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Dynamique de l'endettement public extérieur et croissance économique au Burundi (1980-2010)

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par Hervé NDAYININAHAZE
Université Lumière de Bujumbura - Licence 2013
  

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Section 3 : Effets de la dette extérieure sur les performances économiques

Pour analyser le fardeau de la dette sur l'économie, on recourt généralement à certains indicateurs concernant la dette globale et le service de la dette. A cette fin, ceux-ci sont rapportés aux ressources permettant à un pays de faire face à ses engagements, ces ressources étant généralement le PIB et les recettes d'exportations. Pour cela, on distingue généralement les indicateurs de liquidité et les indicateurs de solvabilité.

3.1. Les indicateurs de liquidité

Les indicateurs de liquidité sont liés à la disponibilité des devises. Dans les années 80, le Burundi s'est lancé dans un vaste programme d'investissements qui a nécessité d'énormes emprunts sur le marché financier international, alors que les taux d'intérêt et le cours du dollar ont augmenté. Par ailleurs, la facture des importations s'était alourdie, à cause des crises pétrolières de 1973 puis de 1979. Parallèlement à l'augmentation des coûts des importations, les recettes d'exportation ont baissé avec la chute des cours des produits primaires exportables (café, thé, coton,...) dont il était tributaire.

MANKIW (2003) définit l'indicateur SDE/X, appelé également « coefficient du service de la dette », comme un rapport qui est établi entre le paiement des intérêts et le principal d'une part, les recettes d'exportations d'autre part. Celui-ci présente en effet un avantage de tenir en compte des conditions financières dont sont assortis les emprunts ainsi que les exportations, source principale des devises pour servir la dette extérieure.

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Graphique n°6: Evolution du ratio du service de la dette extérieure aux exportations

(1980-2010)

100%

40%

80%

60%

20%

0%

SDE/X Seuil PPTE(SDE/X)=15%

Entre 1980 et 2010, le ratio SDE/X a augmenté pour atteindre 39,38% en moyenne sur toute la période, une valeur largement supérieure au seuil (15%) défini dans le cadre de l'IPPTE. Cela signifie qu'en moyenne sur cette période, près de 40% des recettes d'exportations sont utilisées pour le remboursement de la dette extérieure chaque année alors qu'il y a d'autres dépenses alternatives qui pourraient contribuer à accélérer la croissance.

L'alourdissement de la dette extérieure peut être dû à la conjugaison de plusieurs phénomènes : baisse des recettes d'exportation, nouveaux emprunts, augmentation des taux d'intérêts sur les marchés financiers internationaux, etc. Suite à ces chocs extérieurs, le Burundi s'est endetté non plus pour financer son développement et compenser le déficit de l'épargne intérieure, mais plutôt pour s'affranchir de la dette contractée pendant les périodes antérieures.

Ce graphique indique en effet que le ratio du service de la dette aux exportations évoluait dans les normes de façon à laisser l'encours de la dette soutenable jusqu'en 1984. De 1985 à 2009, le service de la dette a lourdement pesé sur l'économie burundaise. C'est en 2004 que ce ratio atteint le niveau le plus élevé en atteignant 85,79%. Ce niveau signifie que plus de quatre cinquième des recettes d'exportations ont été affectées au service de la dette en 2004.

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Cela constitue un coût d'opportunité élevé pour le potentiel de la croissance en ce sens que ces revenus pourraient être affectés à des fins permettant de booster la croissance économique, surtout que la composition de l'affectation de la dette nous a précédemment montré la faible part des secteurs productifs.

Un autre indicateur de liquidité est également utilisé, il s'agit du ratio stock de la dette aux exportations. Il sied de noter que la sensible baisse de ce ratio en 2009 s'explique par l'atteinte par le Burundi au point d'achèvement qui lui a permis de bénéficier de l'annulation d'une grande partie de sa dette publique extérieure comme cela peut se remarquer sur le graphique ci-après.

Graphique n°7: Evolution du ratio de la dette extérieure aux exportations (1980-2010)

4000%

3000%

2000%

5000%

1000%

0%

DPE/X Seuil PPTE (DPE/X)=150%

De manière générale, le ratio de la dette extérieure aux exportations a connu globalement une tendance haussière jusqu'en 2002 impliquant ainsi que la dette extérieure a évolué plus vite que la source essentielle de revenu extérieure de l'économie (recettes d'exportation). Cette évolution indique par ailleurs que le pays aurait eu du mal à s'acquitter de ses obligations au titre de la dette n'eut été la mise en place d'un cadre d'allègement de la dette (IPPTE et IADM). Les exportations du Burundi sont non seulement faibles, mais aussi peu diversifiées. Ce faible niveau des ressources générées par l'activité économique entraine alors le recours aux ressources extérieures au titre des emprunts.

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Une crise de liquidité est constatée lorsqu'un déséquilibre est temporaire et quand, dans le futur, la couverture des paiements extérieurs pourra être assurée. Elle est donc, en principe, limitée dans le temps et se traduit par l'impossibilité de servir la dette dans les termes où elle a été conclue. La situation se complique davantage lorsque ce déséquilibre persiste et devient chronique, c'est là que se pose alors la question de solvabilité.

3.2. Les indicateurs de solvabilité

Les indicateurs de solvabilité sont liés à l'incapacité de rembourser à cause d'une mauvaise allocation des capitaux. L'endettement extérieur rapporté au PIB (DPE/PIB) élevé traduit un problème de taille. En effet, si le pays devrait rembourser la totalité de sa dette extérieure, il devait y consacrer une part importante de la valeur de sa production nationale. Si le stock de la dette dépasse le PIB, c'est que le pays doit recourir à un nouvel emprunt pour pouvoir assurer son remboursement. Cependant, il y a lieu de noter que ce ratio demeure assez imprécis dans la mesure où il ne tient pas compte des conditions financières des emprunts.

Graphique n°8: Evolution de l'encours de la dette extérieure en % du PIB (1980-2010)

250%

200%

150%

100%

50%

0%

DPE/PIB Seuil(DPE/PIB)=50%

Au lendemain de la crise de 1993, la dette extérieure exprimée en pourcentage du PIB a dépassé 100%. Cela signifie que quand bien même toutes les ressources nationales seraient consacrées au seul remboursement de la dette extérieure, elles ne suffiraient pas.

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En effet, exprimé en pourcentage du PIB, la dette extérieure publique est passée de 12,75% en 1980 pour monter régulièrement jusqu'en 1986 et atteindre ainsi 46,45%. Ce ratio est resté en dehors de la marge soutenable fixée à 50% entre 1987 et 2008, atteignant le niveau le plus élevé en 2003 (212,59%) pour redescendre en 2009 à 36,44% suite à l'IADM.

Selon BHATTACHARYA et CLEMENTS (2004), un pays est surendetté lorsque sa dette dépasse normalement sa capacité de remboursement, et on peut s'attendre à ce que son service de la dette soit lourd au point de freiner la croissance économique mais seulement lorsqu'il dépasse un certain seuil estimé à 50% du PIB pour la valeur nominale de la dette extérieure.

Graphique n°9 : Evolution du service de la dette en % du PIB

4%

8%

0%

6%

2%

SDE/PIB Seuil(SDE/PIB)=3%

Le ratio SDE/PIB est un indicateur du problème de la dette. Son avantage est qu'il tient compte des conditions financières dont sont assortis les emprunts en y associant le PIB, ressources globales dont dispose la nation. Il montre en effet l'ampleur des prélèvements annuels effectués au titre du service sur la production nationale.

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De 1980 à 1987, ce ratio évoluait encore dans les limites acceptables fixées par les IBW établies à 3%. Toutefois, de 1988 à 1990, il a légèrement dépassé le seuil pour revenir dans la marge jugée acceptable jusqu'en 2000. De 2001 à 2008, ce ratio est resté en dehors de ladite limite et pour revenir en deçà de celle-ci dès 2009 suite à l'annulation de la dette.

A ce niveau, il faut noter que la faiblesse de ce ratio est due à l'accumulation des arriérés de paiement. Pendant plus d'une décennie, la coopération financière avec les bailleurs de fonds a été suspendue du fait de la guerre et de l'accumulation des arriérés auprès des créanciers bilatéraux et multilatéraux.

Le service de la dette publique extérieure ne représentait que 26,5% des exportations en 1994 et 39,9% en 1999. Comparée au PIB, la dette extérieure représentait en moyenne 119,6% entre 1993 et 1999. La plus grosse partie de cette dette est due aux IBW. Historiquement, le Burundi a régulièrement remboursé la dette due à cette catégorie des créanciers. Toutefois, la baisse des ressources d'exportations et le tarissement des financements extérieurs ont réduit sensiblement les capacités de remboursement de la dette extérieure, de telle manière qu'on a été obligé d'opérer seulement quelques paiements partiels et sélectifs depuis 1995. Ainsi le pays a commencé à accumuler des arriérés sur les autres payements qui totalisaient à peu près 70 millions de Dollars vers la fin de l'année 1998 (Rapport annuel de la BRB, 1999).

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3.3. Le niveau d'endettement extérieur et la croissance économique

L'endettement public extérieur est devenu un problème majeur auquel est confrontée l'économie du Burundi depuis le début des années 80. A cet effet, le remboursement de la dette publique extérieure est devenu certes un facteur de blocage parce qu'il entrave toutes politiques contribuant à la croissance et au développement économiques par l'effet du service de la dette.

Graphique n°10 : Evolution comparée du PIB réel et de la dette extérieure en MBIF

(1980-2010)

1 600 000

1 200 000

800 000

400 000

0

Dette Publique Extérieure PIB réel

D'un côté, on remarque que le niveau d'endettement n'a cessé de prendre une allure croissante depuis 1980 jusqu'en 2008, date à la quelle le Burundi a commencé à bénéficier de la remise importante d'une partie de sa dette suite à l'admission dans les PPTE, passant de 11 030,4 à 1 567 958,7MBIF pour descendre à 527 748,2MBIF en 2010. D'un autre, une dégringolade du revenu national réel depuis 1992 jusqu'en 2000 passant de 137 284 à 108 164MBIF suite à la crise sociopolitique qui a secoué le pays.

Depuis les années 2000, l'économie a repris progressivement son cours normal avec une production nationale qui passe de 110 436MBIF en 2001 à 146 999MBIF en 2010 (soit une nette amélioration de 33%) grâce au retour de la sécurité. Les crédits étrangers peuvent donc soit contribuer à la relance économique s'ils sont judicieusement utilisés soit, dans le cas contraire, conduire une économie dans une ruine. Sur les trois décennies sous étude, on remarque que l'endettement extérieur au Burundi n'a pas été accompagné par l'amélioration de la production nationale.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius