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Contribution des activités touristiques au développement territorial : une étude cas de la commune de Port-Salut.

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par Charly Camilien VICTOR
Universite d'Etat d'Haiti - Licence 2016
  

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Chapitre II

Planification du développement touristique à Port-Salut Section I : Situation actuelle de la planification touristique

Cadre institutionnel de la planification

Port-salut a été identifié en tant qu'un territoire prioritaire pour le développement du tourisme dans le DSNCRP186 de trois ans (2008-2011) dans le département du Sud devant servir de rampe au lancement de l'activité touristique nationale. Des travaux d'aménagements sectoriels des sites touristiques telles que la plage Pointe Sable étaient prévus. A ce moment, la plage Pointe Sable était déjà en cours d'aménagements financés par Taiwan dans le cadre de coopération bilatérale.

En ce qui a trait aux projets touristiques de la zone, l'un des institutions clé pouvant jouer un rôle dans la planification touristique à savoir une agence de développement local n'existe pas à Port-Salut. Parfois, des organismes non spécialisés et surtout d'origine internationale dont l'UNOPS s'occupent de certains projets que certains membres de la population jugent de « bidon »187. De plus, la participation de la population locale dans la planification des projets touristiques de la commune n'est pas tout à fait démontrable. Ses membres ne s'occupent en grande partie que des activités en rapport à l'assainissement.

En raison de la situation de la mairie de Port-Salut au moment de l'enquête en février 2016, avec en tête un maire nommé, l'intérêt ne se portait pas vraiment vers l'organisation touristique. Pour la plage, il y'a trop de conflits liés à sa gestion assurée par un staff plutôt informel188. Le bureau régional ne se penche pas vraiment sur la plage, alors que le Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales a réalisé des séminaires de formation sur la

186 DSNCRP.2007.Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté 2008-2010.Pour réussir le saut qualitatif : Chapitre : Pilier 1 : Les vecteurs de la croissance.

187 Information recueillie lors de l'entrevue avec le responsable de suivi et d'évaluation du bureau régional du MTIC.

188 Entrevue réalisée avec l'un des cadres du bureau régional du MTIC.

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conception de projets touristiques pour des employés de la mairie dans le but de gérer ces activités-là189.

L'état actuel de la planification du tourisme pose problème. Le peu de gens formés par le MICT ne sont pas autorisés à exercer leur fonction de planification et de contrôle des activités de la zone. A un point tel, aucun bureau ou unité spécifiquement lié au tourisme ne se trouve au sein de la mairie. De plus, l'ingénieur civil de la mairie n'est pas souvent consulté en ce qui a trait à la planification urbaine de la zone, les hôtels sont construits à tout endroit suivant la disponibilité du terrain. Entretemps, l'UNOPS exécute la majorité de projets de la zone sans contrôle et la plupart de ces projets ne sont jamais arrivés à terme190 . Ainsi, l'absence d'agence de développement dans la commune de Port-Salut est significative.

Population port-salvienne et planification touristique

Le tourisme n'est pas vraiment planifié de concert avec les membres de la population locale en raison du fait que tout se passe en dernier lieu par la mairie qui n'invite certaines couches de la population que dans des exercices d'entretien. Il n'existe aucune programmation établie. En période de fête uniquement, les agents de la mairie engagent des gens pour assurer un peu de gestion logistique sur la plage et pour capter des recettes ne bénéficiant qu'en tout dernier lieu aux partisans des maires. En outre, les différents projets qui viennent dans la zone émanent directement du MTIC. Même les gens du bureau régional ne jouent qu'un rôle de spectateur dans tout cela, déclare le responsable du suivi et de contrôle du bureau régional :

Il s'agit du « camouflage191 » à l'égard de la population, puisque son aspiration n'est pas vraiment respectée et que les décisions prises depuis le ministère à Port-au-Prince sont toujours appliquées sans prise en compte des recommandations locales. Même les gens qui travaillent au bureau régional du ministère ne participent pas à l'élaboration des projets touristiques, il n'y'a que présentation des projets aux gens. L'UNOPS réalise des projets surtout « bidons » dans la zone, c'est un organisme des nations unies. La plupart des projets

189 Entrevue réalisée avec le responsable des activités touristiques de la Mairie.

190 Entrevue avec le responsable de suivi et d'évaluation du MTIC dans le SUD.

191 Action de se moquer des gens ou affront par des manipulations avec des paroles qui font dormir.

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ne sont pas finalisés, il y'a souvent beaucoup de gaspillage et la population locale ne fait que jouer un rôle de spectateur. Il n' y'a pas vraiment d'interaction, parfois les gens de la population sont embauchés pour des petits emplois peu rémunérés et pour les grands postes, les dossiers (CV) des jeunes originaires de la zone qui sont qualifiés pour différents projets sont négligés au profit d'autres amis et proches du gouvernement192

Suivant l'enquête réalisée, 62.5%193 des enquêtés répondent à la négative à la question concernant la participation de la population locale dans la planification touristique de leur territoire. Le problème d'agence de développement local affilié au tourisme à Port-Salut représente un défi majeur pour la planification touristique. Questionnés sur l'apport nouveau constaté au niveau local dans le secteur touristique, les enquêtés hésitent à répondre puisqu'il ne s'agit jusqu'à date que de la construction d'infrastructures hôtelières privées. En réalité, la pratique du tourisme de masse est en vogue, ce qui nécessite l'utilisation de la planification en vue de préserver l'avenir du secteur.

De même, il importe de savoir qu'au niveau même du MTIC, l'élaboration des projets se fait de manière brusque puisqu'il peut s'agir d'une simple question de démonstration politique qui se réalise parfois même à l'insu de la chargée de projets194. Sous la pression du temps, des conditions sont généralement imposées par les bailleurs fixant de très court délai alors que le système étatique fonctionne avec beaucoup de lenteur. En ce qui a trait aux ressources humaines locales, elles ne sont pas utilisées en raison d'un jugement du manque de compétence de ces dernières, de la part des responsables du ministère. Ainsi nous confie, une chargée de projets du ministère :

Et pourquoi c'est l'UNOPS ?

« En raison du fait qu'il n'y a pas vraiment d'ingénieur résidant dans ces localités, faute de compétence locales, l'UNOPS qui se charge de créer des emplois exécute le plus souvent les projets en relation généralement avec un sous-traitant par rapport au fait que les agents d'UNOPS ont déjà des bureaux partout. Parfois, les gens se plaignent de l'avancement des

192 Information recueillie au bureau régional du ministère du tourisme et des industries créatives dans le Sud.

193 Voir la question 24 dans le tableau des resultats de l'enquête présentés au chapitre suivant

194 Information recueillie lors de l'entrevue réalisée avec une chargée de projet du MTIC en mars 2016

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travaux avec l'UNOPS. Cependant, il faut également avancer que le processus d'acheminement des projets est très lent puisqu'il convient de respecter les délais de décaissements».

Et les membres du bureau régional ?

Il y'a doute vraiment sur les compétences de ces derniers-là. C'est vrai qu'il y'a sur place un responsable de suivi et d'évaluation, cependant, il aurait fallu qu'il ait certaines documentations détenues au niveau du ministère concernant les projets afin de pouvoir procéder à ses travaux de suivi et d'évaluation pour lesquels il aurait fallu également certaines compétences.

Et la population locale dans tout ça ?

Il faut l'avouer. Il n'y'a pas eu vraiment de rencontre avec les gens de la population locale où sont destinés les projets mais c'est surtout la politique qui prime. De même, il aurait fallu avoir sur place des ingénieurs de projets. Parfois, les projets sont conçus comme je te l'ai dit sous pression, et rapidement sans une prise en compte de la réalité de la zone. Parfois, je suis appelée pour élaborer des projets dans un espace de temps court. Je conçois des projets uniquement pour répondre à la demande formulée sans une prise en compte de la population locale. Par exemple aux Cayes, j'ai monté un projet de construction d'un marché artisanal alors que les gens de la communauté avaient eu surtout besoin d'un abattoir à l'époque, ce qui a entrainé l'usage de ce marché à d'autres fins dont son utilisation comme abattoir. Il y'a surtout un problème d'implication des membres de la population locale lorsque les projets se réalisent. Le pire dans tout ça, en tant que chargée de projet du ministère, sans vous cacher, certains projets sont parfois montés sans me consulter.195

Tout cela confirme la critique adressée à l'approche projet liée au fait que les bailleurs ont souvent trop d'emprise. En dépit des éloges portés à l'endroit de la ministre du tourisme sous la présidence de Martelly, les gens ont constaté que peu de projets durant les quatre ans bénéficient à Port-Salut. Certains expliquent cela en fonction de la position politique du député

195 Entrevue réalisée avec la chargée de projet du ministère du tourisme et des industries créatives le 11/03/2016.

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de la zone, Sinal Bertrand, à l'époque puisque celui-ci était en opposition avec le gouvernement196.

Section II : Analyse sur les différents projets répertoriés

La plupart de ces projets qui vont être présentés se trouvent insérés dans le Plan Directeur du Tourisme de 2007 révisé pour le département du Sud. En ce sens, les projets de Port-Salut font partie de ce grand document en fiche résumée. Certains éléments de base concernant l'environnement social par exemple ne se trouvent pas directement dans ces fiches de projets analysées puisque l'objectif de développement défini concernait tout le département puisque c'était construit sur une base régionale et se centrait spécifiquement autour de l'option d'aménagement touristique.

Projet 1

Le ministère du tourisme en janvier 2008 a conçu un projet intitulé « projet d'aménagement de la plage publique de Pointe Sable » représentant surtout un lieu économique important pour le développement économique de Port-Salut et de toute la région en vue de rentabiliser la plage. Comme composantes, ce projet visait surtout l'implantation des services de base permettant d'améliorer l'image de Pointe Sable à partir des programmes suivants : 1-) l'aménagement d'aires de restauration et de dégustation ; 2-) l'aménagement des sanitaires publics (2 blocs) incluant des douches et des espaces de déshabillage ; 3-)l'aménagement des kiosques (7) pour vente de produits d'artisanat ; 4-)l'aménagement d'espaces sportifs (Basket-ball, volleyball) ;5-) l'aménagement de mobilier :ajoupas, bancs, lampadaires publics, poubelles, 6-) l'aménagement d'aires de stationnement pour véhicules, 7-) l'aménagement paysager de Pointe Sable.

Les objectifs consistaient à améliorer un lieu d'attraction, de tourisme, de loisirs balnéaires urbains pour le département du Sud, et faciliter l'accès aux services de la plage Pointe Sable. Il était question aussi d'obtenir certains résultats dont l'utilisation rationnelle et fonctionnelle

196 Information recueillie auprès de certains enquêtés dans la cadre de questions ouvertes et confirmée par un responsable du bureau régional du MTIC dans le Sud.

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des services de la plage, d'augmenter l'utilisation de la plage par la population locale, la diaspora, les visiteurs, les touristes haïtiens et étrangers, d'améliorer des infrastructures. Dans le projet, il était prévu surtout 18940000 gourdes pour sa réalisation avec un montant de 1500000 gourdes pour des kiosques d'artisanat.

De 2008 à nos jours, suivant le constat que nous avons fait sur la plage, il est possible de dire que ce projet ne fût pas conçu tel qu'il était souhaité. L'observation menée sur la plage a permis de révéler par rapport aux composantes du projet, qui selon la chargée du projet a été réalisé, certaines imperfections voire même des défauts dans la poursuite et le respect des objectifs visés. Ainsi, il n'a pas été trouvé des aires de restauration et de dégustation en bon état, ces espaces ne sont pas biens entretenus et des petits abris construits en bois et en tôle par les marchands sans aucun caractère esthétique servent de restauration.

De plus, sous les arbres là où en majorité des gens viennent pour déguster du homard, du poisson boucané, il y'avait çà et là des immondices, des canettes de boissons gazeuses. Une infime partie de ces restaurants présente un peu de structure respectant des conditions sanitaires. Les blocs sanitaires construits sur la plage sont en mauvais état, sales la plupart du temps, il faut prendre un sceau pour que les excréments soient acheminés vers les fosses septiques.

Il ne se trouve pas de porte dans les douches quand il faut se déshabiller sans rester nus à la vue du public. Il n'existe qu'un seul kiosque construit au lieu de 7 comme prévu dans le projet. Aucun espace sportif n'est disponible, même des traces n'ont pas été trouvées. Les poubelles ne sont pas nombreuses sur la plage. Il n'y a que des chaises appartenant aux différents marchands au bord des tables. Pour s'asseoir, il faut surtout consommer. Ainsi, des bancs et ajoupas prévus n'ont pas été identifiés sur la plage. Le paysage de la plage est en train de se dégrader du fait qu'il n'existe pas vraiment d'entretien. Aucun espace de stationnement n'a été identifié et respecté puisque les voitures sont garées sur le sable de la plage ainsi que les motocyclettes.

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Dans le document consulté, il y'a eu respect de certains points au niveau de la conception même si la prise en compte des utilités et des principaux bénéficiaires peut être mise en doute. Ainsi, dans la fiche résumée du projet, il est possible d'identifier le titre du projet, le contexte et la justification au niveau de la description, puis les objectifs et résultats escomptés, et les principaux bénéficiaires, le budget ou dépenses prévisionnelles parmi les éléments moteurs. Cependant, il n'est vu nulle part dans le document les partenaires envisagés ainsi que les modalités et les responsables de suivi et d'évaluation du projet.

Une remarque importante à faire, c'est que dans le document analysé, les activités sont présentées avant les objectifs et les resultats escomptés différemment de l'ordre normal des éléments moteurs. Les objectifs ne sont pas tout à fait spécifiés, précisés et quantifiés pour mieux comprendre la logique concernant les resultats espérés qui ne paraissent pas également trop indicatifs de leurs vrais effets.

Nous pouvons conclure que concernant l'exécution, il n'y'a pas eu d'évaluation à mi-parcours, d'évaluation intermédiaire, d'évaluation finale et d'évaluation d'impact. Comme nous l'a avancé la chargée de projet, le ministère ne s'occupe pas trop de la question d'évaluation surtout sur les lieux, il ne fait que décaisser des fonds au fur et à mesure de ce qui est rapporté de l'avancement des travaux. Voilà ce qu'elle a répondu au moment d'être questionnée sur la question de suivi et d'évaluation en ce qui a trait à ce projet :

En ce qui a trait aux projets concernant la plage, cela résulte surtout de la compétence des dirigeants locaux d'assurer sa gestion. Cela ne révèle pas de la tâche du ministère. Cependant, il faut aussi admettre qu'après décaissement qui s'exerce par séquence surtout et mise au point du projet depuis le bureau d'unités de programmation, le ministère ne se charge pas vraiment de la question de suivi et de réalisation, les membres du ministère ne vont pas sur les lieux pour inspecter si cela a été bien fait. Cependant, du ministère, des informations nous sont parvenues à partir du responsable et de la firme du projet sur l'avancement des travaux. Il n'y a pas de suivi sur les lieux vraiment. Concernant la plage, le ministère intervient en général

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en période de grandes festivités. Après la plage est presque abandonnée, en ce temps il aurait fallu que la mairie de la zone s'en occupe vraiment197.

Projet 2

Le ministère du tourisme au cours de janvier 2008 projetait la construction d'un centre artisanal d'application à Port-Salut en vue de valoriser les métiers de l'artisanat et de la production artisanale représentant surtout une activité très prisée selon le ministère par la population locale et pouvant constituer une attraction touristique de qualité. Ainsi, le savoir-faire local port-salvien qui est spécifique à la zone en vue d'augmenter les revenus locaux et donner regain au secteur économique aura été mis en valeur.

Cet aménagement d'un centre artisanal devrait s'étendre sur 650 m2 avec les composantes suivantes : a-) aménagement d'ateliers, b-) aménagements des salles d'exposition, c-) aménagements de sanitaires publics, d-) aménagements d'aires de restauration et de dégustation, e-) aménagement de kiosques (7) pour vente de produits d'artisanat, f-) jardins intérieurs et promenade. Il y'a eu pour objectifs de faciliter l'accès à l'artisanat de la région, d'améliorer le lieu d'attraction que constituait la plage Pointe Sable à Port-Salut pour le département du Sud. Ensuite, parmi des resultats espérés bien définis, il était visé : 1-) l'amélioration des infrastructures de services en vue d'augmenter la qualité des services fournis, 2-) l'utilisation rationnelle et fonctionnelle des services du centre artisanal d'application, 3-) la facilitation de l'utilisation du centre artisanal d'application par les populations locales ,la diaspora, les visiteurs et les touristes haïtiens ou étrangers. Il était prévu près de 7850000 gourdes pour le projet.

Ce projet devrait en quelque sorte conforter l'idée qu'à Port-Salut une certaine priorité est accordée à l'activité artisanale comme le mérite son surnom « ville de l'artisanat ».Cependant, en raison du problème de manque de continuité des initiatives dans l'Etat haïtien, ce projet a été mis de côté et non poursuivi par la ministre Stéphanie Balmir Villedrouin. Il y'a tout compte fait un problème à soulever en ce qui concerne l'intitulé du projet « construction d'un centre

197Entrevue réalisée avec la chargée de projet du ministère du tourisme et des industries créatives le 11/03/2016

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artisanal d'application » alors que dans les composantes, il s'agissait de préférence d'aménagement d'un centre artisanal.

Contrairement à l'ordre habituel des éléments moteurs, les activités sont présentées dans ce document bien avant la définition des objectifs et des resultats envisagés. La quantification des objectifs n'est pas prise en compte puisqu'il y manque de précision et de spécification. Nous dirions que, par comparaison au premier projet, qu'il s'agit juste d'un jeu de mot puisque des deux côtés, les mêmes mots « facilitation, amélioration, utilisation rationnelle » reviennent à tort et à travers sans pouvoir saisir des indicateurs clé et discriminants.

Le pire, c'est que les mêmes composantes de l'aménagement de plage étaient incluses or ces projets ont été conçus à la même période soit en 2008. Kiosque d'artisanat (1500000 gourdes) alors que le centre artisanal devrait coûter 7850000 gourdes. Questionnée à cet effet voilà ce que nous a répondu la chargée de projets du Ministère du Tourisme et des Industries Créatives :

Premièrement, il faut dire que le projet du centre d'artisanat a été prévu sous l'ancien ministre du tourisme, Delatour qui travaillait là-dessus. Cependant, la ministre actuelle ne met pas trop d'accent sur la poursuite de ce projet. A vrai dire, le projet n'a pas eu lieu sinon je l'aurais su. Sous ce gouvernement nous nous sommes orientés beaucoup plus vers gelée.

La ministre actuelle ne s'intéresse pas vraiment à l'évaluation des projets passés, les similarités constatées pouvaient être dues à des erreurs de l'équipe de l'ancien ministre. En réalité, cela peut être aussi dû à la question d'urgence lorsque des projets sont écrits, parfois, les principaux responsables du ministère appellent juste pour demander dans de laps de temps d'élaborer des projets et cela se fait habituellement sous pression. Ainsi, pourvu qu'il y'ait certitude que l'argent est disponible, des projets sont montés sans prendre en compte vraiment des besoins réels de la population198.

198 Entrevue réalisée avec la chargée de projet du ministère du tourisme et des industries créatives le 11/03/2016

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Sur le plan de la conception du projet des points moteurs ont été pris en compte. Dans la fiche résumée du projet, le titre du projet, le contexte et la justification au niveau de la description, puis les objectifs et resultats escomptés, les principaux bénéficiaires, le budget ou dépenses prévisionnelles parmi les éléments moteurs sont identifiés. Cependant, nulle part dans le document, les partenaires envisagés ainsi que les modalités et les responsables de suivi et d'évaluation du projet ne sont mentionnés.

Projet 3

Depuis 2009, le ministère du tourisme a conçu un projet assez ambitieux intitulé « le plan d'aménagement et d'extension de la commune de Port-Salut. Le projet de construction de la route entre Port-Salut et Port-à-Piment avec l'apport financier et technique de la Chine visait dans le long terme le développement touristique et économique de Port-Salut. Il a été constaté que la construction de cette route a déclenché une vague d'achats de terrains et de construction de résidences secondaires. Il s'agissait bien d'un étalement informel d'une urbanisation le long de cette infrastructure199.

Pour la mise en oeuvre du plan contenant des programmes et projets, une série d'axes stratégiques était visée : Axe stratégique 1 : Requalifier et renforcer le littoral de Port Salut à Carpentier b) Axe stratégique 2 : Renforcer et améliorer le cadre de vie du centre de Port Salut

c) Axe stratégique 3 : Améliorer les centres des petits quartiers et localités autour de Port Salut

d) Axe stratégique 4 : Hiérarchiser le réseau routier existant e) Axe stratégique 5 : Hiérarchiser et protéger les espaces de réseau pour piétons f) Axe stratégique 6 : Préserver les paysages et les espaces naturels de la zone d'extension g) Axe stratégique 7 : Préserver les espaces agricoles de la région de Port Salut h) Axe stratégique 8 : Préserver les espaces ruraux résiduels).

Dans ce plan d'aménagement, les éléments de base du projet, c'est-à-dire l'introduction, le contexte et la justification sont identifiés, ce qui permet d'avoir une certaine idée globale.

199 Ministère du Tourisme, Plan Directeur du Tourisme.29 aout 2009.Le plan d'aménagement et d'extension de la commune de Port-Salut.

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Cependant, étant un document-projet, il n'y'a pas de fiche technique qui aidera à identifier les éléments moteurs de manière claire et précise à savoir : a-) les objectifs spécifiques, b-) les résultats escomptés, c-) les activités à entreprendre ; d-) les principaux bénéficiaires ; e-) les partenaires envisagés f-) les budgets ; et g-) l'échéance ne sont pas mis au clair. S'il est vrai qu'il y'a des stratégies définies à travers les différents axes présentés ci-dessus, il y manque de l'ordre formel dans la présentation du document. D'autant plus, il ne s'agit nulle part de mention des activités de suivi et d'évaluation des projets.

Ce projet-là n'a pas été poursuivi tel quel par la ministre Stéphanie B. Villedrouin. Tout compte fait à travers le programme stratégique RIAT (Régions Intégrées d'Aménagement Touristique) mis sur pied pour le département, il y'a certains aspects de ce document qui ont été pris en compte. Jusqu'à présent, la commune de Port-Salut n'est pas encore touchée suivant ce que nous a confié un responsable du bureau régional : « A Port-salut, le ministère n'a pas vraiment planifié avec les gens de Port-Salut, il n'y a pas vraiment eu de projets pour la zone sous ce gouvernement. Cependant, avec le RIAT pour le Sud dans les jours à venir, il y'aura certains projets».

Projet 4

Dans le cadre de l'étude de faisabilité et de planification pour la restauration de la plage de Port-Salut200 sous l'impulsion de l'UNOPS et de l'UNEP auxquels le marché a été attribué, le GENIE CONSEIL (sous-traitant), CREOCEAN (mandataire) en mars 2015 avec comme comité technique et d'évaluation du ministère du tourisme, la BID, le CIAT, etc. des activités ou solutions ont été proposées et prévues suite aux problèmes identifiés à partir du diagnostic. Ces dernières devraient prendre fin en septembre 2015.

Dans ce document, le diagnostic était posé afin d'identifier les atouts, la situation de l'érosion sur la plage, l'impact naturel en prenant en compte l'état des activités anthropiques. La synthèse tirée a été ainsi présentée :

200 Ministère du Tourisme.2015. Plan pré-opérationnel pour la restauration de la plage de Port-Salut : Etude de faisabilité et planification pour la restauration.

107

Avant 2004: relatif équilibre sédimentaire

Entre 2004 et 2007: succession de houles cycloniques exceptionnelles

Après 2007, la plage fragilisée n'a plus été en mesure de résister aux « agressions habituelles » des vagues et des impacts anthropiques

Érosion continue

Aujourd'hui: plage fragilisée, le haut de plage, les zones végétalisées, la route, etc... sont exposées aux coups de mer « habituels »

Un bilan était présenté. Par la suite, des solutions envisageables ont été proposées à savoir rechargement de plage, rechargement de sable, mettre au point un brise-lame, mise au point d'épis201, d'exutoires, de gérer les eaux usées. Il était prévu au final une certaine gouvernance pour la plage (la Mairie demeure l'élément central qui doit être considérée comme le moteur : déclenchement des comités techniques et de pilotages emplois induits => ramassage des déchets - garde - entretien).Il y'a eu comme objectif le zonage du plan de gestion, avec mise en place de signalétique, et sensibilisation de la population, la revégétalisation de la plage avec des raisins de plage, cerises marines, palmiers.

Enfin, un plan de gestion de déchets a été prévu (mise en place de points de collecte des déchets sur le plan communal, mise en place d'une signalisation et de plans de collecte communale, etc. sensibilisation de la population ,éducation et implication des acteurs locaux par la Mairie).

Étant donné qu'il s'agit d'une étude de faisabilité, certains éléments de base dont le contexte et les objectifs ont été présentés. Certains éléments moteurs, les objectifs spécifiques, les résultats escomptés, les budgets ne sont mentionnés à aucun endroit, sauf que les différentes solutions proposées pourraient s'assimiler aux activités à mener.

Cependant, ce plan pré-opérationnel qui devra prendre fin en septembre 2015 n'a pas pu être achevé et de plus jusqu'à présent, la majeure partie des solutions proposées n'ont pas été

201 Terme d'architecture, assemblage de charpentes dont la disposition rappelle la forme d'un épi.

adoptées. Depuis Mars 2015, le marché a été attribué à UNOPS/UNEP. La plage n'a pas été encore restaurée au moment de notre visite. Aucun brise-lame, aucun épi, aucune gestion des eaux usées, aucun entretien, aucune signalétique, aucune revégétalisation de la plage, aucune cerise marine et palmier n'ont été observés. Les déchets ne sont pas encore gérés. Questionnée à ce point, en raison des critiques adressées par certains gens de la population locale à l'endroit d'UNOPS précisément, la chargée du projet nous a ainsi répondu :

Le projet avec UNOPS, qui devait terminer en septembre fait face au même problème mentionné avant, il y'a tellement de longs délais de décaissements au niveau de l'Etat Haïtien, ça n'a pas pu être respecté. Du temps n'est pas laissé au ministère au niveau de l'Unité d'Etudes et de Programmation pour planifier puisque les projets sont surtout conçus sous l'impulsion des ONG qui s'empressent souvent de donner de brefs délais. Le bailleur de son côté fait toujours pression (....) .... Parfois, les gens se plaignent de l'avancement des travaux avec l'UNOPS, cependant il faut également avancer que le processus d'acheminement des projets est très lent ainsi que les décaissements de fonds. Parfois, l'argent n'est pas donné à temps à UNOPS afin de respecter certains délais202.

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202 Information recueillie lors d'une entrevue réalisée avec une chargée de projet du MTIC.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984