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Dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi (1980-2010)

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par Hervé NDAYININAHAZE
Université Lumière de Bujumbura - Licence 2013
  

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Section 4 : Dette et croissance : Une revue sélective de la littérature empirique

L'analyse de la relation entre l'endettement public extérieur et la croissance économique a fait l'objet de plusieurs travaux empiriques parmi lesquels nous retenons les synthèses de certains pour déterminer le cadre d'analyse du modèle de croissance du Burundi.

Certains auteurs pensent que l'emprunt extérieur a un effet positif sur la croissance jusqu'à un certain seuil; au-delà de celui-ci, son effet devient négatif. Jusqu'à un certain seuil, les emprunts supplémentaires accroissent la probabilité de remboursement de la dette; au-delà de ce seuil, les chances que les créanciers soient remboursés diminuent. Lorsque le pays commence à avoir du mal à obtenir des prêts, il lui devient plus difficile d'accumuler du capital, ce qui peut ralentir sa croissance. En bref, il semble que les effets négatifs du surendettement ne se fassent sentir que lorsqu'un certain seuil a été atteint.

C'est ainsi qu'une forte présomption s'est développée, dans les années 1990, autour du lien entre les taux excessifs d'endettement d'une part et, les faibles taux de croissance ainsi que la détérioration du capital humain d'autre part, dans les pays pauvres ; le niveau très élevé de la dette extérieure de ces pays est alors indexé comme un handicap majeur et la principale cause de leurs contreperformances économiques (N'GARESSEUM, 2005).

Cette présomption a incité la recherche de nouvelles approches et stratégies de traitement de la dette de l'ensemble des PPTE et, la réalisation de nombreux travaux de recherche sur la relation entre la dette extérieure et la croissance économique. Toutes ces études effectuées soit sur un panel de pays soit pris individuellement ont montré que l'endettement excessif a un effet négatif sur le taux de croissance.

Sur le plan empirique, indique N'GARESSEUM (2005), deux hypothèses sont généralement vérifiées quant à l'effet de l'endettement public extérieur sur la croissance:

La dette extérieure affecte la croissance économique directement et négativement, en réduisant les incitations à entreprendre des réformes structurelles et, indirectement à travers ses effets sur l'investissement ;

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Le service de la dette extérieure affecte négativement la croissance économique à travers ses effets sur le volume et la structure des dépenses publiques et sur l'investissement privé.

BORENSZTEIN (1990) a conclu par une étude économétrique sur les données de la dette des Philippines que l'encours et le ratio du service de la dette/exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et incitent l'endettement du pays.

ROUGIER (1994) trouve, toutefois, des résultats contrastés au sein des pays africains. D'après ses analyses économétriques, l'encours de la dette rapporté au PIB exerce un effet dépressif sur la croissance en Côte d'Ivoire, au Mali et au Tchad sur la période 1970-1991. En revanche, l'effet est positif pour le Niger, Madagascar et le Kenya.

ADEDEJI (1991) a montré que l'alourdissement continu de la dette extérieure et les paiements du service de la dette constituent une menace pour le redressement économique des pays de l'Afrique Subsaharienne. Les versements au titre du service de la dette ont augmenté plus vite que les décaissements réels. Ceci s'est traduit dans l'immédiat par une forte chute des transferts financiers vers l'Afrique Noire. En effet, la forte chute des transferts financiers vers l'Afrique et l'insuffisance de l'épargne intérieure, au niveau continental, constituent des effets contraires à la croissance et au développement économique.

YAPO (2001) trouve dans une étude empirique que le taux de croissance du PIB évolue dans le sens contraire de l'endettement en Côte d'Ivoire. Donc, un taux de croissance économique assez élevé réduit les opportunités d'endettement ; ce qui l'amène à la conclusion selon laquelle les performances macro-économiques ont tendance à limiter dans une certaine proportion les contraintes liées aux besoins en capitaux extérieurs.

SAMBA et MOULEMVO (2005),quant à eux, au terme de leur étude relative à la dette publique extérieure et à son service, comme facteurs d'aggravation de la crise dans les pays de la CEMAC, dont le Cameroun et le Congo Brazzaville, il ressort nettement que le poids de la dette et son service constituent un obstacle majeur au développement économique

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durable, car leur modèle leur a permis d'établir un effet négatif de la dette vis-à-vis des investissements publics tant dans le cas du Cameroun que celui du Congo Brazzaville.

L'analyse empirique effectuée par CLEMENTS et al. (2003) portait sur un échantillon de 55 pays à bas revenu (dont le Burundi) éligibles à une FRPC, sur la période 1970-99. Leur recherche examinait les canaux par lesquels la dette externe affecte la croissance. Leurs résultats suggèrent en effet que la réduction substantielle du stock de la dette extérieure projeté pour les PPTE augmenterait directement la croissance du revenu par tête approximé à 1% par an. En outre, la réduction du service de la dette pourrait également booster indirectement la croissance à travers ses effets sur investissement public.

ELBADAWI et al. (1996) ont confirmé l'effet du surendettement sur la croissance économique au niveau de 99 PED et ont tenté d'identifier le canal par lequel l'endettement agit négativement sur la croissance. Pour cela, ils ont identifié trois canaux de transmission des impacts de la dette sur la croissance. Il s'agit de l'effet de la dette sur la croissance, l'effet de la dette sur la liquidité en raison de la ponction due sur le service de la dette et enfin l'effet de la dette (de manière indirecte) sur les dépenses du secteur public et des déficits. L'étude a conclu que c'est l'accumulation de la dette qui a un impact négatif sur la croissance.

OSEI (2000) se focalise sur les implications de l'endettement extérieur sur la croissance économique au Ghana. L'étude essaie d'assurer une meilleure compréhension du problème de la dette extérieure du Ghana pour permettre la recherche de mesures adéquates et efficaces relatives à sa solution. L'analyse porte sur la période 1983-1990, période au cours de laquelle le Ghana a poursuivi un programme de redressement économique et a adopté un programme d'ajustement structurel approuvé par le FMI. Utilisant divers indicateurs du poids de la dette extérieure, l'auteur met l'accent particulièrement sur deux d'entre eux, à savoir le ratio du service de la dette et le ratio dette/PNB. La recherche conclut que la dette est l'un des facteurs qui entravent la croissance rapide de l'économie ghanéenne. Pour continuer à assurer le service de sa dette, le Ghana a besoin de poursuivre les programmes d'expansion des exportations afin d'élargir la base de ses exportations non traditionnelles, et d'adopter des mesures en vue d'accroître son épargne intérieure.

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BURUNGI et ATINGI (2000) ont analysé le problème de la dette extérieure de l'Ouganda et ses implications sur la croissance durable. Ils examinent l'étendue de la dette extérieure de l'Ouganda, évaluent de manière empirique les facteurs internes et externes qui influencent son accumulation et la capacité du pays à assumer son service ainsi que sa «soutenabilité». Un effort particulier est fait pour établir un lien entre la dette et la croissance économique. Les principales conclusions décèlent l'acuité de l'obligation du pays en matière de service de la dette et le fait qu'une large proportion de la dette de l'Ouganda n'est pas éligible au rééchelonnement.

Les remboursements de la dette ont été identifiés comme étant la cause fondamentale de la lenteur de la croissance économique. L'allègement de la dette n'est pas suffisant, et un engagement continu du gouvernement en faveur des reformes structurelles et d'une bonne gestion de la dette est indispensable.

Dans la recherche du lien entre dette et croissance, PATILLO et al. (2002) ont produit une étude très intéressante sur la question. Ils partent de l'affirmation de la théorie économique qui estime que l'emprunt contenu dans les limites raisonnables peut aider les PED à affermir leur croissance.

Pour ces auteurs, les économies qui en sont au stade initial de leur développement disposent d'un stock de capital limité et offrent des possibilités d'investissement plus rentables que les économies matures. Aussi longtemps qu'elles emploient les capitaux empruntés pour financer des investissements productifs et échappent à certains maux (instabilité macroéconomique, chocs de grande ampleur), leur croissance devrait s'accélérer et leur permettre de rembourser à l'échéance les dettes contractées. Cela reste vrai dans le cadre des théories fondées sur l'hypothèse, plus réaliste, que les pays ne sont pas toujours en mesure d'emprunter à leur gré, car le marché craint qu'ils ne répudient leurs dettes. Il se pose la question de savoir pourquoi l'accumulation de lourdes dettes freinent-elles la croissance?

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La réponse à cette question est contenue dans les théories du «surendettement» qui estiment que si l'on peut penser que la dette future dépassera les capacités de remboursement des pays débiteurs, le coût de son service découragera les investissements intérieurs et extérieurs, pénalisant ainsi la croissance. En effet, craignant que la production soit taxée au fur et à mesure par les créanciers au titre du service de la dette, les investisseurs potentiels hésiteront à supporter des coûts immédiats pour accroître la production à venir. En d'autres termes, plus l'encours de la dette est élevé, plus la probabilité de son remboursement devient faible. Leur étude a dégagé le résultat suivant: la dette a une relation en forme de courbe en U renversée avec la croissance (courbe de LAFFER).

Dans une étude complémentaire, PATILLO et al. (2004) ont amélioré leur modèle de la croissance à un groupe de 61 PED (y compris le Burundi) durant la période 1969-98 et constatent que le doublement du niveau moyen de leur dette extérieure a pour effet de réduire de près d'un point la croissance tant du capital physique par habitant que de la productivité totale des facteurs. En d'autres termes, si l'encours de la dette est élevé, il pèse sur la croissance en ralentissant aussi bien l'accumulation du capital que la progression de la productivité totale des facteurs.

Toutes ces études nous montrent que la dette extérieure n'a pas toujours été bénéfique au développement économique des PED plus particulièrement ceux de l'Afrique subsaharienne.

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Synthèse du premier chapitre

Après une brève introduction qui nous indique que le problème de l'endettement ne peut surgir que dans un pays ne disposant pas de ressources financières suffisantes pour assurer son développement ou combler le déficit budgétaire, ce premier chapitre apporte la lumière sur ce qu'est la notion de la dette publique, celle de la dette publique extérieure et la notion de soutenabilité de la dette publique . Il est également question de déceler les enjeux et les mobiles qui seraient à l'origine de l'endettement public.

En outre, la relation théorique entre la dette publique et la croissance économique fait l'objet et constitue même la pierre angulaire de notre thème. Certes, cette relation ne fait pas l'unanimité des auteurs et des divergences surgissent quant aux effets de la dette publique sur la croissance économique en témoignent les résultats empiriques contrastés qui diffèrent d'un pays à un autre, d'un panel de pays à un autre et/ou d'une période à l'autre.

Dans l'esprit de résoudre (au moins partiellement) le problème lié au surendettement des pays pauvres très endettés, la communauté des bailleurs a initié, sous la pression des ONG internationales, un cadre d'allégement de la dette publique bilatérale et, pour la première fois, la dette publique multilatérale. En revanche, l'éligibilité d'un PPTE à l'Initiative était sujette à des conditionnalités plus dures dans l'IPPTE initiale de 1996 et plus ou moins assouplies dans l'Initiative renforcée de 1999.

Une analyse descriptive de la dette publique, particulièrement la dette publique extérieure du Burundi, constitue le chapitre suivant.

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CHAPITRE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA DETTE PUBLIQUE
EXTERIEURE AU BURUNDI

Ce chapitre se focalise sur l'analyse descriptive de l'évolution de l'endettement public extérieur et son incidence sur les performances économiques du Burundi. Il est en outre question de présenter succinctement les mécanismes d'allégement de la dette dans le cadre de l'IPPTE.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille