WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Journalisme et fabrique sociolinguistique


par Gradi WILINA NSIMITi
Université Catholique du Congo  - Master en Journalisme, Information et Communication  2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV.4.2. Dynamique des innovations sociolinguistiques dans la pratique journalistique

Les conditions qui s'affichent ici proviennent d'une certaine liberté que possède le journaliste dans sa propre énonciation (bien que cette liberté soit restreinte par de facteurs d'ordre de la politique interne et externe). C'est-à-dire dans une certaine mesure, le journaliste se voit libéraliser ses pratiques (de terrain ou discursives) pour atteindre un objectif escompté. Plus encore, ces conditions proviennent également de relations contractuelles qui influencent la manière de faire et de dire du journaliste. Ces dernières peuvent être considérées comme des facteurs qui influencent le discours journalistique.

Nous citons entre autre ; La situation de communication et l'expérience discursive.

La situation de communication 

Comprenons en premier lieu la situation de communication comme un ensemble de données qui régissent l'échange. Il institue donc des attitudes selon le type de locuteurs, leur hiérarchie, le contexte de production de cet acte de langage et le code à utiliser114(*). La situation communicationnelle est un élément qui surdétermine le discours du journaliste. Les enjeux qu'ils mettent en avant sont tels que le journaliste réoriente son travail vers les exigences de ces enjeux.

Au cours des entretiens, nous avons pu comprendre que lorsque le journaliste se trouve confronté à une situation de communication, autre que son propre habitat, il se comporte de manière à rendre correct son travail. C'est le niveau de transformation. Ce procédé s'explique de la manière suivante : en récupérant les faits politiques la situation communicationnelle politisée crée une scène d'énonciation. Autrement, la source recrée le discours.

Ceci fait en sorte que le journaliste adopte une langue appropriée selon la nature du fait. Le fait étant politique, il faut donc dire ou parler politiquement, en reprenant les termes techniques, parfois en les appuyant parce qu'ils sont constituées comme des bases de l'information, même si l'on peut prêter cela à la fainéantise de la part du journaliste. Néanmoins, quelques exceptions démontrent une reconfiguration de ces mots récupérés en milieu politique.

D'où lorsque le journaliste de Politico couvre un point de presse dans lequel une personnalité politique centralise son discours autour du mot « glissement ». Il le reprend fidèlement pour construire le sens de son propre discours. Cet ingrédient de sens ; sans lequel son information sera informe. Cette conduite se nomme « effet de réel115(*)» chez Barthes. Et elle enseigne sur cette chimie qui consiste à rentrer dans les stricts détails d'une structure discursive et élever le coût de l'information116(*).

Ne cherchant pas à disserter sur cette approche de la narratologie, nous l'utilisons pour faire montre l'effectivité de cette manière de faire en journalisme. Cet effet de réel se réalise par exigence d'émulation. Nous sommes donc dans un réseau discursif où le journaliste va en quête de cet air du temps, et de la reconnaissance sociale. Il maintient alors les rapports entre la source, lui-même et le public en utilisant le même code. La formation de ce réseau aide le journaliste à impacter l'imaginaire du public, qui, quand il perçoit une information dont le contenu linguistique s'enrichit des dérives de ce réseau.

L'expérience discursive

Le maintien de cette trilogie d'acteurs crée des habitudes dans le discours du journaliste. Le mot qu'il utilise pour rester en proximité de réalités sociales, devient alors courant dans sa pratique. Pour cela, le journaliste se rassure de la pénétration de ce mot dans le code sociolinguistique. Ce qui veut dire, accepté et utilisé couramment comme tel en société117(*).

Dans la société congolaise, lorsque le journaliste a repris le mot maper pour désigner les arrestations des hommes politiques, le mot avait déjà été utilisé sur les réseaux et médias sociaux. Cette expérience trouve force en ce que le mot se développe dans plusieurs discours. Et ainsi, s'utilise en connaissance de l'expansion de son sens dans le milieu congolais. C'est en quelque sorte l'interdiscursivité qui justifie l'usage de ces mots. L'interdiscursivité justifie également au préalable le caractère rapporté dans le discours du journaliste.

Un autre élément qui apparaît dans nos entretiens, et que cette expérience discursive justifiée par une interdiscursivité, construit une partie de la légitimité du journaliste. Il faut alors comprendre le rôle que joue le discours journalistique. En effet, dans le champ énonciatif, particulièrement sur les plateformes web, l'énonciation journalistique induit de manifestations discursives. Ces dernières que l'on peut retrouver dans les commentaires respectent l'esprit du premier avec lequel les lecteurs sont entrés en contact.

Dans ce cas, le journaliste devient, comme dit dans les entretiens, un créateur du débat qui dit le terme premier. Ce terme mène alors le fil de l'histoire et transforme le comportement linguistique. Vitez dira dans son analyse portant sur le discours médiatique et la norme du français parlé les productions médiatiques permanentes sont des sources importantes du comportement linguistique, car celui qui transmet le message en ce temps précis, construit la situation d'énonciation118(*).

Et donc, rattachée à cette pensée, l'énonciation du journaliste, les innovations qui paraissent constitue un code idéalisé119(*). Non parce qu'il en soit l'auteur, mais parce qu'il met en scène des structures discursives rapportées par un travail artistique. C'est la manière de dire qui prime.

* 114 P., CHARAUDEAU, «  la situation de communication comme lieu de conditionnement du surgissement intediscursif », in : TRANEL, n°44, interdiscours et intexteualité dans les médias  Neuchâtel, Institut de Linguistique de l4Université de Neuchâtel, 2006. (en ligne), URL : https://www/patrick-charaudeau.com/la-situation-de-communication.166.hml consulté le 25 Mai 2023 à 20h 16

* 115 Théorie développée par Barthes en 68 dans le numéro 11 de la revue Communications : les recherches sémiologiques le vraisemblable. L'approche est issue de la critique de la linguistique structurale. L'accusant de ne pas prêter attention aux discours esthétiques du récit, car pour lui les détails parfois lourds et inutiles constituent en réalité une valeur narrative.

* 116 R., BARTHES, « l'effet de réel », les recherches sémiologiques le vraisemblable, in, Communications, n°11, Paris, coll. Persée, 1968, pp 84-88, pp 84.

* 117 P., VITEZ, le discours médiatique parlé et la norme du français : une question d'accent. p37 URL : https://journals.uni-lj.si/Vestnik/article/download/10369/9934 consulté le 27 Mai 2023 à 17H 21

* 118 P., VITEZ, op.cit., pp 47.

* 119 P., VITEZ, idem

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme