WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La politique chinoise de l'administration Bush après la répression place Tiananmen : l'interdépendance peut-elle apaiser les tensions politiques ? 1989-1993

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas Le Guillou
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 1 Science Politique - Relations Internationales spécialité Sécurité & Défense 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 3: Conclusion

Par nos propos introductifs, nous venons de tracer les contours du cadre analytique dans lequel s'inscrit Power and Interdependence de R. Keohane et J. Nye. Néanmoins, par les hypothèses qu'il suggère, les conclusions qu'il tire, les postulats qu'il adopte (que nous mentionnerons plus tard), cet ouvrage scinde les avis des spécialistes des relations internationales. Concentrons-nous donc sur les analyses dont il fait l'objet afin de dégager notre propre réflexion.

54 MACLEOD Alex, O'MEARA Dan, Théorie des relations internationales, contestations et résistances, op. cit. p. 97.

55 L'échec du système de sécurité collective avec la SDN a démenti la théorie libérale classique selon lequel le droit international serait capable de régler les rapports de force.

56 MACLEOD Alex, O'MEARA Dan, Théorie des relations internationales, contestations et résistances, op. cit. p. 96.

57 Ibid., p. 97.

58 En effet, on reprochera aux deux concepts centraux des relations internationales de s'attacher aux systèmes plutôt qu'aux acteurs, aux mécanismes plutôt qu'aux valeurs. De nouvelles pistes de recherche voient le jour, libéralisme et réalisme apparaissent alors dans leurs versions néo revisitées.

15

Section 1 : Les différents efforts de classification

Dario Battistella note que l'oeuvre de R. Keohane et J. Nye relève de deux approches, l'approche transnationale ou pluraliste. Nuançant son propos, l'auteur admet que la perspective transnationaliste se voit souvent nier le statut de paradigme à part entière des relations internationales à cause de ses affinités avec le libéralisme et pour cause reconnaît-il « les passerelles sont nombreuses entre libéraux et transnationalistes contemporains »59. Pour autant, d'après Dario Battistella ce qui caractérise la perspective transnationaliste c'est qu'elle s'émancipe de la tradition libérale tout en accentuant la remise en cause du réalisme en voyant dans les individus et la société de réels acteurs de la politique mondiale dont les liens d'interdépendance peuvent être étatiques ou non-étatiques60. Plutôt que de le considérer comme une variante du libéralisme Dario Battistella range donc Power and interdependence dans un courant qui a toute sa place au sein de la discipline des relations internationales. Jean-Jacques Roche de son côté inscrit les travaux de R. Keohane et J. Nye dans la succession des institutionnalistes libéraux de l'entre-deux-guerres, en qualifiant cette approche d'institutionnalisme néolibéral. Dans la même optique, Andrew Moravcsik et Helen V. Milner considèrent qu'une des trois caractéristiques de l'institutionnalisme néo-libéral est sa description du système international reposant sur l'idée d'anarchie et d'interdépendance61. Sans parler de courant théorique à part entière, Jean-Jacques Roche fait de l'interdépendance complexe une école des relations internationales. Le programme de recherche lancée par les deux auteurs américains en réaction au néo-réalisme de Kenneth Waltz se présente selon lui comme un perfectionnement de l'analyse stato-centrée par la prise en compte des besoins et des capacités d'action de la société civile62. On retrouve ici le même argument que Dario Battistella sous une étiquette théorique différente. Plus surprenante est la conception de Frédéric Charillon et Amélie Blom qui rangent Power and Interdependence dans le néo-réalisme. D'après eux en effet, R. Keohane et J. Nye rapprochent le réalisme de certaines libérales se synthétisant alors en une approche que les auteurs qualifient de pluraliste parce qu'elle tient compte d'une pluralité d'acteurs63. Mais dans l'ensemble jugent les théoriciens des relations internationales, le travail de R. Keohane et J. Nye reprend les lignes directrices du néo-réalisme : l'incapacité des institutions internationales à lutter contre l'anarchie de la scène mondiale, l'existence d'une compétition entre les Etats dans un jeu à somme nulle et l'importance des questions de sécurité, de

59 BATTISTELLA Dario, Théories des relations internationales, op. cit. p. 218.

60 Ibid., p. 220.

61 MORAVSCIK Andrew, MILNER Helen V., Power, Interdependence, and Nonstate Actors in World Politics, Princeton, Princeton University Press, 2009, p. 15: «A third characteristic of neoliberal institutionalism is its description of the international system as one embodying both anarchy and interdependence.»

62 ROCHE Jean-Jacques, Théories des relations internationales, op. cit. p. 90.

63 BLOM Amélie, CHARILLON Frédéric, Théories et concepts des relations internationales, op. cit. p. 68.

16

quête de puissance. Pour A. Mcleod et D. O'Meara, l'interdépendance complexe de R. Keohane et J. Nye est avant toute chose une évolution de l'approche transnationaliste dont ils sont eux-mêmes à l'origine64. Comme nous l'avons détaillé précédemment à partir du catalogue dressé par les deux auteurs canadiens, le transnationalisme et par voie de conséquence Power and Interdependence, sont une variante autonome du libéralisme.

Section 2 : L'avis nuancé de R. Keohane et J. Nye

Un trait commun se dégage de toutes ces classifications différentes : on peut avec certitude rapprocher Power and Interdependence de la philosophie libérale. Relevons que les premiers intéressés par la question affirment que leur théorie de l'interdépendance partage des hypothèses clés avec le libéralisme65 sans y être profondément ancrée non plus. Les deux auteurs américains précisent d'ailleurs que leur théorie prend pleinement en compte la distribution de la puissance militaire, économique et le rôle des Etats66. Mais en se focalisant sur les acteurs non-étatiques et les contacts transfrontaliers, Keohane et Nye s'éloignent du néo-réalisme et étoffent l'approche libérale. Finalement les deux professeurs d'Harvard concluent avoir voulu chercher à intégrer le réalisme et le libéralisme en s'appuyant sur une conception de l'interdépendance centrée sur la notion de négociation67. En fait concluent Charles-Philippe David et Afef Benessaieh, Keohane et Nye ont tellement sophistiqué leur concept qu'ils n'ont pas répondu réellement, comme tout libéral l'aurait fait, au questionnement du lien entre interdépendance et paix.

Section 3 : Interprétation

Nous conclurons donc de la sorte : Power and Interdependence est au carrefour de plusieurs courants de la théorie libérale ; le néofonctionnalisme (qui s'intéresse aux processus d'intégration et aux régimes internationaux), le transnationalisme qui intègrent d'autres acteurs aux côtés de l'Etat ; et aux frontières de certains postulats réalistes, l'Etat demeurant central dans les rapports, égoïste et à la recherche de son intérêt. C'est justement cette subtile association et ce caractère hybride qui font tout l'intérêt de cette théorie. Parce qu'il s'appuie sur des concepts réalistes, libéraux, transnationalistes, qu'il s'intéresse aux processus de pacification, de coopération et d'intégration au même titre que les rapports de force, Power and Interdependence propose des hypothèses et des

64 MACLEOD Alex, O'MEARA Dan, Théorie des relations internationales, contestations et résistances, op. cit. p. 99.

65 KEOHANE Robert O., NYE Joseph S., Power and Interdependence, op. cit. p. 248: «our analysis was clearly rooted in interdependence theory, which shared key assumptions with liberalism».

66 Ibid., p. 248.

67 Ibid., p.251: «In Power and Interdependence, we sought to integrate realism and liberalism by using a conception of interdependence that focused on bargaining.»

17

concepts pluriels applicables à différentes échelles du système international. L'ensemble favorise ainsi la compréhension des enjeux globaux et facilite l'interprétation des rapports inter- et transnationaux.

A présent, il s'agit logiquement d'étudier cet ouvrage fondateur de l'école de l'interdépendance complexe qui constituera le support théorique principal de notre recherche. En effet, puisque nous avons précisé que l'épistémologie des libéraux à laquelle appartiennent en partie Keohane et Nye repose sur des instruments de mesures astucieux, vérifions-en la validité.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry