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Le rapport des enseignants aux langues nationales, en tant que médiums et matières d’enseignement, dans l’éducation bilingue au Burkina Faso.


par Bouinemwende Wenceslas ZOUNGRANA
Université sciences humaines et sociales /Lille 3 - Master 2 Recherche 2014
  

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6.4 Intérêt et conviction des enseignants pour l'éducation bilingue

6.4.1 Intérêt scolaire et socioculturel de l'éducation bilingue

Parmi les thèses qui ont présidé à la mise en place de l'éducation bilingue au Burkina Faso figure l'assertion selon laquelle l'éducation bilingue favoriserait les enseignements et les apprentissages et contribuerait à la sauvegarde des valeurs culturelles. Le tableau ci-dessous présente les appréciations que les enseignants font de l'éducation bilingue sur la base de cinq

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énoncés ; au regard des résultats, on s'aperçoit que les enseignants de notre échantillon ne se distancient pas de cette thèse initiale.

Tableau n°12 : Récapitulatif de la position des enseignants par rapport aux opinions relatives aux avantages et aux inconvénients de l'éducation bilingue en %.

Enoncés

Pas du
tout

Un peu

Moye
nment

Tout à
fait

nr

Total

Elle améliore la compréhension des enseignements et facilite les apprentissages

2

18

8

70

 

100%

(131)

Elle aide l'élève à mieux connaître son milieu culturel

1

15

3

77

4

100%

(131)

Elle crée un complexe d'infériorité chez les élèves

62

18

10

5

5

100%

(131)

Elle est un handicap dans l'apprentissage du Français

39

30

13

15

3

100%

(131)

Elle réduit les chances de réussite future des élèves

67

15

5

9

4

100%

(130)

 

En effet, si 70% des enseignants partagent tout à fait l'opinion qui soutient que l'éducation bilingue « améliore la compréhension des enseignements et facilite les apprentissages », ils sont encore plus nombreux, 77% de l'échantillon à reconnaître qu'« elle aide l'élève à mieux connaître son milieu ». A l'opposé, il nous est donné de constater que les énoncés qui tendent à remettre en cause la qualité de l'éducation bilingue recueillent des opinions plutôt défavorables : c'est ainsi qu'ils sont respectivement 39%, 62% et 67% de l'échantillon à ne pas être du tout d'accord avec les avis qui laissent entendre que l'éducation bilingue « constitue un handicap dans l'apprentissage du Français », « crée un complexe d'infériorité chez les élèves », ou « réduit les chances de réussite future des élèves ».

Dans la plupart des énoncés, on remarque que la proportion des enseignants bilingues qui se disent « tout à fait d'accord » ou à l'inverse « pas du tout d'accord » est plus élevée que celle des enseignants du classique à l'exception du quatrième énoncé, celui stipulant que l'éducation bilingue constitue un handicap à l'apprentissage du Français ; sur cette opinion précise et contrairement à ce qu'on aurait pensé, ce sont les enseignants des écoles classiques

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qui sont proportionnellement les plus nombreux à n'être pas d'accord, soit 45% contre 37% pour les enseignants bilingues comme nous l'indique le graphique ci-dessous représenté.

Graphique n° 7 : Position des enseignants par rapport à l'énoncé : « l'utilisation des langues nationales comme médium et matière d'enseignement est un handicap pour l'apprentissage du Français »

Ce regard positif que portent les enseignants sur l'intérêt scolaire et socio-culturel de l'éducation bilingue se trouve par ailleurs confirmé par les avis qu'ils émettent sur les chances de réussite des élèves des écoles bilingues. A la question de savoir quelles étaient pour eux les chances de réussite des élèves des écoles bilingues par rapport à ceux du classique, les résultats issus des réponses nous permettent de constater que seulement une infime minorité, soit 13% des enseignants constituant notre échantillon déclarent qu'ils ont moins de chances de réussite que ceux du classique. Tous les autres enseignants estiment qu'ils ont, soit les mêmes chances, à raison 47% de l'échantillon, ou plus de chances de réussite, soit 40%. Ces résultats se situent, par ailleurs, à des proportions plus ou moins égales chez les enseignants bilingues que chez leurs collègues du classique.

Tableau n°13 : Opinions des enseignants par rapport aux chances de réussite des élèves des écoles bilingues en comparaison avec ceux des écoles classiques en %.

Type d'école

mê ch q EC

- ch q EC

+ ch q EC

Total en %

EB

46

11

43

100% (98)

EC

48

18

33

100% (33)

Total

47

13

40

100% (131)

 

82

Les raisons évoquées par les enseignants pour justifier leurs opinions sont multiples :

- Ceux qui soutiennent que les élèves des EB ont moins de chances de réussite avancent comme argument la délicatesse de l'année de transfert ; c'est l'avis de Jean-Noël : « l'évaluation à l'école primaire est à 100% française. Si l'année de transfert échappe à l'enfant, il aura un sérieux problème après ». D'autres évoquent les difficultés qu'ils éprouvent dans la maîtrise de l'expression française, comme Lassina, enseignant bilingue mooré : « les élèves du bilingue ont des difficultés en Français et même la compréhension des mots » ; d'autres enfin estiment que les langues nationales ne répondent pas aux exigences de la mondialisation ; c'est le constat fait par Aline, enseignante classique : « le monde évolue et les choses changent. Même ceux qui parlent Français ne s'en sortent presque plus, donc pourquoi parler la langue nationale qui ne nous amène nulle part ? »

- A l'opposé, les enseignants qui défendent l'idée selon laquelle les élèves des écoles bilingues auraient plus de chances de réussite développent trois principaux arguments : d'abord, il y a ceux qui se réfèrent aux statistiques, comme Daniel : « dans ma circonscription d'éducation de base, nos résultats au CEP sont meilleurs à ceux du classique si on fait la moyenne » ; ensuite, il y a ceux qui évoquent la facilitation de la compréhension et des apprentissages induite par l'utilisation de la langue maternelle de l'enfant ; c'est l'avis de Mouboué, enseignant bilingue lyèlé : « l'utilisation de la langue de l'enfant pour la transmission des connaissances facilite l'acquisition de celles-ci » mais aussi de Wéléme, enseignant bilingue kassena « l'utilisation de la langue vise la compréhension alors que connaître c'est comprendre ». Le troisième argument mis en avant par les enseignants pour justifier l'avantage dont bénéficient les élèves des écoles bilingues sur leurs camarades du classique, sur le plan de la réussite scolaire, a trait au caractère multidimensionnel et pratique des connaissances enseignées ainsi qu'à leur enracinement socioculturel, comme nous l'explique Céline, enseignante bilingue kassena :

« En plus des connaissances bilingues que les enfants apprennent, les élèves du bilingue reçoivent d'autres connaissances que les enfants du classique n'ont pas : par exemple l'introduction des valeurs culturelles positives de l'Afrique, des contes et des proverbes, des chants et danses du milieu ainsi que les activités de production permettent aux enfants de se préparer à devenir plus tard des acteurs conscients et motivés pour le développement local, régional et national ».

83

- Enfin, ceux qui estiment que les élèves des écoles bilingues ont les mêmes chances de réussites que ceux des écoles classiques avancent comme argument le fait qu'ils suivent les mêmes programmes à partir de la quatrième année : « ils ont les mêmes chances parce qu' à partir du CE, c'est à peu près le même programme » (Lucie, enseignante bilingue mooré), qu'ils passent le même examen en fin de cycle primaire et sont capables de réussir au même titre que leurs camarades du classique : « ils prennent part au même CEPE ; donc, s'ils réussissent à passer, ces élèves sont à égalité » (Kadidiatou, enseignante bilingue mooré) .

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