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Contribution à  la stratégie de relance de la filière café robusta dans la province de la Tshopo: cas des territoires de Bafwasende et Ubundu


par Jonathan BACHISEZE MAGALA
Institut Facultaire des Sciences Agronomiques de Yangambi - Ingénieur Agronome, Orientation Economie Agricole 2022
  

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CHAPITRE III. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

3.1.Analyse fonctionnelle de la filière café

3.1.1. Description des acteurs de la filière

Les principaux acteurs de la filière café dans la zone d'étude peuvent être groupés en producteurs, commerçants et transformateurs. Le groupe de commerçants comprend les grossistes et les revendeurs selon qu'ils s'approvisionnent auprès des producteurs ou grossistes. Il sied de préciser que le groupe de consommateurs n'est pas concerné par cette étude. Le tableau 5 ci-dessous donne des éléments de profil de ces acteurs.

Tableau 5. Profil sommaire des principaux acteurs de la filière café

Acteurs/ Variables

Producteurs

Commerçants

Transformateurs

Grossistes

Revendeurs

Torréfacteur s et
Mouleurs

Age (années)

60,3 #177; 14,2

54,5 #177; 10,1

45,3 #177; 10,3

50#177;8,91

Ancienneté (années)

19,6 #177; 16,2

21,2 #177; 11,4

14,4 #177; 9,6

16,8 #177; 7,52

Niveau d'étude (%)

 
 
 
 

· Primaire

50

14,3

21,4

60

· Secondaire

50

71,4

67,9

20

· Universitaire

-

14,3

10,7

20

Etat Matrimonial (%)

 
 
 
 

· Veuf

50

-

21,4

-

· Marié

50

100

71,4

80

· Divorcé

-

-

-

20

· Célibataire

-

-

7,1

-

Peuples (%)

 
 
 
 

· Autochtone

75

71,4

53,6

60

· Allochtone

25

28,6

46,4

40

Genre (%)

 
 
 
 

· Féminin

-

28,6

60,7

20

· Masculin

100

71,4

39,3

80

Motivation

 
 
 
 

· Choix délibéré

87,5

71,4

78,6

85,71

· Activité héritée

12,5

28,5

10,7

-

· Faute de mieux

-

-

10,7

14,3

 

3.1.1.1.Producteurs

Dans la zone sous examen, la production du café est une activité des hommes (100%) majoritairement autochtone du milieu (75%) et d'âges variant entre 74 et 46 ans. Ils sont équitablement répartis entre veufs et mariés, entre le niveau d'étude primaire et secondaire. Le

24

moins expérimenté a exploité le caféier pendant 4 ans et le plus expérimenté en a fait pendant 36 ans. C'est par choix délibéré qu'ils exercent la production du café, sauf 12,5% qui ont hérité l'activité (tableau 5).

a. Facteurs de production et entretien

La figure 8 ci-dessous présente des éléments liés aux facteurs de production

A : Mode d'acquisition foncière des producteurs B : Taille des exploitations

C : Nombre des plants D : Utilisation de la main d'oeuvre

25%

25%

38%

75%

37%

Ayant droit Emphytéose

35-50

450-550

980

63%

22%

78%

37%

Main

d'oeuvreFamili ale

Main d'oeuvre Exterieure

Superficie ? 0,5

Superdficie 0,5-1

Figure 8 : Eléments liés aux facteurs de production

b. Travail d'entretien

La figure 9 ci-dessous repartit les producteurs selon le nombre de passage d'entretien par an

25%

13%

62%

Deux passages Un passage Aucun passaage

Figure 9 : Répartition des producteurs selon la fréquence annuelle d'entretien

La figure 8 ci-dessus illustre le mode d'acquisition foncière des producteurs, la taille des exploitations, le nombre des plants et l'utilisation de la main d'oeuvre. Il en ressort que 75% des producteurs sont des ayants-droits et 25% ont acquis la terre par emphytéose. La taille des

25

exploitations est faible, elle est inférieure à 0,5 ha pour 37% des producteurs. Les autres producteurs emblavent une superficie supérieure à 0,5 ha et inférieure à 1 ha. Par contre, le nombre des plants est fort diversifié, et varie entre 35 à 980. La main d'oeuvre extérieure est seulement utilisée par 22 % de producteurs et les restes utilisent la main d'oeuvre familiale, les femmes et les enfants, surtout en période de récolte.

La figure 9 divise les producteurs en trois groupes. Ceux qui entretiennent leurs exploitations deux fois l'an 62%, une fois 25% et ceux qui n'entretiennent pas 13%.

c. Production et vente

La figure 10 ci-dessous illustre des éléments liés à la vente des cafés par les producteurs

25%

25%

25%

25%

< 0,5

5,1 - 10

20,1 - 30 30

A : Répartitions des producteurs selon la production en café rouge en Karai

50%

12%

38%

Vente café coque

Vente café marchand

63%

37%

Vente locale

vente à Kisanganide

B : Produits livrés par les producteurs C : Lieu de vente

Figure 10 : Eléments liés à la Production et Vente

Cette figure 10 illustre la production en Karai (1 Karai = 17 gobelets) par saison culturale, les produits livrés et le marché d'échange. Il en ressort que la production en café rouge varie autour de 0,5 à 30 karai par saison culturale par producteur. Les producteurs se répartissent en trois groupes selon les produits qu'ils livrent au marché. La moitié livre à la fois le café marchand et le café coque. Une autre moitié livre soit le café marchand (38%), soit le café coque (12%). Plus de la moitié des producteurs acheminent leurs productions au marché urbain alors que 37,5 % des producteurs vendent localement leurs productions.

26

3.1.1.2. Commerçants

a. Grossistes

L'activité des grossistes est partagée entre hommes (71,4 %) et femmes (28,6 %) mariés. Les acteurs sont d'âges variant entre 44 et 64 ans. Les trois niveaux d'étude sont représentés : primaire (14,6 %), secondaire (71,4 %) et universitaire (14,3 %). Ils sont majoritairement autochtones (71,4%) et d'une grande ancienneté dans le domaine, entre 10 à 32 ans. Ils exercent l'activité par choix délibéré (71,4%) ou par héritage (28,4%) (tableau 5).

Les grossistes s'approvisionnent auprès des producteurs. Les quantités sont mesurées à la balance et aux gobelets. Il y a deux types de gobelets, l'un qui vaut 500 g et l'autre appelé Munoko ya Tshaku vaut 750 g.

Selon leurs fonctions, les grossistes ont été répartis en trois types : les grossistes Type 1, Type 2 et Type 3. La figure 11 en illustre la répartition.

14%

72%

14%

Type 1
Type 2
Type 3

Figure 11 : Répartition des commerçants grossistes

Le tableau 6 ci-dessous associe chaque type de grossiste à sa principale caractéristique.

Tableau 6. Types de commerçants grossistes

Typologie des grossistes

Abréviation

1

Grossistes Type 1

GT.1

2

Grossistes Type 2

GT.2

3

Grossistes Type 3

GT.3

Fonction

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et le vendre aux revendeurs

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café marchand, coque ou moulu aux consommateurs

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café moulu aux revendeurs

Le tableau 6 et la figure 11 ci-dessus montrent que le travail de grossiste consiste majoritairement à acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café marchand et/ou coque ou moulu aux consommateurs.

27

b. Revendeurs

Les revendeurs sont plus des femmes (60,7%) que des hommes (39,3%) et sont d'une ancienneté entre 5 et 23 ans. Certains sont veufs (21,4 %), mariés (71,4 %) ou célibataires (7,1 %) avec un âge variant entre 35 à 55 ans. Ils sont majoritairement autochtones (53,6%) et d'un niveau d'étude primaire (21,4%), secondaire (67,9%) ou universitaire (10,7%). Ils exercent cette activité par choix délibéré (78,6%) ou par héritage (10,7%) ou encore par faute de mieux (10,7%) (tableau 5). Les revendeurs s'approvisionnent majoritairement auprès des grossistes en utilisant des gobelets. Ils sont méfiants des balances supposées être truquées. A leur tour, ils revendent en gobelets (de volume différent que celui des grossistes) et en boites de tomates. Comme les grossistes, les revendeurs peuvent aussi être catégorisés selon les fonctions accomplies. La figure 12 illustre la répartition des revendeurs : Type 1, 2, 3 et 4.

29%

28%

7%

36%

Type 1 Type 2 Type 3 Type 4

Figure 12 : Répartition des commerçants revendeurs

Le tableau 7 ci-dessous associe chaque type de revendeurs à sa principale caractéristique.

Tableau 7. Types de commerçants Revendeurs

Typologie des
revendeurs

Abréviation

1

Revendeurs Type 1

RT.1

2

Revendeurs Type 2

RT.2

3

Revendeurs Type 3

RT.3

4

Revendeurs Type 4

RT.4

Description

Acheter le café moulu auprès des grossistes et le vendre aux consommateurs ;

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des grossistes et vendre le café moulu (après torréfaction à la maison et mouture à l'usine torréfaction et mouture à l'usine) ;

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des grossistes et vendre le café moulu (après torréfaction et mouture à l'usine) ;

Acheter le café marchand et/ou coque auprès des producteurs et vendre le café moulu aux consommateurs (après torréfaction à l'usine ou domicile)

Le tableau 7 et la figure 12 ci-dessus montrent que les revendeurs sont de quatre types. La majorité achète le café moulu auprès des grossistes et le vend aux consommateurs.

28

3.1.1.3. Les transformateurs

L'activité de transformation rassemble plus d'hommes (80%) que les femmes (20%). Les transformateurs interrogés sont d'âges variant entre 41 et 58 ans, avec une ancienneté entre 9 et 24 ans. Ils sont mariés (80%) ou divorcés (20%) et ont à majorité le niveau d'étude primaire (60%). Les 40% restants sont équitablement partagés entre les niveaux secondaire et universitaire. Ils sont majoritairement autochtones (60%) et minoritairement (40%) allochtones. C'est par choix délibéré qu'ils exercent la transformation du café, sauf 14,3 % qui l'exerce par faute de mieux.

Les données recueillies nous ont permis de repartir les transformateurs selon leurs fonctions. La figure 13 ci-dessous illustre la répartition de transformateurs : Type 1, 2 et 3.

29%

14%

57%

Type 1
Type 2
Type 3

Figure 13 : Répartition des transformateurs

Le tableau 8 ci-dessous associe chaque type de transformateurs à sa principale caractéristique.

Tableau 8. Types de transformateurs

Typologie des
transformateurs

Abréviation

Description

1

Transformateurs Type 1

TT.1

La torréfaction : transformation du café marchand ou coque en café torréfié

2

Transformateurs Type 2

TT.2

La mouture : transformation du café torréfié en café moulu

3

Transformateurs Type 3

TT.3

Torréfaction et Mouture

La figure 13 et le tableau 8 ci-dessus illustrent que le maillon de transformation est dominé par les torréfacteurs, TT.1. Pour parfaire la transformation, ils sont complétés par les mouleurs. D'autres agents assument les deux opérations.

Considérant leurs rythmes de travail, nous distinguons les petits des grands transformateurs. Les grands transformateurs sont installés au centre de la ville, à proximité des dépôts des GT.1 et GT.2 où ils bénéficient d'externalités positives. Ces transformateurs sont très peu nombreux et ont un rythme intense de travail. A l'opposé, les petits transformateurs sont dispersés dans tous les quartiers de la ville et travaillent par occasion. Ce sont à majorité des revendeurs et grossistes, possédant le matériel de torréfaction à leurs domiciles.

Figure 14 : Etapes de transformation du café : Opération, moyens, produits et perte

29

- Résultat sur le processus de transformation du café dans la zone d'étude

Le système de transformation comprend le décorticage, la torréfaction et la mouture. Il est à préciser que juste après la récolte les baies rouges sont séchées au soleil pendant 2 à 3 semaines et deviennent des cafés coques ou cafés en bains prêts à être décortiqués. Dans les zones rurales, ces cafés sont ensuite pilés pour leur débarrasser de l'écorce externe appelée parche ou coque. Cette opération est le décorticage et permet d'obtenir les cafés marchands. Dans la ville de Kisangani, le décorticage est réalisé par des moulins mécaniques. S'ensuit alors la torréfaction, réalisée manuellement avec le torréfacteur (vulgairement appelé bambone). Le temps de torréfaction dépend de la qualité recherchée. Nombreux arrêtent la torréfaction quand le café atteint la couleur chocolat et qu'une fumée bleue sort du torréfacteur, entre 45 à 60 minutes. Les grains sont ensuite dégagés du torréfacteur pour le refroidissement suivi de la mouture dans des moulins électriques. Ces derniers sont les mêmes moulins utilisés pour la mouture de maïs et soja, mais dont les tamis sont adaptés au diamètre des grains de café.

D'une étape à une autre, le café perd de poids. La figure 14 ci-dessous reprend le processus de transformation du café et les pertes liées à chaque opération.

Café Rouge (250kg)

Séchage au soleil, perte de 55%

Café Coq ou Parche (112,5 kg)

Décorticage au mortier, pilon ou moulin électrique, perte de 40 %

Torréfaction au torréfacteur, perte de

20,5 %

Parche, 45kg

Café Marchand (67,5kg)

Café Torréfié (53,6 kg)

Mouture au moulin électrique, perte 0%

Café Moulu, (53,6kg)

30

3.1.1.4.ONAPAC et SNCC

Anciennement appelé ONC (Office Nationale de Café), l'ONAPAC (Office National de Produits Agricole du Congo) a pour mission de vulgariser et d'encadrer les agriculteurs dans 21 produits agricoles, y compris le café. De par la mission lui confiée, l'ONAPAC serait un moteur du développent agricole dans la zone d'étude et en RDC en général. Dans les faits, l'ONAPAC affiche des faibles capacités à tous les niveaux. Cette structure qui devrait accompagner les acteurs est devenue un frein majeur à cause des taxes qu'elle prélève.

De son côté, la SNCC (Société Nationale de Chemin de fer du Congo) est un acteur de transport. Il permet l'évacuation de café issu de Ubundu vers la ville de Kisangani. Les conditions de voyage sont précaires et risquées.

3.1.2. Délimitation des contours de la filière.

Le tableau 9 ci-dessous présente les contours de la filière café dans la zone sous examen. Tableau 9 : Délimitation des contours de la filière

Activité Acteurs Fonctions Principales Produit

Principal

Lieu

d'activité

Café marchand et coque

Café coque, marchand ou moulu

Café marchand, coque ou moulu

Bafwasende et Ubundu

Centre de Kisangani

Centre de Kisangani

Production Producteurs de

Bafwasende et Ubundu

Transformation Torréfacteurs

et mouleurs

Production

Transformation du café rouge en café moulu

Grossistes Commerce : Acheter le

café marchand et/ou coque auprès des producteurs

Commercialisation

 

Revendeurs Commerce : Acheter le

café moulu auprès des grossistes ;

Café moulu Centre de

Kisangani

Consommation Consommateurs Consommation Café moulu La Tshopo

Le tableau 9 ci-dessus fait ressortir les différents maillons de la filière sous examen, les acteurs, les fonctions et les produits y afférents. Les zones des productions sont les territoires de Bafwasende et Ubundu. La zone de transformation et de distribution est le centre de Kisangani. La consommation est généralisée dans toute la province de la Tshopo.

31

3.1.3. Graphe de la filière café

La figure 15 ci-dessous illustre les flux de la filière café depuis les lieux de production (Ubundu ou Bafwasende) jusqu'au lieu de distribution du café moulu (Kisangani). Les lettres P, C et T sont les différents maillons de la filière et les acteurs y afférents. Dans les maillons C, les lettres R et G sont respectivement les revendeurs et les grossistes. Les abrégés T.1,2, 3 et 4 sont liés à la typologie des acteurs.

Figure 15 : Description de la filière café en territoires de Bafwasende et Ubundu et dans la ville de Kisangani.

32

3.1.4. Formation des prix et stratégie des acteurs a. Formation des prix

Il est connu que dans une économie de marchés, ce sont les dynamismes de l'offre et de la demande qui déterminent le prix aux consommateurs. Et pour un marché approvisionné par diverses sources, le prix est proportionnel aux variations à la hausse ou à la baisse de l'offre du grand producteur. Les informations récoltées auprès des acteurs et les statistiques de l'ONAPAC et de la SNCC nous ont permis de ranger par ordre décroissant les grands producteurs du café consommé à Kisangani. Il s'agit de la province de l'Equateur, les territoires d'Opala, de Basoko, Kindu et Bandundu. Dans le marché de Kisangani, les cafés des territoires de Bafwasende et Ubundu sont très faiblement représentés.

La faible représentation, le besoin immédiat de liquidité et le manque d'organisation ravissent à tous les acteurs de la filière café Bafwasende et Ubundu le pouvoir de formation des prix. Ils sont price takers. Sur les marchés locaux de Ubundu et de Bafwasende, le café transformé localement est en compétition avec le café transformé à Kisangani. Cette coexistence ne permet pas aux acteurs locaux d'être price makers aux lieux de productions. Dans le tableau 10 ci-dessous, sont mentionnées les variations de Prix de Vente (PV) de café en Francs Congolais (FC) dans la Province de la Tshopo, ville de Kisangani.

Tableau 10. Variation annuelle des prix de café

Période PV d'un kg du

producteur au grossiste

PV d'un Kg du grossiste au revendeur

PV d'un gobelet de café au consommateur

Coque Marchand Coque Marchand Moulu Moulu

Novembre-

Avril 1700 2500 2200 3000 3500 1500

Mai - Juillet Août-Octobre

2200 3000 2700 3500 4000 1800

3200 4000 3700 4500 5500 2500

Le tableau 10 ci-dessus montre que la crise et l'abondance de café correspondent respectivement aux périodes d'Août-Octobre et Novembre- Avril. La période de fortes récoltes, appelée campagne par les acteurs, commence en Novembre et s'étend jusqu'en Mars. La période Mai-Juillet est alimentée par les stocks emmagasinés par les acteurs producteurs et commerçants. La carence commence à la fin Juillet avec un pic au mois d'Août et Septembre puis l'amélioration de la tendance s'amorce en Octobre.

33

b. Stratégie des acteurs

Les acteurs de la filière café montent diverses stratégies pour acquérir des meilleurs prix et/ou anticiper les risques liés aux chutes des cours.

1. La diversification du portefeuille

Sur l'ensemble d'acteurs interrogés, 73,4% pratiquent une autre activité régénératrice des revenus au côté du café. Dans le maillon de la production, les acteurs associent le café au palmier à huile. Dans le maillon de la commercialisation, seulement 30% d'acteurs commercialisent uniquement le café. Ce dernier est souvent accompagné du sucre, du sel, du soja ou d'autres nombreux produits. C'est ce que les revendeurs appellent la complémentarité des produits dans le commerce. Dans le maillon transformation, l'équipement utilisé permet aux acteurs de se convertir, sans efforts, en transformateurs de soja ou de maïs.

2. Le stockage de café à l'attente des périodes de crise

La période d'offre excédentaire s'étend de Novembre en Avril et nombreux commerçants profitent pour accumuler des réserves à revendre dans la crise d'Août-Octobre. Malheureusement ; la pression de la demande, le besoin immédiat de liquidité, la défaillance des systèmes de conservation font que rares tiennent jusqu'aux mois prévus.

3. Les achats groupés

C'est la stratégie des grossistes auprès des producteurs obligeant ces derniers à une remise.

4. La chimie, ...très bonne mauvaise stratégie

Les acteurs chimistes sont ceux qui trompent la vigilance des consommateurs. En effet, c'est à l'insu des consommateurs que deux types de cafés moulus coexistent sur le marché : le café sec et non sec. Le café sec (le bon café) est issu du café marchand, torréfié et moulu. Le café non sec (le mauvais café) est issu de ce que les acteurs appellent la chimie. Plus souvent, c'est le café coque qui est torréfié et grillé. Pourtant 100% d'acteurs affirment être au courant des méfaits des parches sur la santé des consommateurs et qu'il est strictement interdit de torréfier ou moudre le café coque. Un autre cas de chimie c'est le mélange du café coque et d'autres corps, cas du maïs, soja et/ou noyaux de l'avocat, très bien grillés, torréfiés et moulus.

Le service public au travers de l'ONAPAC dit être au courant de cette mafia et ne se limite qu'à la sensibilisation des méfaits de la parche. La répression est difficile à cause de certains acteurs qui traitent le café à leurs domiciles. L'OCC qui devrait mobiliser son service de police pour traquer ces cas, ne se limite qu'à prélever les taxes.

34

3.1.5. Coordination des acteurs et cadre réglementaire.

a. Coordination des acteurs

De façon verticale ou horizontale, il n'y a pas de coordination proprement-dite entre les acteurs de la filière café dans les zones sous-examen. Les données de terrain ont révélé certains rassemblements ou mini organisations qui ne fonctionnent que pour des besoins sociaux et non pour la structuration de la filière. Ces regroupements sont battus sur les relations d'appartenance, d'ancienneté et/ou de confiance. Il en résulte que chaque acteur connait ses potentiels et réels offreurs et/ou acheteurs. Cependant, tout acteur reste à la quête de l'offreur qui propose le plus bas prix.

Tous les acteurs se connaissent, si pas de noms, alors de visages. Les données récoltées ont révélé une forme de solidarité auprès des commerçants et transformateurs. En effet, chaque rangée de vente ou chaque atelier de transformation a un représentant, et en cas d'événements malheureux (deuils), la rangée ou l'atelier se cotise pour une visite de consolation au concerné. Les commerçants grossistes donnent des avances aux producteurs pour des travaux pour le transport de la production et les commerçants revendeurs achètent à crédits auprès des grossistes et remboursent après la vente.

b. Cadre réglementaire et politique

L'OCC, ONAPAC et DGRPT sont les organes qui font payer des taxes, des droits et/ou des redevances.

L'ONAPAC dont les fonctions se résument en vulgarisation de meilleures pratiques agricoles et encadrement des acteurs (dans tous les maillons) est amorphe sur le terrain. De même pour l'OCC. Toutes ces institutions sont rigoureuses dans le prélèvement des taxes, que 80% de commerçants considèrent comme un frein majeur à leur autonomisation. Par exemple, l'ONAPAC prélève par an 65 $ par commerçant grossiste et 10$ par revendeur.

A ces institutions, ajoutons la SNCC qui est un suppléant dans le transport. Cette institution permet aux producteurs de dégager par voie ferrée leurs productions jusqu'en milieu urbain. Les trains utilisés datent de l'époque coloniale et la voie ferrée est en détérioration très avancée. Les risques sont énormes.

35

3.2.Analyse financière de la filière

Cette section a procédé à une analyse de la viabilité financière des acteurs impliqués dans la filière café robusta dans deux territoires de la Tshopo à savoir Bafwasende et Ubundu y compris la ville de Kisangani. Les comptes Production Exploitation (CPE) ont été présentés puis consolidés pour dégager la valeur ajoutée créée le long de la filière.

3.2.1. Analyse de la viabilité financière de la filière sur les acteurs

Les outils standards d'analyse financière dégagés par les CPE (en annexe) ont démontré que la filière est rentable pour tous les acteurs. Le test de rentabilité a montré que 1$ investi produit 2,5$ aux producteurs, 0,71$ aux mouleurs, 0,58 $ aux torréfacteurs et 0,2 $ aux grossistes.

3.2.2. La consolidation des CPE

L'ensemble de CPE a été agrégé pour constituer le compte consolidé de la filière. Ce dernier a dégagé la valeur ajoutée créée le long de la filière. Les valeurs ajoutées moyennes et l'ensemble des acteurs pour chaque maillon ont été considérés dans cette consolidation. Le tableau 11 ci-dessous présente le compte consolidé de la filière café dans la zone d'étude

Tableau 11 : Compte Consolidé de la filière café

Eléments

Moyenne par
acteur

Nombre d'acteurs
identifiés

Valeur Monétaire

CI Producteur

393000

10

3930000

CI Grossiste

225000000

8

1800000000

CI Revendeur

9728000

40

389120000

CI Torréfacteur

5310000

7

37170000

CI Mouleur

12060000

3

36180000

CI totales estimées

 
 

2266400000

R Producteurs

1400000

10

14000000

R Grossistes

270000000

8

2160000000

R Revendeurs

12600000

40

504000000

R Torréfacteurs

9000000

7

63000000

R Mouleurs

22500000

3

67500000

R totales estimées

315500000

 

2808500000

VA Producteur

1007000

10

10070000

VA Grossiste

45000000

8

360000000

VA Revendeur

2872000

40

114880000

VA Torréfacteur

3690000

7

25830000

VA Mouleur

10440000

3

31320000

VA Ajoutée Estimée

 
 

542100000

Le tableau 11 ci-dessus illustre les consommations intermédiaires et les recettes pour chaque maillon de la filière. Les différences entre ces deux grandeurs fondamentales ont permis de

36

déterminer les VA respectives. Plus de valeurs sont créées par le maillon commercialisation, notamment les commerçants grossistes et les revendeurs. Ensuite le maillon transformation, respectivement les mouleurs et les torréfacteurs. Au bas de l'échelle, les producteurs.

La figure 16 ci-dessous illustre la répartition de la VA entre les acteurs de la filière.

Revendeur

21%

Torréfacteur

5%

Mouleur

6%

Producteur

2%

Grossiste

66%

Figure 16 : Répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs

La figure 16 ci-dessus vient compléter les résultats présentés dans le tableau 11. Il montre que 66% de la richesse créée est l'oeuvre des commerçants grossistes. Les autres acteurs de la filière se répartissent 34% respectivement 21, 6, 5 et 2 % pour les revendeurs, les mouleurs, les torréfacteurs et enfin les producteurs. Les gros investissements des grossistes expliquent cette grande création de richesse. Le nombre élevé des revendeurs par rapport aux autres acteurs explique la valeur élevée de la richesse créée. L'arriération des producteurs et de leurs techniques expliquent leur faible contribution à la création des valeurs dans la filière.

37

3.3.Présentation de la matrice AFOM

Le tableau 12 ci -dessous présente le diagnostic interne et externe de la filière café dans la zone sous examen.

Tableau 12 : Présentation de la matrice AFOM

 
 

LES POSITIFS

LES NEGATIFS

 
 
 
 

LES ATOUTS

LES FAIBLESSES

DIAGNOSTIC INTERNE

1.

Conditions agroécologiques favorables à la culture de café robusta ;

1. Abandon des anciennes plantations, faible production,

vieillissement des producteurs et défectuosité des

2.

3.

Demande locale et extérieure en croissance, disponibilité des terres et de la main d'oeuvre; Position stratégique de Bafwasende à la

routes ;

2. Pénurie électrique, tracasseries administratives,
inexistence des microcrédits, microfinances et des

 

Nationale n°04, la présence de la SNCC dans

financements ;

 

Ubundu, de l'ONAPAC et des anciennes

3. Faible marketing pour le produit, manque des

 

plantations nécessitant des faibles coûts de

coordinations entre les acteurs de la filière et la vente

 

relance et sans déforestation ;

du café mélangés aux impuretés ;

4.

Possibilités de l'association culturale et de l'agroforesterie ;

4. Existence des acteurs aux double ou triple fonctions,

c'est le cas des grossistes - revendeurs, des

5.

Le caractère pérenne du café et sa facilité de

revendeurs-transformateurs et des grossistes-

 

conservation. La pérennité est un élément de

transformateurs-revendeurs ;

 

sédentarisation des agriculteurs et assure des

5. Très faible capacité technique des producteurs, de

 

retours financiers réguliers. La facilité de

l'ONAPAC, de la SNCC et de tous les autres acteurs

 

stockage est un des éléments régulateurs de

de la chaine. Inexistence des dépôts stabilisateurs ou

 

l'offre et de la demande.

des usines modernes de transformation du café et de son conditionnement.

 
 

LES OPPORTUNITES

LES MENACES

DIAGNOSTIC EXTERNE

1.

Situation sécuritaire stable et mise au point de

1. Fluctuations des cours internationaux, instabilité de la

 

variétés résistantes à la tracheomychose ;

monnaie nationale, développement des bioagresseurs

2.

La majoration du budget national, la bonne

et faible capacité de gestion des risques ;

 

volonté du pouvoir et des investisseurs privés

2. Très faible allocation du budget national au secteur

 

à relancer la culture du café ;

agricole, faible capacité de l'INERA et ONAPAC

 

Reprise de la conscience des agriculteurs, L'ouverture au marché extérieur où il y a une

dans la production des semences et dans le formation et encadrement des paysans ;

 
 

grande demande croissante du café, surtout le café Bio ;

3. Défectuosité de la route Ubundu-Kisangani,

tracasseries administratives et multiplicité des taxes

4.

La résistance du café robusta aux effets du

non réglementaires ;

 

changement climatique et la recherche des

4. Guerre commerciale basée sur la qualité des produits

 

puits de dioxyde de carbone ;

sur le marché mondial ;

5.

Possibilité d'accompagnement par l'INERA

5. Réticence de la population aux activités caféières et

 

Yangambi et ONAPAC dans la ville de

son accoutumance au café importé.

 

Kisangani.

 

38

3.4.Formulation des actions stratégiques 3.4.1. Couplage de la matrice AFOM

Le tableau 13 ci-dessous confronte les diagnostics internes et externe de la matrice AFOM Tableau 13 : Couplage de base de la matrice AFOM

 

LES CHANCES

LES DEFITS

Comment exploiter les atouts pour saisir les

Comment combler les faiblesses en profitant des

opportunités ?

opportunités ?

 
 
 

1. Structuration dans des coopératives et renforcement

des partenariats d'appui avec les structures
compétentes (IFA et INERA Yangambi, ONAPAC, SNCC et des partenaires de la RDC) ;

2. Intensification de l'agriculture sur l'unité de terre ;

3. Revitalisation des anciennes plantations ;

4. Mobilisation des jeunes à intégrer la filière ;

5. Se faire de l'auto marketing pour se positionner en une bonne affaire à la fois pour le secteur privé que le secteur public : informer des avantages d'investir dans le café et ses effets d'entrainements.

1. Investissement dans le capital humain : former et
renforcer les compétences des producteurs et des transformateurs sur leurs tâches respectives ;

2. Aménagement de la route Ubundu-Kisangani et appui
technique à la SNCC, ONAPAC, IFA et INERA Yangambi ;

3. Amélioration des rendements et de la qualité de la
récolte ;

- Installation et restauration des plantations de
café avec des semences à hauts rendements et résistantes ;

- Adoption des innovations culturales et
d'équipements récents ;

- Accès aux financements, aux microcrédits
ou microfinances

4. Amélioration des processus de traitement,
retraitement de torréfaction et de mouture ;

- Adoption des innovations et d'équipements
récents ;

- Réduire la dépendance vis-à-vis de la SNEL

5. Amélioration des circuits de commercialisation ;

- Inciter à la consommation locale du café

- Ouverture au marché extérieur ;

6. Attirer l'attention des investisseurs et se positionner
en axes majeur pour le développement et réduction de la pauvreté ;

Dans le strict respect des principes écologiques

 
 

LES CONFLITS

Comment utiliser les atouts pour combattre les
menaces ?

LES DANGERS

Comment protéger les faiblesses des menaces ?

 

1. Structuration et mise en place d'un système d'autofinancement ;

2. Mobilisation de la demande locale ;

3. Mobilisation pour la production du café bio, très compétitif ;

4. Diffusion des effets économiques, sociaux et
environnementaux du café et la nécessité de la relance ;

5. Appui à la SNCC comme voie alternative aux Routes ;

1. Maintien de la filière à l'état non structuré ;

2. Promotion du chacun pour soi et méfiance vis-à-vis
des institutions publiques ;

3. Maintien des pratiques et les outils rudimentaires ;

4. Promotion de l'autarcie (limitation à l'ouverture
extérieure et réfraction des innovations) ;

Limitation de l'auto-marketing.

39

3.4.2. Formulation des axes stratégiques

Les axes stratégiques pour la relance de la filière café sont repris dans le tableau 14 ci-dessous

Tableau 14 : Axes stratégiques pour la relance de la filière café

Gouvernance et Cadre
politique

1.

2.

3.

Reconnaissance du potentiel du café dans la résolution des défis sociaux, économiques et environnementaux ;

Appuis techniques aux institutions publiques, acteurs directs ou indirects, de la filière café : ONAPAC, SNCC, IFA et INERA Yangambi :

- Production et diffusion des semences améliorées, productives et adaptées ;

- Vulgarisation des techniques efficientes ;

- Instaurer un système de control minutieux auprès des commerçants pour limiter la

fraude (vente des cafés impurs sur le marché de Kisangani) ; Amélioration du climat des affaires et mobilisation des investisseurs privés :

 

- Résoudre les défis liés à l'électricité et au réseau routier Kisangani-Ubundu ;

 

- Limiter le prélèvement fiscal à un minimum acceptable ;

 

- Favoriser l'accès aux financements, microcrédits et microfinances ;

 

- Faciliter l'accès au foncier

Commercialisation et Consommation

1.

Organisation des commerçants pour faire face à la volatilité des prix ;

 

Promotion de la consommation du café local. Ceci se fera par marketing, information sur le café et amélioration de la visibilité et attractivité du produit.

 

Certification et labellisation du café produit localement pour plus de crédit au niveau local et international ;

 

Mise en place de la technique commerciale : Pour chaque prix, une quantité. Cette quantité doit demeurer le café pur, non mélangé.

 

Instaurer des points de vente dans les zones reculées ;

 

Transformation

1.

Investissement dans la ressource humaine et dans l'équipement ;

 

- Utilisation des équipements récents permettant des transformations et conditionnement

conformes aux normes internationales. Ceci pourra améliorer la qualité du café transformé et sa compétitivité sur le marché locale et international ;

 

Rajeunissement des acteurs,

 

Création de nouveaux produits dérivés du café ;

 

- Valorisation des déchets de chaque étape

 

- Stratification des qualités en raison de la stratification des revenus des acheteurs,

Promouvoir une transformation bio

Production

5.

Investissement dans la ressource humaine et dans l'équipement

 

- Formation des producteurs de café aux bonnes pratiques agricoles (taille, sarclage,

récolte sélective, amélioration du séchage et du stockage) ;

 

Structuration des producteurs par création des associations, des coopératives.

 

- Renforcement de la coordination entre les producteurs ;

 

- Revitalisation des anciennes plantations dans un système agroforestier ;

 

- Installation des champs collectifs en plus des champs individuels ;

 

- Création des points de collecte, entreposage et de vente des cafés en price makers ;

 

- Accompagnement par les services publics : ONAPAC, SNCC, IFA, INERA/Ybi ;

 

- Mettre en place un système d'autofinancement

 

Promouvoir l'agriculture bio

 

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