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La communauté internationale face à  la crise libyenne: quel équilibre entre le droit d?ingérence humanitaire et la souveraineté des etats ?

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par Germain TOÏ
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Chapitre II : L'attitude de la communauté internationale

Face à l'ampleur de la crise libyenne, les différentes OI ont pris leur responsabilité en oeuvrant pour une résolution rapide de la crise au travers des différentes positions adoptées. La Ligue Arabe aura été l'une des premières OI à prendre des mesures pour le règlement du conflit. Ces mesures se traduisent par la suspension du pays et par l'appel lancé en faveur du vote de la révolution 1973. Cet appel vise plus à soutenir la rébellion qu'à favoriser un règlement pacifique de la crise. Mais, face à l'interprétation faite de la résolution par l'OTAN, elle se démarquera de sa position initiale en critiquant l'OTAN par la voix de son Secrétaire Amr Moussa. L'UE a également joué un grand rôle dans la gestion de la crise libyenne. En revanche, en dépit des sanctions économiques adoptées contre la Libye, elle aura montré sa division. En effet, les pays membres de l'UE auront pris des positions différentes par rapport à cette crise.

Notre analyse de la gestion de la crise s'accentuera dans un premier temps sur le rôle de l'ONU et de l'UA (Section I) et dans un second temps sur les conséquences de la crise et les perspectives de sortie de crise (Section II)

Section I : Le rôle des institutions internationales dans la gestion de la crise libyenne : cas de l'ONU et de l'UA

La crise libyenne a démontré une fois encore la partialité de l'ONU. En effet, le droit de veto dont bénéficient les puissances occidentales, permet à ces derniers de rendre légales leurs actions (Paragraphe I). Son rôle dans cette crise se traduit par le vote de la résolution. Quant à l'UA, elle a adopté une position asymétrique par rapport à celle des autres OI en privilégiant le règlement pacifique de la crise. Si le mode de résolution de ce conflit a fait l'objet d'une position plus ou moins unanime dans les pays occidentaux, il n'en demeure pas moins utile de faire remarquer qu'il a constitué un tournant pour l'Union africaine (UA). (Paragraphe II).

Paragraphe I : L'ONU : un instrument pour les grandes puissances

L'ONU a pour but principal de développer la coopération multilatérale et les relations amicales entres les Etats, mais surtout maintenir la paix et la sécurité internationale. Le maintien de la paix et de la sécurité internationale est contenu dans les mécanismes de sécurité collective basés sur le chapitre VII de la charte de l'ONU. Selon ce chapitre, c'est le CS qui détient le monopole de la sécurité collective. Mais ce dernier à tendance à transformer ses résolutions en règles générales au détriment du droit international. Autrement dit, à travers le CS, les grandes puissances donnent une base juridique à leurs volontés. Il est clair et facilement constatable que la primauté du système s'enracine avant tout dans la puissance de ceux qui le dominent. Son fonctionnement n'est pas conforme au droit puisque au delà de la procédure, la qualification des situations comme pouvant justifier son intervention est très discrétionnaire. Ainsi, avec la crise libyenne et la résolution 1973, l'ONU, à travers le CS a démontré sa partialité légendaire.

En effet, il est clair qu'il existe dans le monde des situations dans lesquelles les populations civiles non armées sont soit massacrées soit soumises à des conditions nécessitant de la part de la soi disant communauté internationale la mise en oeuvre de la responsabilité de protéger. Il est aussi vrai que des actes pouvant relevé de la compétence de la CPI sont commis en Libye. Mais, ces mêmes actes sont aussi commis dans divers pays du monde. Comment aucune résolution n'a été prise à l'encontre de l'Etat israélien alors qu'à l'hiver 2008-2009, 1 490 personnes sont mortes sous les mêmes bombes israéliennes57(*), et comment aucune procédure n'est ouverte à la Cour Pénale Internationale, sous la responsabilité du Conseil de Sécurité, à l'égard des responsables des nombreux crimes de guerre et possiblement des crimes contre l'humanité commis contre le peuple palestinien depuis qu'il est illégalement maintenu sous occupation alors que le Conseil de Sécurité, sans aucun état d'âme, a saisi « le Procureur de la Cour pénale international de la situation en Jamahiriya arabe libyenne ». La répression des populations civiles non armées au Bahreïn et au Yémen avec l'aide des forces armées qataris n'est pas du reste. Cependant, on reproche à Tripoli de réprimer des manifestants armés jusqu'aux dents, qui au demeurant créent des troubles dans le pays et ainsi troublent l'ordre établi. Il est criard que la CPI ne se saisi que des cas typiquement africains (Ouganda, Libye, Soudan) Cette attention subite pour la Libye atteste que l'ONU ne représente pas un ensemble d'Etats voulant oeuvrer pour la paix mais est plutôt une institution au service des puissants (USA, Angleterre, France, Russie et Chine) ayant des intérêts qui n'ont rien à voir avec l'idéal humaniste comme on veut le faire croire. L'ONU reste une institution interétatique où les plus forts décident en fonction de leurs intérêts géopolitiques. Tout cela traduit l'idée que l'Occident instrumentalise l'ONU pour régler des comptes avec le guide libyen. Ils utilisent les révoltes arabes comme prétexte pour le liquider. La présence d'Etats arabes dans la coalition n'enlève rien à la nature exclusivement occidentale et impérialiste de cette intervention. Ainsi donc, cette intervention reflète le pouvoir des occidentaux dans le fonctionnement de système international. Le guide libyen semble avoir raison en traitant le CS de « conseil de la terreur » et non conseil de sécurité.

L'ONU en générale et le CS en particulier demeurent des instruments au service des grandes puissances qui les utilisent pour conforter leur domination sur le reste du monde.

Paragraphe II: La gestion africaine de la crise libyenne

La crise libyenne apparaît comme un conflit au coeur de l'actualité politique internationale. Et pourtant, le rôle joué par l'Union africaine dans la gestion de ce conflit apparaît assez marginal. Cela s'explique certainement par le mutisme qu'elle a observé dès le début des hostilités. En effet, ce n'est que trois semaines après le début des combats entre les insurgés et les forces fidèles au Colonel Mouammar Kadhafi que l'organisation continentale a daigné se prononcer sur la situation libyenne. Sans doute, était-elle préoccupée par une issue pacifique de la crise post-électorale ivoirienne. Mais cette réaction pour le moins « tardive » sur la Libye a jeté un certain discrédit sur l'organisation panafricaine et remis en cause ses compétences en matière de gestion de crise. Le manque de réaction spontanée de l'UA a d'ailleurs conduit le reste de la communauté internationale, plus particulièrement les pays occidentaux, l'ONU, l'Union européenne et la Ligue arabe à prendre des décisions sans qu'elle y soit associée.

A. La position de l'UA sur la crise libyenne

Le sommet international à Paris sur la Libye qui s'est tenu le 19 mars 2011, sans la participation d'aucun leader africain ni d'aucun représentant de l'UA, en est une parfaite illustration d la position prise par l'UA par rapport à la crise libyenne. Cette réunion décisive sur la Libye qui faisait suite à l'adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, a permis à la communauté internationale d'adopter une position commune sur la crise Libyenne. Plusieurs rencontres sur ce dossier se sont tenues par la suite. Mais à aucun moment, l'UA n'a voulu associer sa voix à ces différentes initiatives. En effet, les différents sommets extraordinaires que l'Union africaine a consacrés à la situation en Libye ont révélé la position pour le moins ambiguë de l'Organisation continentale.

La position adoptée par l'UA est celle d'un règlement politique et pacifique de la crise sous son égide. Ainsi, au lendemain du déclenchement de la crise libyenne, elle a mis en place un panel de chefs d'Etats chargés de conduire la médiation entre les différents belligérants. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été désigné pour diriger le groupe des présidents Jacob Zuma de l'Afrique du Sud, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Yoweri Museveni de l'Ouganda et Amadou Toumani Touré du Mali. Sa proposition se déclinait en cinq points importants : « la cessation immédiate des hostilités, la mise en place d'un gouvernement d'union nationale destiné à préparer une constitution et les instruments nécessaires en vue de rendre la parole aux Libyens pour la stabilisation de la situation, la promotion de la démocratie, l'Etat de droit et la justice ». Cette proposition de l'UA s'expliquait par le fait qu'elle craignait la partition de la Libye et la guerre civile.

Mais, le CNT a toujours refusé d'adhérer aux initiatives de l'UA tout en faisant du départ de Mouammar Kadhafi du pouvoir, un préalable à toute négociation. C'est vrai que, pendant plusieurs mois, les positions de l'UA ont pesé de façon implicite en faveur du guide libyen. Par exemple, lors du 17e sommet de l'Union Africaine qui s'est tenu à Malabo (Guinée Equatoriale), les chefs d'Etats africains se sont mis d'accord pour écarter le colonel Kadhafi du processus de négociation en Libye sans exiger son départ du pouvoir. Au-delà, il faut souligner que la posture adoptée par cette organisation sur la question libyenne s'explique par les relations étroites et parfois complexes que le colonel Kadhafi entretenait avec l'UA, ainsi que certains de ses Etats membres. Rappelons que le guide libyen était à la fois le père fondateur et le plus gros contributeur de l'Union africaine (il finançait à lui seul plus de 15% du budget de l'UA). Kadhafi a permis à l'Afrique de connaître une véritable révolution technologique, grâce au financement du premier satellite africain de communications. Cet outil a permis de relier l'ensemble du continent par téléphone, d'assurer la diffusion des programmes de télévision et de radiodiffusion, ainsi que plusieurs autres applications technologiques comme l'enseignement à distance sans oublier ses autres projets pour l'Afrique.

En effet, après l'échec de son projet de panarabisme et son isolement en occident, le colonel Kadhafi a fait de l'unification du continent africain l'une de ses priorités. Son rêve était de voir naître les Etats-Unis d'Afrique sur le modèle des Etats-Unis d'Amérique.

C'est seulement lors de l'Assemblée générale des Nations en septembre que l'UA a fini par reconnaître, du bout des lèvres, les nouvelles autorités libyennes incarnées par le Conseil national de transition (CNT). Le soulèvement libyen a révélé au grand jour l'incapacité de l'organisation continentale à prendre les mesures idoines en vue d'une gestion efficace des conflits qui éclatent sur le continent africain. Pis, elle a mis en exergue les discordes entre les Etats membres par rapport à la posture à adopter dans le cadre du traitement du dossier libyen.

B. La diplomatie unilatéraliste des Etats africains

Le véritable problème pour l'Union Africaine sur la question libyenne vient du fait que plusieurs de ses pays membres ont clairement affiché leur désaccord en reconnaissant la légitimité du CNT. Ainsi, c'est la Gambie, petit pays enclavé à l'intérieur du Sénégal, qui a donné le ton. Dès le 22 avril, par la voix du Secrétaire du gouvernement Ebrima Camara, Banjul reconnaît complètement le Conseil National de Transition comme seule autorité légitime pour représenter les intérêts et les affaires du peuple de Libye. Le 18 mai, le Sénégal reconnaît à son tour le CNT. Après avoir reçu une délégation du Conseil libyen à Dakar, le président Abdoulaye Wade décide d'entreprendre une visite officielle à Benghazi, alors fief de l'insurrection. Cette visite qui fit de lui le premier chef d'Etat étranger à se rendre dans la capitale de la rébellion libyenne ne fut pas du tout appréciée par l'Union Africaine. Nous ne pouvons pas occulter le comportement du Gabon, du Nigéria et de l'Afrique du Sud tous membres non permanents du CS, qui se traduit par le vote de la résolution 1973 du CS le 17 mars 2011 alors même que l'UA a émis sa désapprobation d'une telle intervention.

La crise libyenne a révélé le faible poids de l'UA sur l'échiquier international. Elle a par ailleurs permis de comprendre les divergences qui existent entre l'organisation africaine et nombre de ses Etats membres. Plus qu'une humiliation pour le continent et pour tout un peuple, c'est la responsabilité des leaders africains sur les questions relatives à la paix et à la sécurité qui a été pointée du doigt. Aujourd'hui, Le drapeau de la « nouvelle Libye » flotte aux Nations Unies et des pays comme l'Afrique du Sud et l'Algérie ont été obligés de faire volte face en reconnaissant le CNT.

Section II : les conséquences du conflit et perspectives de sortie de crise

Nous nous attèlerons ici à analyser les conséquences du conflit (Paragraphe I) et les défis pour une Libye pacifiée (Paragraphe II)

* 57 Amnesty International- Rapport 2009 P. 125-128

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