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Réflexion sur le processus de démocratisation en Afrique. Cas de la république démocratique du Congo.

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par Christophe Zamba Mungongo
Université libre De Kinshasa - Licence en droit public 2012
  

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B. De la prolifération des partis politiques

Depuis le déclenchement du processus de démocratisation, l'espace politique est extraordinairement envahi par une multitude des partis politiques.

Près de 500 partis politiques se sont déjà affichés jusqu'à ce jour sans pour autant parvenir à rasséréner l'environnement politiques toujours en proie à la pollution, l'explosion du multipartisme ainsi observée témoigne, certes, de la vitalité démocratique d'un pays où l'expression politique est demeurée longtemps muselée. Mais, la multiplication à l'infini des partis politiques ne semble pas constituer une chance pour la démocratie.

Au ministère de l'intérieur, on a également révélé que beaucoup de dossiers déposés par les partis politiques sont rarement complets. Ils ne comportent pas souvent divers éléments exigés à l'article 5 de la loi71(*) portant organisation et fonctionnement des partis politiques en RDC72(*). A vrai dire, cette loi est ignorée par beaucoup de partis politiques. Et si on l'évoque, c'est à peine pour couvrir des irrégularités appliquées d'une manière sélective.

Enfin, le multipartisme est donc une condition sine qua non à l'avancement de la démocratie, mais n'est pas une garantie pour la démocratie. C'est ce qui amène Ben Yahmed à estimer que « le multipartisme n'est pas la démocratie, tant s'en faut. Il est à la démocratie ce que le sel est à la cuisine : un ingrédient nécessaire et dont au surplus, il est facile d'abuser73(*) ».

C. Déficit de démocratie interne

Le système partisan au Congo est en déficit profond en termes de règles et pratiques de démocratie interne, lesquelles comprennent la tolérance dans les discussions, l'aptitude d'écoute mutuelle des différents membres prenant part aux délibérations, l'aptitude du parti à organiser des élections régulières pour pourvoir aux différents postes jugés utiles pour son fonctionnement, et pour la sélection des personnes pouvant représenter le parti au niveau des institutions de l'Etat ou pouvant présenter des candidatures aux postes électifs.

La volonté d'alternance n'est pas le propre des chefs de partis en République Démocratique du Congo. Fondateurs ou co-fondateurs se comportent tous, vis-à-vis du parti, comme propriétaires d'un bien personnel, familial ou ethnique, qu'ils ne tiennent pas à céder à d'autres mains « peu sûres » ou « étrangères ».

La peur de tenir des réunions inclusives sur des questions importantes est en plus suscitée par des nombreuses dissensions qui surviennent dans les partis, pour des raisons d'opinions divergentes concernant une question donnée ou encore de gestion du personnel ou des finances du parti.

Ces querelles aboutissent souvent à des exclusions des membres voire à des scissions du parti donnant lieu à des ailes concurrentes. Au PPRD, le secrétaire général Vital Kamerhe a été écarté en mars 2009 des fonctions de président de l'Assemblée nationale par son parti politique pour avoir exprimé une opinion contraire à celle du président de la République, chef du parti, concernant les opérations militaires conjointement menées par les forces armées rwandaises et congolaises dans la province du Nord Kivu.

A l'intérieur du MLC, les dissensions, démissions et exclusions sont nombreuses, généralement dues à une attitude d'intolérance, ou à des allégations de carence de fidélité à la politique du parti. Le député Yves Kisombe a été radié du parti pour s'être démarqué de la ligne de conduite du parti à l'occasion du vote d'une motion initiée contre le député MuandaNsemi, un allié du MLC.

Selon M. Ambana, le Ministre José Endundo a été exclu du parti parce qu'il aurait détourné des fonds destinés à la réhabilitation de l'avenue Kasa-Vubu dans son tronçon compris entre le Boulevard du 30 Juin et Kintambo Magasin, alors ministre des infrastructures.

Cette pratique ne cadrerait pas avec les valeurs républicaines défendues par le MLC. Quant à Olivier Kamitatu, « le parti l'a radié pour trahison : il voulait que Jean-Pierre Bemba et Joseph Kabila soient à la remorque de Louis Michel », alors ministre belge des Affaires étrangères.

Durant les mois, de mai à juin 2008, le PALU a traversé des moments de sérieuses turbulences politiques internes : Godefroid Mayobo, alors Ministre délégué auprès du Premier Ministre, a été accusé de trahir les intérêts du parti, plus exactement de vouloir créer des « structures concurrentes au parti », et devait donc être déchu de ses fonctions de Secrétaire général du parti et de ministre.

Le Comité Exécutif National qui exige son exclusion est opposé à l'opinion exprimée par le chef du parti, Antoine Gizenga. Une décision d'autorité de ce dernier a permis au membre du parti contesté de conserver son poste de ministre et sa qualité de membre du parti.

L'UDPS a une longue histoire de démissions et d'exclusions, dues à un climat permanent d'intolérance et de sacralisation du statut de Monsieur Etienne Tshisekedi à la tête du parti. Le Dr Phongo, Secrétaire Général du parti pendant de longues années, a été accusé de trahison contre le chef du parti et écarté sans ménagement après avoir été lynché par les « combattants » du parti.

Mme Eve Bazaiba, une dirigeante populaire au sein des militants de base de Kinshasa, a dû rejoindre l'Union pour la Nation, plateforme politique formée autour de l'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, après s'être mise en contradiction avec la position du parti concernant la participation aux élections de 2006.

Les disputes qui tendent à mettre à l'écart des personnalités importantes comme Rémy Massamba, ancien Secrétaire Général du parti, et Valentin Mubake, ancien président du Comité national, ou encore Monsieur Beltchika, témoignent de malaises sérieux encore persistants au sein de cette formation politique.

Les dirigeants de ce parti s'en défendent et maintiennent que « l'UDPS ne chasse pas les membres. Mais lorsqu'un membre se sent incapable de respecter rigoureusement les principes et valeurs défendus par le parti, il est libre de s'en aller. C'est le cas de Me Mukendi, ancien conseiller de Tshisekedi qui a détourné l'argent de la vente des cartes de membres et les fonds lui alloués pour l'organisation du congrès national. Monsieur Beltchika par exemple a violé les statuts du parti en s'autoproclamant président de l'UDPS. L'UDPS combat les antivaleurs, toute personne qui ne marche pas suivant les idéaux du parti est libre de partir ».

En somme, la raison majeure du manque de tenues de congrès, des dislocations des partis et des exclusions de membres, est l'absence de démocratie à l'intérieur des formations politiques congolaises.74(*)

Avec cette carence, il se trouve que « les partis politiques réputés d'envergure nationale sont personnalisés et leurs leaders déifiés et sacralisés par l'imagination collective des fanatiques ».

A l'approche des élections de 2006, les chefs de partis ont estimé, comme allant de soi, devoir être candidats même si certains de leurs membres étaient mieux positionnés qu'eux. Ils se sont placés sur la courte ou même trop longue liste des candidats, parfois à plusieurs postes à la fois, par exemple, comme candidat Député national et candidat Sénateur.

A titre illustratif, Pierre PayPay et Jean-Pierre Bemba se sont présentés candidats à la fois aux élections présidentielles et aux élections législatives. Et c'est aux chefs de partis seuls qu'il revenait de confectionner la liste des candidats aux élections, et de proposer des noms pour nomination, selon les intérêts ou le sentiment du chef, créant ainsi des frustrations énormes au sein du parti.75(*)

Dans une terrible perversion, on a même connu des chefs de partis qui ont présenté des candidats fictifs sur leurs listes de personnes proposées à l'élection ou à la nomination. Le cas d'un certain Ilunga, présenté par l'Union des Fédéralistes et Républicains Indépendants (UFERI) de Monsieur KisimbaNgoyi pour nomination au poste de Ministre, est sans doute celui qui a été le plus saillant et le plus étonnant aux yeux du public.

* 71Article 5 de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques.

* 72Modeste MutingaMutuishayi, RDC à l'aube de la 3ème république : démocratie ou démocrature ?, Bruxelles, Espace-Afrique éditions, 2005, p. 25.

* 73Jeune Afrique, n°1556, du 24 au 30 octobre 1990.

* 74 N'Saka wa N'Saka, Jena, « Les grands partis dans la zone de turbulences », dans Le Phare, 30 décembre 2009. L'auteur de l'article décrit la vie interne des partis politiques congolais les plus en vie : le PPRD, l'UDPS, le PALU, le MLC, le RCD, et autres, tous minés par des crises internes attestatrices de manque de démocratie.

* 75C'est visiblement dans le souci de faire émerger la culture démocratique au sein des partis politiques et du parlement que le Professeur Boshab, Président de l'Assemblée Nationale, a organisé une journée entière, pour les Députés et les Sénateurs, le 30 novembre 2009. Cette Séance Académique a été focalisée sur le thème : Démocratie et Tolérance en Politique. En plus de Monsieur Justin Koumba, Président de l'Assemblée Nationale de la République du Congo, trois enseignants d'université ont été invités à présenter des exposés sur la culture de la tolérance politique : le Professeur AkeleAdau, le Professeur Jean-Chrétien Ekambo, et le Professeur Ngoma-Binda.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus