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Journalisme et fabrique sociolinguistiquepar Gradi WILINA NSIMITi Université Catholique du Congo - Master en Journalisme, Information et Communication 2023 |
I.1.2.2. Formes du discours politiqueIl ne s'agit pas de présenter une liste prétendue exhaustive de celles qui peuvent être considérées comme propres au discours politique. Si une portion bien moins importante justifierait une caricature du discours, l'universalité du discours lui-même apportera de la neutralité. De manière simpliste, nous essayons de souligner le fait que relever des éléments propres au discours politique accentue la conception péjorative du discours en raison de la politique elle-même qui lui donne naissance. En effet, le terrain de la politique miné des idéologies et de stratagèmes pour maquiller et formater les vérités, ne permettent pas au discours politique d'avoir belle apparence. Plus souvent associer à la manipulation et à la séduction, le discours politique est perçu comme un discours mensonger. Cette tendance à appréhender le discours politique comme une pièce montée, n'exclut pas une certaine vérité, celle qui se notifie dans les objectifs des instigateurs de cet objet31(*). L'on retrouve quand-même un juste milieu dans la classification de Charland, dans le développement de la pensée de Hariman concevant le discours politique comme un objet stylisé et scénarisé). Celle-ci débouche d'un neutralisme entre la conception négative et positive du discours politique. Selon que tout discours poursuit une finalité, mais dont l'éthique seule peut déterminer la valeur. Charland se fixe sur le contenu du discours politique afin de relever les traits d'ordre pragmatique que l'on retrouvera dans quatre types de discours politique. C'est-à-dire, l'action que provoque le dit d'un discours politique correspond à une forme précise32(*). Selon Harriman, le discours politique est : - Réaliste : la perception du réel est déjantée, le discours sert aux intérêts du monopole et la parole est instrumentalisée. Ce qu'il faut noter dans cette première esquisse est que l'environnement politique emporté sur le vrai. Le discours s'utilise pour manifester la force et battre la concurrence. C'est en instant un discours qui dédaigne les discours périphériques, (par exemple le discours du monopartisme du président zaïrois Mobutu). Il présente celui qui l'énonce comme un élément irréfutable de la réalité et de la vérité. Faisant ainsi passer les autres discours (de l'opposition) comme déviants.
- Courtois : ici, le discours sert au rapprochement systématique. Cela veut dire que dans une logique de pouvoir. Ce que dit celui détient le pouvoir trouvera difficilement ou presque jamais, une contradiction auprès de son auditoire, car avec ce style le sujet au centre transmet ses intentions « les plus altruistes » à son audience ou son auditoire au profit de la reconnaissance et du respect qu'il gagne, ce qui le rend incontestable. Il introduit visiblement le rapport entre acteurs politiques et journalistes. En ce sens où, le journaliste jouant un rôle d'observateur et d'analyste s'appuie sur un contenu immédiat pour retranscrire ce que lui entend. Cependant ce que lui entend trouve dans l'opinion publique une adhésion, et donc l'acteur politique trouve une position symbolique au sein de la société et devient une égérie pour les médias et les industries culturelles. D'où, les journalistes à travers l'industrie médiatique contribuent à la création d'un personnage symbolique et incontestable, à chaque apparition qui mettra en lisse le théâtre du politique.
- Bureaucratique : Ici le discours est orienté vers une logique caduque du texte. C'est-à-dire que l'on ne tient pas compte de la dimension situationnelle pour une éventuelle interprétation du discours investi dans le texte. Cela dit, le point de vue est partagé s'il faut considérer ce discours d'un point de vue positif, même s'il se réclame ainsi. L'impossibilité à outrepasser les règles et les fondements textuels, d'interpréter un discours politique en prenant le contexte et l'évolution de celui-ci n'en profitent pas à la société. Car il reste dénotatif.
- Républicain : sans doute, une forme reconnue dans nos sociétés dites démocratiques. Ici, on emploie les discours politiques républicains au pluriel, pour faire montre l'absence du monopolisme. Il y a plutôt une parole libéralisée suivant les exigences démocratiques. Dans cette forme du discours, les acteurs qui s'y trouvent sont en synchronisation, cela voudrait dire que le discours politique n'a de sens que dans une chaîne mimétique . D'où le jeu politique influe sur la manière de dire les choses. C'est également une forme qui utilise fortement les médias, les journalistes pour atteindre l'objectif poursuivi, la construction de l'identité, passe indéfiniment par un couple politique-journaliste et journaliste public33(*). * 31 D., WOLTON, Op.cit. pp 27. * 32 Dans le développement de la pensée de Hariman, utilise le terme `style 'pour désigner les éléments propres à un discours politique. * 33 Avec l'évolution d'internet, il n'est pas commode d'appuyer cette parenthèse. Évidemment parce que l'instigateur du discours peut être en relation directe avec son auditorat sans la médiation du journaliste ou des médias. Cependant, le travail de configuration et de fabrication de l'information pourvoit et assoit le sens |
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