WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Journalisme et fabrique sociolinguistique


par Gradi WILINA NSIMITi
Université Catholique du Congo  - Master en Journalisme, Information et Communication  2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV.4.1. La logique du code linguistique et sociolinguistique dans l'écriture de presse

Ce titre paraît polysémique et à la fois ambigu. Il est ici question de ce que Jean De Bonville qualifie de `notion de texte et de code journalistique'. Pour ainsi indiquer la différence de la langue utilisée par le journaliste et par l'occasion du rôle qu'il joue dans l'évolution du français en RDC109(*).

Comme l'ont avancé les entretiens, le discours journalistique n'est pas fétichiste. En effet, pour en faire cette déduction, nous nous référons aux normes et exigences de l'écriture journalistique, qui prédisposent un style. Ce style ne prend sens que dans une logique d'un code existant et partagé par les membres d'une même communauté. Pour employer les termes du métier, le journaliste use d'une langue qu'il a déjà trouvée, connue dans sa société. Et c'est celle-ci qui lui permet d'exercer son métier.110(*)

Le travail présent relève un rôle qui n'a pas été subtilement souligné. Dans cet élan, il sied de noter que l'existence de règles d'écriture d'un papier de presse est consubstantielle aux règles grammaticales, lexicales et syntaxiques établies par des instances compétentes. D'où, le journaliste est amené à raconter les faits qu'il rencontre selon l'expérience linguistique qu'il partage avec la société et sa communauté professionnelle.

Ancré dans la philosophie de ce travail, nous pouvons ainsi dire à un premier niveau qu'utiliser la langue française dans la pratique du journalisme est le résultat de la politique des langues en République Démocratique du Congo, instituant cette dernière comme une langue professionnelle et administrative. Ceci constitue son premier cadre légitime. Cependant, ce dernier ne supprime pas la spécificité du discours journalistique, dont les énoncés laissent à pressentir les particularités. Il est vrai `qu'il faut dire en Français pour qu'un congolais comprenne', mais de quelle manière `le dire' ? et comment le faire comprendre ? c'est là que naissent les particularités.

Selon les entretiens, les journalistes congolais écrivent l'information en respectant les 5 questions de référence ou encore à telle forme langagière telle norme du discours. Par exemple les genres journalistiques qui ne partagent pas tous la même langue (ceci représente un code linguistique déjà établi)111(*), à la suite de ces dernières, la situation de communication réoriente l'écriture, car elle fait converger le contexte, les objectifs et les exigences de locuteurs (relation journaliste-lecteurs)112(*).

À partir de la situation de communication, la logique du code linguistique donne à une autre. Celle qui prend en compte les réalités sociales qui, investies dans le discours du journaliste, deviennent des représentations sociales. D'où le code sociolinguistique se pratique spontanément. Et il est diachronique. Dans ce cas, pour rendre compte de l'évolution de la société congolaise, le journaliste parle la langue qu'exige cet espace.

Ce code sociolinguistique s'installe pour répondre aux besoins du principe de l'acte de langage. C'est-à-dire, le discours journalistique met sur scène deux types d'actants qui s'inscrivent dans une relation légitime. Le journaliste qui initie l'échange est en ce temps-là le sujet qui communique quelque chose à un interprétant avec un enjeu d'intentionnalité.113(*) Pour ce faire, le journaliste initie un échange avec le lecteur ou le public dans une visée qui est pragmatique. Soit une visée d'information, une visée de captation ou une visée d'incitation. (Voir chapitre 1 : L'énonciation journalistique).

C'est en fait au niveau de ce contrat d'énonciation que l'on peut observer ces particularités langagières. En outre, les modes de dire l'information se conforment à une visée poursuivie. Dans la thématique portant sur les critères de sélection de faits politiques, la visée de captation met en examen un fait choisi d'après son caractère crédible et son amplitude pour optimiser les chances d'atteindre cet objectif.

En rapport avec notre cadre d'étude, le lieu de confirmer les comportements discursifs du journaliste congolais issus d'abord du code de spécialité de sa profession, ensuite des réalités sociales qui lui impose un code spécifique traduisant ainsi l'identité du journaliste et son appartenance sociale.

D'emblée, nous nous hasardons à rechercher dans les variables précédentes, l'élément qui confère le rôle décisif du journaliste dans la dynamique de nouvelles productions linguistiques ou sociolinguistiques. Les entretiens laissent entrevoir que ces innovations langagières s'inscrivent dans un processus de création. Ce dernier rallie donc des conditions de faisabilité et d'usage sans lesquelles les dérives de l'énonciation journalistique ne justifieraient pas la prise en considération de ces innovations.

Nous avons pu relever dans les avis des interviewés ces conditions de faisabilité et d'usage afin d'interpréter le niveau de l'implication du journaliste.

* 109 J., DE BONVILLE,  « les notions de texte et de code journalistique : définition critique ». In : Communication, information Médias, Théories, Volume 17 n°2, Décembre 1996, pp. 98-142, p 99.

* 110 Pour être précis, le journaliste utilise des figures de discours qui sont propres au métier de journalisme. Pour comprendre cette différence entre cette formalité et l'usage de discours d'autres médiateurs ; lire S.MOIRAND, les discours de la presse quotidienne, Observer, analyser, comprendre, Paris, PUF, coll. Linguistique nouvelle, 2007, pp 179.

* 111 Le code linguistique préétabli fait référence aux normes d'écriture journalistique respectées dans l'exercice de la profession. Par exemple, l'écriture d'une brève exige la simplicité et la combinaison de mots clés pour faciliter la compréhension aux lectures. De même qu'un éditorial est du style libéral, où le journaliste utilise un vocabulaire poignant. Ou encore les analyses ou chroniques qui exigent la maîtrise du code linguistique du domaine auquel appartient le journaliste.

* 112 J., DE BONVILLE, Op.cit. p. 102

* 113 P., CHARAUDEAU, « Discours journalistique et positionnements énonciatifs, Frontières et dérives », in : Enonciation et responsabilité dans les médias, Semen, n°22, 2006, page 2. (En ligne) URL : https://doi.org/10.4000/semen.2793 consulté le 25 Mai 2023 à 14h 53.

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme