existence objective et jouit de son objectivité58(*) ». Pourquoi nous permettons-nous donc de cerner cette liberté de l'individu humain en-dehors de l'Etat ? Pour Hegel, l'Etat est cet être qui ne connaît rien au-dessus de lui. Comment donc rendre possible les Nations Unies, si nous considérons cette pensée de Hegel :

...les relations des Etats ont pour principe leur souveraineté, ils se trouvent ainsi les uns par rapport aux autres dans l'état de nature et leurs droits ont leur effectivité, non dans une volonté générale constituant une puissance au-dessus d'eux, mais dans leur volonté particulière59(*).

En effet, dans sa philosophie du droit, Hegel affirme que l'Etat est la liberté réalisée, mais il est aussi source de violence lorsqu'il entre en collision avec un autre Etat : « Le conflit entre Etats devient donc rationnellement nécessaire, dès lors qu'il n'existe ni préteur ni tribunal suprême qui puisse trancher les différends 60(*)». Bien qu'ayant été soutenue par Hans Morgenthau, le père de la théorie réaliste des relations internationales, pareille conception peut être pardonnée à Hegel si nous tenons compte du contexte des guerres entre les Etats dans lequel il a vécu.

Cependant, les Nations Unies pourraient relativement contredire cette conception des relations internationales qu'expose la pensée hégélienne. Nous disons relativement parce qu'en considérant l'histoire jusqu'à nos jours, nous pouvons constater que les Nations Unies n'ont sans doute pas éliminé le conflit entre Etats. La réalité empirique de l'histoire conduit d'aucuns à penser que l'ONU n'a plus de raison d'exister parce qu'ayant échoué à sa mission. Or, une vision globale et positive de l'histoire nous permet d'affirmer que le droit international engendré par l'ONU a contribué au progrès de la conscience de liberté, entre autre en assurant l'autodétermination de plusieurs peuples qui vivaient sous la colonisation ou sous une quelconque occupation illégitime. Ce qui est évident pour nous est que sa présence dans le monde réduit le taux de prévalence de l'irrationalité dans l'histoire. Comme qui dirait :

Affaiblissez-la (ONU), démolissez-la -comme l'ont suggéré quelques intellectuels pantouflards et cabotins- et tout le reste littéralement s'écroule, toutes les autres structures partielles, sectorielles, toutes les couches transversales qui s'enchevêtre à l'échelle régionale ou mondiale s'effriteraient, à cours ou à moyen terme61(*).

L'ONU serait-elle donc un Etat-englobant ? Non, tel n'est pas notre avis et Hegel ne nous pardonnerait pas une telle conception. Mais le concept de Weltgeist, ici compris non plus comme Esprit du monde mais plutôt comme Conscience du monde, peut rendre possible une cohabitation rationnelle entre les Etats dans une structure telle que les Nations Unies :

L'Etat moderne doit se moderniser sans cesse. Il doit en fait survivre à une tension entre une dualité de pôles en apparence mutuellement exclusifs qui, d'une part, l'aspire vers des forces infra-étatiques potentiellement fragmentaires et, d'autre part, l'attire vers des structures d'organisation supranationale qui en sont l'épanouissement logique62(*).

L'ONU peut donc être comprise comme ce lieu de la manifestation d'une rationalité universelle où peut être possible la germination d'une éthique mondiale dans la conscience de toute l'humanité, c'est-à-dire dans la conscience de tous les Etat et de tous les individus qui en sont les constituants.

De nos jours, tous parlent de Mondialisation, de Globalisation et encore mieux de Globalocalisation. Tous ces termes enferment en eux l'idée, d'une manière peut-être pas universelle mais globale, de donner une direction rationnelle à l'histoire. De telles entreprises ne peuvent être possibles que dans la mesure où émerge -dans la conscience de tous les Etats, de toutes les institutions et de tous les individus qui militent pour leur réalisation- le désir de rationaliser leurs rationalités particulières, d'accorder leurs petites rationalités à une rationalité beaucoup plus grande et donc plus objective en qui tous pourraient se retrouver.

L'ONU peut donc jouer le rôle de rationalité universelle qui accorde les rationalités particulières, et donc subjectives, de tous les Etats pris dans leur pluralité : « ...elle aura toujours un rôle référentiel car elle est l'archétype de la société internationale, à l'intérieur duquel peuvent prendre forme des dialectiques positives particulières.63(*) ». Ainsi, l'irrationalité de l'histoire et les actes de déraison qu'a connus l'humanité pourraient perdre leur récurrence et laisser la place à l'émergence de la raison dans une éthique mondiale qui viserait alors le bonheur de tout individu qui se sait et se veut humain. A travers l'ONU, le monde est donc appelé à prendre conscience de lui-même et de son histoire afin d'éviter que de multiples tragédies vécues dans les instants ombrageux de l'histoire ne se répètent dans l'avenir

Conclusion

Après avoir considéré quelques grands moments de la prise de conscience de la liberté dans l'histoire universelle, nous constatons que cette liberté qui est la marque de la rationalité et de l'histoire et de l'homme, ne se réalise point sans le truchement de la négativité. Cette négativité qui nie la raison, laissant transparaître au regard des hommes les marques de l'irrationalité de l'histoire. Mais, avec Hegel, cette irrationalité de l'histoire devient rationnelle parce que nécessaire pour le progrès de la conscience. Dans les deux grands évènements que nous avons soulignés, à savoir la Révolution française et l'avènement des Nations Unies, l'irrationnel s'est bien vu se manifester dans l'histoire à travers quelques atrocités et quelques actes de déraison de l'individu humain. Mais cela n'était que pour aboutir à une conscience plus élevée de la liberté, à un plus haut respect de ce même individu à travers les déclarations des droits de l'homme. La conscience de la liberté a donc été concrète dans l'histoire universelle.

* 58 G. W. F. HEGEL, La Raison dans l'histoire, p. 140.

* 59 Id, Principes de la philosophie du droit, § 333.

* 60 G. PLANTY-BONJOUR, « Droit, violence et liberté selon Hegel », in Droit et liberté selon Hegel, dirigé par G. PLANTY-BONJOUR, p. 214.

* 61 S. VIEIRA DE MELLO, « La conscience du monde : L'ONU face à l'irrationnel dans l'histoire », in Congo-Afrique, n°377, Septembre 2003, p. 436.

* 62 Ibid, p. 424.

* 63 S. VIEIRA DE MELLO, Op. cit., p. 428.

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