WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Réflexion sur le processus de démocratisation en Afrique. Cas de la république démocratique du Congo.

( Télécharger le fichier original )
par Christophe Zamba Mungongo
Université libre De Kinshasa - Licence en droit public 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SECTION II : LA DEMOCRATIE OCCIDENTALE A L'EPREUVE DES REALITES AFRICAINES

En effet, face aux carences constatées dans le fonctionnement des institutions politiques héritées de la colonisation sur le continent africain et dans notre propre pays, nous interpellent et nous invitent à apporter les matériaux nécessaires pour la construction d'une véritable démocratie africaine moderne susceptible d'assurer la paix et le progrès de nos sociétés.53(*) Au moment où notre peuple, après une longue période de transition, de guerre de libération et de guerre d'agression qui se poursuit encore malgré les élections organisées aspire encore et toujours à la vraie démocratie susceptible d'engendrer la paix véritable, nous avons cru utile de tourner notre regard vers la tradition démocratique africaine. Peut être y trouverons-nous des enseignements utiles qui puissent nous aider à bâtir une démocratie enracinée dans notre culture et à garantir une paix durable.

Notre modeste contribution dans cette section, consistera à dégager les caractéristiques essentielles du fonctionnement de la démocratie dans les sociétés traditionnelles africaines et à proposer, dans le cadre de nouvelles institutions politiques (modernes) quelques pistes en relation avec le processus de démocratisation en RDC.

§1. LA DEMOCRATIE DANS LA TRADITION AFRICAINE

Lorsqu'on aborde la question de la démocratie en relation avec la tradition africaine, il convient d'éviter toute confusion entre ces deux concepts et les régimes politiques africains post coloniaux. Ceux-ci ne reflètent ni la tradition africaine, ni la démocratie tout court. Ils sont et demeurent de simples stratégies de confiscation de la souveraineté populaire, à l'exception de quelques cas rares et récents.

En effet, les régimes politiques post coloniaux, à partis uniques, ont littéralement vidé la tradition démocratique africaine de sa substance.Il importe donc de réhabiliter les valeurs traditionnelles de démocratie si nous voulons bâtir des régimes politiques vraiment démocratiques et vraiment africains.

Car, depuis les indépendances jusqu'à nos jours, note Yves-Emmanuel Dogbe, le pouvoir personnel et la dictature ont été de gros obstacles à la relance du développement de l'Afrique.

Comme l'esclavage et comme la colonisation, l'autocratie en Afrique et, partout ailleurs a pour fondement l'intérêt. L'intérêt d'une personne et l'intérêt d'une minorité au détriment de celui de l'ensemble de la communauté « Dogbe, 1983» mais que signifie la tradition dans le contexte africain ?

1. LA TRADITION

Le philosophe camerounais Fabien EboussiBoulaga en déduit cette définition de la tradition : « Un être-ensemble et un avoir-en-commun qui appellent à une destinée commune par un agir-ensemble ».

D'après I.A. Akinjogben, la tradition ne présente rien d'autre que les modalités d'interaction sociale admises par une communauté donnée à un moment donné en fonction de sa conception du monde et de ses expériences historiques ; modalités qui lui fournissent un grand nombre de possibilités, parmi lesquelles le système de valeurs choisi, jugé particulièrement utile.

Il s'en suit que la tradition n'est pas statique.54(*) La tradition incarne le patrimoine culturel de l'Afrique : les langues, les religions, les systèmes de pensée, les littératures, les institutions sociales et politiques.

L'étude des régimes politiques africains révèle que la tradition politique en Afrique n'était pas homogène, qu'elle était riche et variée. Elle montre, certes, qu'il y a eu en Afrique noire d'hier, comme ailleurs au monde, des régimes tyranniques ou despotiques.

On ne peut pas opposer la démocratie occidentale à la démocratie africaine. Chacune à ses réalités :

La démocratie africaine, les idéologies politiques africaines ont, en commun leur conception du pouvoir : (le pouvoir ne se partage pas), le chef qui incarne toutes les figures collectives aurait conformément à la tradition dite africaine droit aux honneurs, au culte de la personnalité, jamais, il ne serait contesté ; bref, le pluralisme ou le partage du pouvoir serait selon les propos termes de L.S. Senghor « un monstre ».

Les présidents autoritaires ont pu se réclamer d'un proverbe vraisemblablement apocryphe, selon lequel « il ne peut y avoir deux crocodiles mâles dans un même marigot », pour affirmer leur suprématie personnelle au sein de régimes de parti unique.

Certains d'entre eux - Tombalbaye au Tchad, Eyadema au Togo, Mobutu au Zaïre - ont même nourri des projets totalitaires en s'efforçant de constituer une société « holiste » à partir de sociétés éminemment « individualistes » - quoi qu'on en dise - au nom du retour à l'« authenticité », et en imposant des rituels néo-traditionnels.55(*)

Alors que, la démocratie occidentale réside dans la prise en compte de plusieurs éléments, à savoir : l'application de l'état de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits fondamentaux de l'homme. Le pouvoir n'a pas d'autres légitimités, en démocratie, que l'expression du peuple souverain par la voie des urnes et l'alternance du pouvoir.

Toutefois, l'étude ces mêmes régimes africains révèle aussi qu'il y a eu dans cette même Afrique des régimes démocratiques ou des pratiques démocratiques remarquables. Parmi ces pratiques, il ya lieu pour paraphraser A.S. Adane, la prise d'une décision importante par la pratique de la palabre avant d'entreprendre une action intéressant tout le peuple.

La palabre africaine consiste en des débats contradictoires et libres où chaque personne avait droit à la parole pour exprimer sans contrainte sa pensée, son opinion, ses arguments. Ces palabres mettent en évidence l'existence de l'esprit critique; montrent ainsi qu'il n'y avait pas de déterminisme social et absolu.

Pour tout dire, les régimes autocratiques africains postcoloniaux n'ont pas cherché à puiser dans la riche tradition africaine les valeurs positives et démocratiques susceptibles d'imprimer un véritable élan à nos sociétés. De ce fait, ces valeurs n'ont pas été intégrées dans le fonctionnement des structures de nos Etats modernes. Par contre, à leur place, ils ont préféré substituer des antivaleurs.

Certes, les dirigeants africains ont parfois eu recours aux chefs traditionnels qui sont considérés comme nos véritables banques de données pour nos valeurs traditionnelles et démocratiques, mais ce n'est pas pour y puiser la sagesse, c'est tout simplement pour légitimer leur pouvoir dictatorial.

D'autres hommes politiques par contre, ont eu recours à la tradition pour mettre en oeuvre des processus de démantèlement des pouvoirs autoritaires et de passage à la démocratie, par exemple en organisant des conférences nationales en 1990 sur le mode de la « palabre » et en utilisant à leur tour des rites néo traditionnels de « purification » pour promouvoir la « réconciliation ».

De ce qui précède, quelles sont les valeurs démocratiques que nos traditions ont jalousement conservés et constamment adoptées et réajustées ? Elles ne sont pas très différentes des valeurs qu'on raconte dans une démocratie digne de ce nom.

En effet, nous pouvons relever :

1. Le droit à la vie : à l'exception des criminels et bandits, les chefs traditionnels africains avaient un respect sacré de la vie des membres de leurs communautés respectives ;

2. Le droit au travail : chacun devrait travailler pour apporter sa contribution. C'est ainsi d'ailleurs que les enfants étaient intégrés très tôt (5 à 6ans) dans le circuit de la création et de la production. Le phénomène de parasitisme social observé dans nos villes est quasi inexistant dans nos villages.

3. Le droit à fonder une famille : nous ne nous étendrons pas sur ce point ; car comme on le sait, un célibataire n'a pas de statut envieux dans nos communautés traditionnelles. L'africain aime la vie et il la reproduit ! et par conséquent, il honore celui ou celle qui la transmet.

4. Le droit de participation à la vie économique, culturelle et politique de la communauté : ce droit plus que les autres permet à l'africain de se sentir un membre à part entière d'une communauté, d'un corps social. Il jouit de ce droit de plusieurs façons en exécutant des pas de danse, en prenant parole démocratiquement au cours des palabres qui décident de l'avenir et du bien être de la communauté ;

5. Le droit de penser et d'avoir une opinion personnelle (même différente de celle des autres) et de l'exprimer librement : le consensus social n'a jamais été un unanimisme irréfléchi, c'est toujours l'aboutissement, la conclusion heureux d'un débat souvent très animé autour de l'arbre à palabre. La palabre est un élément très important de la démocratie africaine. Ceux qui la tournent en dérision se trompent. En effet, ne voit-on pas dans les parlements européens et nord américains des discussions qui durent des nuits et des journées entières lorsqu'il s'agit des problèmes vitaux pour leurs sociétés ? avec cette différence, qu'autour de l'arbre à palabre africain, on ne s'insulte pas, on ne se montre pas de poings et on ne se tient pas au collet de la veste ou de la chemise, comme cela arrive souvent dans les parlements européens et nord américains ;

6. Le droit d'entreprendre, d'inventer. L'africain dans sa communauté a toujours été libre d'entreprendre. Ceci explique la richesse de notre artisanat, de notre littérature orale, de nos créations matérielles et spirituelles ;

7. Le droit de circuler librement sur le territoire de la communauté et sur les territoires des communautés voisines sans qu'on soit inquiété de la présence d'un agent de l'ordre inquisiteur ou rançonneur !

Ces valeurs et droits n'ont jamais été mis en question, ils étaient des pratiques tout à fait normales ; car l'esprit de la démocratie s'est toujours imposé sans ambiguïté dans nos sociétés traditionnelles. Il en est de même du pouvoir politique ; il est partagé et exercé par l'ensemble des membres de la communauté car la survie du groupe en dépend.56(*)

* 53Sabakinukivilu, Op. cit., p. 11.

* 54Sabakinukivilu, Op. cit. p16.

* 55Philippe de Lara, « Anthropologie du totalitarisme. Lectures de Vincent Descombes et Louis Dumont », Annales HSS, vol. 63, n° 2, mars-avril 2008, pp. 353-354.

* 56Sabakinukivilu, Op. cit., p. 17.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King