7.5.3 La mise en place effective du continuum bilingue
D'une manière générale, les enseignants
que nous avons interviewés reconnaissent que leurs élèves
qui quittent le CM2 arrivent à s'adapter au collège. C'est l'avis
de Sayoré : « chez nous y a un problème qui est
là, c'est les sites d'or ; sinon nous on a même eu des
élèves qui sont allés jusqu'en quatrième, qui ont
quitté la quatrième après mais chacun avait au moins 13/20
de moyenne ; y a d'autres aussi qui n'ont pas pu tenir et qui sont revenus ;
c'est vraiment une question de volonté ; mais ceux qui sont toujours
là tiennent bien ».
Quant à Babil, il est encore plus élogieux à
leur endroit :
« Moi j'ai tenu ma première promotion en 2008
ici ; (...) sur 45 élèves que j'ai présentés il
y avait 41 admis soit 97% et à l'entrée en sixième nous
avons enregistré 36 admis ; et
111
sur les 36 admis j'ai les statistiques cette année
et il y a une bonne vingtaine qui se retrouvent en classe de quatrième
au CEG de Doudou et je peux dire que mes élèves font partie des
meilleurs ; voici des preuves qui montrent que si le travail est bien fait y a
pas de problème ; y a des enfants mêmes qui sont venus me dire que
leur professeur de Français leur a demandé qui était leur
maître ; ils ont donné mon nom et elle a dit qu'elle ne me
connaissait pas. C'est pour dire que non, en Français ils sont bons
».
Cependant, malgré ces témoignages qui attestent
de la capacité des élèves des écoles bilingues
à s'adapter au système éducatif classique, les enseignants
insistent pour la mise en place effective du continuum éducatif car il
constituerait aux yeux des parents et de l'ensemble de la population une
reconnaissance de la qualité et de l'intérêt de
l'éducation bilingue. Cette préoccupation des enseignants est
résumée en ces termes par Saïdou : « Que les
langues nationales soient intégrées au secondaire pour convaincre
(...). Des facteurs exogènes ont besoin de jouer à
l'encouragement du système. Tant qu'aucune langue ne sera
enseignée au secondaire, le bilingue à l'école primaire
restera aux yeux des parents un tâtonnement local ».
D'autres propositions moins récurrentes ont trait
à la prise en compte des langues nationales dans les évaluations
et la formation de tous les enseignants à la pédagogie de
l'éducation bilingue.
112
|