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Le travail précaire des aides à  domicile. Quel accompagnement pour les personnes àgées ?


par InàƒÂ¨s Lafkir
Université de Bordeaux - Licence de sociologie 2020
  

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PARTIE I : LE TRAVAIL PRÉCAIRE DES

AUXILIAIRES DE VIE SOCIALE

A) Le salaire

Les auxiliaires de vie sociale (AVS) interrogées travaillent pour un service public territorial (2 sur 6), par une association à but non lucratif (3 sur 6) ou par une entreprise privée (1 sur 6). Ces différentes structures sont prestataires, c'est-à-dire qu'elles vendent un service à la personne dépendante. Dans cette optique, le salaire des AVS dépend du nombre d'heures effectuées, mais aussi d'un cheminement politique et administratif complexe entre plusieurs acteurs : de l'employeur (association à but non lucratif ou service public territorial) aux administrations locales chargées de fixer des tarifs horaires de remboursement et celles chargées de définir les besoins des personnes dépendantes (Weber, Trabut et Billaud, 2014).

Une personne âgée souhaitant bénéficier d'un accompagnement à domicile peut bénéficier d'aides sociales pour payer en totalité ou en partie les heures d'intervention des auxiliaires de vie sociale. Ces aides sont versées par le conseil départemental, par l'assurance-maladie ou les caisses retraites (ces deux derniers cas restant les plus rares) de la personne âgée. En France, les conseils départementaux peuvent attribuer aux personnes âgées dépendantes l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) en fonction des besoins et des ressources financières de la personne dépendante. On compte en décembre 2017, 768 837 bénéficiaires de l'APA à domicile9. Pour définir les besoins de la personne âgée, une équipe médico-sociale (EMS) intervient pour évaluer son niveau de dépendance grâce à un outil qui se nomme la grille Aggir. Il existe six degrés de dépendance, correspondant à six « groupes iso-ressources » (Gir). Les Gir sont fixés de 1 à 6, du moins autonome au plus autonome. « Seules les personnes appartenant aux Gir 1 à 4 peuvent demander l'Apa, c'est-à-dire l'allocation personnalisée d'autonomie. Les personnes qui relèvent des Gir 5 et 6 peuvent bénéficier d'autres types d'aides financières de leur département et/ou de leur caisse de retraite (sous conditions de ressources). »10 . Par la suite, si la personne âgée répond aux critères d'attribution de l'APA, un dossier est constitué en direction du Conseil départemental. Pour mettre en place les heures d'interventions des AVS, un évaluateur du conseil général va se déplacer au domicile de la personne dépendante pour définir un plan d'aide fixant le tarif horaire pris en charge par le

9 DREES, enquêtes aides sociales série longue < 2000-2017

10 « Les grilles utilisées par les professionnels : Aggir et les Gir », maisons-de-retraite. Web. 2015

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département. Le reste à financer doit être payé par la personne âgée avec ses propres revenus. Après que l'évaluateur du Conseil départemental et la personne âgée (ou la famille de la personne âgée) se soient accordés sur un devis et sur le choix d'une structure de service à la personne, l'évaluateur prend contact avec l'organisme en question. Par conséquent, la directrice ou une responsable de secteur de la structure de « service à la personne » rend visite à la personne dépendante afin de créer un planning d'intervention.

Sur les 5 personnes âgées interviewées, 4 sont bénéficiaires de l'APA. Sur les bénéficiaires, 3 souhaiteraient avoir droit à davantage d'heures prises en charge par le département.

« J'ai l'aide du conseil départemental. L'APA. J'ai droit à 3h par jour ce n'est pas assez, j'aimerais avoir davantage d'heures pour l'entretien de mon appartement et pour pouvoir sortir de temps en temps avec mes auxiliaires. »

(Personne âgée, 70 ans, bénéficiaire de l'APF association des paralysés de France)

« On me paie une partie de l'heure, j'ai le droit à quelques heures. Mais j'aimerais avoir plus, surtout des services le weekend. Mais on en a décidé ainsi et puis je ne peux pas les payer. » (Personne âgée, 77 ans, bénéficiaire de l'aide à domicile du Haut-Médoc ADHM)

« L'évaluateur du département estime ce dont tu as besoin et il te donne. Mais ils sont très radins [...] En général ils te donnent 3h par jour, mais pour le matin, midi et soir. Donc les heures sont entrecoupées. Et si tu demandes plus, il faut toujours justifier encore plus. »

(Personne âgée, 72 ans, bénéficiaire de l'APF)

En effet, dans le but de réduire les dépenses publiques, les interventions prévues par les plans d'aide des départements sont très courtes et éparpillées. Cette baisse des montants de prise en charge par le Département de l'APA sont parfois très inférieurs aux coûts des interventions des structures. Et ce phénomène ne va pas en décroissant car les structures d'aides à domicile subissent une augmentation de charges financières.

C'est donc dans ce contexte très délicat que sont définis le nombre d'heures de travail et le salaire d'une auxiliaire de vie sociale. Les employées sont payées 9,2 euros net de l'heure. Selon l'enquête Emploie de l'Insee de 2014, 47% des aides à domiciles à temps complet ont un salaire mensuel net de moins de 1250e. Ce salaire à peine équivalent au Smic est expliqué par ce contrat de travail indirect entre la personne âgée et l'auxiliaire, tous deux dépendant d'une

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grande spirale économique et politique. Les 6 auxiliaires de vie sociales interviewées réclament à l'unanimité une revalorisation de leurs salaires.

« Je touche le SMIC [...] c'est pas assez payé, c'est pas assez payé, c'est pas assez payé ! »

(Auxiliaire de vie sociale (AVS), 21 ans, APF)

« Je pense que travail mériterait d'être mieux payé. Surtout que ça fait 18 ans que je fais ce métier et il y a pas eu d'augmentation de salaire. Il y a la petite augmentation légale mais cela reste minime. »

(AVS, 54 ans, ADOMI)

« Pour tout ce que l'on peut faire en une heure seulement, on devrait être plus payé ! »

(AVS, 54 ans, CCAS de Lormont)

« On est à peine au SMIC pour 35h. » « Non pas du tout. On est pas assez payé à l'heure. »

(AVS, 24 ans, ADHAP)

«Ce mois-ci, j'ai touché 1300e [...] Non, j'aimerais être entre 1800 et 2000 € parce qu'on ne fait pas seulement auxiliaire de vie on est kiné, psy, aide-soignante. On exerce pas un métier mais plusieurs à la fois. On doit être mieux payé »

(AVS, 23 ans, ADHM)

« Notre salaire, c'est une honte ! Une honte pour les professions du social. »

(AVS, 27 ans, APF)

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand