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Le rapport des enseignants aux langues nationales, en tant que médiums et matières d’enseignement, dans l’éducation bilingue au Burkina Faso.


par Bouinemwende Wenceslas ZOUNGRANA
Université sciences humaines et sociales /Lille 3 - Master 2 Recherche 2014
  

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2.2.2.4 L'éducation bilingue, une alternative à l'éducation classique

Si l'objectif poursuivi par les initiateurs de l'éducation bilingue au Burkina Faso visait à combler les insuffisances de l'éducation classique tant du point de vue de l'efficacité interne qu'externe, les protagonistes de cette innovation se réjouissent aujourd'hui d'avoir réussi leur pari.

D'abord, du point de vue de l'efficacité interne, il faut reconnaître que les statistiques semblent leur donner raison. En effet, dans une étude menée par Toé-Sidibé (2002) portant sur l'évolution comparée des taux de flux de 1998 à 2001 des écoles bilingues et classiques de deux provinces du Burkina, les résultats obtenus ont donné le contenu suivant :

Tableau n°5 : Evolution comparée des taux de flux de 1998 à 2001 des écoles bilingues et classiques dans deux provinces

 

1998/1999

1999/2000

2000/2001

Indicateurs

Ecole bilingue

Ecole classique

Ecole bilingue

Ecole classique

Ecole Bilingue

Ecole classique

Taux de

promotion9

88,10

71,90

88,58

69,45

86,87

74,22

Taux

redoublement

15,95

19,40

10,31

20,14

10,50

17,19

Taux d'abandon

1,95

8,70

1,11

10,41

2,52

8,59

Source : Suzanne,Toé/Sidibé, 2002

9 Il s'agit du taux de passage en classe supérieure.

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Au regard de ce tableau et en considération des taux de promotion, de redoublement et d'abandon, on observe que les écoles bilingues obtiennent des performances largement au-dessus des écoles classiques.

Cette ascendance des écoles bilingues est confirmée par ailleurs par les résultats des examens officiels au certificat d'études primaires des sessions de 2002 à 2008 :

Tableau n°6 : Résultats au Certificat d'Etudes Primaires des écoles bilingues comparativement à la moyenne nationale de 2002 à 2008.

 

Ecoles bilingues

Moyenne nationale

année

Nombre
écoles

Nombre langues nationales

Nombre
candidats

Taux
succès

Scolarité en général

2002

4

2

92

85,02

61,81

2003

3

1

88

68,21

70,01

2004

10

4

259

94,59

73,73

2005

21

6

508

91,14

69,01

2006

40

7

960

77,19

69,91

2007

47

7

1182

73,97

66,83

2008

75

7

1828

61,43

58,34

Source : Direction des examens et concours du MENA

Comme on peut le constater, les résultats des écoles bilingues au Certificat d'Etudes Primaires sont presque toujours supérieurs à la moyenne nationale sur plusieurs années. A ne prendre en considération que ces résultats, on pourrait tout de suite conclure que l'éducation bilingue est performante et meilleure. Mais face à cette tentation, Nikiema et Kaboré/Paré (2010) invitent à la prudence car on compare ici des éléments divers, précisent-ils. A l'opposé, on pourrait être tenté de relativiser ces performances en mettant en avant les conditions favorables dont bénéficie l'éducation bilingue (encadrement plus resserré, nombre d'écoles plus réduit etc.). Mais à ce niveau encore, affirment Nikiema et Kaboré/Paré (2010 : 62), ce serait ignorer « les difficultés réelles auxquelles sont confrontées les écoles expérimentales, dont les maîtres, généralement plus jeunes et inexpérimentés, se plaignent souvent de leur niveau de formation, doivent constamment assimiler de nouvelles approches

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non encore stabilisées ». Quoiqu'il en soit, ces résultats montrent, d'après eux, que l'éducation bilingue a un fort potentiel à exploiter dans l'amélioration du système éducatif burkinabè.

Pour ce qui concerne l'efficacité externe du système d'éducation bilingue, de nombreuses études tendent à affirmer l'existence d'un consensus autour de la question ; la plupart de ces recherches sont des thèses ou des mémoires d'étudiants ou d'élèves inspecteurs en fin de formation ; ainsi, Yaro (2004 : 299), dans sa thèse portant sur l'échec scolaire est parvenu à cette conclusion : « Que ce soit en milieu urbain, semi-urbain ou rural, la plupart des maîtres estiment qu'il serait bénéfique d'utiliser les langues nationales comme médium de communication pour expliquer certaines notions ... » ; quant à Yameogo (2004 : 80), dans son mémoire de fin de formation des élèves-inspecteurs, il affirme que « 96% des encadreurs pédagogiques se sont dits prêts à susciter l'adhésion des enseignants et des parents d'élèves au processus de l'éducation bilingue s'ils sont outillés pour s'engager en toute responsabilité et en connaissance de cause, grâce à une formation conséquente ». Le même auteur laisse entendre que la tendance au niveau des parents d'élèves est à l'acceptation de l'école bilingue car bien que ne comprenant pas tout le fonctionnement du système, ils y voient un moyen qui permet « d'apprendre vite ».

Des auteurs tels que Jacques Sibalo, Désirée Tapsoba, Constance Lavoie (2007) et Cyr Payim Ouedraogo (2003) soutiennent particulièrement l'idée que l'école bilingue tire sa suprématie du fait qu'elle formerait des hommes et des femmes utiles à eux-mêmes et à leurs communautés. A l'opposé de l'école classique qui, selon eux, conduit au déracinement des élèves en raison des programmes qui sont inadaptés aux réalités et aux possibilités du terrain, l'école bilingue possèderait une plus grande efficacité externe en ce sens qu'elle est ancrée dans le contexte du développement local. D'autre part, et contrairement à l'école classique, elle ne préparerait pas l'élève seulement à un travail de bureaucrate mais plutôt à gagner sa vie et cela, dès son jeune âge. C'est dans ce sens qu'elle enseigne les contes et proverbes, les chants et danses, la musique du milieu et les instruments traditionnels de musique ainsi que des activités manuelles comme l'élevage ou l'agriculture.

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Le tableau ci-dessous présenté compare l'école classique et bilingue, laissant percevoir qu'en tout point de vue, l'éducation bilingue est préférable à l'éducation classique :

Tableau n°7 : Ressemblances et divergences des écoles bilingues et des écoles classiques

Ecoles bilingues

Ecoles classiques

Plus de motivation de la part des élèves

Plus d'incompréhension

Les élèves sont plus actifs en classe

Meilleure prononciation du Français surtout au CE1 (3e année)

Niveau beaucoup plus élevé en 1e année

Les enfants ont plus confiance en eux pour s'exprimer en Français

En 5 ans, les élèves du bilingue ont le même niveau que ceux du classique en 6 ans

Scolarité primaire de 6 ans

Apprentissage de métiers : menuiserie,

agriculture, élevage, teinture, couture, etc.

Peu ou pas d'activités culturelles ou de production

Participation des parents d'élèves aux

activités de production

Moins de participation des parents, moins de suivi

Meilleure compréhension des concepts

enseignés

Incompréhension et peur chez les enfants durant les premières années

L'école est en lien avec la culture et le milieu de l'enfant

Reconnaissance des écoles classiques par les intellectuels et des fonctionnaires burkinabés

Source : Constance Lavoie (2008)

En considération de tous ces atouts, les protagonistes de l'éducation bilingue de même que certains chercheurs, didacticiens et linguistes, affirment que ce modèle d'éducation serait le plus recommandable pour le Burkina en tant qu'il répond le plus adéquatement aux besoins et aux réalités du contexte. A ne s'en tenir toutefois qu'à ses observations, on en vient à se demander pourquoi cette éducation bilingue, si recommandable, peine-t-elle à s'imposer à tout le pays ? Existe-t-il des obstacles qui entravent l'expansion de ce système éducatif ? Comment les enseignants qui sont les premiers protagonistes de l'éducation bilingue et les acteurs principaux de son développement se positionnent-t-il dans cette innovation ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo