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Naturalisme et philosophie de l'esprit

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par Lucas GUILLEMOT
Université de Provence - Maitrise de philosophie 2002
  

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h) Aspects épistémologiques, ontologiques et conceptuels du problème

Nous paraissons avoir affaire à trois types de problèmes, le premier est un problème épistémologique : décrire ou expliquer les états mentaux par leur causes et par leurs effets est-il pertinent ? Cela rend-il compte de ce qu'ils sont ?

Ces questions dépendent en fait du second problème qui est d'ordre ontologique : y a-t-il des états mentaux réels (des croyances et des désirs par exemple) ? Ces états mentaux sont-ils causalement responsables de nos comportements, voire d'autres états mentaux ?

Le troisième problème est un problème d'ordre conceptuel, mais néanmoins fondé sur une prise de position métaphysique (à savoir qu'il y a des états mentaux ou qu'il n'y en a pas) : s'il n'y a pas réellement des états mentaux tels que les croyances responsables de nos comportements, a/ nos explications usuelles perdent-elles tout intérêt, toute pertinence, toute valeur informative ? b/ nos explications usuelles doivent-elles être remplacées par d'autres explications causales, comme semble le présupposer le matérialisme éliminatif ?

i) Les sciences de référence : sciences naturelles ou psychologie ?

Si la réduction est ontologique, on peut se demander dans quelle science devront être choisies les entités destinées à remplacer les entités mentales ; et si la réduction est simplement conceptuelle, dans quelles sciences devront être choisis les termes non intentionnels qui remplaceront ou en tout cas définiront les termes intentionnels. Ces dernières questions peuvent paraître absurdes étant donné que la réponse que nous pouvons y apporter semble contenue dans la notion même de naturalisation : ce ne peut être que dans les sciences de la nature ; il s'agirait alors d'une naturalisation stricto sensu. En admettant cette réponse déjà problématique, nous voyons qu'elle n'est pas satisfaisante étant donné son degré d'imprécision. Ce qu'on appelle les « sciences de la nature » est un vaste ensemble regroupant trois sciences fondamentales : la physique, la chimie et la biologie ; et nous pouvons déjà remarquer que le vocabulaire de la biologie (« fonction », « adaptation »...) ne paraît pas réductible à celui de la physique. La réduction ontologique des entités mentales à des entités physiques paraît au premier abord nécessaire à l'explication causale, ainsi que la définition des concepts intentionnels par des concepts non-intentionnels, au risque de circularité.

Quoiqu'il en soit, il ne semble pas que cette acception soit la seule en usage, et on peut parler de « naturalisation de l'esprit » concernant toute tentative d'explication causale de celui-ci : la psychologie cognitive prétend aussi donner une explication de ce type en postulant de états intermédiaires ou subdoxastiques entre les états cérébraux proprement dits et les représentations.

La question de savoir à quelle science nous devons emprunter ses entités ou ses termes non intentionnels pour expliquer la capacité représentationnelle se pose donc bel et bien, comme nous l'indique aussi la définition de Pascal ENGEL, lorsqu'il évoque l'expression « naturaliser l'intentionnalité » qui peut selon lui signifier soit que « ...la philosophie de l'esprit et de la connaissance doit cesser d'être purement a priori ou « conceptuelle », soit ...qu'elle doit laisser la place à ce que l'on concevra, selon les cas, comme une « psychophilosophie », une « biophilosophie », ou une « neurophilosophie ». » 1(*)

Le problème de la naturalisation de l'esprit n'est donc pas simplement une interrogation sur la matérialité des états mentaux ou sur la réduction des états mentaux à des états cérébraux, bien que ces questions ne puissent être évitées ; il est avant tout celui de l'explication ou de la définition/description des concepts mentaux par des concepts scientifiques.

Une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés est la prétention hégémonique d'une science particulière ou d'une autre qui pense avoir seule compétence pour expliquer ce type de phénomène, et pense aussi pouvoir accaparer ce champ de recherche. On peut regretter que Pascal ENGEL, qui souligne ce problème dans sa définition, ne juge pas nécessaire de le traiter plus avant dans son livre.

Le fait de tenter de naturaliser l'esprit en se servant des entités ou du vocabulaire et des concepts de telle ou telle science dépend donc en partie d'une décision du philosophe naturaliste, qui adopte le point de vue selon lequel les concepts et les entités de l'une seront plus pertinents ou plus explicatifs que les concepts ou les entités de l'autre. Cette décision devra en tous les cas être justifiée.

* 1 (p.52 / Philosophie et psychologie / Engel / éd.Gallimard -Folio essais).

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