WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Journalisme et fabrique sociolinguistique


par Gradi WILINA NSIMITi
Université Catholique du Congo  - Master en Journalisme, Information et Communication  2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.1.2.1 Définition

Il nous est impossible de traiter du discours politique, sans parler du discours lui-même, en ce sens qu'il soit un immense champ dans lequel le discours politique soit l'un des genres du discours les plus discutés.

Bien évidemment, traiter du discours politique implique une parenthèse historique, pour comprendre ses implications, un recul s'impose. D'abord dans ce qui se désigne comme discours. Le dictionnaire numérique CORDIAL l'inscrit dans plusieurs champs pour le définir :

- Dans une perspective linguistique, il est énoncé oral ou énoncé dans son enchaînement, expression d'une pensée.

- Dans une logique de positionnement, il est une allocution publique, ou un développement d'une idéologie sur un sujet donné et dans un temps donné (le discours politique, le discours littéraire, etc.)21(*).

D'un autre côté, Le Robert le définit comme « Énoncé supérieur à la phrase considéré du point de vue de son enchaînement »22(*) et c'est là même que le paragraphe prend son sens. Suivant cette conception, le terme discours va au-delà de la simple réalité d'un orchestre de phrases, touchant ainsi une réalité temporellement immatérielle, en ce sens où le discours est ce qui est dit ailleurs et bien avant.

Nous le comprenons comme une construction énonciative complexe qui se délimite d'après un penchant d'une recherche. Certes, le discours peut être défini selon ce que représente le sujet qui l'énonce (une allocution publique selon que ce soit une personnalité qui pratique une activité langagière dans un parti politique, un espace public, ou institutionnalisé,..) ou celui qui en assure la responsabilité.

La complexité de ce cas est que le terme isolé de tout champ ou positionnement est compris comme un grand étendu de ce qui se dit. Ce « dit » se pratique dans un lieu social et il utilise des stratégies discursives pour des fins de persuasion, de communication et/ou de relation. Le discours politique doit être pris dans sa dimension profonde vu par les sciences du langage, accompagné d'un point de vue dans la communication politique.

- Le point de vue de la linguistique

Ce point de vue se fonde sur l'identification de l'activité discursive dans la vie sociale. Pour les linguistiques, l'explication au discours politique impose un prolongement de la catégorisation des discours ; l'unité topique.

Celle-ci est entendue comme une institution des paroles, parfois comme un dispositif de communication socio-historique. De manière plus précise, l'unité topique alloue des types de discours qui servent également à la distinction, en l'occurrence une allocution d'un sujet dans un parti politique est un type de discours dans une unité topique qu'est le discours politique23(*).

Il est certain que toutes les lignes précédentes prétendent la difficulté de définir concrètement le discours politique. L'autre bout de la complexité se situe au niveau de différentes étapes de sa conception. C'est-à-dire qu'il faudrait revenir à trois dimensions du discours, pour comprendre le discours politique.

Le discours politique s'explique d'abord d'après la sphère d'activité ; qui peut être un domaine donné (par exemple la politique congolaise), il suit ensuite un positionnement ; un champ qui influence en quelques sortes le raisonnement (selon qu'il soit un discours d'opposition, de la majorité, etc.) et cette activité discursive se produit dans un lieu approprié (un parti politique, un meeting, un parlement, etc.).

C'est au travers de ces trois étapes citées dans la conception du discours de Maingueneau que nous pouvons comprendre le discours politique dans un premier temps comme un ensemble d'activités discursives hétérogènes dans l'espace politique. Ceci dit, la conception de Patrick Charaudeau vient renchérir cette dernière. En effet, dans son ouvrage Le discours politique. Les masques du pouvoir P. Charaudeau marque la situation de politisation du discours à la place de parler idéalement d'un discours politique. En étudiant le discours politique dans une interdisciplinarité, il considère que « ce n'est pas le discours qui est politique, mais la situation qui le rend politique. Ce n'est pas le contenu du discours qui fait qu'un discours est politique, c'est la politique qui la politisé »24(*). L'ordre de la situation relève de l'environnement du discours. Ceci sous-tend les éléments constitutifs de cet environnement qui détermine le caractère politique du discours.

Autrement, les sciences du langage statueront sur une institutionnalisation du discours politique, vue comme un construit légitime de pratiques discursives. Cette optique rejoint la première défense de Maingueneau en ce sens où, elle reconnaît les étapes de distinction du discours (infra page 2), mais y ajoute des composantes qui n'échappent pas à la situation. Il s'agit notamment des acteurs (développé en profondeur comme énonciateur), de son statut dans la structure politique, etc. il sied de noter que les courants linguistiques qui traitent du discours politique diffèrent d'acceptations.25(*)

La disjonction a lieu spécifiquement sur les conditions qui surdéterminent un discours politique et les divers champs de raisonnement de celui qui se donne la quête de définir le discours politique (énonciativiste, discursiviste, linguiste distributionnel, etc.), car celui-ci outrepasse la simple perception de la chose dans son habitat naturel.

- Le point de vue de la communication politique

Pour cerner le discours politique, il nous faut, dans une seconde perspective, avoir recours à la communication politique, pour qui le discours politique est perçu comme un instrument. Par opposition à la première conception qui se fonde sur une vision du mot, la communication politique nous propose une piste matérielle en se fondant sur l'agir ou l'action. Les auteurs qui s'y inscrivent puisent dans la philosophie, la rhétorique et la pragmatique, les fondements du discours politique pour l'expliquer.

Selon Maurice Charland, le discours politique peut se définir selon qu'il soit un outil qui sert à dire la politique. Se basant sur la pensée philosophique, le discours politique est une manière de réfléchir sur l'organisation des communautés, son mode de gestion, ses interactions, les lois qui doivent les régir26(*). Pour lui, les systèmes d'organisation et les modes de fonctionnement du politique sont essentiellement discursive. Ceux-ci vivent dans le lieu où la question politique se mesure à partir d'une compétence langagière, quelle que soit sa finalité (défendre une conception du monde, un système d'idées ou le contredire, débattre sur la réalité, ou construire de nouvelles réalités, etc.).

En effet, Charland tente de nous mettre sur la piste des théories du discours persuasif. Ce dernier stipule que discours politique est fidèlement un lieu où l'on construit le consensus. De telle manière que cette façon d'agir à travers le langage permette les accords entre citoyens et législateurs. C'est le moyen par excellence de confronter les idées, de mettre en relief des débats et des délibérations autour de choix à opérer en vue d'organiser la cité, et les orientations que doivent prendre ces derniers27(*).

Sous d'autres conceptions d'auteurs, le discours politique est tant un grand ensemble de discours dans une situation politique (discours de la propagande, le discours électoral, le discours publiciste), qu'un espace dans lequel ceux qui détiennent la légitimité et la crédibilité de la parole, discutent sur la chose publique et la transforme. Ces sujets légitimes utilisent donc les techniques argumentatives pour provoquer une conduite sous contrat d'une compétence à dire les choses, à contredire les choses, ou encore une psycho qualité à articuler les pensées de celui qui écoute. Dominique Wolton parle en termes de légitimité d'expression, en comparant sa pensée, il considère que l'on retrouve dans la communication politique, des discours contradictoires selon ce que peut signifier la vérité pour une position quelconque.

Ceux qui s'invitent à la logique communicationnelle, placent le discours politique dans différentes postures. Le lieu de convoquer Ruth Amossy et Roselyn Koren qui distendent une approche simpliste et restreinte du discours politique se focalisant sur la fonction de celui qui parle28(*), les deux auteures le définissent d'après que son objet d'étude « va ainsi de la parole professionnelle des politiciens à tous les discours qui traitent de la chose publique dans l'espace public ».29(*)

Approche qui, sans ambigüité, rejoint celle de Dominique Wolton. Ce dernier met en scène trois types d'acteurs qui fabriquent et formatent le discours politique : les politiciens, les journalistes et l'opinion publique. Instituant la communication politique comme tout ce qui a trait à la production et à l'échange des discours politiques tenus par les différents acteurs et répercutés par les médias30(*).

La dernière conception nous intéresse le plus. Elle met en relief une relation de continuité normalisée entre deux types d'acteurs : les acteurs politiques et la presse. Occasion faisant pour nous d'indexer le processus de légitimation du discours politique, en ce qu'il soit un produit de co-construction. Les médias pour s'ancrer à notre sujet les journalistes, co-construisent la réalité investie dans un discours politique, donnant lieu une catégorie précise du discours (le discours rapporté).

Le fait que l'auteur identifie un symétrique, accorde une place à l'émoi qui étend cette étude. L'idée selon laquelle, le discours politique éteint sa course lorsque la répercussion par les journalistes ne s'effectue pas, trouve adhésion dans nos chaînes de réflexion. Tenterons-nous de stipuler que les pratiques discursives dans le milieu ont du sens que lorsque le contenu du discours génère de nouvelles pratiques. Ce qui s'explique au niveau de l'opinion publique qui devient en même temps le lieu de réception du produit du couple énonciateur.

Dit avec ce ton la réalité semble insalissable, or, les deux dimensions ci-hauts mettent en avant une face commune du discours politique, allant de la simple forme syntaxique aux objectifs escomptés par les tenants de ce discours, passent par les médias et/ou les journalistes pour atteindre les fins recherchés.

* 21 Dictionnaire Cordial, 2015, Page 205.

* 22 Dictionnaire Le Robert, Page 125.

* 23 D, MAINGUENEAU, Discours et Analyse du discours, Paris, ARMAND COLIN, 2012, pp 12.

* 24 P., CHARAUDEAU, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris, Gallimard, 2005, pp 30.

* 25 D., MAINGUENEAU, « le discours politique et son « environnement » », Mots. Les langages du politique, N°94, 2010. Mise en ligne le 0- Novembre 2012, consulté le 02 Avril 2023  à 15 :25. URL : http://journals.openedition.org/mots/19868

* 26 M., CHARLAND, « le langage politique », dans, D., WOLTON et al. La communication politique. Etats des savoirs, enjeux et perspectives, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2003, pp 69.

* 27 M., CHARLAND, Op.cit. pp 71.

* 28 Reprenant la définition de C. LE BART pour qui « le discours politique est celui tenu par les hommes et femmes politiques dans l'exercice de leurs fonctions ». Définition tiré dans son ouvrage

* 29 K., ADEISHVILI, L'Analyse du discours politique, Sarrebruck, Les Editions universitaires européennes, 2016, pp 20.

* 30 D., WOLTON, la communication politique : construction d'un modèle, in HERMES, LA REVUE N°4, Paris, CNRS éditions, 1989, pp 27.

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme