Selon le dictionnaire des concepts fondamentaux des
didactiques (2010 : 189), « le concept de « rapport à
» en didactique désigne la relation (cognitive mais aussi
socio-psycho-affective) qu'entretient l'apprenant aux contenus et qui
conditionne en partie l'apprentissage de ces derniers ».
Beillerot (1989) a fait remarquer que c'est une notion qui
fonctionne par sous-entendus comme si elle ne voulait pas désigner de
quoi ou de qui elle veut exactement parler ; allant dans ce sens, il a pu
identifier trois possibilités de compréhension du concept de
« rapport à » ; ainsi, il invite à distinguer
« le rapport de l'élève au savoir » qui n'est
pas la même chose que « le rapport au savoir de
l'élève » ni que « le rapport à son
savoir de l'élève ». Si l'emploi de la notion dans le
premier cas désigne « le rapport d'une personne dans son statut
avec le savoir scolaire », la seconde expression quant à elle
« mentionne plutôt la disposition de l'élève
indépendante de lui et antérieure même à
l'école », tandis que la dernière formule insiste sur
« la manière dont l'élève utilise son propre
savoir ». Même si pour De Leonardis et al. (2002 : 42)
, « le rapport à » se présente « comme un
concept médiateur et intégrateur indiquant la façon dont
un sujet est affecté par le savoir qui lui est transmis et la
façon dont ce sujet le signifie et s'y rapporte », nous
choisissons d'employer le concept de « rapport à » en
référence à sa première acception,
c'est-à-dire pour désigner le rapport des sujets dans leurs
statuts d'enseignants des écoles bilingues avec les langues nationales
employées comme médiums et matières d'enseignement. A ce
propos, Jacky Verrier et Xavier Burrial (2007 : 7 ) expliquent que le rapport
au savoir des enseignants, dans le cas plus précis du rapport à
la langue comme médium et matière d'enseignement, est à
envisager, non pas sous une dimension bi-directionnelle (enseignant-savoir)
mais multidirectionnelle (enseignant-savoir-instrument-métalangue). Cela
s'explique, selon lui par le fait que contrairement à l'enseignement des
autres disciplines où la langue sert uniquement de véhicule pour
les enseignements et apprentissages, dans le cas de l'enseignement de la
langue, les rapports se complexifient en raison du fait que : « d'un
côté, la langue est savoir
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d'enseignement, ce qui l'assimile aux autres
enseignements, mais de l'autre, elle est l'instrument de l'enseignement de son
propre savoir, ce qui la différencie des autres disciplines
d'enseignement et, enfin, elle contient la métalangue qui permet de
décrire et d'expliquer la langue, autrement dit, le savoir à
enseigner » Verrier et Burrial (2007 : 7). Ce constat conduit ces
auteurs à distinguer trois catégories dans la définition
du rapport de l'enseignant à la langue : d'abord, ils distinguent
l'enseignant dans son rapport à la langue comme sujet parlant ordinaire,
qui de ce fait entretient avec la langue les mêmes rapports que tout
sujet natif de cette langue ; ensuite, ils considèrent l'enseignant dans
sa fonction et son rôle pédagogique qui utilise la langue comme
instrument de transmission du savoir ; et enfin, ils invitent à prendre
en compte l'enseignant dans son rôle de linguiste et grammairien,
« spécialiste de la métalangue didactique qui sert
à décrire la langue ».
Ce concept de « rapport à », dans sa
relation au savoir, a fait l'objet de nombreuses théorisations dans
plusieurs disciplines ; nous présenterons ces différentes
approches théoriques tout en précisant celle qui nous servira de
cadre de référence pour notre étude.