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Réflexion sur le processus de démocratisation en Afrique. Cas de la république démocratique du Congo.

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par Christophe Zamba Mungongo
Université libre De Kinshasa - Licence en droit public 2012
  

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Section III : Suggestions et propositions

Nous avons démontré à travers cette deuxième partie du travail, l'apport de l'état de droit à la consolidation de la démocratie en RDC. Nous avons aussi dégagé tout au long de ce chapitre, le contexte et les paramètres de la bonne gouvernance, les limites du concept ainsi que son impact au processus démocratique. Les paramètres ou les exigences qui ressortent le plus sont certainement la participation ; la responsabilité et l'équité95(*). Il nous revient néanmoins, dans cette section, de proposer des pistes de solutions pouvant permettre au processus démocratique de sortir de son gouffre du cercle infernal.

§1. Construire la cité démocratique au-delà de l'ethnie

Après les années 50 et 60, années des indépendances, les années 90 de la perestroika, du discours de la baule et des conférences nationales, l'Afrique est restée démocratiquement malade, malade de ses choix et de ses exigences. Faute d'avoir des nations dignes de ce nom, nous n'avons pas pu choisir des nationalistes pour être restés attachés à nos tribus, nous avons choisis des tribalistes96(*).

Nous aimerions attirer l'attention du lecteur sur le fait que le présent paragraphe ne traite ni de l'histoire, moins encore de la sociologie politique. Il s'agit plutôt d'une réflexion sur un phénomène qui est à la base de nombreux conflits et guerres civiles (et conséquemment de nombreuses violations des droits de l'homme) en RDC : l'instrumentalisation politique des identités ethniques et son interférence dans le processus de démocratisation. Cette instrumentalisation dérive le plus souvent vers l'ethnicisme ou le tribalisme.

Le tribalisme apparait sous différentes facettes et dans presque tous les secteurs de la vie nationale ; nous avons voulu l'aborder ici, sous un angle particulier : son utilisation comme moyen d'accéder ou de conserver le pouvoir politique et donc, un blocage au processus démocratique97(*).

La cité démocratique est l'élément le plus saillant du rêve humain de réaliser l'Etat le meilleur ; elle est une exigence à la fois rationnelle et éthique. Son érection nécessite la mise en oeuvre d'une gouvernance fondée sur l'effort permanent de reconnaissance du droit à l'égalité humaine et interethnique, sur la répartition équitable des richesses, sur la pleine participation des citoyens à la prise des décisions sur la gestion de la cité.

L'érection d'une cité démocratique est à la fois une exigence morale et une nécessité pratique de bonne gouvernance politique.

Dans la situation concrète de notre société, elle exige une double opération fondamentale : primo, le passage de l'esprit ethnocentriste à la culture nationaliste ; secundo, l'instauration d'une culture de gestion politique résolument fondée sur le principe éthique de justice.

Je comprends ce passage dans le sens de l'exigence, pour le citoyen, comme pour l'ensemble du peuple, de se départir de l'ethnicisme comme mal, pour se construire dans l'esprit et dans les normes d'action, une conscience aiguë de ses responsabilités vis-à-vis de la nation.

C'est une exigence d'ouverture d'esprit et de conscience, une demande civique impérative de passage d'un Etat, jugé sauvage, à un autre Etat estimé digne et civilisé, focalisé sur l'ouverture nationaliste, sur le nationalisme comme vertu d'amour de la nation érigée en valeur supérieure et souveraine, en deçà de laquelle il n'y a pour le citoyen, ni possibilité de dignité ni de vie véritable.98(*)

L'ethnicité est une décharge émotionnelle primaire qui se manifeste par un ensemble d'attitudes, d'actions et de pensées focalisées, de manière exclusiviste, sur sa propre ethnie au détriment des autres.

Investi de sentimentalité exaltante gonflée de chauvinisme sinon de fanatisme, le fait ethnique, l'ethnicité devient idéologique, ethnicisme, tout comme la reconnaissance exaltée et instrumentalisée de la tribu mue se transforme en se dégradant en tribalisme.

D'aucun estime même que (et ce de l'avis de melchior Mbonimpa), l'homme africain est par essence tribal, le mode d'occupation du territoire africain est tribal, même dans les villes ! De même, où qu'il se trouve, c'est à la manière tribale que l'africain gère les relations avec ses semblables99(*).

La caractéristique majeure de l'ethnicisme est la manifestation d'attitudes, de réactions et de comportements primaires. Quiconque est pénétré, parfois sans le savoir, par le venin ethniciste, et sans vouloir s'en débarrasser est tout instinctivement porté à ne voir que ses frères ethniques ou, tout au plus, ses camarades d'école, d'université, de secondaire et surtout de primaire, comme le seul monde de confiance et de sécurité sans faille.

Comme le tribalisme, l'ethnicisme est une réponse primaire à la compétition de la vie. Attitude d'esprit de recours inconditionnel à la confrérie ethnique, l'ethnicisme prive l'individu de toute capacité de transcendance et d'accès au-delà de la surface des réalités. Il est vide de profondeur, dépourvu de maturité et dénué de capacité de réflexion. Quiconque est noyé dans le fleuve de la sentimentalité ethniciste devient, fatalement un naufragé de la déraison.

Il ternit en lui le soleil de la raison lumineuse, en dessèche la source de toute générosité, déforme irrémédiablement le jugement, construit parmi les humains et les ethnies des couloirs d'exclusion étanche, et fait déferler sur la société des flots géants de conflits et d'inter-destructions permanents.100(*)

Pour le cas de la RDC, le comble est l'absence de couloirs idéologiques sur la scène politique nationale qui fait naître et exacerber le phénomène d'ethnicité comme mobilisation des solidarités ethniques se posant en forces semi-ouvertes de compétition voire de rivalité sociale, culturelle et politique entre les ethnies.

1. Le contrôle effectif du processus démocratique par la population

La vraie démocratie doit être comprise comme l'effort perpétuel des gouvernés contre les abus du pouvoir. (Philosophat Saint-Augustin, le congo-Zaïre dans tous ses Etats : bilan et perspectives, Kinshasa, PA, 2001), De cet avis, la population congolaise est loin d'appréhender et de pratiquer cette notion.

Face à une société civile préoccupée de plus en plus, comme les politiciens, par des luttes d'influence et des querelles de positionnement, alors qu'elle est censée défendre ses intérêts, le peuple congolais n'a jamais manqué de s'exprimer par les voies qui lui sont propres bien entendu, par sa participation toujours massive aux journées villes mortes et autres manifestations pacifiques organisées souvent par les organisations politiques, voire associatives101(*).

Toutes ces réactions de la population, ce sont des indications qui doivent encore aujourd'hui montrer que la population congolaise a toujours détenu une grande capacité de réactions lorsqu'il se rend réellement compte que la gestion de la « Respuplica » n'est pas confiée entre des bonnes mains.

Face par exemple au tribalisme et au régionalisme souvent prônés par le régime en place pour freiner toute ouverture politique dans le pays et renforcer le pouvoir autoritaire, le peuple est tout à fait conscient que ces genres des pratiques discriminatoires ne font que créer la division entre congolais et ne peut pas favoriser le développement, mais il ne réagit pas.

C'est pourquoi nous poussons un cri d'alarme au peuple congolais en lui informant qu'il doit être le seul maître de son destin s'il veut vraiment construire un Etat démocratique.

* 95MabialaMantuba-ngoma, Op. cit.,p. 85.

* 96Cyriaque-Magloire Mongo Dzon, Relever les défis électoraux en Afrique, Paris, l'Harmattan, 2009, p. 9.

* 97Sébastien Kayembe -N'kokeshA, Le défi de l'ethno-démocratie, ethnies, tribalisme et démocratisation au Congo, Kinshasa, Observatoire, 2000, p. 8.

* 98 P. NgomaBinda, Une démocratie libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique, Op. cit., p. 238.

* 99Melchior Mbonimpa, Ethnicité et démocratie en Afrique, l'homme tribal contre l'homme citoyen ? Paris, l'Harmattan, 1994, p. 11.

* 100 Idem, p. 239.

* 101Evariste TshimangaBakadiababu, Op. cit., p. 152.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway