WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Contribution à  la stratégie de relance de la filière café robusta dans la province de la Tshopo: cas des territoires de Bafwasende et Ubundu


par Jonathan BACHISEZE MAGALA
Institut Facultaire des Sciences Agronomiques de Yangambi - Ingénieur Agronome, Orientation Economie Agricole 2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL

1.1.COMPRENDRE LE CAFE ET LA CEFEICULTURE

a. Etymologie, Historique et Expansion du café

Le mot café vient du mot arabe « Cahouah » ou « Qahwah » qui signifie « ravigorant » et désigne à la fois les graines et cerises du caféier, mais aussi la boisson obtenue à partir de ces graines et le lieu de consommation de cette boisson (Penilleau, 1864 ; Michelle et al., 2003). Nombreux auteurs soutiennent que le café arabica a fait son apparition dans le Sud-Ouest de l'Ethiopie, en Afrique (Allred et al., 2009). A partir de son berceau d'origine, le café et la caféiculture se sont étendus dans toutes les régions du monde et aujourd'hui, il est possible de trouver le bon café dans toutes les grandes villes du monde (Boulo, 2013). Le café robusta est quant à lui originaire du bassin du Congo (Fomer, 2017). Précisons que l'expansion de la caféiculture émane des colonisateurs (Epon Eboa et al., 2019).

b. Classification botanique et description de la plante

Les scientifiques ont dénombré plus de 124 espèces dans le genre Coffee (Davis et al.,2019) Cependant, Adepoju (2017) précise que seules deux espèces sont intéressantes pour la production et commercialisation :

- Coffee arabica (Linné) qui donne le café arabica et - Coffee canephora (Pierre) qui donne le café robusta.

La classification botanique du café arabica est présentée par Bouden et Kadri (2019) : Règne : Plantae, Division : Angiosperme, Classe : Dicotyledonae, Sous classe : Euasterids, Ordre : Gentianales, Famille : Rubiaceae, Sous Famille : Ixoroideae, Genre : Coffee L., Espèce : Coffee arabica.

Le caféier est un arbuste tropical pouvant atteindre 10 à 12 mètres de hauteur. Les racines sont pivotantes et selon les espèces, le tronc est soit unicaule ou multicaule. Les branches sont horizontalement opposées 2 à 2, aussi longues et grêles. Les feuilles sont brillantes, verte-foncées, aux formes ovales, aux bords ondulés, à phyllotaxie opposée, et à pétiole très court (Champéraux, 1991). Les fleurs sont blanches, petites, groupées en glomérules de 15 à 30. Chaque fleur fécondée donne un fruit appelé « cerise » et les graines qui y résultent sont les « fèves », de couleur grise et à surface lisse (Benmedjahed, 2017)

7

c. Principales différences entre les variétés arabica et robusta

La distinction entre ces deux variétés est principalement génétique. C'est l'expression génétique qui engendre les différences morphologiques et agronomiques. Le tableau 1 ci-dessous résume les principales différences entre ces variétés.

Tableau 1. Principales différences entre les variétés robusta et arabica

Paramètre

Variété Arabica

Variété Robusta

01

Origine

Hauts plateaux éthiopiens

Cote d'Ivoire, Foret congolaise, Ouganda

02

Date de description

1753

1895

03

Nombre de
chromosomes (2n)

44

22

04

Température moyenne
annuelle optimale

15-24°C

24-30°C

05

Altitudes optimales

500-2000m

2000-3000m

06

Précipitations optimales

1500-2000mm

2000-3000mm

07

Resistance

Fragile, frileux et délicat

Robuste face aux maladies,
insectes

08

Teneur en caféine

1,2- 1,5%

3%

09

Forme et couleur des
grains

Forme Ovale, allongée et
couleur rouge, jaune ou
violette

Forme ronde, petite dimension
et de couleur jaune à brun

10

Goût

Aromatique, plus subtil et
fruité

Corsé et amer

11

Production

60% de la production
mondiale

40% de la production mondiale

12

Prix

20-25 % plus cher que
Robusta

20-25 % moins cher qu'Arabica

Source : (Piccino, 2011)

Le tableau 1 ci-dessus montre que la caféiculture demeure et demeurera toujours une propriété du monde tropical humide. Un hectare de caféier Arabica ou Robusta, conduit dans de bonnes conditions avec du matériel sélectionné, produit entre 6 et 7 tonnes de cerises, qui donneront 1,2 à 1,3 tonnes de café marchand après transformation. Dans les périodes où les cours du café sont très bas, les caféiculteurs investissent peu dans leurs plantations. Ils laissent l'ombrage se développer et se contentent de désherber. Dans ces conditions, un hectare fournit entre 600 kg et 1 tonne de cerises, soit 100 à 200 kg de café marchand. Dans des conditions de culture intensive au soleil, une grande plantation peut produire correctement pendant 30 ans. Les caféières sous ombrage, peu productives, peu entretenues, durent souvent 50, 70, voire 100 ans (Lécolier, 2006).

8

d. Traitement post récolte de café

Après le premier traitement post récolte (voie sèche ou humide), s'en suivent la torréfaction et la moulure. La torréfaction consiste à griller le café afin de lui conférer ses qualités : forme, volume, couleur, poids, ... (Pittia et al., 2001 ; José Alfredo, 2012). En effet, sous l'effet de la chaleur, les sucres et l'eau donnent des caramels et quand il n'y a plus d'eau, les sucres et les acides développent les arômes (c'est la réaction de Maillard ou caramélisation). En plus la réaction de Strecker intervient pour le changement de pigmentation jusqu'au chocolat (Michelle et al., 2003). La moulure, effectuée selon divers procédés, permet alors de réduire le café torréfié en poudre qui est alors vendu.

e. Producteurs et consommateurs du café

La majorité du café consommé dans le monde est produit dans la zone intertropicale. Depuis des années, le Brésil est le premier producteur mondial, suivi des deux autres poids lourds dont le Vietnam et la Colombie (Khalid, 2010).

La RDC partage le même climat que ces grands producteurs du café, malheureusement qu'elle n'a pas encore réussi à valoriser ce grand potentiel géostratégique.

Le café produit est consommé sous diverses formes : en boisson, produits esthétiques, ou encore produit diététique. Les grands producteurs sont aussi les grands consommateurs. En Europe, la consommation est plus modeste, modérée en Asie et très modérée en Afrique et en Océanie (Turquie et Japon) mais très élevée aux Etats-Unis (I.C.O, 2011). La figure 1 ci-dessous illustre les grands producteurs du café dans le monde.

Figure 1 : Les grands producteurs du café et leurs géo positions Source : (Khalid 2010 ; Basic, 2018)

9

1.2.COMMERCE DU CAFE ET SON PARADOXE

a. Poids du café « Or vert » et de la caféiculture dans le monde

Le paradoxe est que le café n'est pas une matière première vitale dans le sens où on peut vivre sans le consommer. Il est différent du blé, du coton, du cacao ou autres matières premières vitales pour le bien-être des personnes. Toutefois, fort est de noter que, le café est la matière première agricole la plus échangée au monde après le pétrole (I.C.O, 2011).

b. Grande crise du café dans le monde (1997-2003)

L'un des défis majeurs du commerce du café est la volatilité des prix aux producteurs (AFD, 2008). En 1962, le premier accord international sur le café (AIC) est conclu. Ses signataires sont à la fois les pays producteurs en demande d'une régulation et les pays consommateurs soucieux d'assurer un approvisionnement régulier en qualité stable (Basic, 2018). Comme pierre de touche, l'accord a instauré la fourchette d'évolution des prix et des quotas à l'exportation pour chaque pays producteur. Cet accord, très fructueux sera annulé en 1989, à la suite de nombreux dysfonctionnements internes (Tulet, 2007). Le démantèlement de cet accord régulateur a désorganisé l'économie mondiale du café. A cette désorganisation s'est ajoutée la montée en puissance de la production en Amérique Latine et en Asie. Ces éléments ont convergé à la surabondance de l'offre et parallèlement la baisse brutale et dramatique des cours mondiaux aux producteurs, c'était la crise du café la plus grave (Basic, 2018). La figure 2 ci-dessous illustre le dynamisme offre-demande du marché pendant cette crise.

Figure 2 : Le déséquilibre du marché mondial du café de 1998/99 à 2002/03 Source : (O.I.C, 2004).

10

c. Période post crise de la caféiculture

Depuis Novembre 2004, le prix mondial du café est en pleine hausse. Les principales raisons qui justifiant des prix soutenus sont : la demande croissante dans les pays consommateurs, des stocks faibles entre les mains des producteurs, l'augmentation des revenus moyens de la population dans les pays consommateurs (émergents), des coûts de production en augmentation dans tous les pays producteurs et la nécessité du respect à l'environnement (Tegera et al., 2014). Cependant, Laderach et al.,(2008) prédisent que la répartition géographique des productions du café va changer sous l'impact du marché et du climat. Les zones favorables l'arabicaculture vont se restreindre, occasionnant l'augmentation des prix du café de bonne qualité. Les hausses marginales des températures seront plus bénéfiques au Coffee robusta.

1.3.FILIERES AGRICOLES

a. Survol sur les filières et chaines de valeur agricoles

La distinction reste peu tranchée entre ces deux vocabulaires à tel niveau que le terme filière est traduit en « value chain » (Chaine de valeur) en anglais.

L'approche filière est d'origine française et la chaine de valeur est anglaise (Bockel &Tallec, 2005 ; Porter, 1986). L'approche filière dégage les relations de cheminement et de complémentarité le long de la chaine de production alors que la chaine de valeur consiste à la décomposition des étapes de production de façon à identifier les avantages compétitifs possibles aux différents maillons du processus de production.

En d'autres mots, la chaine de valeur décrit les nombreux niveaux depuis la conception, le bord du champ jusqu'à la tasse du consommateur et destruction après utilisation. C'est donc une analyse séquentielle ou éclatée des différents maillons de la chaine de production (FAO,1997 ; Kaplinsky & Morris, 2000). En revanche, la filière renvoie à une analyse systémique, à une notion d'ensemble de la chaine de production.

Les principales dimensions d'une filière sont les intrants, la production, la transformation et la commercialisation. D'un niveau à l'autre, le degré des flux est fonction des signaux ou incitants (le prix, crédit, ...) que reçoivent les opérateurs économiques (CSA, 2013).

11

b. L'analyse financière d'une filière agricole : Principes de calcul

Pour Lescuyer (2020), l'analyse financière d'une filière permet d'estimer ses impacts sur le bien-être des parties prenantes. Dans notre cas, il a été question de reconstituer les comptes production-exploitation de chaque agent de la filière. Ces comptes individuels des acteurs ont ensuite été consolidés et interprétés.

Les recettes totales (RT) et les charges totales (CT) sont les grandeurs fondamentales déterminées. Les charges englobent les Consommations Intermédiaires (CI), les Autres Charges (AC) et les Amortissements (Am). Le terme Autres charges regroupe les frais financiers (FF), les Impôts et taxes (IT) et la rémunération du personnel (S).

Avec les deux grandeurs fondamentales, des grandeurs dérivées qui sont des outils standards d'analyse financière peuvent être déterminées. Ce sont les VA, RBE, RNE, ...

2. Détermination de la valeur ajoutée (VA)

La valeur ajoutée représente la richesse créée dans le processus de production-destruction. En effet, si RT et CI sont respectivement la valeur des recettes totales et les consommations intermédiaires. Alors la valeur ajoutée est définie par l'équation : VA = RT-CI

Le calcul de la valeur ajoutée passe par l'élaboration du compte de Production CP illustré par

le tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2. Compte de Production

Désignation

Sigle

Quantité

Prix Unitaire (PU)

Annuité

d'amortissement (A.a)

Total

1. Les charges

C

 
 
 

CI

Les consommations intermédiaires

CI

 
 
 

?A, TFS, TG et Tr

a. Les achats

A

 
 
 
 

b. Travaux, fournitures et
services

TFS

 
 
 
 

c. Frais divers de gestion

TG

 
 
 
 

d. Transport

Tr

 
 
 
 
 

2. Les recettes totales

R

 
 
 

?VP, VD et SE

a. Vente de la Production

VP

 
 
 
 

b. Vente des déchets et sous-
produits

VD

 
 
 
 

c. Subventions d'exploitation

SE

 
 
 
 
 

Valeur Ajoutée Intérieure Brute

VA

 
 
 

RT-CI

Source : (Bockel & Tallec, 2005 ; Lescuyer, 2020)

12

1. Détermination du Résultat Brut et Net d'Exploitation (RBE et RNE)

Le Résultat Brut d'Exploitation (RBE) est obtenu en déduisant des recettes totales les consommations Intermédiaires et les autres charges. A l'opposé du RBE, le Résultat Net d'Exploitation (RNE) exprime le gain (ou la perte) économique de l'agent une fois acquitté de toutes les charges d'exploitation courantes. Le RNE intègre un autre type de facteur qui a contribué à la production : les Investissements. On considère que la production a contribué à « l'usure » des investissements. Ainsi,

RBE = VA - AC RNE = RBE - Am

= RT - CI - AC = RT - CI - AC- Am

Source : (Bockel &Tallec, 2005 ; Lescuyer, 2020)

Le calcul des RBE et RNE passe par l'élaboration du compte d'Exploitation, CE illustré par tableau 3 ci-dessous.

Tableau 3. Compte d'Exploitation

Désignation

Sigle

Quantité

Prix Unitaire (PU)

Annuité

d'amortissement (A.a)

Total

Autres charges et Amortissement

 
 
 
 

? S, FF, IT et Am

1. Autres charges

AC

 
 
 

? S, FF, IT

a. Rémunération du personnel

S

 
 
 
 

b. Frais Financiers

FF

 
 
 
 

c. Impôts et Taxes

IT

 
 
 
 

2.Amortissement

Am

 
 
 
 

Valeur Ajoutée Intérieure Brute

VA

 
 
 
 

Résultat Brut d'exploitation

RBE

 
 
 

VA-AC

Résultat Net d'exploitation

RNE

 
 
 

RBE-Am

Test de Rentabilité

TR

 
 
 

(R/C) *100

 

Source :(Bockel&Tallec, 2005 ; Lescuyer, 2020).

Le CP et le CE peuvent être regroupés dans un compte unique, c'est le Compte de Production Exploitation (CPE).

d. Les Limites de l'approche filière

Il est à préciser que cette approche doit être utilisée en complémentarité avec d'autres outils de décisions prenant en compte les dynamiques agricoles et territoriales. Etant bornée sur un produit spécifique, la filière permet très difficilement d'intégrer les enjeux transversaux indissociables aux activités agricoles et au développement inclusif (CSA, 2013).

13

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme