WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La politique chinoise de l'administration Bush après la répression place Tiananmen : l'interdépendance peut-elle apaiser les tensions politiques ? 1989-1993

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas Le Guillou
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 1 Science Politique - Relations Internationales spécialité Sécurité & Défense 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 1 : Le challenge de la « renormalisation » des rapports

En 1979, les Etats-Unis sous Carter, et la RPC menée par Deng Xiaoping, normalisèrent officiellement leur relation sept ans après la visite historique de Nixon à Shanghai. Cette normalisation entraîna au passage l'interruption des relations américaines avec Taïwan et le retrait de leur force de l'île. Signe que Tiananmen causa une importante rupture, il fallut procéder à la « renormalisation ».

Section 1 : Le « problème » Fang Lizhi

Dans ce climat tendu avec le Congrès, toute la difficulté pour le Président Bush était de reconstruire une relation avec la Chine à laquelle n'était pas favorable son pays. Pour tenter d'apaiser l'hostilité grandissante du parlement américain, G. Bush en appela à la défense de l'intérêt national américain230. L'enjeu était double car simultanément, la tension entre les deux pays continuait de s'accentuer. Cette animosité s'aggrava autour de la polémique concernant Fang Lizhi, devenu le symbole de la division entre les deux pays à l'automne 1989231. A cet égard, bien qu'aucun des deux gouvernements ne souhaitaient la rupture, aucun n'était en mesure non plus de pouvoir l'éviter. Effectivement, immédiatement après le 4 Juin 1989, Fang et sa femme se réfugièrent à l'ambassade des Etats-Unis232. Quelques jours plus tard, celui-ci fut accusé par les autorités chinoises de propagande contre-révolutionnaire233. Dès lors, cette affaire constitua une source de tension entre les deux diplomaties : l'une réclamant son censeur le plus célèbre pour le condamner, l'autre, obligée de l'accueillir dans son ambassade. Après le voyage de H. Kissinger, un compromis fut trouver pour démêler ce noeud diplomatique : Fang serait autorisé à quitter l'ambassade pour gagner les Etats-Unis ou un pays tiers ; en échange, les Etats-Unis devraient lever les sanctions publiquement, conclure des projets de coopération économique et enfin, inviter Jiang Zemin en visite officielle dans le but de sortir la Chine de son isolement international234. Ce fut l'objet du second voyage de Scowcroft et d'Eagleburger. Cependant, face aux bouleversements en Europe de l'Est, aucun camp ne se trouvait en mesure de s'écarter de ses positions. Un accord ne fut trouvé qu'en Juin de l'année suivante (1990)235.

230 Ibid., p. 93.

231 KISSINGER Henry, De la Chine, op. cit. p. 414.

232 U.S. DEPARTMENT OF STATE, « Embassy Refuge [Excised] - 7th of June 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 3p.

233 U.S. DEPARTMENT OF STATE, « [China: Fang Lizhi as Scapegoat] - 12th of June 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 3p.

234 KISSINGER Henry, De la Chine, op. cit. p. 419.

235 Ibid., p. 422.

52

Section 2 : Le maintien des efforts de communication

Le Président Bush, privilégiant une approche réaliste des relations internationales au-delà des considérations idéologiques, humanitaires ou éthiques, préférait conserver les intérêts stratégiques et commerciaux des Etats-Unis dans une relation stable avec la Chine236, ce qu'il entreprit de faire dès l'été 1989. Après un séjour en Europe au mois de Juillet, George Bush écrivit une autre lettre à Deng pour le convaincre d'aller vers une forme d'ouverture237. Deng lui répondit le 11 Août affirmant à nouveau que la Chine demeurait souveraine et rappelant à son homologue américain que des sanctions contre son pays étaient encore en cours238. Parallèlement, George Bush saisissait toutes les occasions qui lui étaient offertes pour maintenir le contact avec les hauts dirigeants chinois. Ainsi James Baker rencontra Qian Qichen à la conférence de Paris sur le Cambodge en Juillet et de nouveau à l'Assemblée Générale des Nations Unies en Septembre239. George Bush envoya aussi des émissaires personnels (son frère Prescott Bush et l'ancien secrétaire d'Etat Alexander Haig) sans forcément délivrer des messages spécifiques mais davantage pour montrer ses intentions d'apaisement de la relation. A la fin du mois d'Octobre l'ancien Président Richard Nixon s'envola pour Pékin pour une réunion formelle avec les hauts dirigeants chinois prévue bien avant les événements de Tiananmen240. Néanmoins, cette visite revêtit un caractère stratégique en cette période tourmentée. A l'issu de cette semaine à Pékin, Nixon proposa d'ailleurs à l'administration Bush de faire le premier pas dans la reprise d'un contact officiel241. A peu près à cette époque, Kissinger, ancien secrétaire d'Etat et conseiller à la sécurité nationale de Nixon, accepta à son tour une invitation des dirigeants chinois en Novembre242. A l'issue de cette entrevue les conditions d'un retour à la normale furent transmises par Deng : la résolution du problème Fang Lizhi et ensuite viendrait une visite de Jiang Zemin aux Etats-Unis243. Dans cette perspective, G. Bush prit l'initiative d'envoyer Lawrence Eagleburger et Brent Scowcroft une seconde fois à Pékin pour un nouveau voyage secret244.

236 HARDING Harry, A Fragile Relationship: The United States and China since 1972, op. cit. p. 247.

237 BUSH George, SCOWCROFT Brent, A la Maison-Blanche : 4 ans pour changer le monde, op. cit. p. 173.

238 Ibid. page 174.

239 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 97.

240 U.S. DEPARTMENT OF STATE, « President Nixon's Visit - 26th of October 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 3p.

241 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 98.

242 KISSINGER Henry, De la Chine, op. cit. p. 409.

243 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 98.

244 U.S. EMBASSY IN CHINA, « Schedule for Chinese Visit of General Scowcroft and Deputy Secretary Eagleburger - 8th of December 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 3p.

53

Section 3 : L'hostilité vigoureuse du Congrès

L'hostilité du Congrès allait de pair avec l'animosité sino-américaine. Le Congrès et l'opinion, depuis le 4 Juin 1989, manifestaient leur empressement pour des sanctions plus lourdes. Tandis que G. Bush plaidait pour une vision réaliste des relations internationales le Congrès penchait davantage pour une perspective idéaliste, plus proche des valeurs américaines telles que la liberté, la démocratie et les Droits de l'Homme245. La formulation et la conduite de la politique chinoise faisait l'objet d'intenses rivalités au plus haut sommet de l'Etat américain. Derrière les résolutions et les déclarations sur la Chine et les réponses de l'administration Bush, le Congrès commença à considérer des mesures plus autoritaires pour supplanter l'exécutif dans la politique chinoise246. Le 21 Juin 1989, une représentante démocrate, Nancy Pelosi, proposa une loi pour faciliter le renouvellement des visas étudiants chinois : celle-ci prévoyait également de permettre aux étudiants chinois de travailler aux Etats-Unis deux ans sans avoir à retourner en Chine247. Initialement anodine, sa loi prit une ampleur inattendue et devint très vite une priorité du Congrès. Après être passée à la Chambre des Représentants le 31 Juillet, elle fut votée à l'unanimité au Sénat le 19 Novembre. Le lendemain elle fut présentée au Président248. Au même moment l'administration américaine et le département d'Etat, prenant conscience qu'une telle loi renforcerait l'animosité entre les deux pays, ruinerait les efforts de médiation du Président et annulerait définitivement les échanges étudiants sino-américains (si importants pour l'administration pour diffuser les valeurs américaines), tenta de pourfendre cette mesure249. Le 30 Novembre, le Président Américain posa son veto250 en sachant pertinemment que dorénavant, sa politique chinoise serait scrutée dans les moindres détails. Le voyage de Scowcroft et d'Eagleburger le 11 Décembre 1989 fut d'ailleurs vivement dénoncé par la presse et le Congrès et des représentants religieux251.

Malgré les efforts de l'exécutif pour maintenir les liens tout en les reconfigurant, les pressions sur la scène intérieure mirent en péril l'exercice de la politique chinoise de l'administration Bush. Pour ne pas améliorer la situation, le cadre géopolitique mondial allait bientôt s'écrouler, quelques mois après la répression place Tiananmen.

245 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 94.

246 Ibid., p. 95.

247 MANN James, About Face: A History of America's Curious Relationship with China, From Nixon to Clinton, op. cit. p. 211.

248 SUETTINGER Robert L., Beyond Tiananmen: the politics of US-China relations 1989-2000, op. cit. p. 96.

249 BUSH George, SCOWCROFT Brent, A la Maison-Blanche : 4 ans pour changer le monde, op. cit. p. 176.

250 THE WHITE HOUSE, OFFICE OF THE PRESS SECRETARY, « Statement by the President - 30th of November 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 2p.

251 U.S. DEPARTMENT OF STATE, « [Protest of Scowcroft and Eagleburger Trip to Beijing] - 12th of December 1989 », Digital National Security Archive, China and the U.S., 2p.

54

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus