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Le travail précaire des aides à  domicile. Quel accompagnement pour les personnes àgées ?


par InàƒÂ¨s Lafkir
Université de Bordeaux - Licence de sociologie 2020
  

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A) Risques physiques

L'aide à domicile est un secteur d'activité où le risque professionnel ne cesse de croître comparé aux secteurs traditionnellement accidentogènes comme l'industrie ou la construction. Le rythme de travail d'une auxiliaire de vie social caractérisé par l'incertitude et la précipitation peut engendrer des souffrances physiques. Le morcellement et les horaires atypiques du planning sont des facteurs de pénibilité du travail. En effet, les nombreux changements de lieux d'activité et de bénéficiaires multiplient les risques professionnels : troubles musculo-squelettiques, accident de la route, les risques d'infection,... De surcroît, le vieillissement de la population conduisant à l'accroissement du niveau de dépendance des personnes âgées renforce les difficultés d'intervention. Par ailleurs, les AVS doivent faire face à la pénibilité des gestes répétitifs à effectuer. Cette dégradation des conditions de travail du secteur de l'aide à la personne se constate dans les données de la caisse nationale de l'assurance-maladie : le taux de fréquence et l'indice de gravité des accidents du travail y sont presque deux fois plus élevés que dans l'ensemble des secteurs d'activité : respectivement de 45 contre 22 et de 26 contre 15 (Pinville, Poletti, 2014). En effet, « Les salariés de prestataires connaissent plus souvent des problèmes de santé ou des situations de handicap ou d'invalidité, et ce notamment chez les plus jeunes. »15.Ce constat s'est reflété durant les entretiens réalisés auprès des 6 auxiliaires de vie sociale, 4 ressentent une importante fatigue et des douleurs physiques.

« Alors là, je suis K.O. quand je rentre chez moi. Je préfère rester à la maison et dormir. [...] Après tu as plus envie de faire quoi que ce soit, en fait ça te plombe. Je préfère rentrer à la maison et dormir. Courir à droite, à gauche la journée, c'est épuisant ! »

(AVS, 21 ans, APF)

« J'ai d'importantes douleurs au dos à 23 ans. Il y a des jours, j'ai des cernes, et je suis très lente. »

(AVS, 23 ans, ADHM)

15 DARES - Rapport d'analyses : « Les salariés des services à la personne : comment évoluent leurs conditions de travail et d'emploi » aout 2018.

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« En fait quand je sors du boulot je suis tellement fatiguée... enfin le week-end j'arrive à faire quelques trucs : cinéma,... et le mercredi j'arrive à garder mon petit-fils. Après je fais attention dans mes activités, je me suis fait un tour de rein la semaine dernière chez un bénéficiaire. »

(AVS, 54 ans, ADOMI)

« Parce que tu sais comment on est dans le groupe, on est toujours prise par le travail puis arrivées à la maison... Des fois je me dis, quand je rentre j'ai même pas envie d'ouvrir internet ou la télé tellement je suis fatiguée. »

(AVS, 54 ans, CCAS de Lormont)

Les souffrances physiques des auxiliaires de vie sociale accumulées ont des répercussions dans le travail qu'elles accomplissent auprès des personnes âgées. Les 5 personnes âgées interrogées ont constaté de multiples fois une fatigue importante chez leurs aides à domicile.

«Mais quand elles viennent, elles sont fatiguées oui. Y'à des moments quand elles commencent à 8h du matin et quand elles finissent à 7h ou 8h le soir... Elles n'ont même pas le temps de manger entre midi et deux. On leurs remet toujours quelqu'un, elles n'ont pas leurs 45 minutes obligatoires. Elles sont un peu épuisées. [...] elles essayent de tout faire. C'est moi qui leurs dit de se reposer. Mais bon certaines ne veulent pas, elles sont vaillantes. Mais bon, je leurs dis que pour certaines tâches ce n'est pas pressé. Qu'elles peuvent le faire demain. »

(Personne âgée, 80 ans, bénéficiaire du CCAS de Mérignac) « Question : Et vous avez déjà vu vos auxiliaires très fatiguées quand elles arrivent chez vous ? Usager : Ah oui.

Question : Et vous réagissez comment ?

Usager : Elles se reposent un peu, je leurs dit de manger avec moi. [...]Tant qu'elles sont là, je les laisse. Elles m'aident puis je leurs dit de se reposer [...] Oui, j'avais une dame avant, elle se lève à 6h, elle court partout dans la journée. Et du coup arrivée chez moi, elle était souvent fatiguée. Elle faisait parfois une heure de trajet pour aller chez une personne que pour 30 min de travail. »

(Personne âgée, 77ans, bénéficiaire de l'ADHM)

« Question : Et du coup quand vous voyez ont qu'une auxiliaire de vie très fatiguée ou qui a mal aux quelque part...

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Usager : Ah beh elle fait les choses plus lentement, elle fait ce qu'elle peut. Question : Et cela ne vous dérange pas ?

Usager : Pas du tout, je leur dis vous me faites le plus difficile que je ne peux pas faire. Le plus difficile pour moi c'est faire le lit de mon mari parce qu'il a un lit médicalisé, on ne peut pas le tirer. Le mien, il est difficile, je ne peux pas le faire. Mais je fais le tour, je le fais petit à petit. Je passe 15 minutes, et puis si ça ne va pas je m'assoie. Et puis je reprends après. Je fais ce que je peux pour les soulager si elle ne peut pas le faire. »

(Personne âgée, 70 ans, bénéficiaire de l'APF)

Ces trois extraits d'entretiens montrent une forme empathie de la part des personnes âgées face à l'état d'épuisement de leurs AVS. La personne dépendante dans une situation déjà fragile essaye malgré tout de soulager le travail de son aide à domicile. Cependant, cette fatigue génératrice de lenteur et d'omission de certains actes peut conduire aussi à des conflits relationnels entre les bénéficiaires et les auxiliaires.

« Ah non. Et je ne suis pas du tout satisfaite de l'auxiliaire de vie que j'ai aujourd'hui. En plus, après 1h00 de ménage, elle s'assoit, elle me dit qu'elle est très fatiguée et elle attend que l'heure tourne. Comment voulez-vous que je fasse moi après ? Mon mari il ne peut pas m'aider, je dois me débrouiller toute seule le reste de la journée. »

(Personne âgée, 87 ans, bénéficiaire du CCAS de Lormont)

« Elle entend pas son réveil qu'elle me dit. Bon de temps en temps, on accepte. Mais à force vous comprenez que je ne cache pas mon mécontentement ! Elle arrive souvent en retard, et puis bon, elle est pas très active le matin. Y'a plein de choses à faire chez moi que je ne peux plus faire. »

(Personne âgée, 72 ans, bénéficiaire de l'APF)

Ces tensions conflictuelles qui peuvent émerger dans les relations au travail vont venir ajouter de la pénibilité psychique à la pénibilité physique des salariées comme des personnes âgées. Par conséquent, les contraintes liées à l'organisation du travail se répercutent sur la qualité de l'accompagnement social à réaliser auprès des personnes dépendantes.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard