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Dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi (1980-2010)

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par Hervé NDAYININAHAZE
Université Lumière de Bujumbura - Licence 2013
  

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Section 3 : Les mobiles de l'endettement extérieur

L'équilibre du budget est réalisé lorsque les dépenses publiques sont adaptées aux recettes de l'Etat de sorte qu'il y ait une stricte égalité entre elles. Toutefois, l'équilibre budgétaire n'est pas toujours une condition pour garantir l'efficacité économique. En cas de déséquilibre entre les recettes et les dépenses (celles-ci étant supérieures aux recettes), le budget est déficitaire et son financement peut être d'origine interne et / ou externe à l'économie considérée.

Dans la littérature, l'endettement est lié à un déséquilibre. Suivant les cas, il peut s'agir de l'insuffisance de l'épargne domestique pour financer l'investissement, des recettes budgétaires pour couvrir les dépenses publiques ainsi que le caractère déficitaire des flux entre le pays et le reste du monde.

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3.1. Le déséquilibre « Epargne-Investissement » et le déficit courant

La dette publique peut résulter de l'insuffisance de l'épargne intérieure pour financer les investissements. Elle est donc la conséquence d'un déséquilibre Epargne-Investissement qui traduit un besoin de financement.

Partant de l'identité comptable de KEYNES, l'endettement public découle du déséquilibre interne des variables macroéconomiques notamment l'offre et la demande. En effet, il est prouvé que :

(1), avec :

: Importations ;

PIB : Produit Intérieur Brut ;

M

X : Exportations ;

C : Consommation ;

I : Investissement.

En déduisant l'expression de l'investissement de l'équation (1), on a :

(2), avec :

(PIB-C) désigne l'épargne intérieure tandis que (M-X) représente l'épargne extérieure. La relation (2) montre que si la balance des transactions sur les biens et services est déficitaire, l'épargne intérieure n'est pas suffisante pour financer l'investissement. Dans ce cas, il faut recourir à l'épargne d'origine extérieure.

La réécriture de la relation (2) donne la nouvelle relation suivante :

(3)

Avec cette nouvelle relation, il apparaît que si le PIB est inférieur à la dépense intérieure (C+I), alors l'écart doit être compensé l'épargne extérieure (M-X), représentant l'endettement public extérieur. Cela veut dire tout simplement que tout pays qui veut vivre au dessus de ses moyens doit faire recours à la dette extérieure.

Il convient enfin de signaler que le recours à l'épargne extérieure (accumulation de la dette extérieure) correspond un déficit de compte courant. Si le déficit courant provient d'un niveau d'investissement élevé, l'emprunt peut permettre au pays de booster sa croissance économique.

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3.2. L'endettement public et croissance économique

Pour financer son déficit, l'Etat peut soit recourir aux excédents budgétaires réalisés dans le passé, soit contracter un emprunt. La dette de l'État se définit donc comme l'ensemble des emprunts effectués par l'État, dont l'encours (montant total des emprunts) résulte de l'accumulation des déficits de l'État.

Par ailleurs, MANKIW (2003) indique que le déficit budgétaire est un flux, c'est-à-dire une grandeur économique mesurée au cours d'une période donnée (ex : un an), alors que la dette est un stock, à savoir une grandeur économique mesurée à un moment donné.

Ces deux notions, bien que différentes, sont intimement liées. En effet, le flux du déficit budgétaire vient alimenter l'encours de la dette, qui en retour agit sur le niveau de déficit par l'augmentation des intérêts versés, qui sont une charge (dépense) budgétaire.

La dette publique de l'année présente n'est que la résultante de l'encours de la dette de l'année antérieure et du solde budgétaire présentement réalisé. Deux cas peuvent donc s'observer :

? La dette diminue, d'une année à l'autre, si le solde budgétaire est en excédent, cela

nous conduit à conclure que l'excédent budgétaire permet de réduire la dette ;

? Si, au contraire, le solde budgétaire traduit un déficit, la dette augmente. Le déficit budgétaire de l'année s'ajoute par conséquent à la dette publique du passé. La dette est ainsi le produit de l'accumulation des déficits budgétaires du passé.

Or, le solde budgétaire peut s'analyser en deux composantes. Il s'agit en premier lieu du solde primaire qui est la différence entre les recettes de l'année et les dépenses de l'année hors paiement des intérêts sur la dette et s'il s'avère que ce solde est négatif, on parle dans ce cas de déficit primaire. S'il est excédentaire, on est en présence d'un excédent primaire. Le paiement des intérêts dus sur la dette publique passée et que l'État doit rembourser l'année en cours constitue l'autre composante.

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Si on note SBt le solde budgétaire, SPt le solde primaire, puis en désignant par Dt-1 et Dt la dette de l'année t-1 et l'année t respectivement, le solde budgétaire est donné par la relation suivante : SBt = SPt-(r*Dt-1) r est le taux d'intérêt. La dette de l'année en cours sera quant à elle donnée par : Dt = Dt-1-SBt. Ces deux relations permettent de calculer l'encours de la dette à la période t, soit Dt = (1+r)*Dt-1-SPt

Cette équation nous permet de constater que la dette publique dépend non seulement de l'importance de la dette passée, des taux d'intérêts mais aussi du solde primaire.

Plus les taux d'intérêt seront élevés, et plus la dette passée sera grande, plus l'Etat devra dégager un important excédent de son solde primaire, s'il souhaite diminuer la dette publique. Cela signifie qu'il ne suffit pas à un Etat d'avoir un solde primaire en équilibre pour stabiliser sa dette, il lui faut aussi payer les intérêts sur sa dette passée et ces intérêts seront d'autant plus élevés que la dette passée est importante et que les taux d'intérêt sont forts.

Pour que la dette soit stable, il faut donc que le solde primaire couvre au moins le remboursement du service de la dette (capital et intérêts). Si la dette passée est très grande, ou si les taux d'intérêt sont très élevés, l'Etat, qui doit payer de lourds intérêts, peut ne pas y parvenir : la dette va alors croître d'année en année à la façon d'une « boule de neige ». La partie de la dette passée que l'Etat ne peut plus rembourser faute de ressources propres suffisantes le sera probablement en recourant un nouvel emprunt, ce qui augmentera d'autant la dette passée, voire le taux d'intérêt moyen.

Toutefois, malgré les développements ci-haut sur les explications de la dette, il existe des controverses théoriques remarquables sur la relation dette-croissance. Plusieurs théories ont été développées sur l'endettement d'un pays. Elles vont de la perception même de l'emprunt public à la capacité d'endettement d'un pays. L'endettement public n'a jamais fait l'unanimité chez les économistes. Sa perception varie selon les écoles de pensée. C'est ainsi que certains économistes pensent que la dette peut être nécessaire et même efficace pour le développement d'un pays alors que d'autres rejettent systématiquement l'emprunt public et pensent que tout emprunt public ne peut qu'être nuisible pour les agents économiques.

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En effet, les keynésiens pensent que l'endettement n'occasionne des charges ni pour les générations futures ni pour des générations présentes du fait des investissements qu'il génère. Un déficit budgétaire justifié et maîtrisé peut être un facteur de relance économique, de lutte contre le chômage: stimulation de la demande et/ou de la consommation globale (infrastructures), qui par le biais de l'effet multiplicateur, sont capables de promouvoir une croissance durable. Dans cette approche, l'endettement public favorise la relance de la demande qui, par son effet accélérateur, entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l'investissement qui provoque à son tour une hausse de la production, permettant ainsi de créer les emplois et de lutter contre la pauvreté. Selon cette approche, en effet, les capitaux étrangers fournissent un complément d'épargne et de devises, permettant ainsi d'investir pour accélérer la croissance des économies bénéficiaires.

Cependant, le poids de la dette qui en résulte peut remettre en cause cet enchaînement vertueux. Un service de la dette extérieure très élevé oblige le secteur public à restreindre ses investissements, à défaut de ressources. Par ailleurs, le paiement du service de la dette absorbe les ressources qui auraient pu être consacrées aux programmes d'investissements indispensables à la croissance.

C'est pour cette raison que les classiques considèrent l'endettement comme un impôt futur et l'imputent à l'Etat, une connotation négative car selon eux, l'endettement public défavorise l'accumulation du capital et la consommation des générations présentes et futures. Selon RICARDO, les agents économiques voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et vont se comporter comme s'ils sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt peu importe le décalage intergénérationnel.

Théoriquement, la dette extérieure peut favoriser l'accumulation du capital physique et donc accélérer la croissance économique. Aussi longtemps que les emprunts extérieurs sont investis dans des secteurs productifs, dans un environnement économique stable, sans distorsions des prix et sans chocs extérieurs, ils permettent d'accélérer la croissance et d'assurer, à l'échéance, les remboursements.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard