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La politique chinoise de l'administration Bush après la répression place Tiananmen : l'interdépendance peut-elle apaiser les tensions politiques ? 1989-1993

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par Nicolas Le Guillou
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 1 Science Politique - Relations Internationales spécialité Sécurité & Défense 2014
  

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Titre 2 : Les premières prises de décision américaines dans l'immédiat après-Tiananmen

Avant d'aborder en détail les premières prises de position américaines, nous avons jugé nécessaire de dresser le portrait du cabinet G. Bush, son fonctionnement, ses personnalités les plus importantes (s'agissant des affaires asiatiques), sa gestion du processus décisionnel.

172 U.S. DEPARTMENT OF STATE, « Current Situation in China Background and Prospects- 9th of June 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 4p.

173 FEWSMITH Joseph, China since Tiananmen: from Deng Xiaoping to Hu Jintao, New York, Cambridge University Press, 2008, page 35.

174 BERGERE Marie-Claire, « Tian'Anmen 1989 », art. cit. p. 3.

175 U U.S. DEPARTMENT OF STATE, « China The Central Committee Acts; Zhao's Out; Keeping the Door Open - 25th of June 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 3p.

176 Ibid.

177 FEWSMITH Joseph, China since Tiananmen: from Deng Xiaoping to Hu Jintao, op. cit. p. 36. Pour qui voudrait approfondir sur la politique interne chinoise post-Tiananmen, le chapitre 1 de l'ouvrage de Joseph Fewsmith offre une brillante synthèse : voir pp. 21-48.

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Chapitre 1 : L'appareil décisionnel sous George H. Bush

George Bush succéda à Ronald Reagan en Janvier 1989, perpétuant ainsi l'influence de l'idéologie républicaine au sommet de la Maison-Blanche. Pourtant, face aux brûlants changements internationaux qu'il dût affronter, ce Président, par son comportement et ses décisions, parvint à imposer sa singularité.

Section 1 : Le Président

Son profil note Charles-Philippe David, était comparable à celui d'un Kennedy, Johnson ou Nixon, qui ont passé la plus grande partie de leur carrière au service du Congrès ou du gouvernement178. Diplômé de l'université de Yale, aviateur de la marine pendant la Seconde Guerre mondiale, élu au Congrès pour la première fois en 1966 puis successivement ambassadeur des Nations Unies sous Nixon, chef du bureau des représentations en Chine, directeur des services de renseignements sous Ford, enfin vice-Président sous Reagan, George Bush était un professionnel de la politique. Maître stratège, formé à l'école de Kissinger, l'homme fort des années 1970 aux Etats-Unis, le style de sa présidence fut dominé par une diplomatie personnelle basée sur les relations humaines au plus haut niveau de l'Etat179. Pendant les 24 premiers mois de son mandat, il visitera ainsi près de 29 Etats, soit davantage que Reagan en 8ans180. Son action présidentielle fut donc conçue en fonction des rapports personnels afin de maintenir des communications étroites et permanentes avec ses homologues étrangers mais aussi les membres de son administration, les législateurs ou les électeurs181. A cet égard, le Président américain, dès le début de son mandat, exprima son désir d'établir de bonnes relations avec Deng Xiaoping, d'où son voyage diplomatique en Chine dès le mois de Février. La vision de G. Bush comme celle de son conseiller Scowcroft sur la relation sino-américaine restait néanmoins stratégique dans ses fondements parce que basée sur leurs préoccupations mutuelles au sujet des intentions et des capacités militaires de l'URSS. Mais G. Bush croyait aussi que la relation sino-américaine, en particulier l'interdépendance grandissante entre les deux pays, était importante et nécessaire pour le développement d'un système politique chinois plus démocratique et plus ouvert182.

178 DAVID Charles-Philippe, Au sein de la Maison-Blanche, la formulation de la politique étrangère des Etats-Unis, Québec, Presses de l'université Laval, 1994, p. 412.

179 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 63.

180 DAVID Charles-Philippe, Au sein de la Maison-Blanche, la formulation de la politique étrangère des Etats-Unis, op. cit. p. 413.

181 Ibid., p. 414.

182 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 63.

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Section 2 : Son entourage

L'équipe de politique étrangère de G. Bush fut l'une des plus expérimentées de l'histoire américaine : « elle constitua la plus collégiale et la plus rôdée des équipes de sécurité nationale de l'après-guerre »183. Son fils en sera d'ailleurs le premier bénéficiaire. George Bush s'entoura d'une équipe de conseillers (dont des amis personnels) professionnels et prudents, à son image, qu'il divisera en deux groupes : ceux responsables de la politique étrangère et des affaires intérieures. Ceci expliquera la tendance au statu quo, à l'uniformité et l'absence de frictions entre conseillers et bureaucrates184. Au final le cabinet Bush se composera de plusieurs membres de l'administration Ford et Carter. Ainsi Richard Cheney deviendra secrétaire à la Défense, James Baker, secrétaire d'Etat, Brent Scowcroft repris son poste de conseiller à la sécurité nationale, Robert Gates, adjoint à Scowcroft puis directeur des services de renseignement, Carla Hills, représentante en matière de commerce international pour ne citer que les grands postes de politique étrangère185. Plus spécifiquement, au département d'Etat, Lawrence Eagleburger fut nommé secrétaire adjoint, Richard Salomon, assistant-secrétaire pour les questions économiques, Richard Armitage, assistant-secrétaire pour l'Asie186. S'agissant de l'équipe dédiée à la politique chinoise, celle-ci fut remaniée après la déconvenue liée à l'invitation de Fang Lizhi au banquet. Par conséquent, en Avril 1989, un mois après cet incident, George Bush monta une équipe plus expérimentée : le sinologue Richard Salomon, initialement assistant-secrétaire pour les affaires économiques fut nommé assistant du secrétaire d'Etat pour les questions d'Asie de l'Est et du Pacifique187 ; James Lilley, né en Chine, responsable de la CIA à Pékin quand G. Bush était à la tête des bureaux de liaison dans les années 1970188 fut affecté ambassadeur américain à Pékin dès la mi-Mai 1989 ; Douglas Paal qui avait travaillé à la CIA et au département d'Etat pour les affaires asiatiques fut nommé directeur principal des affaires asiatiques pour le Conseil à la Sécurité Nationale189. Par conséquent, dès Mai 1989, son mandat à peine amorcé, le Président américain était doté d'un personnel particulièrement au fait des affaires chinoises. Avant même la crise de Tiananmen, George Bush avait donc développé une vision à long terme de la relation sino-américaine, une appréciation aiguisée du caractère stratégique de l'économie, de la position internationale et des questions militaires chinoises.

183 DAVID Charles-Philippe, Au sein de la Maison-Blanche, la formulation de la politique étrangère des Etats-Unis, op. cit. p. 417.

184 Ibid., p. 418.

185 Ibid., p. 417.

186 Ibid.

187 LAMPTON M. David, Same Bed, Different Dreams: Managing U.S.-China Relations, 1989-2000, op. cit. p. 20.

188 MANN James, About Face: A History of America's Curious Relationship with China, From Nixon to Clinton, op. cit. p.184.

189 LAMPTON M. David, Same Bed, Different Dreams: Managing U.S.-China Relations, 1989-2000, op. cit. p. 20.

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Section 3 : La gestion des rapports et du processus décisionnel

La structure décisionnelle du cabinet Bush refléta la personnalité du Président ainsi que ses habitudes de travail190. Son approche fut un mélange de celle de Carter et de Reagan dont le résultat fut particulièrement productif191. Le Président cultiva un esprit de collégialité au sein de son équipe de laquelle il exigea une grande loyauté. Concernant la politique chinoise, chacun des membres du cabinet concerné savait parfaitement que le Président serait son propre chef dans le cadre de la ligne de conduite à mener à l'égard de la Chine192. George Bush préféra travailler avec de petits groupes de collaborateurs afin de renforcer le sentiment de confiance, d'effriter les rivalités et les personnalités et de minimiser les conflits, les divergences d'opinion ou autres sources de dissensus. Sur le plan décisionnel cela se traduisit par une approche étapiste, harmonieuse, sans querelle bureaucratique. George Bush parviendra à faire fonctionner ce système de gestion tout en imposant ses préférences et supervisant ses choix.

C'est donc avec cette équipe et cette méthode décisionnelle que le Président américain forgera chacune de ses décisions vis-à-vis de la RPC. C'est également autour des réflexions de cette administration que s'articuleront les premières prises de position publiques américaines.

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