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Le concept d'Ontologie Sociale

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par Jules Donzelot
Université de Provence - Master 1 - Maà®trise de philosophie 2004
  

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L'intentionnalité collective

DÉBATS D'ONTOLOGIE SOCIALE

L'origine du questionnement philosophique qui porte sur la notion d'intentionnalité collective est à rechercher dans certains énoncés ordinaires comme :

« L'équipe de Marseille a remporté la victoire. »

« L'Allemagne attaqua la France en 1942. »

« La France est fière de ses fromages. »

« Cette entreprise n'a pas respecté la loi. »

Etc.

Ces énoncés ont en commun d'attribuer des croyances, des actions ou autres états intentionnels à des « choses » apparemment dénuées d'intentionnalité. Chacune de ces choses est composée, in fine, d'une multiplicité d'individus : les joueurs d'une équipe de football, les habitants d'un pays, les employés d'une entreprise, etc. Les énoncés en question, pourtant, font comme si ces choses correspondaient non pas à plusieurs individus, mais à un seul. Comme si l'équipe de Marseille était 1 individu, l'Allemagne 1 autre, etc. Sur la base de cette présupposition, les énoncés attribuent des croyances, des actions, etc., à des individus qui pourtant ne semblent pas exister en tant que tels. Ces énoncés seraient donc viciés : ils attribueraient des prédicats à des individus inexistants. Une autre possibilité consisterait à envisager que les individus auxquels ces énoncés attribuent des prédicats existent réellement. Il faudrait alors parler d'individus collectifs. Par « individu », il faut entendre un être porteur d'états intentionnels, un être qui, à sa manière, pense. La question de l'existence des individus collectifs, par conséquent, renvoie au problème de l'intentionnalité collective. Ce dernier peut être formulé de la manière suivante : Comment les pensées que nous attribuons aux groupes existent-elles ?

Le problème...

Comment devons-nous comprendre la phrase suivante : « L'équipe de Marseille a remporté la victoire. » ? Indéniablement, il y a bien un groupe, l'équipe de football de Marseille, qui a réalisé une action, à savoir jouer et gagner un match. L'existence des actions de groupe parait difficile à réfuter. Mais qui a eu l'intention de jouer le match ? S'agissait-il des joueurs ? De l'entraîneur ? Du président du club ? De tous les membres du club pris ensemble ? De tous les membres du club pris séparément ? Plus naturellement, n'aurions-nous pas tendance à répondre que le porteur de l'intention de jouer le match était l'équipe de Marseille ? C'est-à-dire que le porteur de l'intention du groupe serait le groupe lui-même... Pourtant les groupes n'ont pas de cerveau ou d'esprit. Comment dont pourraient-ils former un état mental ? De plus, si les groupes sont susceptibles de former des intentions, cela suppose que le groupe possède un certain nombre de représentations qui animent ses intentions. Doit-on parler de représentations collectives ? Si c'est le cas, où se trouvent-elles : dans le cerveau des individus ? Dans l'air ? Où se trouve l'esprit du groupe : dans la pensée des individus ? Ailleurs ? Le groupe est-il un individu simplement logique ou bien psychologique ?61(*)

Le problème se présente ainsi. «Il existe des actions de groupes - Or à toute action correspond une intention - Qui est le porteur des intentions de groupe ?»62(*) Deux types de réponses ont été apportés à ce problème : individualistes et holistes. Au-delà des nuances, nous pouvons identifier deux tendances philosophiques : 1) si nous utilisons des sujets pluriels63(*) afin de décrire les actions de groupe, les seuls êtres susceptibles de former des intentions sont des sujets singuliers, les individus. Ce sont par conséquent les individus qui sont les porteurs des intentions de groupe, et non le groupe lui-même. 2) lorsque les individus s'unissent et forment un groupe, celui-ci entame une existence propre (même si dépendante des individus). Les pensées que les individus connaîtront en tant que membres du groupe seront, par la suite, les pensées du groupe lui-même. Les intentions font partie de ces pensées. --- Deux tendances qui s'opposent en ce que la première refuse d'admettre que les groupes existent par eux-mêmes alors que la seconde soutient au contraire que c'est le cas. Les problématiques devant lesquelles se retrouvent les philosophes individualistes et holistes sont les suivantes :

a) [individualiste] : Comment rendre compte de la formation des intentions de groupe tout en niant que les groupes existent ?

b) [holiste] : Comment prouver que les groupes existent suffisamment par eux-mêmes pour être les porteurs des intentions de groupe ?

Nous allons présenter, dans un premier temps, les réponses individualistes de Bratman et Tuomela. La limite de ces conceptions, nous le verrons dans un second temps, se situe dans leur incapacité à rendre compte de la normativité de l'intentionnalité collective. Nous aborderons ensuite les théories de Searle et Gilbert en nous demandant justement laquelle des deux permet le mieux d'aborder le problème de la normativité des intentions collectives.

* 61 Voir Descombes, Philosophie des représentations collectives, p. 1. « Qui parle de représentation collective fait appel à une distinction : de même qu'il y a des représentations individuelles, attribuables à des sujets personnels, il y a des représentations collectives, pour lesquelles nous devons poser un sujet collectif. Du coup, on passe inévitablement d'un sujet logique d'attribution à un sujet psychologique, au sens d'un penseur qui forme des pensées. »

* 62 Voir l'article de Ludger Jansen (Bonn) intitulé « Who has got our Group-Intentions ? » 2004.

* 63 Au sens littéral du terme : les sujets singuliers désignent les pronoms Je, tu, il/elle alors que les sujets pluriels désignent les pronoms Nous, vous, ils/elles.

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