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L'histoire universelle, conscience de la liberté. Une lecture de la raison dans l'histoire de G. W. F. Hegel

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par Vincent Ferrier KISHALI Masumbuko
Faculté de philosophie St Pierre Canisius de Kimwenza Kinshasa - Bachelier en philosophie 2008
  

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II. 2. Les Nations Unies et la conscience universelle de la liberté

La liberté, qui est une propriété fondamentale de la Raison et de tout être rationnel, continue son actualisation dans l'histoire. Après le Révolution française dont Hegel était contemporain, l'humanité a vécu un moment encore plus manifeste où la liberté portée par l'individu humain, en tant que présupposition, s'est vue se concrétiser à travers la création de l'Organisation des Nations Unies. Il est évident que Hegel n'a pas vécu la création de l'Organisation des Nations Unies. Et d'ailleurs, il a critiqué l'idée kantienne d'une Société des Nations dans Principes de la philosophie du droit. Mais rien ne nous empêche de lire ce grand évènement que l'humanité n'avait presque jamais connu, en matière de la reconnaissance des droits de l'homme, avec le regard philosophico-historique de Hegel.

En effet, la création des Nations Unies n'est pas l'évènement d'un Etat particulier, mais c'est toute l'humanité qui, après avoir fait l'expérience de sa propre négation, après avoir vécu l'irrationnel à travers les atrocités de la seconde Guerre mondiale, a considéré « que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité55(*) ». Dirait-on avec Hegel que c'est grâce à cette activité de la négation que la conscience historique de la liberté s'aiguise davantage dans l'histoire universelle :

Paradoxalement, le mal serait ce qui permet à l'histoire, et bien entendu à l'humanité qui en est à la fois source et victime, d'atteindre par étapes successives et rigoureuses une croissante actualisation de l'Idée profonde qu'elle est supposée expliciter. Bref, le mal est acceptable car nécessaire56(*).

Force nous est de réaliser que la conscience de la liberté, qui est la finalité de l'histoire, ne s'obtient que par le travail de la négation. Celle-ci lève la contradiction en la rendant créatrice du développement historique. Le bonheur que procure la liberté est le fruit d'un cycle paradoxal : nier la liberté en vue d'obtenir la liberté. Mais cette liberté obtenue après le travail de la négation est une liberté beaucoup plus élevée que la première, car le concept de liberté s'éclaire davantage dans la conscience du monde et dans celle de l'individu humain qui constitue cette conscience.

Cependant, malgré l'irrationalité vécue par l'humanité à travers les guerres mondiales, la raison ne nous pardonnera pas si, de quelque manière, nous nions cette prise de conscience de la liberté du sujet humain que les Nations Unies ont proclamée à travers la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Cette dernière est proposée comme un principe inspirateur universel dans lequel toutes les Constitutions des Etats reconnaissant la liberté du sujet humain pouvaient trouver leur source. Ainsi, il pourrait nous être permis de poser l'Organisation des Nations Unies comme l'universel à travers lequel les Etats, compris dans leurs particularités comme subjectifs, pourraient atteindre le niveau le plus élevé d'objectivité.

II. 2. 1. L'avènement des droits de l'homme

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948, vient, près de deux siècles après, comme pour confirmer le principe de la liberté de l'individu humain, déjà proclamé en 1789 dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, en disant : « Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité 57(*)». Après la déclaration de la Révolution française qui déjà avait tant bouleversé le monde et sa conception de la liberté, qu'avions-nous encore besoin d'une seconde déclaration ?

En effet, si déjà à travers la Révolution française l'individu se posait lui-même comme pouvant révolutionner les choses, comme pouvant changer le cours de l'histoire en affirmant sa liberté en tant qu'acteur de la réalisation historique, l'histoire dans son irrationalité rationnelle n'avait toujours pas accordé assez de crédit à cette revendication du sujet humain. Les évènements post-révolutionnaires ont prouvé comment l'histoire, dans son déroulement rationnel, pouvait être si imprévisible. La première et la seconde guerre mondiale n'ont pas été de prime abord des lieux d'expressivité de cette liberté de l'homme déjà présente dans la conscience historique. Et pourtant, ces évènements dans leur atrocité effective, portaient une vérité plus grande qui devait aiguiser cette conscience de la liberté. Il ne s'agit pas pour nous d'accepter, ni d'approuver, moins encore de justifier le mal que cela a causé dans la conscience de l'humanité. Notre entreprise n'est qu'une quelconque quête de sens, une recherche du sens profond que pouvait porter ces évènements si macabres que la raison humaine ne peut accepter que si elle se nie elle-même.

Sans doute, les Nations Unies n'ont pas supprimé l'irrationnel dans l'histoire ; l'application effective du respect des droits de l'homme, tel que exposés dans la Déclaration de 1948, présente quelques difficultés pour certains Etats. Mais cela ne peut nous épargner de reconnaître le grand rôle que leur reconnaissance universelle a joué dans la considération du sujet humain. Ils ont permis, entre autre, le respect, bien que relatif, de l'indigène. Et, dix années après leur édiction, plusieurs Etats colonisés sont devenus relativement autonomes à travers les luttes des indépendances.

En regardant l'histoire dans ses évènements particuliers, dirait Hegel, il nous sera difficile d'y percevoir un quelconque sens rationnel. Pouvons-nous donc dire que dans son ensemble l'histoire se porte bien ? Ce serait peut-être prétentieux de notre part. Mais ce qui est évident et que la conscience universelle peut accepter, dans la mesure où elle est honnête, est que la situation des droits de l'homme va nettement mieux qu'il y a quelques siècles.

Le respect de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme dépend du degré de rationalité de chaque Etat. Dans la mesure où ils sont souverains et autonomes, les Etats membres des Nations Unies sont donc appelés à user de cette déclaration comme principe inspirateur de leurs constitutions, comme le fondement qui oriente la relation entre les libertés individuelles au sein de l'Etat qui est le garant des toutes ces libertés. Au fait, bien que tous les Etats aient pu intégrer les exigences de la Déclaration dans leurs Constitutions, il en reste que son application effective encore pose problème.

Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de présenter l'Organisation des Nations Unies comme cette conscience universelle dans laquelle les consciences des peuples particuliers s'accordent en vue de la promotion de la raison en tant que ce qui est voulu par l'humanité toute entière.

* 55 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, Préambule, §2.

* 56 S. VIEIRA DE MELLO, « La conscience du monde : L'ONU face à l'irrationnel dans l'histoire », in Congo-Afrique, n°377, Septembre 2003, p. 421.

* 57 Déclarations Universelle des Droits de l'Homme, art. 1.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault