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Journalisme et fabrique sociolinguistique


par Gradi WILINA NSIMITi
Université Catholique du Congo  - Master en Journalisme, Information et Communication  2023
  

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I.2.3. L'école de Genève

Cette esquisse théorique sera présentée de manière très brève. En réalité, les fondements des approches que nous nous apprêtons à présenter, ont été soulevés dans les points précédents. S'agissant d'une autre théorie dans le champ du langage, elle possède, cependant, une particularité.

Lorsqu'on aborde l'école de Genève en linguistique, cela évoque des travaux étroitement liés à ceux de Ferdinand de Saussure. Les approches sélectionnées dans le traité sur la langue, nous permettent, comme l'a stipulé l'introduction, d'étudier le statut du journaliste de là où il énonce. La notion sur l'expressivité et la communication sont deux niveaux théoriques sur lesquelles seront gravées nos analyses.

Débutons par Albert Sechehaye, qui propose la stylistique pour étudier les interventions de la langue dans une société. Son postulat tire essence de la critique sur la théorie de Bally, considérant la théorie de l'expression peut complète et attachée au niveau interne de la langue.

Sechehaye postulera une prise en compte générale de la théorie de l'expression. Se fondant sur le locuteur et l'histoire qui influence la langue. Il définit l'expression comme le but ultime du langage, en la plaçant à l'intérieur d'un problème grammatical66(*).

Par ailleurs, il définit le statut du locuteur, comme sujet parlant, de nature psychologique pourvu d'intelligence et de volonté, capable d'influencer le système grammatical et lexical d'une langue et de la faire avancer. Cette conception attire notre attention. Il fonde ainsi la première grille de superposition des résultats de nos analyses. En ce sens où, la notion de légitimité de sujet journaliste trouve un espace pour être examiner67(*).

Ce qui sera complété par Henri Frei. En effet, s'inspirant de la linguistique fonctionnelle, Fei va lier expression et communication en ce sens où, le sujet parlant est lié à un besoin d'expressivité et ce besoin d'expressivité. Cette dernière traduit une autre réalité de la conscience du sujet parlant.

Ce que Frei tente de nous est que la langue est résultat du niveau communicationnel du sujet parlant qui, de par son besoin d'expressivité, a conscience du contenu qu'il transmet et la finalité de celui-ci.

I.3. Ancrage méthodologique

Après avoir établi le lien entre les approches théoriques et l'objet d'étude. Le lieu présente la manière dont nous concevons la méthode d'analyse de l'objet traité dans ce travail. Ce travail procédera par une méthode qualitative, car nous estimons qu'il est judicieux de qualifier avant de quantifier. Les méthodes qualitatives sont différentes. La première méthode est une analyse du texte proposée par Jules Gritti. C'est une méthode d'entrée pour solutionner notre problème à travers un corpus constitué d'articles de presse en ligne (nous le présenterons en profondeur dans la deuxième moitié du chapitre 2).

La deuxième méthode est également qualitative, basée sur les entretiens semi-structurés. Elle permet de d'ajouter à une simple analyse, les points de vues des énonciateurs (les signataires, auteurs des articles qui constituent notre corpus). Dans un premier temps, définissons l'approche méthodologique.

I.3.1. La méthodologie

Qu'est-ce que l'approche méthodologique ?

Il faudrait comprendre l'approche méthodologique comme les moyens que nous disposons pour mener notre étude. Il consiste exactement à présenter le modèle sur lequel repose notre analyse. 

Elle désigne une manière de procéder dans une étude scientifique, par observation des principes qui fondent la méthode de recherche. Elle permet de regrouper tous les informations inhérentes à l'analyse. Pour notre compte, nous avons jugé utile de faire usage d'un modèle bricolé à partir des cadres outils théoriques pour l'appliquer à l'examen d'une structure de même caractère.

Plus concrètement, la méthodologie est l'étape de préparation de la méthode de la recherche. Elle vise à identifier la méthode de recherche, de spécifier les sujets à étudier, de sélectionner adéquatement les échantillons ou les données et la construction de méthodes qualitatives ou quantitatives d'analyse68(*).

I.3.1.1. La méthode

Quant à elle, La méthode scientifique est une démarche raisonnée de l'esprit pour mener à bien un travail scientifique. C'est le passage sine qua non pour la quête de la vérité69(*). Pour notre compte, nous avons choisi le bricolage d'une méthodologie qualitative. En ce sens, la démarche de notre étude présente, à certains niveaux, une forme quantitative.

La méthode qualitative permet de mettre l'accent sur les effets de situation, les interactions sociales sous contraintes, la place de l'imaginaire, le jeu des acteurs avec les normes sociales. Disposant tout de même d'une recherche de causalité différente de la méthode quantitative70(*).

La démarche méthodologique dans cette étude se veut une analyse qualitative du contenu. Car nous empruntons à l'analyse du discours et à l'analyse de contenu, de cadres d'analyses. Dans un premier nous appliquerons l'analyse textuelle, basé sur deux cadres d'analyses parmi tant d'autres que propose Jules Gritti. L'analyse textuelle s'effectue (dans le troisième chapitre) sur base d'un corpus élaboré à partir d'articles de trois pureplayers qui constituent notre terrain d'étude. (Voir chapitre 2).

En effet, l'analyse qualitative, comme le désigne Pierre Paillé, est une activité de l'esprit humain tentant de faire du sens face à un monde qu'il souhaite comprendre, interpréter ou transformer. Cette activité fait appel à des processus qui sont ceux de la pensée qualitative de l'être humain ordinaire pensant avec intelligence, le monde autour de lui...71(*)

I.3.2. L'analyse textuelle du discours

Souvent classée parmi les méthodes d'analyse de contenu, l'analyse textuelle présente une surface qui s'adapte aux ambitions du chercheur ou de l'analyste selon son champ. Qu'il soit qualitativiste ou quantitativiste. L'analyse textuelle naît dans les pas des postulats de Saussure, désignée parfois sous le terme de linguistique textuelle72(*)Elle sera intégrée dans le vaste champ de l'analyse de discours par Jean-Michel Adam, lequel stipule qu'il existe une analyse textuelle du discours. La convergence s'explique du point de vue théorique et conceptuel.

Celui considère que l'analyse du discours a besoin d'une dimension linguistique, et de la langue en emploi ; développement de l'idée de Saussure basée sur la langue discursive. Jean-Michel Adam définira alors l'analyse du discours textuelle comme une théorie de la production contextuelle du sens qu'il est nécessaire de fonder par l'analyse de textes concrets73(*).

L'analyse textuelle du discours nous permet d'aborder le terrain selon les approches qu'elle offre. L'une qui est lexicale ; de quoi parle-t-on ? Les autres s'intéressent au comment parle-t-on ? (linguistique), comment est-il représenté ? (la cartographie cognitive), et comment l'interpréter (analyse par thématique)74(*).

De nos jours, plusieurs modèles d'analyse textuelle convergente, cependant contraint de chercher, mordicus, le processus de légitimation d'un type de langage, le mode par filtrage de Jules Gritti nous intéresse.

? Selon le modèle de Jules Gritti

Les modèles d'analyse textuelle différentes, selon que chacune présente ses outils d'analyse. C'est en raison de ces derniers que le modèle proposé par Jules intéresse notre étude. C'est une grille large avec plusieurs entrées et niveaux d'analyse par filtrage. L'analyse se déroule en six filtrages successifs, chacun d'eux étant axé sur une articulation différente du texte proposé à l'observation.

Il s'agit donc d'opérationnaliser, à l'intérieur d'un contexte théorique global, l'étude d'une production discursive. Les six filtrages qui sont proposés par J. Gritti s'inscrit dans une logique que l'on peut reconstruire de la manière suivante. Les deux premiers filtres essaient de révéler le contenu : il s'agit de retrouver les oppositions ou les associations d'une part et d'autre part les niveaux de culture. Ces deux filtrages ont pour objet l'analyse de la structure fondamentale du texte en lui-même.

La deuxième perspective porte sur l'énonciation et est destinée à étudier le profil idéologique du locuteur. Il s'agit cette fois de trois filtres différents. Tout d'abord, on étudie les connotations qualitatives du texte, qui permettent de déterminer le lieu privilégié par le locuteur, lorsqu'il désire communiquer avec un public précis. Le deuxième filtrage étudie les lieux idéologiques, c'est-à-dire les parties du discours où l'idéologie du locuteur a le plus de probabilité de s'exprimer. Un dernier filtrage de cette catégorie s'intéresse aux types de raisonnement utilisés par locuteur. 75(*)

La dernière perspective est celle de la relation de communication, entre le locuteur et le public, c'est-à-dire la manière dont le locuteur parle, le type de vocabulaire utilisé pour se qualifier lui-même et pour qualifier le destinataire.

? Les six filtrages de l'analyse textuelle

Ces filtrages sont en réalité des niveaux d'analyse, qui peuvent être pris de façon détachée. C'est-à-dire il est possible de procéder à une analyse selon les ambitions du chercheur ou de faire une analyse intégrale partant de ces 6 filtrages.

Premier filtrage

- Contenu du discours

Le travail s'accomplit sur la charpente du texte en relevant sa structure paradigmatique. Quelles sont les associations de mots, et quels types d'associations manifestent le sens et la vigueur d'une communication en articulant le syntagme que constitue le discours ? Les figures repérées dans le texte peuvent être binaires ou ternaires. Ici, il s'agit de faire un repérage dans la structure du texte pour relever les disjonctions et les associations opérées dans les discours76(*).

? Le niveau de culture

Il est ici question de repérer les différentes connotations que l'auteur institue dans son discours

- Repérer les mots définis

Cela consiste à identifier dans le discours les mots que l'auteur utilise, mais qui échappent à la compréhension du reste de groupe pour deux finalités ;

? Soit pour révéler de l'idée que le locuteur se fait de ses interlocuteurs.

? Soit pour rendre compte les champs d'intérêt du locuteur, ceux sur lesquels il ne veut pas d'erreur de communication. Ces définitions sont souvent idéologiques.

- Repérer les mots non définis

Ce niveaux suit l'explication du précèdent niveaux, la différence s'établit au niveau de l'identification du mot qui paraît inconnu au lecteur dans son intégralité (ni le mot ni la lexie n'est connue

- Repérer les mots traducteurs

Il s'agit des métaphores à fonction traductrice qui visent à faire passer une communication à propos d'un événement dans un registre de vocabulaire connu du lecteur. (Réf) - Repérer les termes connotés

Ce sont les termes qui ont l'air d'appartenir à la langue commune, mais dont le sens a été dévié par certaines connotations qu'il faut connaître pour comprendre le terme.

- Regrouper les termes par registres

Finalement, le regroupement des termes en registre sportif, politique, médical, etc. permet de repérer le niveau de culture privilégié ou imposé par l'émetteur à son public.

- L'idéologie du locuteur

Après avoir étudié le texte du point de vue de son contenu, J. Gritti propose deux filtrages destinés à mettre en lumière la manière dont le locuteur se situe vis-à-vis du contenu qu'il désire transmettre. Cette partie permet de situer l'acteur dans l'analyse et de rendre compte du degré d'auto-implication du locuteur. Il s'agit donc d'une analyse de l'énonciation. On pourrait, en s'inspirant d'autres démarches, notamment celles de M. PECHEUX (formations idéologiques), de M. FOUCAULT (formation discursive) ou GREIMAS (schéma actantiel), proposer encore d'autres filtrages. (Réf) discours et analyse du discours77(*).

? Les connotations qualitatives

L'analyse consiste, à l'exclusion de tout ce qui est purement descriptif, à repérer tout ce qui sert à apprécier ou à déprécier une réalité. L'ensemble des connotations permettra de percevoir quel est le type d'argumentation préféré par l'auteur. 78(*)

? L es lieux idéologiques

Inspiré des  topoi d'Aristote, les endroits du discours où l'idéologie s'investit de manière implicite. C'est-à-dire repérer dans l'énoncé les traces d'un positionnement dans la formule phraséologique.

? Les figures de déploiement

Ce filtrage s'occupe de la manière dont le locuteur fait fonctionner le texte, des rapports qu'il établit à l'intérieur de celui-ci, des « figures de style » qui en garnissent l'argumentation. 79(*)

- Les rapports de communication

L'acte de communication comprend trois éléments : un locuteur, un message, un destinataire. Il s'agit maintenant d'examiner le rapport entre le locuteur et le destinataire.

? Le rapport entre locuteur et destinataire

Ce filtrage veut repérer dans le discours les traces des acteurs de la communication : Fauteur-locuteur, le(s) destinataire(s), ainsi que les relations entre les destinateurs et destinataires. Ces relations se manifestent pour chaque acteur dans trois lieux privilégiés : l'usage des pronoms (une analyse lexicale), les allusions à soi-même ou les déclarations sur soi, plus explicites.

Pour notre analyse, nous nous limitons à construire une grille d'analyse à partir de trois filtrages sur trois niveaux d'analyse. Au premier niveau portant sur le contenu du discours, nous prendrons le filtrage selon la culture. Au deuxième niveau portant sur l'idéologie des locuteurs ; les connotations qualitatives sera le deuxième module d'analyse et au troisième niveau, nous pour analyser le rapport de communication, nous travaillerons sur ce rapport entre locuteur et destinataire.

S'agissant d'une analyse croisée, la seconde partie d'analyse est du type conversationnel.

* 66 B., MOUNGA NDOUNKEU, « Anamaria Curea, Entre expression et expressivité : l'école linguistique de Genève de 1900 à 1940. Charles Bally, Albert sechehaye, Henri Frei, ».in : Lectures, (en ligne), les comptes rendus 2015 mis en ligne le 21 Décembre 2015. URL : https://lectures.revues.org/19720 consulté les 22 AVRIIL 2023 à 12H 03 ; pp 2.

* 67 B., MOUNGA NDOUNKEU, Op.cit. pp 2.

* 68 M., KHALID, La recherche et ses méthodologies. URL : https://www2.ift.ulaval.ca/-chaib/IFT-6001/Slides/Rech-method.pdf consulté le 19 avril 2023 à 22H36.

* 69 J.-J., CHEVAL, « Analyser la radio. Méthodes et mises en pratique », Frédéric Antoine », Bruxelles, Deboeck, 2016, pp 7.

* 70 S., ALAMI, D., DESJEUX, I., GARABUAU-MOUSSAOUI, Les méthodes qualitatives, Paris, PUF, Coll. « Que sais-je », 2009, pp 23.

* 71 P., PAILLE, A., MUCCHIELLI, L'analyse qualitative en Sciences humaines et sociales, Paris, Armand colin, 2016, p22

* 72 Développée vers les années 60 en Amérique et en Europe, elle naît dans le sillage de travaux autour du rapport entre le texte et le discours. Soutenant par ailleurs que la linguistique est transphrastique, qu'elle doit prendre le texte comme l'unité linguistique la plus importante et la plus complexe.

* 73 J-M, ADAM, La linguistique textuelle : introduction à l'analyse textuelle du discours, Paris, Armand colin, 2005, pp 4.

* 74 B., FALLERY, F., RODHAIN, Quatre approches pour l'analyse textuelle : lexicale, linguistique, cognitive, thématique, (en ligne). URL : Https://hal.science/hal-00821448 consulté le 20 Avril 2023 à Minuit 57.

* 75 J-P, MUSANGANIA, Cours d'analyse du discours médiatique, Kinshasa, Notes de Cours à l'intention des étudiants en Journalisme, Facultés de communications sociales, année académique 2022-2023, pp 17.

* 76 F., HOUTART,  « La méthode d'analyse textuelle de Jules Gritti », in : Méthodes d'analyse de contenu et sociologie (en ligne). Bruxelles, Presses de l'université de Saint-Louis, 1990, pp 68.

* 77 F., HOUTART, Op.cit. pp 69.

* 78 J-P., MUSANGANIA, Idem. pp 17.

* 79 J-P., MUSANGANIA, Op.cit. pp 18.

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