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Dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi (1980-2010)

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par Hervé NDAYININAHAZE
Université Lumière de Bujumbura - Licence 2013
  

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Section 2 : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE)

MERCKAERT(2006) indique qu'en 1996, les chefs d'Etat des sept pays les plus riches de la planète promettaient aux « pays pauvres lourdement endettés (...) de régler définitivement les situations d'endettement non soutenable ». En 1999 à Cologne, ils renforçaient l'IPPTE en s'engageant à « un allègement de la dette plus rapide, plus large et plus radical (...) pour rendre la dette supportable » et pour financer la lutte contre la pauvreté.

En ce qui concerne le contexte de l'IPPTE, la question du poids de la dette est fondamentale car le surendettement d'un pays compromet sa croissance à long terme et sa capacité à se développer et à lutter contre la pauvreté. L'endettement excessif réduit les ressources disponibles pour l'investissement et les dépenses sociales. Il diminue également la crédibilité du pays concerné auprès des bailleurs et investisseurs potentiels.

2.1. Les critères d'éligibilité et le processus de mise en oeuvre de l'IPPTE

Dans le cadre de l'IPPTE, les conseils d'administration du FMI et de la BM décident de l'éligibilité d'un pays au point de décision; la communauté internationale s'engage alors à fournir une aide suffisante au point d'achèvement pour permettre au pays d'atteindre un niveau d'endettement soutenable calculé au point de décision. Pour qu'un pays soit éligible à l'Initiative, il devrait répondre à une série de conditions.

2.1.1. Eligibilité

L'objectif de l'Initiative est de venir en aide à des pays pauvres qui ont le plus grand mal à assurer le service d'une dette insoutenable afin d'éviter que cette charge insupportable n'entrave leur développement économique. Le point de départ de l'initiative est en fait l'idée qu'un endettement trop lourd est nocif pour la croissance économique.

Tous les pays lourdement endettés n'étaient pas éligibles à l'Initiative, encore moins à la première initiative de 1996 suite aux rigidités qu'elle présentait. Pour qu'un pays fortement endetté soit éligible à l'IPPTE, il devrait répondre à une série de critères :

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? Etre éligible aux prêts de l'Association Internationale pour le Développement (IDA, filiale du groupe Banque Mondiale qui octroie des prêts concessionnels aux pays ayant un PNB par habitant inférieur à 885 dollars en 1999) ;

? Avoir parfaitement mis en oeuvre des réformes et les politiques économiques dans cadre de programmes soutenus par les IBW;

? Toujours faire face à un niveau d'endettement insoutenable, c'est-à-dire après la mise en place des programmes desdites institutions et même après mise en oeuvre des mécanismes traditionnels d'allègement de dette ;

? Elaboration d'un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté.

L'IPPTE innove en ce qui concerne la place donnée aux pays bénéficiaires. Dans la pratique, les bailleurs multilatéraux (FMI et BM) travaillent en partenariat avec les parties prenantes au niveau local à l'élaboration de politiques de redressement économique (réformes économiques et sociales). Contrairement aux pratiques antérieures, les IBW effectuent une évaluation commune du document (Joint Staff Assessment), dans lequel elles consignent leurs réticences éventuelles (BOUGOUIN et RAFFINOT, 2002).

2.1.2. Processus de mise en oeuvre

L'IPPTE, destinée à alléger le fardeau de la dette extérieure de certains des pays les plus pauvres de la planète, a été lancée en 1996 par les IBW, puis renforcée et élargie en 1999. Celle-ci est fondée sur une approche plus globale de l'allègement de la dette, incluant pour la première fois les créances multilatérales et représente, pour cela, une innovation majeure en termes de financement du développement.

2.1.2.1. Allègement initial

Dans son cadre initial, l'objectif de l'Initiative était de réduire la dette extérieure des pays remplissant les conditions voulues au moyen d'une stratégie visant à établir un niveau d'endettement tolérable et à éliminer ainsi l'excédent de la dette et le frein que ce facteur exerçait sur la croissance et la réduction de la pauvreté.

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Remarquant qu'au terme de cette première Initiative les résultats escomptés en matière d'endettement soutenable et surtout la réduction de la pauvreté n'étaient pas encore à l'heure, les bailleurs ont dû, en 1999, recourir à son renforcement pour la rendre plus opérationnelle et efficace.

2.1.2.2. Renforcement de l'IPPTE

Face à la faiblesse des premiers résultats et aux critiques (la campagne Jubilé 2000 a apporté une pétition de 17 millions de signatures au sommet du G7 de Cologne de juin 1999), le G7 et les IFI ont lancé une initiative renforcée. Les critères de sélection sont assouplis) afin d'inclure un plus grand nombre de pays bénéficiaires. La volonté d'accélérer la mise en oeuvre de l'initiative et de la lier davantage aux efforts de réduction de la pauvreté est affirmée. Ainsi, la deuxième phase de réformes devient « flottante » (un bon élève peut accélérer les réformes et accéder à un allégement plus rapidement) et une « aide intérimaire » peut être octroyée au pays après le point de décision.

L'Initiative renforcée se voulait plus substantielle, plus large et plus rapide pour atteindre la mission assignée, à savoir rendre l'endettement des PPTE soutenable et réduire leur extrême pauvreté. C'est ainsi que la première a été modifiée en 1999 de manière à offrir trois améliorations essentielles, à savoir :

Allègement de dette plus substantiel et plus large : Les seuils d'endettement extérieur ont été abaissés par rapport au cadre initial. De ce fait, davantage de pays pouvaient bénéficier d'un allègement de leur dette et certains pays pouvaient bénéficier d'un allègement plus important ;

Allègement plus rapide : Un certain nombre de créanciers ont commencé à accorder un allègement de dette provisoire dès le « point de décision ». De même, le nouveau cadre permet aux pays de parvenir plus rapidement à leur « point d'achèvement » ;

Lien plus étroit entre l'allègement de dette et la réduction de la pauvreté : Les ressources libérées doivent être consacrées aux stratégies de réduction de la pauvreté élaborées par les autorités nationales, à l'issue d'un vaste processus de consultation.

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Jusqu'en 2009, 35 PPTE sont parvenus à leur point de décision, et 24 d'entre eux (dont le Burundi) ont atteint le point d'achèvement.

De plus, certains pays créanciers ont décidé d'aller au-delà et d'annuler, dans un cadre bilatéral, les 10% restant des créances commerciales à garantie publique et les créances d'aide publique au développement (APD), non prises en compte par l'IPPTE. La France en particulier, deuxième créancier des PPTE après le Japon, prévoyait, au point d'achèvement, le refinancement par don des créances APD qu'elle détenait sur les pays PPTE.

L'initiative PPTE se déroule en deux temps majeurs : le point de décision et le point d'achèvement. Entre les deux, le pays est dit en phase intérimaire.

2.1.2.3. Etapes de mise en oeuvre

Pour passer le « point de décision », qui marque la première étape du processus PPTE, le pays doit non seulement avoir une dette non soutenable selon les critères d'éligibilité présentés ci-dessus (après traitement traditionnel dans le cadre du Club de Paris), mais également avoir suivi un programme d'ajustement structurel de trois ans (conclu avec le FMI), et rédigé une stratégie de lutte contre la pauvreté établie en concertation avec la société civile, présentée dans le DSRP.

Au point de décision, lorsque le pays est officiellement admis à l'IPPTE, est calculé le montant des allègements à accorder. L'essentiel de ceux-ci prend effet lorsque le pays aura achevé l'ensemble du processus, c'est-à-dire lorsqu'il aura atteint le point d'achèvement. Mais une part minime d'allègements lui est quand même concédée durant sa phase intérimaire.

Après une période de 3 ans durant laquelle le pays met en place une politique d'ajustement structurel, s'il est toujours éligible à l'IPPTE (dette encore insoutenable), les cadres des IBW réalisent une analyse de viabilité de la dette pour déterminer les besoins d'allègement et évaluent les progrès suffisants nécessaires à la satisfaction des critères retenus.

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Cette première étape se dénomme le point de décision, qui consiste à établir un contrat entre la BM et le FMI, dans lequel les bailleurs de fonds s'engagent à ramener la dette au seuil de viabilité si les politiques de redressement ne suffisent pas. Le pays aboutit à un point intermédiaire, qui consiste en un allègement intérimaire.

Cependant, pour obtenir la totalité de l'allègement, il doit continuer à prouver qu'il exécute comme il se doit les programmes soutenus par les IBW pendant une période qui dépend non seulement du maintien de la stabilité macroéconomique mais aussi de l'exécution pendant un an au moins du CSLP. Cette étape correspond au Point d'achèvement et se traduit par une réduction des montants convenus au point de décision.

Dans l'IPPTE renforcée, la réduction de dette définitive intervient au point d'achèvement. Afin d'éviter une trop forte pression financière, la réduction de dette est en fait accordée presque totalement dès le point de décision, mais sur une base précaire (décidée année par année). Dans la nouvelle initiative, l'évaluation de la soutenabilité n'est pas faite une fois pour toute. En cas de dégradation de la situation, il est possible de procéder à une nouvelle évaluation et d'accroître la réduction de dette. Cette procédure est baptisée topping up.

D'après N'GARESSEUM (2005), le point d'achèvement est lié à la mise en oeuvre pendant une année au moins d'une stratégie globale de la réduction de la pauvreté, notamment d'une politique de stabilisation macroéconomique et d'ajustement structurel, pour les pays qui n'étaient pas admissibles au titre de l'initiative initiale, et à l'adoption d'un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) complet pour ceux qui l'étaient au titre de l'initiative initiale.

Certes l'Initiative a le mérite de fédérer deux objectifs différents : le premier, financier de court terme (allégement du poids de la dette) et le second, de développement à moyen et long termes (réduction de la pauvreté). Les montants du remboursement de la dette ainsi libérés peuvent être employés pour financer des interventions orientées vers la réduction de la pauvreté mais présente toutefois des limites.

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2.2. Limites de l'Initiative PPTE

Une réduction ponctuelle de la dette ne suffit pas à garantir qu'un pays ne connaîtra pas à l'avenir des problèmes d'endettement. Les perspectives de soutenabilité de la dette dépendent d'un certain nombre de facteurs qui affectent la capacité de remboursement d'un pays, tels sont le montant et les conditions de ses nouveaux emprunts. Le plus difficile est, en sus, de veiller à ce que les fonds en question soient investis de façon productive et rationnelle pour promouvoir sa capacité de remboursement.

RAFFINOT (2009) estime qu'a priori le problème est surprenant : Comment un pays ou plutôt un Etat (puisque la dette traitée par l'IPPTE est essentiellement publique) peut-il avoir des difficultés à rembourser une dette contractée à des taux d'intérêt si faibles [0,75 % dans le cas des prêts de l'IDA de la BM] et à des conditions si favorables (durée de 40 ans, dont 10 ans de différé pour ces mêmes prêts) ? La situation est encore plus curieuse si l'on tient compte du fait que la part des dons dans le financement total est également très élevée.

Les PPTE ont le plus souvent une assise budgétaire étroite, et des exportations qui s'articulent autour de quelques produits de base soumis à des marchés très fluctuants. Il leur faut éliminer ces contraintes budgétaires et autres facteurs de politique économique faisant obstacle à une croissance plus soutenue et diversifiée.

La focalisation accrue sur les secteurs sociaux sous la pression des ONG et des donateurs n'arrangent pas beaucoup les choses pour les pays bénéficiaires. En effet, les directives énoncées au titre de l'IPPTE renforcée pour un accroissement des dépenses publiques allant dans le sens d'une réduction de la pauvreté mettent l'accent sur ces secteurs au détriment d'autres pouvant potentiellement aider à faire reculer la pauvreté en stimulant la croissance. Les critères de performance mettent l'accent sur les dépenses plutôt que sur les résultats ou les impacts, bien qu'un surcroît de dépenses puisse toujours se heurter à la loi des rendements décroissants à court ou moyen terme (OED, 2003).

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Dans bien de pays, les ministères à vocation sociale (l'éducation, la santé, etc.) manquent de capacités pour gérer comme il faut des ressources budgétaires accrues. De plus, une part substantielle des ressources affectées à l'aide est déjà consacrée aux dépenses sociales, et les examens des dépenses publiques effectués par la BM montrent que le financement n'est pas toujours la principale contrainte pour parvenir aux résultats visés. Les représentants des pays débiteurs se sont dits donc préoccupés par le manque de souplesse que présente l'IPPTE dans la répartition des ressources, faisant valoir que les restrictions imposées de l'extérieur sur leur affectation de ressources peuvent éroder les principes de discipline budgétaire et de prise en charge du processus par les pays.

Le plan d'allègement de l'IPPTE est basé sur une logique de «soutenabilité» financière. À partir de ratios prenant en compte les ressources extérieures, elle se focalise sur le niveau de dette censé permettre aux pays débiteurs d'honorer leurs remboursements. Il apparaît clairement qu'on est dans une logique de créanciers qui cherchent à rendre les débiteurs solvables plutôt que dans une logique d'aide au développement.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery